N° 103, juin 2014

L’Iran à la Coupe du monde de football 2014 au Brésil
La passion du ballon rond


Babak Ershadi


La phase finale de la 20e édition de la Coupe du monde de football va réunir les 32 meilleures équipes du monde au Brésil pendant un mois. Pour le match d’ouverture, le pays hôte affrontera la Croatie le 12 juin à São Paulo, et la finale aura lieu le 13 juillet au Stade Maracanã de Rio de Janeiro. Douze villes brésiliennes accueilleront les matchs de la plus belle manifestation mondiale du football qui se tient une fois tous les quatre ans.

Outre le pays hôte, le Brésil, qui est 5 fois champion du monde, les noms de toutes les équipes championnes du monde depuis 1930 figurent aussi sur la liste des invités : Uruguay (2), Italie (4), Allemagne (3), Angleterre (1), Argentine (2), France (1) et Espagne (1, tenante du titre). Parmi les 32 équipes participantes, celle de la Bosnie-et-Herzégovine est la seule à faire la première Coupe du monde de son histoire.

L’équipe d’Iran de football, surnommé « Team Melli » (تیم ملی, littéralement « équipe nationale ») participe pour la quatrième fois à la phase finale de la Coupe du monde.

A) L’histoire du football iranien
1900-1920 : les débuts du football étaient britanniques

Comme dans beaucoup de pays du monde, ce furent les Britanniques qui apportèrent le football en Iran. Mais le mot foutbâl (فوتبال) avait déjà été introduit dans le persan, dès la fin du XIXe siècle, par des étudiants iraniens qui avaient fait leurs études en Europe. Les Britanniques ont été les premiers à jouer au football en Iran pendant les vingt premières années du XXe siècle.

Logo de la Coupe du monde 2014 de football

Situons d’abord l’apparition de ce phénomène mondial qu’est le football dans l’histoire iranienne : ce sport était pratiqué par les Britanniques résidant en Iran ou par les matelots étrangers dans les villes portuaires du pays, très certainement sous le règne de Mozaffaredin Shâh. Ce fut donc vers la fin du XIXe siècle (avant la Révolution constitutionnaliste de 1905-1911) que les habitants de quelques villes d’Iran, où résidaient des étrangers - surtout britanniques -, eurent l’occasion d’assister comme spectateurs aux premiers matchs de foot : ce jeu étrange pendant lequel les Anglais couraient derrière un ballon de cuir, le frappaient à coups de pied et sautaient de joie de temps en temps sans aucune raison apparente. A Téhéran, il y avait alors trois équipes amateurs anglaises : l’équipe du personnel de l’ambassade d’Angleterre, l’équipe du personnel de la Banque royale (bânk-e shâhi), et l’équipe du personnel du Bureau du télégraphe. En 1907, le ministre plénipotentiaire britannique, Sir Cecil Arthur Spring Rice (1859-1918) organisa le premier tournoi de football jamais tenu en Iran pour encourager les membres de ces trois équipes.

1920-1940 : le football, ça s’apprend vite

Les Iraniens ne restèrent pas longtemps spectateurs. Quand les Anglais jouaient au football, il leur arrivait parfois de manquer de joueurs. Dans ce cas, ils invitaient des spectateurs réunis autour du terrain à les rejoindre sur le terrain du jeu. Ces Anglais (dans les villes) et les matelots (dans les ports) furent sans doute les premiers entraîneurs des jeunes Iraniens qui se passionnèrent peu à peu pour ce nouveau jeu. A Téhéran, un dénommé Karim Zandi fut le premier Iranien à jouer dans les équipes britanniques de 1908 à 1916. Le premier terrain de football digne de ce nom fut construit par les ingénieurs britanniques de l’industrie pétrolière non pas à Téhéran mais à Masjed-Soleymân (Khouzestân) où aurait eu lieu sans doute le premier match de foot entre une équipe anglaise et une équipe formée des jeunes habitants de la ville. Jusque-là, rien n’était officiel, tous les matchs étaient « amicaux ». Pendant les dernières années du règne d’Ahmad Shâh (roi d’Iran de 1909 à 1925), les premiers clubs et associations de football se créèrent en Iran. Le premier terrain de foot standard de Téhéran fut construit en 1921 à l’American College of Tehran (plus tard, Lycée Alborz). Abolfazl Sadri, Mir-Bâgher Azimi et Seyyed Mohammad Tadayon, qui furent les premiers professeurs d’éducation physique et sportive d’Iran (dans le sens moderne du terme), se chargèrent de traduire en persan les Codes du football et d’apprendre ce jeu aux jeunes lycéens. Les trois professeurs de sport fondèrent en 1923 l’Association du progrès et de la propagation du football. A cette époque-là, la capitale iranienne possédait déjà trois clubs de football : « Téhéran », « Toufân » et « Sport » (club des Arméniens de Téhéran). Une sélection de ces trois équipes voyagea à Bakou, capitale de la République soviétique de l’Azerbaïdjan, en 1926. Ce fut les premières fois que des footballeurs iraniens se rendaient à l’étranger. La sélection de la capitale iranienne fut battue par une sélection de Bakou (2-0). Dans les années 1930, outre Téhéran et la province du Khûzistân, le football connut une période d’expansion rapide dans diverses régions iraniennes. Le premier grand stade de foot de la capitale, Amjadieh (aujourd’hui Shahid Shiroudi), fut inauguré en 1942. Ce stade compte 30 000 places.

