N° 61, décembre 2010

Ailleurs, les lettres persanes…
(XIVe - XVIe siècles)


Arefeh Hedjazi


Des dynasties ayant régné sur l’Iran, celle des Timourides est à citer à un titre particulier : ces descendants de Tamerlan furent tous de grands mécènes et de remarquables esthètes. Durant plus d’un siècle (depuis les dernières années du XIVe siècle jusqu’au début du XVIe siècle) l’encouragement des rois timourides et leurs goûts artistiques et littéraires permirent à la littérature persane de s’exporter à grande échelle dans les pays limitrophes. Ce fut le début d’un mouvement de migration de la littérature persane qui continua jusqu’à la fin de l’ère safavide, en particulier dans la Turquie ottomane, l’Asie centrale et l’Inde.

Tamerlan

L’intérêt profond des princes et des nobles timourides pour les arts et les lettres était tel qu’il serait fastidieux de les compter dans les récits historiques qui datent de cette époque. Le mouvement est amorcé par Tamerlan lui-même qui, malgré sa brutalité, était lui-même plus ou moins "persanophile". Après ses conquêtes, il consacra l’immense butin qu’il avait amassé à l’embellissement et à l’iranisation de son territoire natal et des villes de Marv et de Boukhara, situées dans l’actuel Ouzbékistan.

Il éleva ainsi ses fils dans une tradition persane. Ces derniers, adultes, remplirent leur cour de poètes et d’artistes persans. Amirân Shâh, Omar Sheikh Mirzâ, Shâhrokh Bahâdor Khân, les trois importants fils de Tamerlân, avant et après la mort de leur père, furent de grands mécènes et leur cour ne désemplit pas de nouveaux talents poétiques et artistiques. Après eux, les petits-fils de Tamerlan poussèrent même les choses à l’excès et dépensèrent une grande partie des tributs de guerre qu’ils avaient acquis pour encourager les arts et les lettres. Ces hommes étaient eux-mêmes souvent artistes, tel le prince Ebrâhim Soltân Ebn Shâhrokh, calligraphe et esthète reconnu que l’on comparait même au grand calligraphe Yâghout Mosta’sami. Ce dernier fut également, comme nombre de princes timourides, poète et écrivain à ses heures perdues. Rares sont les princes timourides qui ne se soient pas illustrés dans un art ou un autre. Si l’on survole les anthologies poétiques de l’époque et du début de l’ère safavide, il n’est pas rare de tomber sur des poètes non seulement timourides mais également membres des grandes familles d’émirs locaux ou des dynasties étrangères telles que les dynasties indiennes ou ottomanes.

Le sultan Bayâzid

Les Turkmènes persanophones

A l’époque même où à l’est de l’Iran et en Asie centrale, les princes timourides s’occupaient d’arts et de lettres persanes, à l’ouest, dans le territoire des Turkmènes Gharaghoyounlou et Aghghoyounlou - situé en Azerbaïdjan actuel -, les lettres persanes faisaient des émules. Ces émirs locaux étaient très puissants et arrivèrent à l’indépendance complète après la mort du roi timouride Shâhrokh. Ils réussirent même parfois à étendre leur territoire jusqu’au Khorâssân (à l’est) ou le Fars, au sud. Ils appréciaient les lettres persanes tout autant que les Timourides et leur cour était, comme celles des Timourides, un haut lieu de rassemblement des hommes de lettres persans, qu’ils n’eurent cesse d’encourager. Par ailleurs, de même que pour les Timourides, une grande partie de leur système administratif et de gestion territoriale était prise en charge par des administrateurs iraniens. Parmi eux également, plusieurs noms de princes ou d’émirs poètes sont à citer. Leur intérêt pour les lettres persanes était tel qu’ils firent de leur territoire l’un des centres de rayonnement de la littérature persane de l’époque. Parmi les rois Gharaghoyounlou qui se sont illustrés en poésie, on peut citer Jahânshâh le Conquérant, homme de guerre redoutable, mais également auteur de plusieurs recueils et en persan et en turcoman, et dont le nom de plume était « Haghighi ». Il fut, selon les historiens, proche du soufisme. Deux de ses recueils, actuellement conservés au British Museum, nous sont parvenus. Son fils était également poète et lors d’une guerre les opposant, ils se lancèrent dans une correspondance poétique, dont une grande partie a été conservée et qui prouve la maîtrise littéraire des deux hommes. D’autres rois de cette région, tels qu’Ouzoun Hassan Aghghoyounlou et ses fils Ya’ghoub Beyg et Youssef Beyg furent également des poètes relativement doués. Le grand poète de l’époque, Djâmi, était d’ailleurs en correspondance avec tous ces émirs cités. Il séjourna d’ailleurs en plusieurs occasions dans leur capitale, Tabriz.

