N° 97, décembre 2013

Portraits photographiques des peuples d’Iran


Photographies : Mireille Ferreira
Textes :

Alice Bombardier, Mireille Ferreira


À côté de l’image uniformément noire présentée par les médias étrangers, le peuple iranien montre une réalité beaucoup plus nuancée de cette population de 75 millions d’habitants. Cette diversité est de plusieurs natures. D’une part, l’Iran, bien que peuplé en majorité de Persans, est un état multiethnique héritier de l’empire perse qui a réuni, au fil de son histoire, une mosaïque de peuples, constituée à l’origine de tribus nomades qui ont, de tous temps, parcouru le plateau iranien. De ce fait, bien que le persan soit la langue officielle des citoyens iraniens, une deuxième langue est couramment parlée en Iran, en fonction de la région ou de la tribu d’origine du locuteur : lori, langues caspiennes, kurde, baloutche, turc azéri, arménien, arabe etc. ; cette pratique multilingue apportant d’un groupe linguistique à l’autre un élément de diversité culturelle. Et enfin, le style de vie des Iraniens se trouve diversement façonné par leurs diverses pratiques religieuses, sans oublier les disparités entre ville et campagne, désert et montagne.

Ces jeunes garçons, au visage peint aux couleurs du drapeau iranien, participent au défilé annuel commémorant la révolution islamique du 22 Bahman (11 février 1979) sur l’avenue Azâdi (de la Liberté).
Téhéran – février 2007

Un pays aux multiples visages

Pour des raisons historiques qui tiennent à la formation de l’empire perse, les Persans occupent le Centre et le Nord-est du pays, alors que les autres ethnies, souvent transfrontalières, sont établies, pour la plupart, à la périphérie du territoire national.

Ces écolières d’Ispahan portent l’uniforme de leur école, la couleur du foulard variant d’une école à l’autre.
Ispahan – mai 2007
D’origine zoroastrienne, les femmes d’Abyâneh, beau village de la province d’Ispahan, portent jupe et foulard à fleurs tandis que les hommes revêtent le large pantalon traditionnel.
Abyâneh – novembre 2004
Sur les marchés de la province de Gorgân au nord-est de l’Iran, proche de la République du Turkménistan, les femmes portent de longues robes fleuries et des foulards chatoyants, les hommes arborant le turban traditionnel turkmène.
Gonbad-e Qâvous – mai 2008
Ces Iraniens de la minorité arabophone de la Susiane, région du sud-ouest de l’Iran proche de l’Irak, portent le keffieh traditionnel. Ils sont issus des Sâmi, l’une des quatre tribus arabes qui nomadisaient autrefois dans la province du Khuzestân iranien.
Suse - mars 2007
Cet homme de l’île de Qeshm est employé à la fabrication des dows, ces grands boutres de bois sillonnant les eaux du golfe Persique.
Qeshm – janvier 2007

De la survivance des cultures locales au folklore : voyage auprès des tribus nomades d’Iran

Si le nomadisme a existé de tout temps sur le plateau iranien, il est à présent exceptionnel, se réduisant, la plupart du temps, à une simple transhumance estivale qui concerne une société rurale se consacrant à l’élevage. Sous Mohammad-Rezâ Shâh Pahlavi dans les années 1960, les populations nomades ont fait l’objet de nombreuses pressions pour quitter leurs pâturages et ont été parfois sédentarisées de force, dans le cadre d’un programme général de modernisation. Cependant, on peut observer que cette culture nomade est encore présente dans les traditions populaires de certaines régions, à la ville comme à la campagne.