La première équipe nationale iranienne en 1919

1940-1960 : le football devient une institution

Après l’occupation de l’Iran pendant la Seconde Guerre mondiale, le football commença à devenir une véritable institution : l’Equipe d’Iran de Football (surnommé « Team Melli ») fut fondée officiellement en août 1941 et joua son premier match à Kaboul face à l’équipe nationale d’Afghanistan (0-0). Pourtant, la FIFA n’a jamais reconnu ce premier match de l’équipe iranienne, car cet événement précédait la formation de la Fédération d’Iran de Football (1946) et son affiliation à la FIFA, qui date de 1948. La fédération iranienne est membre de la Confédération asiatique de football (AFC) depuis 1958. Il conviendrait ici de saluer la mémoire du fondateur et premier entraîneur de l’Equipe d’Iran de football : Amir Hossein Sadaghiâni (1903-1982). Il naquit à Tabriz lors de la sixième année du règne de Mozafarredin Shâh (roi d’Iran de 1896 à 1907), et son enfance coïncida avec la Révolution constitutionnelle dont Tabriz fut l’un des principaux foyers. Sa famille ayant émigré en Turquie, alors ottomane, Amir Hossein Sadaghiâni grandit à Istanbul où il apprit le football. A 18 ans, il joua deux ans pour l’équipe junior du célèbre club istanbuliote Fenerbahçe (1921-1923). Sadaghiâni fut le premier footballeur iranien à évoluer en Europe, au club Rapid Vienne (Autriche, 1923-1924). En 1924, il rentra en Iran et joua cinq ans pour le Club Ferdowsi de Mashhad. Pendant cette période, Sadaghiâni fit beaucoup parler de lui parmi les footballeurs et les fans iraniens, car il était peut-être le premier en Iran à jouer au football avec des chaussures de football, les autres footballeurs jouant encore en guiveh (sorte d’espadrilles traditionnelles). En 1929, Sadaghiâni se rendit en Europe et poursuivit sa carrière internationale dans plusieurs équipes : CS Marchienne-Monceau (Belgique, 1929-1930), Sporting de Charleroi (Belgique, 1930-1933), Fenerbahçe (Turquie, 1933-1934), R. Moignelée Sport (Belgique, 1934-1935) et RRC Péruwelz (Belgique, 1935-1936). Il rentra définitivement en Iran en 1936 et joua un an pour le club Toufân à Téhéran. En 1941, Sadaghiâni fonda l’Equipe d’Iran de football et en resta l’entraîneur jusqu’en 1950.

Team Melli d’Iran à la Coupe du monde de 1978 en Argentine

1968-1978 : la belle époque des Coupes d’Asie des nations et de la première Coupe du monde

A partir de la fin des années 1960, la Team Melli domina largement le plus haut niveau du football continental pendant une dizaine d’années, en gagnant trois fois de suite la coupe d’Asie des nations (1968, 1972, 1976). A cette époque, apparut une génération légendaire de footballeurs dont il faut citer ici les noms : Parviz Ghelitchkhâni, Hossein Kalâni, Safar Irânpâk, Ali Jabbâri, Homâyoun Behzâdi, Gholâm-Hossein Mazloumi, Hassan Roshan… et les deux icônes de l’histoire du football iranien : Nâsser Hejâzi (1949-2011), gardien de but des Bleus (Esteghlâl, autrefois Tâj), et Ali Parvin (né en 1946), milieu de terrain des Rouges (Persepolis FC). Avant cette époque, le championnat d’Iran n’était pas national, mais régional. En effet, les clubs de chaque ville ou province participaient aux compétitions organisées au niveau local, et les meilleurs footballeurs qui y évoluaient étaient invités dans l’équipe nationale dont la plupart des membres étaient sélectionnés au sein des clubs de Téhéran. Le premier championnat national fut organisé en 1973 et permit aux clubs de province d’avoir plus de visibilité. Cet âge d’or du football iranien fut couronné par la qualification pour la première fois de la Team Melli à la phase finale de la Coupe du monde de 1978 en Argentine.

