N° 21, août 2007

La ville ancienne de Bishâpour


Marzieh Mehrâbi


La ville ancienne de "Bichâpour" [1] est située au sud de la rivière "Châpour", à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville de Kâzeroun [2], sa contemporaine en âge, toutes deux très vieilles puisqu’elles portent des marques d’occupation élamite et parthe. Etendue sur une plaine enclavée de montagnes, elle se termine aux confins d’un désert régional traversé par la rivière Châpour qui se jette dans le Golfe Persique.

Autrefois, cette ville antique était reliée d’une part aux villes de Firouzâbâd et d’Estakhr, deux importantes métropoles antiques, et d’autre part, à la Mésopotamie, à Suse et à la capitale sassanide, Ctésiphon. Cela conjugué à la situation géographique de cette ville, disposant de voies navigables jusqu’à la haute mer, attira l’attention de Châpour Ier, empereur sassanide, qui ordonna à l’armée romaine prisonnière de la transformer en une métropole rivalisant avec Antioche.

Sous l’impulsion des artisans romains envoyés par Philippe l’Arabe dans le cadre du traité de paix signé en 244, le nouveau plan donné à cette ville parthe la transforma en un patchwork de styles architecturaux divers, du romain au sassanide, en passant par le style parthe achéménide et les influences mésopotamiennes. Le plan de cette ville n’est pas celui des villes parthes, aux quartiers circulairement disposés, mais le plan hippodamien, sorte de damier assez primaire comprenant un quadrilatère aux trois côtés protégés par des falaises ou des fossés.

Bas-reliefs du couronnement de Bahrâm Ier

La ville avait divers quartiers et les grandes maisons patriciennes étaient construites à l’intérieur de grands parcs. Ses habitations possédaient certaines caractéristiques architecturales dont il reste aujourd’hui des vestiges :

-La salle des cérémonies, en forme de croix, ce qui était nouveau dans l’art architectural sassanide. Le plan de cette salle se répandit rapidement et devint un modèle. Cette salle possédait quatre iwans symétriques, placés face à face, et était décorée de fresques et de bas-reliefs. On utilisait souvent les couleurs ocre, jaune, noire, et bleue. Ainsi, la salle possédait 64 niches.

-L’iwan en mosaïque lequel était relié à la salle des cérémonies par les vestibules est et ouest de la salle. Il y avait donc deux iwans, aux plafonds arqués, décorés de fresques et de moulures, et au plancher fait de mosaïques, mettant en scène la nature et les hommes.

Cette ville, du fait de son ancienneté possède un trésor quasi inépuisable d’antiquités. Parmi les ouvrages architecturaux de cette ville, on peut faire allusion au temple d’Anâhitâ. Ce bâtiment à la forme cubique, aux côtés de 14 mètres de haut, est décoré de quatre bas-reliefs de bœufs symbolisant Anâhitâ, la déesse des eaux et de la fertilité. Ce bâtiment est remarquable non seulement pour son importance archéologique et historique mais aussi pour son système d’approvisionnement en eau. L’attention portée à la circulation de l’eau nous suggère la valeur accordée à cette déesse dans la dynastie sassanide. Le premier roi de cette dynastie était le descendant du grand mage Sâssân et au début de la fondation de cette dynastie, les rois Artaxerxès et Chapour étaient personnellement responsables de ce temple.

Bas relief du triomphe de Châpour Ier sur l’empereur romain Valérien

On peut également faire allusion au palais de Valérien, qui fut transformé en école religieuse à l’époque des Bouyides.

Certains des monuments antiques sont plus célèbres tels que les bas-reliefs dans Tang-e-Tchogân, au nord-est des ruines de Bichâpour. Ils sont six au total, situés de part et d’autre de la rivière Châpour.

Tous ces bas-reliefs mettent en scène des images des rois sassanides victorieux avec leurs ennemis à leurs pieds et les plus célèbres de ces bas-reliefs sont ceux qui exposent le triomphe de Châpour Ier sur l’empereur romain Valérien. Le deuxième de ces bas-reliefs est plus détaillé que le premier et l’on y voit un ange voletant autour de la tête de Châpour, lui remettant le symbole du triomphe. Autour de cette image, il y a des niches sur lesquelles on voit des pierreries, des soldats et des cavaliers.

Sur la rive gauche de la rivière, il y a la cérémonie de la victoire de Châpour Ier sur Valérien. D’une part sont représentés les soldats et les captifs romains, autre part les conquérants iraniens. On distingue Valérien, agenouillé devant Châpour, tendant une main suppliante, et deux hommes portant les hauts couvre-chefs iraniens lui offrant une couronne.

La deuxième série des gravures de la rive gauche présentent la cérémonie de la victoire de Bahrâm le Second, la plume au chapeau, les captifs lui apportant des chameaux et des chevaux. Il y a également un bas-relief représentant la cérémonie de couronnement de Bahrâm Ier (273-277). Il prend sa couronne des mains du représentant d’Ahurâ Mazdâ.

La dernière gravure montre Châpour le Second, une épée dans la main, appuyé contre son trône. A sa droite, les grands de la cour et à sa gauche, des vaincus.

On peut pour finir rappeler l’existence d’une statue de Châpour Ier dans la cave de Tang-e-Tchogân, à quelques six kilomètres plus au nord. Cette statue, qui est l’un des chefs-d’œuvre de l’époque sassanide, mesure sept mètres de haut.

Pour conclure, il faut dire que Bichâpour est une ville unique de l’époque sassanide. Pourquoi moins célèbre que Persépolis ? Nul ne le sait. Mais pour les visiteurs, Bichâpour reste une ville à ne pas manquer.

Notes

[1Bichâpour signifie "Bonnes affaires de Châpour".

[2Une ville au sud de Shirâz.


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1 Message

  • La ville ancienne de Bishâpour 12 août 2015 09:07, par Irandokht Fischberg

    Bonjour Madame,
    J’aurais bien voulu, dans votre article, lire sur la première université au monde qui était construite dans cette ville et qui enseignait la médecin et formaient les médecins.

    repondre message