Ces écoliers, croisés à l’entrée du Parc aux oiseaux d’Ispahan, portent les costumes traditionnels de la tribu des Bakhtiâr, nomades de la région, pour une sortie déguisée.
Ispahan – avril 2008
Cette famille, rencontrée sur la route menant à Suse, appartient à une tribu lore, l’une des plus anciennes ethnies d’Iran. Quelques bonbons auront raison de la timidité des enfants restés prudemment près de leur mère.
Khouzestân – mars 2007

Une religion officielle qui s’affiche et qui se vit au quotidien : le shiisme

Le shiisme a été instauré religion d’Etat par les rois de la dynastie safavide au XVIe siècle. La population de la République islamique d’Iran est en majorité shiite. ‘Ashoura, point culminant des célébrations commémorant chaque année le martyre de l’Imâm Hossein, petit-fils du prophète Mohammad, fait l’objet de processions spectaculaires.

Photo de groupe prise devant l’entrée de la citadelle Karim Khân de Shirâz.
Shirâz – mai 2007

La force de l’héritage préislamique : le zoroastrisme, religion du feu

Le zoroastrisme est la religion monothéiste ancestrale de l’Iran, fondée au cours du premier millénaire avant l’ère chrétienne. Zoroastre, ou Zarathoustra, son prophète, la répandit dans la région en réformant la religion mazdéenne qui l’avait précédée. Elle fut proclamée religion officielle de la Perse sous la dynastie sassanide, qui régna du IIIe au VIIe siècle après J.-C.

Elle possède encore, notamment à Yazd, une communauté, un clergé et quelques lieux de culte. La tradition zoroastrienne est encore bien vivante dans l’esprit des Iraniens, nombreux à se réunir à l’occasion de ces fêtes millénaires.

Ces jeunes filles en costume de fêtes’apprêtent à fêter la fête du feu au temple zoroastrien de Téhéran.
Téhéran - janvier 2006

La vie artistique iranienne

La poésie, la musique traditionnelle, les arts plastiques, la calligraphie, l’art du tapis, le travail du verre, font partie du quotidien des Iraniens. L’éducation artistique est présente dès le plus jeune âge dans les écoles. La pratique de la calligraphie, enseignée aux écoliers, se poursuit dans les instituts de calligraphie présents dans tout le pays. Le tissage des tapis persans, réputés dans le monde entier, est un art qui se transmet de génération en génération.

Cette artiste du Centre d’art et d’artisanat de l’Organisation de l’héritage culturel à Téhéran réalise une enluminure en marge d’une calligraphie.
Téhéran – janvier 2007
Ostâd Mehdizâdeh, maître calligraphe, décédé en 2009, était professeur au Centre des Belles Lettres à Téhéran.
Téhéran – décembre 2005
Les tapis persans sont rasés après tissage. C’est seulement au cours de cette opération qu’apparaît toute la délicatesse du dessin. Les meilleurs ateliers de la ville de Kermân, dans le sud de l’Iran, confient cette tâche délicate à cet homme, qui la réalise à son domicile.
Kermân - avril 2006
Cette étudiante en architecture dessine sur le motif une des portes de Qazvin, ville située à l’ouest de Téhéran.
Qazvin – avril 2006
Saadi Afshâr, célèbre acteur de SiâhBâzi ou « Jeu du Noir », incarne un facétieux serviteur, personnage inspiré de la traite des esclaves éthiopiens amenés autrefois en Iran. Il est le personnage principal de ces farces traditionnelles dont la pratique se perd.
Téhéran – octobre 2006

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2 Messages

  • Portraits photographiques des peuples d’Iran 12 janvier 2014 14:05, par Marjane

    Bonjour,
    peut-être auront-nous plus d’informations sur les peuples iraniens vivant du côté de la mer Caspienne, une prochaine fois ? Ces peuples sont très intéressant aussi :)

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    • Portraits photographiques des peuples d’Iran 18 décembre 2014 17:39, par Mireille Ferreira

      A Marjane,
      Notre Revue avait publié en mai 2012 dans son numéro 78, un article intitulé "les Talysh, un peuple des bords de la Caspienne".
      Merci de l’intérêt que vous portez à la Revue de Téhéran.
      Mireille Ferreira

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