Amir Hossein Sadaghiâni

Avec le Pérou, l’Ecosse et les Pays-Bas dans le groupe, les chances de qualification étaient très minces pour la Team Melli. Après une défaite nette contre les Oranje (3-0), l’Iran affronta les Ecossais de Jordan et de Dalglish. Le défenseur Eskandariân, pressé par Joe Jordan, dégagea le ballon dans son propre but. Pourtant, au lieu de se déliter, la Team Melli prit le jeu à son compte. A la 60e minute, Iradj Dânâïfard envoya un tir rasant dans un angle fermé. L’Iran maintint son résultat. Suivra une défaite 4-1 contre le Pérou.

Après la Révolution de 1979 : des performances irrégulières

Après la Révolution islamique, la Team Melli se qualifia pour les Jeux Olympiques de Moscou en 1980. Mais l’Iran boycotta les compétitions pour protester contre l’occupation du pays voisin, l’Afghanistan, par l’Armée rouge. Pendant la guerre irano-irakienne (1980-1988), la machine du football ne s’arrêta pas, mais le championnat d’Iran dut se régionaliser de nouveau. Pendant la guerre, l’Iran ne s’inscrivit pas aux tours préliminaires des coupes du monde de 1982 (Espagne) et de 1986 (Mexique). En 1990, l’Iran gagna pourtant la médaille d’or du football aux Jeux asiatiques de Pékin.

Le football iranien connait une nouvelle ère à partir des années 1990 : en 1989, un nouveau championnat national est organisé et le football se professionnalise dès 2000. La Team Melli ne se portait pas encore très bien pour espérer une qualification aux Coupes du monde de 1990 (Italie) et de 1994 (Etats-Unis). Mais l’équipe nationale ne fit pas attendre éternellement ses fans qui assistaient à la naissance d’une nouvelle génération légendaire de footballeurs : Ahmad-Rezâ Abedzâdeh, Ali Dâei, Karim Bâgheri, Khodâdâd Azizi, Mahdi Mahdavikiâ… qualifièrent l’Iran pour la Coupe du monde de 1998 (France) après deux matchs nuls en barrages inter-zone face à l’Australie, grâce à la règle des buts marqués à l’extérieur. Pour des raisons totalement différentes, la date du 29 novembre 1997 restera sans doute gravée à jamais dans la mémoire de tous les supporters iraniens et australiens. A cette époque, l’unique qualification australienne pour la phase finale remontait à 1974. Quant à l’Iran, on ne l’avait plus revu en Coupe du monde de la FIFA depuis son passage en Argentine en 1978.

Un match historique : Iran-Australie (2-2), Melbourne, 28 novembre 1997

La Team Melli n’avait pu faire mieux qu’un match nul 1-1 à domicile (Khodâdâd Azizi pour l’Iran, Harry Kewell pour l’Australie). Ce match nul paraissait être favorable aux Australiens. A Melbourne, les Australiens se préparaient occasion après occasion : à la 32e minute, Kewell ouvrit le score, avant que Vidmar ne double la marque après la pause. Mais… inexplicablement… les Australiens laissent en fin de match le milieu iranien prendre le dessus et récupérer de plus en plus haut. A la 71e minute, Karim Bâgheri marque le premier but iranien (2-1) sur une passe d’Aziz. A la 75e, c’est Dâei qui envoie une passe merveilleusement calibrée à l’intenable Azizi, parti dans le dos d’une défense alignée beaucoup trop haut. « En quelques secondes qui semblent défiler au ralenti, Khodâdâd Azizi court… ouvre son pied droit et envoie soixante millions d’Iraniens au paradis (2-2). Le pays est secoué par une véritable explosion de joie. » Les fêtes spontanées qui suivirent le match de Melbourne furent sans précédent dans l’histoire de l’Iran et prouvèrent la place importante que ce sport occupe dans la société iranienne comme dans d’autres pays du monde. Ces fêtes et manifestations populaires firent l’objet de très nombreux commentaires et d’études socioculturelles ou sociopolitiques.

Team Melli d’Iran en France 1998

En France 1998, la Team Melli fit sans doute sa meilleure Coupe du monde, sans se qualifier pourtant pour les 8e de finale. L’équipe nationale s’incline logiquement face à l’Allemagne, alors trois fois champion du monde (2-0) et perd le match de justesse face à l’équipe de l’ex-Yougoslavie (1-0). Pourtant, la Team Melli gagne « le match du siècle » face aux Etats-Unis (2-1), grâce aux deux magnifiques buts de Hamid Estili et Mahdi Mahdavikiâ.

