N° 142, septembre 2017

Pâveh :
fière comme les montagnes de Hourâmân


Saeid Khânâbâdi


La montagne Shâho

Nous arrivons à Pâveh après avoir suivi un long itinéraire de 620 kilomètres depuis Téhéran. Il y a une dizaine de cars, tous remplis d’étudiants venus visiter cette charmante ville à l’ouest de l’Iran, dans la province de Kermânshâh, à juste 40 kilomètres de la frontière irakienne. Les cars s’arrêtent au pied d’un large escalier qui mène au Mémorial des Martyrs dressé sur une colline. Ces étudiants sont là dans le cadre du programme Râhiyân-e Nour. Très populaire en Iran, il désigne un programme annuel, applaudi par les médias étatiques, qui se donne pour objectif d’initier les jeunes générations iraniennes aux lieux et aux évènements en rapport avec la guerre imposée contre l’Iran dans les années 1980. Puisque le front se trouvait principalement à l’Ouest et au Sud-Ouest de l’Iran, les provinces frontalières de ces régions sont en grande partie visées par ce programme. On y visite ainsi les sites qui furent le théâtre d’opérations militaires. Les espaces ont depuis été aménagés et sont sécurisés du fait de la présence de mines anti-personnelles. Les narrateurs, des anciens combattants, racontent une Histoire qui se confond avec leur histoire. Pour notre équipe (ou notre "caravane", d’après l’expression utilisée), il s’agissait d’un homme de presque 50 ans nommé Hajj Hossein Yektâ, doté d’une voix caressante et triste et d’un regard chaleureux et pénétrant, même à travers sa prothèse oculaire remplaçant son œil perdu sur les champs de bataille. Chaque édition de Râhiyân-e Nour se termine souvent par les élégies d’un prédicateur qui évoque une scène de deuil et de lamentations, inspirée des récits de l’histoire chiite mise en parallèle avec les événements contemporains. Le but ultime de ce programme est de rendre hommage aux martyrs de la guerre imposée et de célébrer le mythe chiite du martyre en général. Mais ce jour-là, notre destination se distinguait un peu. Le Mémorial dont ce texte parle abrite les tombes d’un groupe de Gardiens de la révolution islamique tombés en martyre lors du siège de Pâveh en août 1979.

Râhiyân-e Nour au Mémorial des Martyrs dressé sur une colline, Sarpol-e Zahâb

La description intégrale de cet évènement historique dépasse le cadre limité de cet article, mais rappelons brièvement que presque six mois après la Révolution Islamique, la ville de Pâveh fut assiégée pendant huit jours par plus de 8000 membres lourdement armés d’un parti radical et rebelle anti-islamique alimenté logistiquement et financièrement par les services de renseignement étrangers, soviétiques et occidentaux. Les crimes commis par ces milices contre les civils, les hommes et les femmes kurdes et non-kurdes, notamment au sein de l’Hôpital de Pâveh, ont été particulièrement brutaux. De nombreux témoignages et photos au sujet de ces persécutions et ces viols sont disponibles sur Internet et dans les archives publiques. Face à cette sauvagerie inédite, une division d’environ 250 membres du corps des Gardiens de la révolution et volontaires locaux, commandés brillamment par le génie militaire Shahid Mostafâ Chamrân, docteur en physique des plasmas et diplômé des universités de Texas et de Berkeley, ancien chercheur au sein de la NASA et cofondateur du mouvement libanais Amal en compagnie de l’Imâm Moussâ Sadr, ont fait preuve d’un esprit de sacrifice qui a tellement marqué la mémoire des habitants de Pâveh que de nombreux nouveaux nés ont après cela été nommés Chamrân. L’histoire de cette résistance héroïque est si connue en Iran qu’Ebrâhim Hâtami Kia, grand réalisateur iranien, réalisa en 2014, le film Che mettant en scène ces moments difficiles de Shahid Chamrân ainsi que de l’autre comandant Shahid Ali Asghar Vessâli, le chef d’un groupe de guérilla surnommé "les porteurs de mouchoirs rouges".


Shahid Mostafâ Chamrân

Malgré cet héroïsme, à la fin de ces huit journées de résistance, la ville était quasiment tombée aux mains des terroristes, à l’exception du bâtiment de la gendarmerie qui servait de dernier bastion aux résistants. Mais soudainement, le message historique de l’Imâm Khomeiny à propos de l’importance de Pâveh encouragea les combattants et effraya tant les ennemis que par la suite, avant même l’arrivée des forces de renfort, une simple équipe de quelques Gardiens de la révolution restée vivante réussit à vaincre quelques milliers d’hommes appartenant aux milices rebelles. À partir de cette date, la libération épique de Pâveh est devenue un symbole de l’attachement patriotique des habitants de Hourâmân à l’égard de l’Iran islamique. Les grandes autorités iraniennes, dont le Guide suprême de la Révolution islamique lui-même, ont visité le Mémorial de Pâveh pour célébrer le courage, la foi et le patriotisme des Martyrs de Hourâmân.

