N° 94, septembre 2013

Le tourisme médical et le tourisme de santé en Iran


Arefeh Hedjazi


Le tourisme de santé et le tourisme médical sont des domaines du tourisme et de la santé en expansion mondiale, spécialement en Asie, où les prix avantageux, alliés à une qualité standard de soins, attirent de plus en plus de voyageurs qui peuvent s’offrir des traitements médicaux soit inexistants, soit chers dans leur propre pays. Traditionnellement, c’est l’Europe et les Etats-Unis qui possèdent le meilleur cadre et la meilleure publicité pour ce type de tourisme, mais aujourd’hui, des pays asiatiques tels que l’Inde, la Thaïlande, Singapour ou la Corée du Sud font office de concurrents sérieux, vu les prix beaucoup plus avantageux pour les mêmes services de santé. Le succès de ces pays tient notamment à leur prise de conscience de ce potentiel, au développement général du tourisme dans ces pays, ainsi qu’à la mise en œuvre de programmes à court et à long terme pour allier tourisme et services de santé.

Le tourisme de santé est divisé en deux types : le tourisme médical en tant que tel, qui signifie la recherche de traitements médicaux dans d’autres pays, généralement en raison de prix plus abordables ; et le tourisme de santé, qui englobe le bien-être général, bien qu’il puisse avoir des buts proprement thérapeutiques. Le tourisme de santé comprend notamment la thalassothérapie, les soins balnéaires, les spas, etc.

Le lac Oroumieh est une destination idéale dans le demaine du tourisme de santé, puisqu’il allie la beauté de ses paysages aux vertus thérapeutiques de ses eaux riches en minéraux.

L’Iran est aujourd’hui considéré comme l’un des pays également dotés d’un fort potentiel en matière de tourisme de santé et tourisme médical, à tel point qu’il est déjà la première destination médicale et de santé du monde islamique. L’amélioration rapide des indices de santé en Iran, le développement des biotechnologies et des technologies médicales de pointe, l’existence de centres médicaux et de recherches génétiques ou autres, uniques au Moyen-Orient, la qualité des soins médicaux – notamment en chirurgie– et de santé, alliés à un prix très bras ont déjà fait de l’Iran, malgré l’absence quasi-totale de toute publicité du gouvernement iranien, et malgré une industrie touristique moyennement développée, la première destination du tourisme médical et de santé dans la région, avec pour seul concurrent sérieux la Jordanie, qui possède plus d’expériences dans ce domaine.

En moyenne, 30 000 personnes viennent en Iran chaque année dans le cadre du tourisme de santé et 20 000 personnes dans le cadre du tourisme médical.

La situation géographique de l’Iran joue également un rôle dans son potentiel, d’un côté en matière de tourisme de santé et de l’autre, du tourisme médical en tant que tel. Les touristes médicaux qui viennent en Iran sont majoritairement citoyens des pays voisins de l’Iran. On peut notamment citer les pays frontaliers de l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Arménie, la république d’Azerbaïdjan, l’Irak et la Turquie, dont les citoyens ne peuvent bénéficier des mêmes soins dans leur propre pays. Mais il y a aussi les pays arabes du Golfe persique, les pays d’Asie centrale et certains pays d’Amérique latine dont les citoyens viennent en Iran dans le cadre du tourisme médical, en particulier au vu du rapport qualité-prix des prestations de santé en Iran.

L’eau salée et riche en minéraux du lac Oroumyeh en fait une destination thérapeutique, notamment pour ses bains de boue supposés efficaces contre les rhumatismes.

Dans le domaine du tourisme de santé, l’Iran possède un potentiel remarquable. L’existence d’écosystèmes diversifiés, en particulier des montagnes, où abondent des sources thermales, des déserts, promettant le calme et la méditation, des lacs aux eaux thérapeutiques, etc. sont des atouts importants dans ce domaine. Jusqu’à aujourd’hui, plus de mille sources thermales aux propriétés curatives ont été répertoriées dans le pays, dont moins de la moitié a été localement exploitée dans le cadre du tourisme de santé.

En matière de tourisme médical à proprement dit, l’Iran possède également des avantages indéniables, au vu de l’importance donnée au secteur médical. Un système de santé étendu sur tout le territoire, des infrastructures médicales en pleine expansion, un personnel médical qualifié, une industrie pharmaceutique développée et en expansion (95 % de la demande pharmaceutique du pays est satisfaite grâce à cette industrie), des centres médicaux de pointe, notamment en matière d’études génétiques et biotechnologiques (l’Iran est au 5e rang mondial en matière de biotechnique, et neuf des quinze molécules biotechniques existantes sont actuellement produites dans le pays), des traitements médicaux régulièrement mis à jour, la possibilité de suivre des soins de longue durée tels que la dialyse, une chirurgie de qualité internationale et les prix bas de tous les services médicaux comparés à d’autres pays aux systèmes de santé comparables, attirent ainsi chaque année des dizaines de milliers de touristes.

Cependant, dans le cadre d’un développement peu poussé du tourisme iranien, le tourisme médical du pays souffre également de certaines carences, dont la plus importante est l’absence de publicité et d’investissements sérieux en la matière, notables au moins jusqu’en 2003. A cette date, des décisions ont été prises en matière de création d’emplois dans le secteur médical, mais sans tenir spécifiquement compte du potentiel touristique de ce secteur. C’est à partir de 2004 que les responsables gouvernementaux iraniens se sont intéressés spécifiquement au tourisme de santé, avec la fusion en un organisme unique de l’Organisation du Patrimoine culturel et de l’Organisation du tourisme iranien.

Les efforts à faire portent sur les deux types de tourisme de santé, le tourisme de santé autant thérapeutique que de loisir d’une part et le tourisme médical à proprement dit d’autre part.