Après la Coupe du monde de 1998, l’équipe nationale a une évolution de plus en plus irrégulière : de nombreux footballeurs iraniens commencent leur carrière internationale en adhérant aux clubs européens ou aux clubs riches des pays du sud du golfe Persique. La Team Melli a, pourtant, un bilan plutôt décevant au niveau continental. Elle est ainsi incapable de gagner le championnat d’Asie des nations, et rate deux Coupes du monde en 2002 et 2010, en se qualifiant toutefois pour la Coupe du monde de 2006 en Allemagne. A partir de 2000, le championnat d’Iran se professionnalise, mais les clubs iraniens n’ont pu gagner le championnat des clubs d’Asie. Grâce aux efforts louables du sélectionneur croate Branko Ivankovic (2002-2006), la Team Melli se qualifie avec facilité pour la Coupe du monde 2006. Mais en Allemagne, la Team Melli ne fait pas mieux qu’en 1998, et ne gagne qu’un seul point : deux défaites contre le Mexique (1-3) et le Portugal (0-2), et un match nul contre l’Angola (1-1). En juin 2014, la sélection iranienne ira au Brésil pour sa quatrième Coupe en espérant se qualifier pour la première fois pour les 8e de finale. Mais après ces compétitions, elle doit surtout penser au championnat d’Asie des nations qui aura lieu en 2015 en Australie. Les Iraniens sont fiers de voir leur équipe nationale aller disputer sa quatrième Coupe du monde, mais ils brûlent d’impatience de remporter un quatrième championnat d’Asie après une attente longue de 39 ans.

* * *
B) Le parcours de la Team Melli pour aller au Brésil

Cette fois-ci, 43 équipes ont participé aux éliminatoires de la zone Asie. La Team Melli est exempte du premier tour, et fait son entrée dans la compétition au second tour pour rencontrer en matchs aller-retour les Maldives, les 23 et 28 juillet 2011. L’Iran gagne les deux matchs (4-1 et 1-0).

Les rencontres du troisième tour ont eu lieu du 2 septembre 2011 au 29 février 2012 en cinq groupes. L’Iran s’est placé à la tête du Groupe E, avec 12 points, trois matchs gagnés, trois matchs nuls et aucun match perdu. L’Iran et le Qatar sont qualifiés pour le quatrième tour.

Les dix pays qui restent pour le quatrième tour sont répartis en 2 groupes de 5 équipes dont les deux meilleures, dans chaque groupe, vont se qualifier directement pour la Coupe du monde 2014.

Groupe 1 : Iran, Corée du Sud (qualifiés), Ouzbékistan, Qatar, Liban (éliminés).

Groupe 2 : Japon, Australie (qualifiés), Jordanie, Oman, Irak (éliminés).

Les rencontres du troisième tour ont eu lieu du 3 juin 2012 au 18 juin 2013. L’Iran s’est placé à la tête du Groupe 1, avec 16 points, cinq matchs gagnés, un match nul et deux matchs perdus. Mais cette qualification est demeurée incertaine jusqu’au dernier match. Sa victoire sur le terrain de la Corée du Sud (1-0) grâce à un but de Rezâ Ghoutchân-Nejâd à la 60e minute, permet à l’Iran de prendre la première place de son groupe. Cette victoire iranienne déstabilise pendant les trente dernières minutes du match la Corée du Sud qui ne se qualifie finalement qu’en raison d’une meilleure différence de buts sur l’Ouzbékistan.

Bien que l’équipe d’Iran de football se place à chaque tour à la tête du groupe, les tables ci-dessus montrent qu’elle ne s’est pas qualifiée sans difficulté : trop de matchs nuls au troisième tour (Groupe E). En outre, en comparaison avec deux autres équipes du Groupe 1 (Corée du Sud et l’Ouzbékistan), l’Iran a marqué relativement peu de buts au quatrième tour. En réalité, sur les 8 buts marqués par l’équipe iranienne, quatre avaient été marqués pendant un seul match avec le Liban (4-0) et quatre autres pendant sept matchs ! Autrement dit, à l’exception de cette large victoire face aux Libanais, l’Iran n’a marqué qu’un seul but ou rien lors de chacun des autres matchs de ce groupe. Le bilan de la Team Melli témoigne d’une sorte de contradiction et d’inégalité : par exemple, la défaite surprise devant le Liban (1-0) rendit les choses plus compliquées pour l’Iran qui gagna pourtant ses deux matchs face à son principal adversaire continental, la Corée du Sud (1-0, deux fois). Si l’on compare l’Iran avec ses adversaires du Groupe 1, on verra que sur le plan défensif, la Team Melli était plus performante que les autres équipes (2 buts encaissés en 8 matchs). Néanmoins, ces deux buts coûtèrent trop cher à l’équipe iranienne, car ils lui firent perdre deux matchs 1-0 face au Liban et à l’Ouzbékistan.