Le sultan Mehmet II sentant une rose, peinture ottomane du XVe siècle, extraite du Sarai album conservé à Istanbul

La persanophonie en Asie mineure

A l’extérieur de l’Iran, que ce soit en Asie mineure ou en Inde, la littérature persane faisait l’objet d’intérêt. Dès leur arrivée au pouvoir, les Ottomans, héritiers des Seldjoukides, montrèrent un grand intérêt pour cette littérature, intérêt motivé par des raisons historiques et datant de l’invasion mongole du XIIIe siècle, quand les savants et hommes de lettres persans migrèrent massivement et s’exilèrent sur le territoire des Seldjoukides d’Asie mineure. L’intérêt pour la littérature persane, l’influence ainsi que la présence de cette littérature avait commencé à se manifester, et les pays avoisinant l’Iran jouèrent un rôle important dans la préservation du patrimoine littéraire et artistique iraniens, tout en l’enrichissant avec leurs propres cultures. L’Empire ottoman, qui vit le jour en 1299, se déclara officiellement héritier de l’Empire seldjoukide, et les Ottomans, reprenant à leur compte les traditions de leurs illustres prédécesseurs, continuèrent à œuvrer en mécènes et à orner leur cour de la présence de poètes et d’écrivains persans. Ces hommes de lettres étaient richement récompensés et beaucoup d’Iraniens prirent le chemin de la cour ottomane pour les cadeaux et l’enrichissement rapide qu’elle promettait. Le rôle des différentes mouvances et groupes soufis, très actifs en Asie mineure, et très attachés à l’Iran, est également important dans la relation entre la cour ottomane et la littérature persane, puisque ces groupes soufis furent, dès l’époque seldjoukide, en contact permanent avec la cour. Ainsi, le persan fut l’une des deux langues officielles de la cour ottomane et les princes et les nobles maîtrisaient cette langue aussi bien que le turc. La correspondance épistolaire persane des rois ottomans comprend d’ailleurs de très belles pièces et montre la maîtrise de ces derniers en littérature et langue persanes. Beaucoup de ces lettres étaient écrites de la main même des sultans ottomans, tels les recueils aujourd’hui disponibles de la correspondance du sultan Bayâzid Ier Ildaram (1389-1402) avec le Turcoman Gharâ Youssef Torkamân Gharaghoyounlou, qui lui répondait dans la même langue en égayant ses lettres de poèmes persans dont il était l’auteur. Parmi les autres sultans ottomans dont il nous reste des lettres ou des pièces littéraires en persan, nous pouvons citer le Sultan Mohammad Ier, Sultan Mohammad II le Conquérant, Sultan Bayâzid II, etc.

Ces rois ne se contentaient pas de protéger de très nombreux poètes et écrivains persans, ni même de confier les affaires administratives de l’empire à des Persans, ils étaient également en échange constant avec les savants et lettrés persans vivant en Iran. La correspondance entre Djâmi et la cour ottomane est un exemple de ces échanges.

Le sultan Suleymân le Magnifique entouré de ses soldats durant le siège de Rhodes (1522).

Les poètes persanophones ottomans

De même que les Timourides et les Turkomans, de nombreux princes et sultans ottomans se sont illustrés dans le domaine de la poésie persane. Le plus doué d’entre eux fut sans doute Sultan Salim (1512-1520), souvent cité dans les anthologies des poètes persanophones d’Asie Mineure. Son fils et héritier, Sultan Suleymân Khân (1520-1566) fut également un poète doué. Il reste aujourd’hui de lui des odes, en persan et en turc.

La cours du jeune roi Akbar âgé de 13 ans. Cette oeuvre illustre son premier acte impérial qui fut l’arrestation d’un courtisan indiscipliné qui avait auparavant été le favori de son père.

