N° 114, mai 2015

Pour préserver l’homme


Imam Moussa Sadr
Traduit par

Samar Abou-Zeid


L’Imam Moussa Sadr fut le dirigeant des chiites du Liban et l’une des figures intellectuelles et religieuses influentes dans les années 1960 et 1970 dans la région. Formé au séminaire religieux iranien, il obtient le degré de mojtahed en jurisprudence islamique ainsi qu’une licence en économie à l’Université de Téhéran. Il émigre au Liban en 1959 où il mène de nombreuses actions en vue d’améliorer les conditions de vie de la communauté chiite, notamment dans les domaines économique et éducatif. Il y donne également un important nombre de conférences. Il y a quarante ans, le 18 février 1975, l’Imam Moussa Sadr est invité à dispenser un sermon dans l’église des Capucins à l’occasion du début du carême. Cette intervention reste un élément marquant, car c’est la première fois qu’une personnalité non-catholique est invitée à parler à cette occasion en lieu et place du prêtre, et ce en présence d’importantes personnalités religieuses libanaises de diverses Eglises. Cette invitation reste un exemple marquant de dialogue interreligieux et d’une volonté de vivre ensemble, au-delà des différences confessionnelles. Durant ce sermon, l’Imam Moussa Sadr insiste avant tout sur le ciment commun qui unit les religions et constitue leur source. Animé par une volonté de continuer ces échanges, il voulait à son tour inviter des dignitaires religieux chrétiens pour donner un prêche à la prière musulmane du vendredi. Cependant, le déclenchement de conflits internes au Liban peu après a malheureusement mis fin à ces projets.

En ces temps de conflits religieux et de tensions confessionnelles parfois dramatiques, ce texte n’a rien perdu de son actualité, et nous invite à réfléchir sur l’essence profonde des religions. Il dresse également d’intéressants parallèles entre le message du christianisme et de l’islam en rappelant l’esprit commun qui les anime, celui d’inviter à Dieu, ainsi que d’être au service de l’homme et de son perfectionnement - autant de facettes d’une même réalité.

Nous présentons ici le texte intégral de son intervention traduite en français.

Nous Te louons et Te remercions, notre Seigneur, Dieu d’Abraham et d’Ismaël, Dieu de Moïse, de Jésus et de Mohammad, Seigneur des humiliés, Dieu de la création entière…

Louange à Dieu qui rassure les apeurés, sauve les pieux, élève les humiliés, rabaisse les orgueilleux, damne des rois et en sacre d’autres.

Louange à Dieu qui punit les arrogants, damne les oppresseurs, rattrape les fugitifs, châtie les tyrans et vient au secours de ceux qui l’appellent.

Nous Te louons Seigneur Dieu pour nous avoir réunis par Ta Providence, rassemblés sur Ton chemin, et pour avoir uni nos cœurs par Ton amour et Ta miséricorde.

Nous voici rassemblés entre Tes mains, dans l’une des maisons qui Te sont attribuées, dans un temps de jeûne pour Toi.

Nos cœurs battent pour Toi, nos esprits puisent en Toi lumière et direction [trad. Masson]. Alors que Tu nous as invités à cheminer ensemble au service de Ta création, à nous retrouver autour d’une parole commune pour le bonheur de Ta créature, nous nous sommes dirigés vers Ta porte et avons prié en Ton temple.

Nous nous sommes rassemblés pour le bien de l’homme, pour lequel les religions ont existé. Elles étaient alors une, les unes annonçant les autres, chacune attentive à l’autre. Par elles, Dieu fit sortir les hommes des ténèbres vers la lumière [Sourate La vache, verset 257], après les avoir, par elles, sauvés des conflits nombreux qui mutilent et divisent, et les avoir conduits sur le chemin de la paix.

Les religions étaient une, car au service d’un même but : conduire vers Dieu et servir l’homme, deux visages d’une même vérité.

Puis elles s’opposèrent, en se retournant chacune sur elle-même et sur ses propres intérêts au point qu’elles faillirent en oublier leur fin. Le conflit s’intensifia ; le malheur et les souffrances de l’homme augmentèrent.