Le Groupe F propose aux fans du football un seul match classique de la Coupe du monde (Argentine-Nigeria), les autres rencontres étant des duels totalement inédits : la Bosnie-et-Herzégovine fait son baptême du feu en phase finale de la Coupe du monde, et l’Iran n’a croisé ses rivaux argentins, nigérians et bosniaques qu’à l’occasion de matchs amicaux.

Dans ce groupe, l’Argentine est sans doute la grande favorite. L’Albiceleste ira au Brésil non pas pour une qualification pour les 8e de finale, mais pour aller plus loin. Messi et ses coéquipiers ne cachent pas qu’ils veulent disputer la Coupe du monde et la remporter pour la troisième fois.

En effet, les analystes croient tous qu’en dehors de l’Argentine, les matchs périphériques entre le Nigeria, la Bosnie-et-Herzégovine et l’Iran pourraient être décisifs. Le Nigeria veut se qualifier pour les 8e de finale pour une nouvelle fois après 1994 et 1998. La Bosnie compte sur sa « classe européenne » pour se qualifier, tandis que l’Iran qui n’a jamais réussi à passer le barrage de la poule pendant ses trois premières participations à la phase finale de la Coupe du monde, veut essayer sa chance pour la quatrième fois.

La place de l’Iran dans le Classement FIFA : 37e en mai 2014 (715 points)

Les adversaires de la Team Melli :

1- Les Super Aigles (Nigeria)

Classement FIFA : 44e en mai 2014 (631 points).

A côté de l’Algérie, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Ghana, les Super Aigles nigérians représentent la cinquième nation africaine à la Coupe du monde 2014 de football. Le Nigeria a remporté trois fois la Coupe d’Afrique des nations en 1980, 1994 et 2013. L’équipe du Nigeria a obtenu la médaille d’or des Jeux olympiques en 1996. En ce qui concerne la Coupe du monde de football, c’est la cinquième fois que les Supers Aigles se qualifient pour la phase finale : 1994 (8e de finale), 1998 (8e de finale), 2002 (phase de groupe) et 2010 (phase de groupe).

Les meilleures performances du Nigeria lors d’une phase finale de la Coupe du monde datent de 1994 (Etats-Unis) et de 1998 (France). En 1994, les Super Aigles surprennent dans leur premier match la Bulgarie, futur demi-finaliste (3-0). Le 25 juin 1994 à Boston, le Nigeria affronte l’Argentine. Ce match perdu par le Nigeria (2-1) est devenu un classique de la Coupe du monde, car le capitaine argentin Diego Maradona y fit sa dernière apparition avec le maillot de l’Albiceleste. Mais les Super Aigles gagnent le match face à l’équipe nationale grecque et sont qualifiés pour les 8e de finale où ils ne peuvent pas résister à l’Italie, futur finaliste du tournoi (1-2) pendant les prolongations.

En 1998, comme l’Iran, le Nigeria fait sa deuxième coupe du monde en France. Lors de leur premier match, les Super Aigles battent l’Espagne (3-2). Cette victoire reste l’un des meilleurs souvenirs de l’histoire du football du Nigeria. Comme en 1994, le Nigeria rencontre de nouveau l’équipe nationale bulgare et lui impose de nouveau une défaite (1-0). Avec ses six points, le Nigeria s’est déjà qualifié pour les 8e de finale, avant de perdre un match sans conséquence face au Paraguay. Aux 8e de finale, les Super Aigles sont battus par le Danemark (1-4).

L’équipe du Nigeria de football s’est qualifiée pour la cinquième fois à la phase finale de la Coupe du monde en 2014. Stephen Keshi, ancien footballeur international et actuel sélectionneur du Nigeria, estime que les Super Aigles passeront certainement le premier tour. « Tout le monde réserve la première place à l’Argentine alors que le tournoi n’a pas débuté ! Qui peut dire aujourd’hui qui va terminer premier ? Le Nigeria, comme les autres sélections du groupe a ses chances », a-t-il confié, avant de revenir sur l’objectif principal de son équipe : « Notre objectif, c’est de passer le premier tour. Pas seulement pour le Nigeria, mais aussi pour toute l’Afrique ! On en a le potentiel. » Parmi les joueurs de son équipe, il faudra surtout surveiller John Obi Mikel (Chelsea) et Victor Moses (Liverpool).