La littérature persane en Inde

L’Inde connut également cet essor de la littérature persane, dont elle fut d’ailleurs le principal foyer. La rencontre entre l’Iran et l’Inde était alors déjà ancienne et avait commencé très avant, dès les conquêtes ghaznavides. Avec le développement de l’islam, en particulier l’islam soufi, et surtout avec les encouragements incessants et l’intérêt inépuisable des rois indiens, la littérature persane, qui avait déjà une place remarquable dans la société indienne, connut un essor sans précédent dans ce pays. Les dynasties locales de l’Inde, tels le sultanat Bahmani dans la région du Gulbargâ (dans le Dekkan, en Inde du sud), les Fâroughites dans le Khandish, les émirs du Cachemire, les chefs locaux et grandes familles plus récentes telles que les Emâdshâhi, les Adilshâhi, les Nezâmshâhi ou les Ghotbshâhi avaient tous une administration où la langue persane régnait et certains d’entre eux étaient également des poètes persanophones. Le mouvement d’essor de la langue persane à cette époque était tel qu’il prépara la voie à la migration iranienne de l’ère safavide et à l’affirmation nouvelle d’un style poétique qui atteignit justement son apogée sous le titre de « style indien », également nommé "style d’Ispahan" qui fut l’un des derniers styles poétiques de la poésie classique iranienne. Ce fut le début d’un mouvement qui continua et prit encore plus d’essor à partir du XVIe siècle.

L’Etat safavide en Iran et l’Etat mongol en Inde commencèrent tous les deux à s’affirmer à un moment où la littérature persane, en particulier la poésie persane, fut définitivement considérée comme un art que la noblesse devait connaître, soutenir et acclamer. Chaque souverain, prince ou émir local, et plus généralement la noblesse et tous ceux qui voulaient asseoir leur pouvoir et lui donner un lustre de bon ton se savaient obligés donc de connaître les lettres persanes, ou d’y montrer de l’intérêt. Cette littérature persane était comprise dans le sens plus large de "culture" et comprenait également la connaissance de la calligraphie, de l’histoire littéraire, des arts littéraires et des arts en rapport avec la littérature. Des "humanités", pourrait-on la nommer. Et quelle que fut la raison, les Timourides furent, non pas les premiers à s’intéresser aux arts et lettres persanes, mais les premiers à s’impliquer personnellement, et à considérer la connaissance de ces humanités là comme à la base d’une éducation nobiliaire. Cette habitude timouride se transmit de pays en pays et de dynasties en dynasties, comme nous l’avons dit, pour se développer et en Iran, et dans les pays limitrophes de l’Iran, c’est à dire l’Asie mineure, l’Asie centrale et l’Inde timouride.

L’empereur mongol Jahângir Shâh

Cette période vit également l’apparition d’une volonté de "révolution" littéraire persane. Ainsi, la période safavide et celle qui la précède immédiatement nous ont laissé un très grand nombre de travaux littéraires, depuis des grammaires jusqu’à des anthologies critiques. En raison de l’ampleur de la tâche, aucune bibliographie exhaustive des travaux littéraires de cette période n’a été faite à ce jour. La plupart des recherches littéraires de cette période portent sur la poétique. Les mécènes étaient alors très nombreux et de fortes sommes d’argent furent dépensées pour ces recherches. Les mécènes poussaient leur intérêt jusqu’à se faire concurrence pour acheter les hommes de lettres et l’offre des riches dynasties indiennes joua à ce propos un grand rôle dans la migration des lettrés iraniens. Cette liberté et cette richesse accordée aux hommes de lettres poussa donc de nombreux particuliers à s’intéresser à la littérature et augmenta l’offre littéraire. Dans le même temps, quand la littérature devint un « produit » fortement demandé, le nombre de maîtres et de vrais littéraires bien évidemment, diminua, ce qui, conjugué à des raisons sociopolitiques, provoqua en peu de temps une forme de décadence de la littérature persane, qui pourtant, ne cessait de voir s’étendre son territoire. Finalement, durant cette période, tant que l’intérêt pour les lettres persanes a existé, que ce soit sur le territoire iranien ou dans les royaumes limitrophes, elles connurent un bel essor, même si les contrecoups de la "vulgarisation" de la poésie se montrèrent également dans la décadence qualitative de ces lettres. Mais la chute suivit l’essor et avec la perte d’intérêt général, les lettres persanes commencèrent à devenir "populaires", c’est-à-dire sortir du domaine réservé de l’aristocratie pour trouver leur place dans le peuple.