Les religions étaient une, aspirant à une même fin : une guerre contre les dieux de la terre et les tyrans, un secours aux humiliés et aux opprimés - les deux visages d’une même vérité. Quand les religions triomphèrent, et avec elles les humiliés, les tyrans avaient pris les devants et s’étaient mis à les gouverner au nom des religions, en en brandissant l’épée. Il y eut alors pour les opprimés un surcroît de malheur ; les religions connurent des crises et des conflits qui ne servaient que les intérêts des exploiteurs.

Les religions étaient une, parce que le principe, qui est Dieu, est un. Le but, qui est l’homme, est un. Et le destin, qui est cet univers, est un. Oubliant le but, nous éloignant du service de l’homme, nous reniâmes Dieu, et il s’éloigna de nous. Nous devînmes alors clans et groupes ; notre adversité nous divisa ; nous nous opposâmes, partageant l’univers un, servant les intérêts privés, adorant des dieux autres que Dieu, écrasant l’homme, qui s’entre-déchira.

ہ présent, de retour sur la voie, nous revenons à l’homme persécuté, pour nous sauver de la persécution de Dieu. Nous nous retrouvons pour servir l’homme humilié, écrasé, déchiré, pour nous retrouver en toutes choses et nous retrouver en Dieu et pour qu’alors, les religions soient une.

« Nous avons donné, à chacun d’entre eux, une règle et une Loi. Si Dieu l’avait voulu, il aurait fait de vous une seule communauté. Mais il a voulu vous éprouver par le don qu’il vous a fait. Cherchez à vous surpasser les uns les autres dans les bonnes actions. Votre retour, à tous, se fera vers Dieu » [La table servie : 48]. Voilà ce qu’a dit le Saint Coran.

ہ cette heure-ci, à l’église, pendant le carême, lors d’un sermon religieux, à l’invitation de responsables engagés, je me retrouve au milieu du chemin auprès de vous. Je me retrouve, prêchant et tirant des leçons, disant et écoutant ; je dis avec la langue et écoute avec le cœur. L’Histoire nous est témoin : nous l’écoutons, elle nous écoute. L’Histoire est témoin du Liban, pays de la rencontre, pays de l’homme, patrie des persécutés, refuge des apeurés. Dans cette atmosphère, dans cet horizon sublime, nous parvenons à entendre les appels célestes authentiques, car nous nous sommes rapprochés des sources.

Voici le Seigneur, dans son amour révolté, qui s’écrie : « Non !... L’amour de Dieu ne peut se retrouver avec la haine de l’homme »… Sa voix résonne dans les consciences, et une autre voix s’élève, celle du Prophète de la miséricorde : « Ne croit pas en Dieu ni en le jour dernier celui qui dort rassasié alors que son voisin a faim. »

Les deux voix traversent le temps et trouvent un écho dans la bouche du souverain pontife, également à l’occasion du carême : « Le Christ et le pauvre sont une seule et même personne. » Et dans sa célèbre encyclique Populorum Progressio [Le développement des peuples], il défend la dignité de l’homme et dit, comme le Christ au temple : « Grande est la tentation de repousser par la violence de telles injures à la dignité humaine » (30).

Il dit encore : « Moins humaines : les structures oppressives, qu’elles proviennent des abus de la possession ou des abus du pouvoir, de l’exploitation des travailleurs ou de l’injustice des transactions » (21).

Cette voix pure diffère-t-elle de ce que l’on trouve sur le but dans l’héritage musulman confirmé ? « Je suis - c’est-à-dire Dieu - chez ceux dont les cœurs sont brisés. J’étais chez le malade quand tu lui as rendu visite, chez le pauvre quand tu l’as aidé, et avec le nécessiteux quand tu as cherché à subvenir à ses besoins. » Quant au moyen, Il a considéré toute tentative d’établir la justice et tout effort pour secourir l’opprimé comme un jihâd pour Sa cause, une prière dans Son temple, Lui le garant de la victoire.