Team Melli d’Iran à la Coupe du monde 2006 en Allemagne

2- L’Albiceleste (Argentine)

Classement FIFA : 7e en mai 2014 (1178 points).

L’équipe d’Argentine de football (surnommée l’Albiceleste) est une inconditionnelle des Coupes du monde. Elle a participé seize fois à la phase finale des Coupes du monde, n’étant absente que lors des compétitions de 1938, 1950, 1954 et 1970. L’Albiceleste compte à son palmarès deux Coupes du monde (1978-Argentine, 1986-Mexique), et a été deux fois finaliste (1930-Uruguay, 1990-Italie). Adversaire de toujours des géants latino-américains - Brésil et Uruguay -, l’Argentine a gagné quatorze fois la Copa América, c’est-à-dire une fois moins que l’Uruguay et sept fois plus que le Brésil. En 2014, les Argentins vont au Brésil pour faire oublier leur manque de transparence et de performance depuis la finale de 1990 où ils s’étaient inclinés devant l’Allemagne à la 85e minute (0-1). Depuis cette finale, l’Albiceleste n’a plus fait rêver ses fanatiques : 1994 (8e de finale), 1998 (quart de finale), 2002 (phase de groupe), 2006 et 2010 (quart de finale). Les stars abondent dans le football argentin. Sur ce point, la seule difficulté pour le sélectionneur Alejandro Sabella fut l’embarras du choix : Sergio Roméro (AS Monaco), Sergio Agüero (Manchester City), Gonzalo Higuaín (Napoli), Pablo Zabaleta (Manchester City), Javier Mascherano (FC Barcelon) … Mais tous les regards se tournent naturellement vers la superstar barcelonaise Lionel Messi (27 ans).

Team Melli d’Iran, 2014

Après le tirage au sort des groupes de la Coupe du monde 2014, le plus célèbre des Argentins, Lionel Messi, a appelé ses compatriotes à la prudence. Dans un message publié sur son compte personnel sur Internet, le quadruple Ballon d’Or a exhorté ses compatriotes à l’humilité et à la prudence face à la Bosnie, l’Iran et le Nigeria. « En ce qui me concerne, il n’y a pas d’équipe facile et tous les groupes sont compliqués », a-t-il écrit. Le Français Arsène Wenger, entraîneur d’Arsenal, dit : « Si Messi gagne la Coupe du monde, il deviendra le meilleur joueur de tous les temps. » Mais l’idole du peuple brésilien Pelé (connu pour son franc-parler) y a mis récemment un bémol : il a rappelé que Messi est sans doute l’un des meilleurs joueurs de club de ces dernières années ; cependant, selon lui, il n’a jamais brillé à la Coupe du monde, et on attend encore un grand match du Barcelonais sur la plus belle scène planétaire. Pelé sait très bien de quoi il parle car il a lui-même construit sa légende sur la Coupe du monde (le seul joueur de tous les temps à l’avoir gagnée trois fois).

Mais qu’arrivera-t-il à l’équipe d’Argentine, s’il arrive quelque chose à Messi ? Le sélectionneur argentin Alejandro Sabella a parlé sur le site de la FIFA d’un plan B en cas de blessure de Messi. Mais son plan B se rapproche de son plan A, étant donné qu’il sent que son numéro 10 est irremplaçable : « Nous avons joué plusieurs matchs sans Leo, mais il n’en reste pas moins qu’il est irremplaçable. Nous ne serons jamais la même équipe sans Messi, mais si nous devons nous en passer, nous nous adapterons. » Mais les adversaires de l’Argentine dans le groupe F savent que Messi n’est pas le seul capital des Argentins qui comptent avant tout sur leurs expériences de la haute compétition. Le seul et unique match entre l’Argentine et l’Iran eut lieu 22 mars 1977 à Madrid. Les deux équipes avaient fait match nul 1-1.

3- Les Dragons (Bosnie-et-Herzégovine)

Classement FIFA : 25e en mai 2014 (795 points).

L’équipe de Bosnie-et-Herzégovine de football n’a été fondée qu’en 1992, après l’indépendance du pays la même année. En 2014, l’équipe nationale de Bosnie fait sa première apparition à la phase finale de la Coupe du Monde de football, mais à vrai dire les Bosniaques n’y sont pas pour la première fois, leurs joueurs faisant partie, autrefois, de l’équipe de l’ex-Yougoslavie.