L’Inde ou le royaume des lettres persanes

L’essentiel du développement de la littérature persane de cette époque se fit en Inde, à la cour des Mongols ou des sultanats locaux du Dekkan. La richesse des marchands indiens qui faisaient commerce avec l’Iran et finançaient généreusement les lettrés iraniens immigrés est également à signaler.

Parmi les sultanats locaux qui encouragèrent fortement les "humanités" persanes, on peut citer les Nezâmshâhi à Ahmadnâgar (1490-1595), les Adilshâhi à Bijâpur Bidâr (1489-1685) et les Ghotbshâhi à Golkonda (1512-1686). Cet intérêt pour l’Iran n’était pas le fruit du hasard. Il résultait des relations consanguines entre les membres de ces dynasties et la Perse, ainsi qu’une longue tradition de persanophilie héritée des Timourides. De plus, beaucoup d’Iraniens travaillaient dans l’administration de ces sultanats et de nombreuses familles nobiliaires étaient d’origine iranienne. La langue de cour était également toujours le persan, mêlé d’indien. Certains, comme les Adilshâhi et les Nezâmshâhi étaient d’ailleurs chiites duodécimains.

Ainsi, cette période vit la migration de nombreux poètes iraniens qui choisirent l’exil clément de l’Inde et les richesses que ce pays avait à leur faire découvrir. Parmi ces poètes, on peut citer Malek Ghomi, Naziri Neyshâbouri, Zohouri Tarshizi, Navidi Esfahâni, Arshi, etc.

Cette situation ne fut pas propre au Dekkan et d’autres dynasties indiennes musulmanes persanophiles accueillirent tout aussi favorablement les lettrés persans. On peut citer les Lodi et les Shirshâhi (dont le plus important représentant demeure Sher Shâh Suri) dans la région de Delhi, les rois du Bengale, Mâlvâ, Gujarat, Cachemire et Khandish. On peut en particulier citer le deuxième roi des Lodi, Sekandar Shâh (1488-1516), qui investit tant dans la littérature persane qu’avec la prise de pouvoir par Bâbar Shâh, premier roi mongol en 1525, sa cour égala les cours iraniennes. De plus, sous son impulsion, les lettres persanes, jusqu’alors uniquement cantonnées dans l’aristocratie musulmane, furent également adoptées par les Indiens non-musulmans, ce qui marqua la fin d’une littérature persane réservée aux musulmans indiens – souvent d’origine persane ou turque -, et la généralisation de l’intérêt des Indiens pour cette littérature. Très vite, la littérature persane fut également célébrée par des poètes hindous, qui contribuèrent à l’enrichissement de la poésie iranienne de "style indien" et à la traduction d’ouvrages indiens en persan et vice versa.

Les Mongols d’Inde

Tous ces soins dont bénéficia la littérature persane furent une introduction à la dynastie des Mongols d’Inde. Le règne de cette dynastie marque sans aucun doute l’une des grandes et fastes périodes de la littérature persane à l’extérieur des frontières de l’Iran et le soutien et l’encouragement des écrivains et poètes persans à cette époque furent tels qu’ils restent unique dans toute l’histoire de la littérature persane. En vérité, le mouvement amorcé par les Mongols d’Inde pour la "préservation" de la littérature persane eut un authentique effet salvateur sur cette littérature qui avait d’ores et déjà sérieusement perdu ses repères face à des siècles de règne brutal de tribus turcophones diverses et l’influence de la culture arabe. Le peu d’intérêt que les Safavides avaient montré au début de leur règne pour les lettres persanes disparut bientôt et si les grands Mongols n’avaient pas encouragé tant de poètes iraniens, l’ère safavide n’aurait absolument pas connu ce foisonnement de poètes qui prirent pour la plupart le chemin de l’Inde pour bénéficier des faveurs de la cour des Mongols. On peut même dire que l’intérêt de Shâh Abbâs le Grand pour les lettres était en partie le résultat de sa rivalité avec son contemporain mongol l’empereur Akbar et que ce mouvement ne fut guère poursuivi après lui.

Les Mongols d’Inde, descendants et héritiers des Timourides, héritèrent également du goût des lettres persanes. Cette dynastie des Mongols d’Inde s’illustra aussi par ses nombreux poètes persanophones, non seulement parmi les membres de la famille royale, à commencer par les empereurs même, mais également par le nombre de lettrés persans que les rois mongols successifs invitèrent à leur cour.

