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Le village historique de Meymand est situé dans la province de Kermân, à 36 kilomètres de la ville de Shahr-e Bâbak qui fut supposément fondée par Bâbak Sâsâni, le grand-père d’Ardeshir Bâbakân, lui-même fondateur de la dynastie sassanide.
La fondation du village historique de Meymand remonte à l’époque où le mithraïsme était enraciné en Iran. Ses adeptes considéraient la montagne, symbole de solidité et de stabilité, comme le meilleur lieu d’habitation. Ils creusèrent les rochers avec les outils les plus simples, donnant peu à peu naissance à cet endroit hors du commun qui constitue un témoignage de l’ancienneté de la culture iranienne. Certains chercheurs estiment également que les adeptes du mithraïsme qui habitaient en Perse ont d’abord creusé des cavités souterraines au pied des montagnes pour y enterrer leurs morts. Peu à peu, le climat et les conditions de l’environnement les ont conduits à s’établir eux-mêmes dans ces cavernes.
Les maisons de ce village ont toujours été réalisées en taillant les rochers, sans qu’aucun matériau supplémentaire n’y soit utilisé. Pour cette raison, on n’y trouve pas d’armoire étant donné que l’on a taillé les murs pour y faire des niches et étagères où l’on dispose la vaisselle, des boîtes, des lampes, etc.
Chacune de ces maisons traditionnelles taillées dans les rochers et appelées kitcheh a une ou plusieurs chambres ainsi qu’une écurie. Meymand rassemble ainsi 406 kitcheh de tailles différentes. La majorité d’entre elles mesurent de 16 à 20 m2 et ont une hauteur de deux mètres ; la plus grande ayant une surface de 90 m2. Les portes de la plupart des kitcheh sont en bois et de forme rectangulaire, avec un système de verrouillage reposant sur un trou percé dans un bloc de pierre. Le seuil des portes des kitcheh se situe de 15 à 20 cm au-dessus du sol pour empêcher l’eau de s’y écouler.
Meymand dispose également d’une ancienne école réalisée selon le même modèle que les maisons, à l’exception du fait qu’elle est plus profonde que les kitcheh où habitent les villageois. Elle dispose de cinq pièces qui étaient utilisées comme classes et bureau.
L’ancienne mosquée du village est également taillée dans les rochers. Creusée au cœur même de la montagne et dotée de piliers naturels de pierre, elle s’étend sur une surface de 1200 m2. L’ensemble de ses parties, y compris le mihrâb et le minbar, est taillé dans les murs.
Le hammâm de Meymand est également taillé dans la roche et considéré comme l’une des merveilles du village. Construit selon le plan des hammâms traditionnels iraniens, il comporte un bassin rempli d’eau chaude, le khazineh. Sa principale source de lumière est fournie par un morceau de marbre placé sur un trou percé dans le toit du vestiaire : il reflète la lumière extérieure et éclaire tout l’espace.
Les touristes venant visiter le village de Meymand peuvent se restaurer dans le restaurant traditionnel de Meymand, qui est un kitcheh disposant de tables et de bancs en pierre et en bois. Ses plats traditionnels sont le ghormeh gousht (plat à base de viande), le ghatoghboneh (plat à base de boneh, sorte de pistache sauvage), le khoresh bâdemdjân (ragoût d’aubergine), le kallehpâtcheh (mets à base de tête et de pieds de mouton), le gheymeh nokhod (ragoût de viande et de pois), le khâkepiâz (omelette d’oignon), le kâtilet (boulette de viande), le khoresh âlou (ragoût de prune), le khoresh kalam (ragoût de chou), le polosozi (riz aux légumes)… ainsi que les produits laitiers et les pains traditionnels.
Les principaux revenus des villageois de Meymand proviennent de l’agriculture et du tissage de tapis. Les tapis de Meymand sont célèbres pour leur beauté et leur qualité. Outre le tissage de tapis, la fabrication de feutre et le tissage de kilim sont également courants dans ce village.
Situé entre le désert et la montagne, Meymand a un climat montagnard qui se caractérise par des hivers froids et des étés chauds. Dans les oasis autour du village se trouvent des amandiers, des noisetiers, des vignes et des pistachiers. Dans le village poussent également des mûriers ainsi que divers types d’herbes (astragale, cumin, renoncule, thym, romarin, fenouil, réglisse, etc.)
Le village a conservé son architecture, ses traditions d’origine ainsi que sa langue, qui a subi très peu de changements en raison de l’isolement du village. Elle contient ainsi encore des mots sassanides et pahlavi. Selon les légendes locales, Meymand redonnera à l’Iran sa splendeur ancienne grâce à un homme qui viendra du soleil. Dans les épigraphes retrouvées à Meymand, on peut notamment lire : "Lorsque les montagnes de Meymand seront déchirées et que les légendes se réaliseront, les trésors de Meymand apparaîtront ; seule une personne pourra les obtenir, celle qui viendra du soleil."
Pour avoir une première vue du village, il faut s’approcher à environ 500 mètres des maisons troglodytes. La première image qui apparaît alors est celle de portes très courtes jointes par des tunnels situés derrière elles. Ces portes ne sont pas toutes au même niveau et certaines sont situées les unes au-dessus des autres. La première impression est que ce village ne compte qu’un nombre très limité de maisons, et pour se rendre compte qu’il y a plusieurs centaines de kitcheh dans le village et en estimer l’étendue, il faut marcher pour apercevoir les différentes maisons rocheuses sous différents angles.
Concernant la signification du mot Meymand, il existe différents avis. Selon certains, Meymand signifie "eau de rose" (golâb) et ce nom aurait été choisi car le village était jadis rempli de roses. Selon d’autres, Meymand signifierait rivière, ou un lieu où s’écoulent de nombreuses rivières. Mais Meymand signifie le plus probablement refuge, étant donné que ce village a été construit au milieu des montagnes et qu’il était donc peu attaqué par les tribus ennemies.
Meymand est habité depuis 3000 ans et compte parmi les plus anciens villages encore habités en Iran. Les fouilles archéologiques qui y ont été réalisées ont conduit à la découverte de tuiles datant de 6000 ans, ainsi que de pierres gravées dont l’ancienneté remonte à près de 10 000 ans. Sur la base de ces recherches, ce village historique aurait entre 8000 et 12 000 ans. En 2005, Meymand a reçu le prix international Melina Mercouri (UNESCO-Grèce) destiné à récompenser des actions exemplaires de sauvegarde et de mise en valeur des grands paysages culturels du monde.
Sitographie :
http://whc.unesco.org/fr/activites/484/
http://www.keacheh.blogfa.com/
http://fa.wikipedia.org/wiki/%D9%85%DB%8C%D9%85%D9%86%D8%AF_
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