Depuis une dizaine d’années, la sélection a fait de très bons progrès, malgré les conditions économiques défavorables du pays et la situation peu satisfaisante de ses infrastructures sportives. Le grand avantage de l’équipe nationale de Bosnie-et-Herzégovine serait peut-être la présence de la quasi-totalité de ses joueurs dans les championnats d’autres pays d’Europe, parmi lesquels il faut retenir surtout les noms d’Edin Dzeko (Manchester City), Vedad Ibisevic (VFB Stuttgart) et Miralem Pjanic (AS Rome). Sur les 26 joueurs généralement convoqués, 24 Bosniaques évoluent à l’étranger.

Logo de la Fédération iranienne de football

Après le tirage au sort des groupes de la coupe du monde de 2014, le sélectionneur de la Bosnie, Safet Sušic, s’est déclaré satisfait de jouer contre l’Argentine, l’Iran et le Nigeria dans le groupe F, au premier tour de la Coupe au Brésil. « Nous ne devons pas être mécontents, malgré le fait que nous partageons le groupe avec l’Argentine qui est un des favoris pour le futur champion du monde », a estimé Safet Susic, avant de dire : « Sur les deux autres équipes, une est certainement plus faible que nous, c’est l’Iran. La seconde équipe, celle du Nigeria, dispose, dans le pire des cas, à peu près des mêmes qualités que nous, mais d’une grande expérience aux Coupes du monde. Je pense que nous nous battrons pour la deuxième place dans le groupe contre le Nigeria. Quand je vois le groupe des Croates (Brésil, Croatie, Mexique, Cameroun), nous devons être satisfaits. » C’est la première fois que l’équipe de football de Bosnie se présente à la phase finale de la Coupe du monde, et le sélectionneur bosniaque doit, avant tout, faire garder le moral de son équipe face aux adversaires Argentine, Iran et Nigeria, qui ont plus d’expériences au niveau international et qui ont remporté chacun trois fois leurs championnats continentaux respectifs en Asie ou en Afrique. Pour valider leurs billets pour le Brésil, les Bosniaques ont terminé à la première place du groupe G de l’Europe, avec 25 points, à égalité avec la Grèce mais avec une meilleure différence de buts (la Grèce s’est qualifiée à son tour en matchs de barrage). Les Dragons ont joué plusieurs fois avec la Team Melli dans le cadre de matchs amicaux, remportés plutôt par les Iraniens que les Bosniaques.

Carlos Queiroz :

« En Iran, l’enthousiasme n’a pas de limites »

Le Portugais Carlos Queiroz, 61 ans, est le sélectionneur de la Team Melli depuis 2011. Pour les supporters iraniens, il est surtout connu comme l’adjoint du légendaire Sir Alex Ferguson sur le banc de touche de Manchester United (en 2002, puis de 2004 à 2008). Pourtant, avant d’accompagner la Team Melli, Queiroz avait entraîné de grandes équipes : Portugal (1991-1993 et 2008-2010), Emirats arabes unis (1998-1999), Afrique du Sud (2000-2002), Real Madrid (2003-2004).

Carlos Queiroz

Aujourd’hui, Queiroz a un nouveau défi : permettre à l’Iran de sortir, pour la première fois de son histoire, de la phase de groupes de la compétition reine du football mondial. Après la qualification iranienne pour la Coupe du monde de la FIFA au Brésil 2014, l’entraîneur Carlos Queiroz a accordé un entretien au site de la FIFA. Dans cet entretien, le sélectionneur dit que, pour lui, le moment décisif de la qualification iranienne était le but que Rezâ Ghoutchân-Nejâd a marqué contre la Corée du Sud lors du match retour. « Ce fut un parcours très difficile. Les qualifications asiatiques sont très compliquées, car les voyages sont très longs, la température et l’humidité changent énormément d’un endroit à l’autre et les décisions sont difficiles à prendre. Ce but de Rezâ a été l’un de ces moments : là-bas, nous avons vraiment senti que la qualification n’allait pas nous échapper. » Carlos Queiroz ajoute que pour l’Iran, la qualification n’est maintenant qu’un début : « Nous irons là-bas d’abord pour savourer, pour faire de notre mieux, pour rendre honneur et donner de la joie à tous les supporters de l’Iran. » Le sélectionneur portugais de la Team Melli parle aussi du grand enthousiasme des Iraniens pour le football et pour ce que leur équipe nationale ira faire à la phase finale du Coupe du monde de 2014 au Brésil. Pour lui et ses joueurs, les attentes et les responsabilités sont lourdes : « Durant deux ans et demi, nous avons répondu aux attentes et eu la responsabilité de qualifier l’équipe pour le Mondial et au final, nous avons donné du bonheur à 78 millions d’Iraniens. C’est un poids énorme, quand les joueurs incarnent le rêve de toute une nation. Le maillot devient plus lourd à porter et nous avons réussi à transformer un rêve en réalité. Maintenant, une nouvelle étape commence. Il faut que tout le monde comprenne que nous n’allons pas au Brésil pour faire de la figuration, ni pour prendre des vacances. Nous voulons jouer contre les meilleures équipes du monde, avec honneur, dignité, respect, avec la plus grande compétence possible et un objectif : emmener l’équipe d’Iran là où elle n’est jamais allée, c’est-à-dire au deuxième tour d’une Coupe du monde. Nous allons tout mettre en œuvre pour y arriver. Avant le tirage au sort, je savais que 31 équipes rêvaient d’avoir l’Iran dans leur groupe, car nous ne sommes pas favoris. Mais notre mission est de voir si nous pouvons faire regretter à quelqu’un d’avoir pensé ainsi. »