Le premier d’entre eux, fondateur de l’Empire mongol d’Inde, Bâbar Shâh, fut un conquérant, mais aussi l’auteur de plusieurs ouvrages en poétique, notamment un essai sur la métrique persane et des Mémoires rédigées en turc et en persan. Il est également l’auteur de quelques poèmes courts, simples mais bien écrits, qui ont été conservés. Son fils et héritier, l’empereur Humâyun, au nom de plume "Humâyun", fut quant à lui l’auteur d’un divân aujourd’hui disparu. Trois autres des fils de Bâbar eurent également leurs recueils persans.

Mais le plus important mécène de la littérature persane de cette dynastie, et plus généralement de toute l’histoire de la littérature persane demeure l’héritier de Humâyun, l’empereur Akbar. Nul autre roi ou noble n’a jamais pu égaler la somme d’efforts, de temps et d’argent que ce dernier accorda à la littérature persane et aux hommes de lettre iraniens. Ceci alors que contrairement à ses illustres ancêtres, cet empereur eut beaucoup moins de temps à consacrer aux lettres et que d’aucuns l’ont même surnommé "l’inculte". Certes, il ne fut guère un poète doué, mais l’immense service qu’il rendit aux lettres persanes mérite qu’on lui réserve une place spéciale.

Ainsi, il faut reconnaître que l’épanouissement et le renouveau de la littérature persane qui avaient commencé avec l’encouragement et le soutien des rois et des princes timourides de l’époque de Mirzâ Shâhrokh et son fils Mirzâ Bâysanghor, et qui avaient atteint en quelque sorte leur apogée à la cour du sultan Hossein Baygharâ à Herât, reprirent de plus belle avec le règne du mongol Jalâleddin Akbar. Cette fois, la richesse infinie des rois et des émirs locaux de l’Inde, spécialement des Mongols d’Inde, joua en faveur de la littérature persane et réveilla l’intérêt littéraire des Safavides, authentiques rois de Perse, qui ne pouvaient accepter une telle situation sans réagir. C’est pourquoi, quelques temps après Akbar, les rois persans firent preuve d’un intérêt renouvelé pour la littérature.

Tâj Mahal, oeuvre de Samuel Bourne, 1860.

Il serait fastidieux de nommer tous les poètes persans de la cour d’Akbar, signalons uniquement que leur nombre dépasse la centaine.

Après Akbar, ses descendants, Jahângir Shâh, Shâh Jahân, Dârâ Shokouh, puis l’empereur Aurangzeb prirent soin de cet héritage, chacun d’eux s’illustrant également à sa mesure dans la poésie persane. Jahângir Shâh par exemple, comme son ancêtre, est l’auteur de Mémoires rédigées en persan. Shâh Jahân, lui, dévoila sa passion persane dans l’architecture, avec son chef-d’œuvre, le Tâj Mahal. Mais le plus poétiquement doué parmi ces empereurs demeure Dârâ, qui en plus d’être lui-même poète, continua le mouvement de traduction des ouvrages persans, en particulier dans le domaine de la mystique. Par contre, après lui, son frère Aurangzeb, qui fut le dernier grand empereur de cette dynastie, se montra rigidement religieux, et fut sévère et avec les Hindous et avec les arts. Malgré cela, son règne fut témoin de la continuation de l’enrichissement de la tradition littéraire persane en Inde. Ce même roi intolérant est d’ailleurs paradoxalement le père de la poétesse persanophone Zibonnessâ, importante figure de la poésie de style indien, qui écrivait sous le pseudonyme de "Makhfi" (qui signifie "caché" en persan).

Cette oeuvre datant d’environ 1637 représente (de gauche à droite) les frères Shojâ’, Aurangzeb et Murâd Baksh durant leurs jeunes années.

L’intérêt des mongols d’Inde pour la poésie persane ne prit pas fin avec l’empereur Aurangzeb et les lettres persanes eurent une place d’honneur à la cour des derniers Mongols.

Après la chute des Mongols, la littérature persane ne perdit pas sa place. Aujourd’hui, la tradition littéraire irano-indienne perdure toujours et le champ des recherches littéraires portant sur cet espace-temps de la littérature persane est ouvert.

L’empereur Aurangzeb assis sur un trône d’or et tenant un faucon au milieu de sa cour.

Bibliographie :
- Zabihollâh Safâ, Târikh-e adabiât dar Irân (Histoire de la littérature en Iran), Vol. 4 et 5, Téhéran, Ed. Ferdows, 2002.


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