L’Imam Moussa Sadr prononçant son discours dans une église de l’ordre des Capucins, 1975

Par ces témoignages, nous revenons à cet Homme qui est le nôtre, pour considérer les forces qui écrasent et séparent. L’homme, ce don divin, cette créature à l’image de son créateur quant aux attributs, lieutenant de Dieu sur terre, but de l’existence, commencement et finalité de la société, moteur de l’histoire, cet homme équivaut à la somme de ses énergies, non pas en vertu de la possibilité - établie à la fois par la physique et la philosophie de notre siècle - de transformation de toute matière en énergie, mais conformément à ce qu’affirment les religions et les expériences scientifiques. Selon toutes celles-ci, « l’homme ne possèdera que ce qu’il aura acquis par ses efforts » [L’étoile, 39], les œuvres restent et à part ses rayonnements dans les différents horizons, l’homme ne vaut rien. C’est pourquoi, plus nous préservons et développons les énergies de l’homme, plus nous lui rendons hommage et l’immortalisons.

Si la foi, dans sa dimension céleste, donne à l’homme l’infinitude du sentiment et de l’ambition,

Si la foi, dans sa dimension céleste, garantit à l’homme le perpétuel espoir quand il n’y a plus de motif d’espérer, si elle lui ôte l’angoisse, coordonne entre lui et ses semblables d’une part, et entre lui et tous les existants d’une autre,

Si la foi, dans cette dimension, donne à l’homme cette grandeur et cette beauté,

La foi, dans son autre dimension, cherche à préserver l’homme, impose de le préserver et assure qu’il n’est de foi qu’accompagnée de l’engagement à son service.

Il faut préserver et développer toutes les énergies de l’homme et celles de tout homme. C’est pourquoi nous retrouvons le principe de perfectibilité depuis les premières encycliques et jusqu’à cette dernière selon laquelle : « Pour être authentique, il [le développement] doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (14). C’est pourquoi nous voyons aussi par exemple que le vol a été interdit ; mais voici qu’il apparaît aujourd’hui sous les formes de l’investissement et du monopole, et sous prétexte du progrès industriel, ou au moyen des besoins artificiels imposés à l’homme à travers les moyens de production, lorsque celui-ci ressent un désir mensonger et qu’il est poussé à davantage de consommation. Les besoins, aujourd’hui, ne proviennent pas de l’essence de l’homme mais sont artificiellement créés par les médias relevant des moyens de production.

Ainsi, nous assistons aussi à une évolution profonde des différentes forces qui s’opposent aux énergies de l’homme, les détruisent et les dispersent. Ces forces demeurent constantes dans leur principe, malgré la diversité de leur image et l’ampleur de leur évolution.

La religion a combattu, par exemple, le mensonge et l’hypocrisie ; elle a également combattu la vanité et l’orgueil, et si nous en examinons le fondement, nous constaterons l’ampleur des conséquences sur les énergies de l’individu et de la collectivité.

Le mensonge, par exemple, fausse les réalités et les énergies destinées à l’échange entre humains. Pour croître, l’homme dispense ces énergies et en reçoit en retour. Or ces énergies sont faussées par le mensonge ; elles deviennent alors inconnues et déviantes. La réciprocité en est défigurée et les énergies annulées.

Quant à la vanité et à l’orgueil, ils immobilisent l’homme, car ils lui donnent un sentiment de suffisance. Le vaniteux se refuse à prendre et donc à se perfectionner et d’autre part, les gens se refusent à prendre de lui et à se perfectionner grâce à lui. Il ne prend ni ne donne, ce qui signifie la mort des énergies, des énergies de l’homme. Il en est de même des défauts synonymes du mensonge, fondement de la vanité.

La liberté, par contre, est l’atmosphère propice au développement des énergies de l’homme et à l’éclosion de ses talents lorsque les chances lui en sont assurées. Cette liberté fut toujours agressée et usurpée par autrui sous divers prétextes. Pour elle, des batailles furent menées et d’âpres conflits éclatèrent.

L’usurpation de la liberté réduit l’individu puis la collectivité. Lorsque l’homme refuse cette réduction et essaie - et que nous essayons avec lui, conformément à notre foi - de limiter la tyrannie de cette force séparatrice et écrasante, il défend en fait - et nous le faisons avec lui - les énergies et la dignité de l’homme, quelle que soit la forme prise par cette réduction au fil des époques.

