N° 109, décembre 2014

« La Solitude, le seul bien des hommes »
Nouvelle extraite de l’ouvrage
Un prophète est passé à côté de chez nous
de Erfân Nazar Ahâri


Traduction :

Nedâ Atash Vahidi


Il n’avait pas de nom. Il s’appelait seulement « homme », et son seul bien était la solitude.

Il dit : "Je vends ma solitude au prix de l’amour. Qui voudrait acheter un peu de ma solitude ?"

Personne ne répondit.

Il dit : "Ma solitude est pleine de secrets. Des secrets du Paradis. Des secrets de Dieu. Communiquez avec moi, pour que je vous parle de l’étonnement."

Personne ne lui parla.

Et lui, parmi tous ces gens, prit seulement sa petite lanterne et alla dans sa grotte. Une grotte située aux environs de son cœur. Il savait que là-bas, il y aurait toujours quelqu’un. Quelqu’un qui achète la solitude et offre de l’amour.

Il alla dans sa grotte, et nous l’oubliâmes. Nous ne savons pas combien de temps il y resta.

Trois cents ans, et neuf années de plus ? Ou bien non, un peu plus, un peu moins. Il alla dans sa grotte, et nous ne savons pas ce qu’il y fit, ce qu’il y dit, ce qu’il y entendit ; nous ne savons pas non plus s’il s’y était endormi ou pas.

Mais lorsqu’il sortit de la grotte, il était éveillé, si éveillé que notre sommeil fut révélé. Ses yeux étaient deux astres, brillants et clairs, qui dévoraient notre obscurité.

Lorsqu’il sortit de la grotte, il était le même, avec un corps maigre et chétif. Mais je ne sais d’où il avait pris sa pesanteur, une pesanteur telle que l’on pensait que la terre ne pouvait supporter sa dignité et se briserait sous la lourdeur de ses pieds chétifs.

Lorsqu’il sortit de la grotte, il était splendide. Surprenant, difficile et aimable. Mais il ne parla plus. Comme si on avait cousu ses lèvres. Comme s’il avait bu un océan de silence.

Et cette fois, c’était nous qui courrions derrière lui pour une gorgée de lumière, pour une goutte d’étonnement. Et lui, sans rien dire, donnait, sans rien demander.

Il n’avait pas de nom. Il s’appelait seulement

« homme », et son seul bien était la solitude.

Photos reprises de l’ouvrage Un prophète est passé à côté de chez nous de Erfân Nazar Ahâri

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