Javâd Nekounâm :

« Au Brésil, nous réparerons notre absence de 2010 »

Plusieurs joueurs de l’équipe nationale d’Iran pourraient faire parler d’eux au Brésil 2014. Nous n’en citons ici que quelques-uns :

Rezâ Ghoutchân-Nejâd, 26 ans, a joué pour le Standard de Liège (Belgique), et évolue à présent comme attaquant à Charlton Athletic (Grande-Bretagne). Il est membre de la Team Melli depuis 2011. Dans ses 11 matchs pour la sélection iranienne, il a marqué 9 buts. Le 18 juin 2013, il marqua le but de la qualification lors de la rencontre avec la Corée du Sud (1-0), ce qui permit à l’Iran de prendre la première place de son groupe en éliminatoires de la zone Asie et de se qualifier pour la Coupe du monde 2014.

Karim Ansârifard, 24 ans, est attaquant de Teraktor-Sâzi (Tabriz). Il est l’un des meilleurs buteurs du Championnat d’Iran de football. Karim est membre de la Team Melli depuis 2009. Il est l’un des rares joueurs de l’équipe nationale à avoir un parcours junior complet, car il a aussi joué dans les équipes d’Iran de 17 à 19 ans et l’équipe Espoirs.

Ashkân Dejâgah, 27 ans, est attaquant à Fulham (Grande-Bretagne). Comme Ansârifard, Ashkân a eu, lui aussi, un parcours junior intéressant : de double nationalité irano-allemande, il a joué dans les équipes allemandes de 17 à 19 ans et Espoirs.

Rezâ Ghoutchân-Nejâd, Karim Ansârifard, Ashkân Dejâgah, Javâd Nekounâm

Javâd Nekounâm, 33 ans, est le capitaine de la Team Melli et le plus sélectionné de l’équipe (136). Il a passé une belle période de sa carrière au championnat d’Espagne de football (la Liga) comme milieu de terrain du club Osasuna (2006-2012). Il évolue à présent à Koweït SC (Koweït). Nekounâm fut membre de l’équipe d’Iran lors de la Coupe du monde de 2006 en Allemagne. Javâd fut le meilleur buteur de la Team Melli lors des matchs de groupes de la zone Asie (6 buts), et joua un rôle décisif dans la qualification de l’Iran pour la Coupe du monde 2014 au Brésil. Dans un entretien accordé au site de la Confédération asiatique de football (AFC), le capitaine de la Team Melli dit : « Je suis ravi de pouvoir jouer pour la deuxième fois à la Coupe du monde de football. Nous nous reprochons souvent de n’avoir pu nous qualifier pour la Coupe du monde de 2010 en Afrique du Sud. Maintenant, nous avons obtenu notre place au Brésil, et nous nous efforcerons de réparer notre absence d’il y a quatre ans à la phase finale de la Coupe du monde. » Le capitaine de l’équipe nationale rejette les analyses fondées sur la comparaison de l’équipe actuelle avec celle de la Coupe du monde de 1998 (France), selon lesquelles la sélection actuelle n’aurait pas la force ni le dynamisme de l’équipe de ses anciens coéquipiers : Ali Dâei, Khodâdâd Azizi ou Karim Bâgheri. « Il est inutile de comparer ces deux équipes. Vous ne pouvez pas comparer les équipes de deux générations différentes. Les joueurs et les équipes évoluent dans l’époque qui est la leur. De ce point de vue, je vous dirais que l’équipe d’Iran de football commence aujourd’hui une nouvelle ère de son histoire, et n’aura rien à envier au passé. Quoi que l’on puisse en dire, je ne serais pas choqué si notre équipe passe à la 8e de finale au Brésil », a affirmé le capitaine de la Team Melli.

Le classement de l’Iran à la FIFA depuis vingt “« ans »”

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