Ainsi, de la dictature au colonialisme, du féodalisme au terrorisme intellectuel, à la prétention de vouloir mettre les gens sous tutelle et de les accuser de ne pas comprendre, du néo-colonialisme à l’imposition de prises de positions aux individus et aux peuples, jusqu’aux pressions économiques, culturelles ou intellectuelles, de la politique de négligence visant à amoindrir les chances des gens, de certaines gens, et des régions, de certaines régions, à l’interdiction de l’accès à l’éducation, à la santé, aux chances d’action et de développement, ce sont là des images et des formes du pillage des libertés et de la destruction des énergies.

Et l’argent, cette idole suprême, que Jésus-Christ considère comme un obstacle à l’entrée au royaume des cieux, entrée plus difficile que le passage d’un chameau par le chas d’une aiguille, l’argent est facteur de discorde. Quand il dépasse les autres besoins de l’individu et de la collectivité, il devient un but et une force écrasante ou séparatrice, par sa capacité à imposer ses influences profondes sur la vie des gens. Et les grands poissons mangent les petits.

Il en est de même pour tous les besoins humains qui grandissent au détriment d’autres, et que nous appelons les appétits. Tout besoin est propulseur et moteur, c’est même le carburant de l’action de l’homme dans la vie. Mais quand ce besoin grandit au détriment des autres, il constitue une catastrophe.

C’est là la cause de la responsabilité supérieure qui incombe à la propriété, à l’argent, aux honneurs, à l’influence et aux autres possibilités humaines.

En vérité, le fait d’écarter la foi, laquelle rend le lien entre Dieu et l’homme omniprésent, du fondement de la civilisation moderne expose cette dernière à ce déséquilibre.

Lorsque nous revoyons l’histoire de cette civilisation, nous sentons qu’à chaque période, l’homme a amorcé une croissance dans une direction au détriment des autres. La politique, l’administration, le marché et le développement, non fondés sur la foi, ont commencé à croître de manière non coordonnée ; ils se sont transformés en colonisation, en guerres, en recherche de nouveaux marchés et en ère de paix armée. La vie de l’homme s’est mise à osciller tout entière entre guerres chaudes et froides, entre périodes de pansement des plaies et périodes de paix armée.

L’amour de soi alimente la perfection de l’homme et réalise ses ambitions. Mais lorsqu’il se développe en adoration de soi, là commence le problème.

L’affrontement, la ségrégation raciale, le mépris d’autrui, les luttes âpres dans les cellules de la société, depuis la famille jusqu’à la communauté internationale, tout cela est une même lutte dans des cercles différents : le centre des cercles est le même, mais leur diamètre varie.

Cette lutte, qui a été considérée comme faisant partie intégrante de la création, a été le résultat de la transformation de l’amour de soi en adoration de soi. Il en est ainsi lorsque nous examinons l’égoïsme dans la collectivité. Celle-ci s’est formée pour servir l’homme, cet existant civil et social par nature, cet existant aux dimensions individuelle et collective. L’humanité est ici élargie et le problème apparaît dans des cadres différents : de l’égoïsme individuel à l’égoïsme familial dont l’homme a subi les maux, au tribalisme tyrannique devenu un temps un système ayant des traces et des résultats, au confessionnalisme qui, par son égoïsme, a transformé le ciel en terre, vidé le sens de la religion et de la communauté, et en a annulé la grandeur, la miséricorde et la tolérance - ce confessionnalisme qui a commercialisé les valeurs spirituelles et en a obtenu des prix différents -, jusqu’au nationalisme égoïste.

Car le nationalisme aussi, bien qu’étant le plus noble des sentiments, peut devenir chauvinisme : l’homme en arrive à sentir qu’il adore sa patrie plutôt que Dieu. Il se permet alors d’en bâtir la gloire sur les ruines des patries des autres, de construire sa civilisation par la destruction de celle des autres, d’élever le niveau de son peuple au prix de l’appauvrissement des autres... Jusqu’au nationalisme nazi qui a brûlé le monde plus d’une fois.

