N° 23, octobre 2007

Au Journal de Téhéran

Les nouvelles voies de la radio





17 Shahrivar 1315
8 Septembre 1937

M. David Sarnoff a annoncé dernièrement une curieuse prophétie : dans quelques années, chacun de nous pourra être propriétaire d’une longueur d’ondes déterminée, tout comme aujourd’hui on possède son numéro de téléphone individuel. Les investigations auxquelles se livrent actuellement les savants dans le monde à peu près inexploré des ondes ultra-courtes ouvrent des perspectives inattendues devant l’application de la radio dans la vie courante. Le jour n’est sans doute pas loin où nous verrons se réaliser ce rêve hardi de quelques pionniers : les postes nains de poche récepteurs et émetteurs, pas plus encombrants qu’une montre.

Un radiotéléphone portatif

D’ores et déjà on annonce un peu partout des résultats surprenants d’essais effectués dans ce domaine. Ainsi, à Rome, on aurait construit une sorte de radiotéléphonique portatif. Mais le plus beau résultat est sans doute obtenu par la liaison radiophonique New York Philadelphie. Une émission au moyen d’ondes de très haute fréquence, provenant du sommet d’un gratte-ciel new-yorkais, a été captée par une antenne en tourniquet de Philadelphie, après avoir parcouru une distance de 160 kilomètres environ. Le morse promet de devenir sous peu un curieux anachronisme. Les lettres écrites seront bientôt transmises d’un continent à l’autre à la vitesse de la lumière, et ces télégrammes de demain porteront bien l’écriture de l’expéditeur.

Le problème des transmissions de ce genre est déjà résolu par le poste de Philadelphie où une sorte de spirale, évoluant sur une feuille de papier carbone tournant autour d’un cylindre, trace la reproduction exacte de l’image qui tourne au même moment sur le cylindre analogue du poste new-yorkais.

L’imprimerie à domicile

Ainsi, rien n’empêche désormais de mettre à la disposition du public des services se chargeant de la transmission de la correspondance, des photographies, des journaux, des cartes géographiques, des empreintes digitales, etc. Quatre grands journaux new-yorkais déclarent qu’ils sont prêts à livrer leurs nouvelles imprimées à domicile au moyen de télégraphie sans fil. Inutile d’insister sur l’avantage de cette invention sur les nouvelles parlées, qui obligent l’usager à se tenir prêt à l’écoute au moment de l’émission. Les plans d’une telle " imprimerie " à domicile sont déjà mis au point en Amérique et, d’après les calculs des ingénieurs compétents, on pourrait mettre en vente le nouvel appareil au prix modique de 100 dollars, soit de 1,500 francs.

Dans deux laboratoires américains, au vient de faire simultanément une très curieuse découverte. En émettant des ondes très courtes à l’intérieur de tubes métalliques d’une construction spéciale, on a observé qu’elles s’y concentraient la manière des ondes sonores dans un Cornet acoustique. Ces tubes se révélaient en quelques sortes imperméables à cette catégorie d’ondes :

Cette découverte est susceptible de rendre de très grands services dans les émissions à très courte distance. Elle pourrait permettre une diffusion directe de programmes, par exemple, sans l’intermédiaire d’une antenne. II suffit de se servir d’un long tuyau élargi à son extrémité en forme d’entonnoir pour obtenir de véritables "canons radiophoniques" grâce auxquels on pourrait diriger l’émission dans le sens voulu.

L’utilisation des ondes ultra - courtes

Un inventeur américain assigne aux ondes ultra-courtes un rôle un peu particulier.

Il voudrait établir un système de signalisation pour les avions destiné à réduire le nombre d’accidents causés par le brouillard ou l’orage. En installant de petits émetteurs au sommet des montagnes le long des lignes aériennes commerciales, on pourrait notamment prévenir les heurts si fréquents des avions contre les obstacles invisibles dans le brouillard.

M. Th. Mc Caleb, de l’Université de Harvard, a élaboré un projet très ingénieux utilisant des ondes ultra-courtes pour déceler, en temps de guerre, la présence des avions ennemis. Le savant a découvert, en effet, qu’en traversant un rideau d’ondes ultra-courtes, les avions réfléchissent vers la terre des signaux provenant, des émetteurs ordinaires. Ce technicien se fait fort, en connaissant l’emplacement exact des postes émetteurs et récepteurs, de déterminer avec précision la position de l’avion. Il est évident que de telles indications pourraient être très précieuses pour la direction des batteries de canons anti-aériens.

Le directeur de l’Observatoire de météorologie de Blue Huis vient de réaliser un très bel exploit dans le domaine des ondes ultra-courtes. Il a établi la liaison entre deux endroits distants d’une centaine de kilomètres, résultat excellent si l’on tient compte de la longueur d’ondes courtes employée :

1 m. 25 On sait en effet que, contrairement aux ondes courtes, moyennes et grandes, celles-ci ne se propagent pas en courbe et que, par conséquent, étant donné la forme sphérique de la terre, elles se dispersent rapidement dans l’espace. La limite de leur champ est donc tracée par l’horizon. Ainsi, plus le lieu d’émission est élevé, plus leur rayon s’étend. C’est pourquoi les postes émetteurs de télévision doivent être installés sur les hauteurs.

Le problème de l’élimination des parasites a de tout temps préoccupé les spécialistes de la radio, dont certains ont désespéré de pouvoir un jour enrayer complètement ce fléau de la T. S. F. En effet, si l’on parvient à lutter avec plus ou moins de succès contre les parasites industriels, les techniciens sont à peu près impuissants en face des parasites atmosphériques. Mais voici que les recherches des derniers mois autorisent les plus beaux espoirs dans ce domaine. La plus belle réussite est sans doute celle de M. Armstrong, un des pionniers de la radio et professeur à l’Université de Columbia. Il est l’auteur d’un dispositif anti-parasite et antifading qu’il a expérimenté pendant des nuits orageuses où des transmissions ordinaires étaient rendues à peu près impossibles. Or, les émissions d’Armstrong étaient reçues avec une parfaite netteté. En ce qui concerne la transmission des images, le système d’Armstrong s’avère également d’un très grand secours. Cet inventeur a réussi en effet, à transmettre, dans de déplorables conditions atmosphériques, le fac-similé d’une première page de journal. La netteté de l’image reçue ne laissait rien à désirer.

Le secret de l’invention d’Armstrong consiste à conférer aux ondes transmises certaines caractéristiques dont sont dépourvues les ondes parasitaires. Le récepteur est construit de telle sorte qu’il n’est sensible qu’à ces ondes produites par l’émetteur et reste inaccessible aux parasites. Cependant, la généralisation de ce système soulève de sérieuses difficultés. Elle nécessiterait le remplacement total de l’équipement actuel de la radiophonie par des appareils d’Armstrong.


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