L’eau salée et riche en minéraux du lac Oroumyeh en fait une destination thérapeutique, notamment pour ses bains de boue supposés efficaces contre les rhumatismes.

L’importance de ce secteur touristique a récemment suscité l’intérêt des responsables, et des programmes ont été élaborés pour permettre de faire concrètement de l’Iran un pôle au moins régional en tourisme de santé. Ainsi, le 4e Plan de développement national prévoit que 30% des investissements nécessaires en matière de santé soient obtenus au travers de l’exportation des produits médicaux, pharmaceutiques et technologiques, du tourisme médical et du tourisme de santé.

Pour ce faire, les carences en la matière ont été répertoriées. On peut notamment citer l’absence d’une organisation spécifiquement chargée du développement du tourisme médical en Iran ou l’existence d’instances décisionnelles multiples, qui mène éventuellement à un ralentissement des programmes. Récemment cependant, un Office du tourisme de santé a vu le jour, qui s’occupe spécifiquement du tourisme de santé et du tourisme médical, notamment en faisant connaître la médecine traditionnelle iranienne, suffisamment riche pour faire concurrence à d’autres médecines orientales traditionnelles.

Les acteurs gouvernementaux actifs dans l’expansion du tourisme de santé sont l’Organisation du tourisme iranien, le ministère de la Santé, le ministère de la Sécurité sociale et le ministère des Affaires étrangères, qui programment actuellement des plans de développement de ce secteur. Ces instances ont élaboré jusqu’à maintenant un programme exhaustif de développement du tourisme médical, ainsi qu’un programme nommé « Sécurité en médecine touristique » qui se base sur la résolution de la 9e assemblée de l’Organisation mondiale du tourisme.

Les sources thermales de Sare’eyn sont depuis longtemps fréquentées par les Iraniens pour leurs vertus curatives. Ci-dessus, la source Gâvmish Goli durant l’ère qâdjâre.
La région de Sare’eyn reçoit annuellement de nombreux touristes attirés par ses sources thermales. Ci-dessus, la station thermale Gâvmish Goli, à Sare’eyn.

Dans le domaine du tourisme de santé et de loisir, l’exploitation des nombreuses sources thermales et minérales du pays est prise en compte par l’Organisation du tourisme iranien, qui poursuit actuellement une étude du potentiel iranien en thalassothérapie et soins balnéaires, notamment avec la préparation d’un guide complet sur plus de mille sources déjà identifiées et leurs possibilités d’exploitation. La participation à des foires médicales et touristiques internationales depuis 2010 fait aussi partie des efforts de cette organisation pour faire connaître le secteur iranien au niveau international.

La question des assurances et de la couverture des frais des soins qui est au cœur du tourisme de santé a été prise en charge par le ministère de la Sécurité sociale, qui a récemment passé des accords avec deux compagnies d’assurances iraniennes, Kârâfarin et Sinâ, qui aménagent des assurances spécifiques en la matière, facilitant l’accès aux soins pour les touristes étrangers.

Le ministère des Affaires étrangères s’est chargé de favoriser les coopérations médicales au niveau international et des discussions ont lieu au niveau interministériel pour la mise en place de visas médicaux à délivrance rapide pour les touristes de santé.

Au niveau régional également, des plans ont été élaborés pour permettre le développement du tourisme de santé, notamment en investissant dans les centres médicaux déjà actifs dans ce secteur.

Bibliographie :
- Nâsser Sadr Momtaz, Zahrâ Aghâ Rahimi, « San’at-e gardeshgari pezeshki dar Iran : râhkârhâi barâye tosse’e » (L’industrie du tourisme médical en Iran : des solutions de développement), revue Modiryyat-e etelâât-e salâmat (Revue Gestion des informations de santé), numéro spécial, hiver 2010
- Mâedeh Bon, Mojgân Torâb Ahmadi, « Morouri bar vazyat gardeshgari pezeshki dar keshvarhâye dar hâl-e tosse’e bâ ta’kid bar keshvar-e Iran » (Regard sur l’état du tourisme médical dans les pays en développement, en particulier l’Iran), Revue Ketâb-e mâh Oloum-e Ejtemâi (Revue du Livre du mois, Sciences sociales), numéro 36, mars 2010
- Mehdi Haghighi Kâshef, Mahmoud Zyâyi, Ghâssem Djafari, « Olavyat bandi-e avâmel-e marbout be tosse’eye gardeshgari darmâni Iran » (Classification des éléments relatifs au développement du tourisme de santé en Iran), Revue Faslnâmeh Motâle’at Djahângardi (Revue trimestrielle des Etudes de tourisme), numéros 11 et 12, automne et hiver 2009.


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2 Messages

  • Le tourisme médical et le tourisme de santé en Iran 31 janvier 2016 10:43, par Khaled

    Faire un sur thermale à Serions dans la région Affable en IRAN

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  • Le tourisme médical et le tourisme de santé en Iran 22 avril 2016 09:50, par Ahmed Hadaoui

    Bonjour
    Je vous serai très reconnaissant de bien vouloir m’informer sur les possibilités d’hospitalisation pour une ablation de ma vésicule par cœlioscopie dans un hôpital Iranien et je voudrai savoir si c’est possible et quelles sont les conditions à remplir à cet effet.
    Je vous informe que j’ai une lithiase biliaire de 11.5mm et donc je voudrai m’en débarrasser au plus vite.
    Ce voyage médical, s’il aura lieu, me donnera l’occasion de connaitre votre pays que j’admire beaucoup pour son système et ses progrès notoires et sensationnels ; pays que je rêve de visiter.
    Merci infiniment
    Ahmed Hadaoui

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