Ces égoïsmes élargis étaient à l’origine des sentiments constructifs ; mais ils se sont développés et transformés en torture et en destruction. L’amour de soi, le respect des parents, l’amour de la tribu et de la patrie et l’appartenance nationale étaient de bonnes tendances dans la vie de l’homme, tant qu’elles demeuraient dans leurs limites saines...

ہ présent, nous pouvons faire la lumière sur le titre choisi pour cette conférence.

Avec ses besoins et ses capacités, au sein de la société qui l’accueille, l’homme aime être en harmonie avec sa société. Chaque fois que l’un de ses besoins grandit au détriment des autres, il devient néfaste. Chaque fois que l’individu grandit ou que les besoins de la collectivité grandissent au détriment des autres, cela cause des dommages. Et chaque fois que la collectivité ou ses besoins grandissent au détriment d’autres groupes et d’autres besoins, cela devient une catastrophe.

Au Liban, notre pays, l’homme est considéré comme le capital principal. Cet homme a écrit la gloire du Liban par ses efforts, ses migrations, sa pensée et ses initiatives. Et c’est lui qui doit être préservé dans ce pays.

Si d’autres pays ont, après l’homme, encore des richesses, notre richesse au Liban, après l’homme, c’est encore l’homme. C’est pourquoi notre effort se concentre, au Liban, des temples aux universités et jusqu’aux institutions, sur la préservation du pays. Et celle-ci passe par celle de l’homme. De tout l’homme, de tout homme et dans toutes les régions.

Si nous voulons préserver le Liban, si nous voulons pratiquer notre sentiment national, si nous voulons pratiquer notre sentiment religieux à travers les principes qui viennent d’être exposés, nous devons alors sauvegarder l’homme au Liban, tout l’homme, toutes ses potentialités et non certaines d’entre elles.

Ce Liban, quand nous en examinons la misère, nous découvrons qu’elle résulte de mauvaises pratiques, et la responsabilité est celle de tous.

Et la violence, comme nous l’avons entendue, pour le bien de l’homme, proportionnellement au besoin, et à condition de ne pas s’écarter de l’humanité de l’homme, est permise par le texte.

Honorable auditoire,

Les régions où nous vivons, et où vit cet homme qui est le nôtre, ces régions, tout comme l’homme au Liban, sont des dépôts qui nous sont confiés, qui sont confiés aux responsables. Le Sud et les autres lieux sont des dépôts confiés [trad. Masson] qui doivent être préservés, par commandement de Dieu et de la patrie. C’est pourquoi il est nécessaire d’assumer immédiatement la responsabilité de réfléchir et d’agir de manière juste et libératrice. Car la réflexion erronée est une double trahison et l’action fausse une double trahison. La trahison de la corruption directe et la trahison de faire rater une chance aux autres, de gaspiller l’argent et les droits publics.

Au Liban, pays de l’homme et de l’humanité, la réalité de l’homme se manifeste à travers la comparaison aujourd’hui avec l’ennemi, quand nous voyons que ce dernier forme une société ségrégationniste qui écrase et divise de toutes les façons, culturellement, politiquement, et militairement. Il ose même déformer l’histoire, judaïser la Ville Sainte et détériorer les traces historiques.

Donc : notre patrie doit être préservée, non seulement pour Dieu et pour l’homme, mais aussi pour l’humanité entière et pour montrer l’image véritable, celle qui défie l’autre image.

Nous voici à présent face à la chance de notre vie, dans une ère nouvelle que nous inaugurons et qu’inaugure le Liban cette nuit, face à ce phénomène sans pareil dans l’histoire.

Retrouvons-nous donc, Croyants et Croyantes, sur le chemin de l’homme, de tout homme : l’homme de Beyrouth, l’homme du Sud, l’homme du Akkar et du Hermel, l’homme de la banlieue de Beyrouth, de la Quarantaine et de Hayy al-Sellom.

Cet homme n’est pas en dehors de cette chance, ni isolé, ni classé : préservons l’homme au Liban pour sauvegarder ce pays qui nous est confié par l’Histoire et par Dieu.

Et que la paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.

[Sermon prononcé par l’Imam Moussa al-Sadr à l’église des Capucins le 18 février 1975, pendant le Carême.]


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