38 ans plus tard nous sommes là. C’est une colline qui domine la ville et ses alentours. Les montagnes de Hourâmân nous entourent. S’offre à nous une belle vue sur la ville de Pâveh, blottie dans une vallée au versant de la montagne Shâho. Le nom de cette montagne signifie "Mont-Royal" ou "siège du roi", d’après la langue locale. Son sommet le plus élevé culmine à 3390 mètres d’altitude (le plus haut de la province de Kermânshâh). L’autre sommet connu s’appelle Atash-Gâh qui signifie "le lieu du feu" et il est réputé être l’emplacement d’un ancien temple du feu de l’époque sassanide. Les montagnes verdoyantes de Pâveh sont situées sur les versants ouest des massifs Zagros. Les forêts de chêne de Hourâmân sont l’une des merveilles naturelles de l’Ouest de l’Iran. Malheureusement, plusieurs incendies dévastateurs ont récemment perturbé l’écosystème de ces zones forestières. Du fait d’un manque de moyens, les habitants locaux ont dû eux-mêmes affronter ces feux sans avoir accès aux équipements nécessaires ni à un soutien concret du gouvernement. Les montagnes plus élevées de Pâveh ont des sommets rocheux se dressant fièrement, tels de vigilants gardiens. Des neiges éternelles y sont visibles, même en cette saison de printemps. Le climat de Pâveh est froid et enneigé pendant l’hiver, et doux et frais pendant l’été. Si elle investissait dans les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme, cette ville pourrait devenir une destination estivale de premier plan de l’ouest du pays.

Les précipitations annuelles s’élèvent à 700 mm, favorisant les activités agricoles et d’élevage dans les villages. Au bord du fleuve Sirvân de Hourâmân, nous nous heurtons aussi aux piscines modernes de l’aquaculture – de grands élevages de truites. Les villages aux alentours de Pâveh produisent également du miel en utilisant leurs ruches traditionnelles. Ajoutons à cela des produits alimentaires d’une qualité unique issus de l’élevage local. La plupart de ces exploitations sont gérées par les femmes hourâmânis. L’élevage traditionnel de cette région influe largement sur l’artisanat de Pâveh. Par exemple, le giveh (ou klash selon le langage local), un modèle rustique de chaussure, est tissé par les femmes hourâmânis avec de la laine de mouton. Les semelles des giveh sont fabriquées par les hommes avec du cuir et de la peau d’animaux. La tapisserie est un autre art pratiqué par les femmes d’Hourâmân à partir de laine localement produite. Les habits traditionnels des hommes et des femmes hourâmânis étaient auparavant tissés dans les ateliers villageois. Aujourd’hui, les tissus sont importés, mais les modèles suivent encore les patrons d’hier. Une tunique noire, grise ou brune, avec un châle pour ceinturer le milieu, une sorte de long mouchoir ressemblant à un léger turban pour couvrir la tête, un pantalon très large et une moustache épaisse constituent le cliché que les Iraniens ont à l’esprit au sujet des hommes de cette région. Les femmes portent quant à elles des habits colorés.

Le giveh (ou klash selon le langage local)

Pour connaître les caractéristiques socioculturelles de Pâveh, il est nécessaire de commencer avec la culture de Hourâmân. Cette région est divisée aujourd’hui entre trois villes de trois départements différents : Pâveh pour la province de Kermânshâh, Marivân pour le Kurdistan iranien, et Halabja pour la région irakienne de Sulaymaniyeh. Hourâmân est, à l’origine, une très ancienne région de la Perse, peuplée depuis l’époque paléolithique. Les fouilles archéologiques réalisées dans les grottes de Hourâmân ont confirmé l’ancienneté de la présence humaine dans cette localité. Hourâmân était aussi un voisin important des royaumes antiques de la Mésopotamie. Dans son bas-relief au pied des montagnes Shaho à Hourâmân, dans le Kurdistan iranien, Sargon II, le roi Assyrien, décrit les habitants de cette région comme "des hommes qui ne voulaient se soumettre à aucun souverain, ceux qui se protégeaient par les hautes montagnes". Les bords du fleuve Sirvân qui coule dans les vallées de Hourâmân ont toujours été des lieux d’interaction entre les peuples Aryens comme les Lulubis, les Kassites et les Élamites, et leurs voisins mésopotamiens. Au sud de Hourâmân, près de la ville de Sar-e Pol-e Zahâb, encore dans la province de Kermânshâh, on peut trouver un célèbre bas-relief d’Anubanini, roi de la dynastie aryenne des Lulubis qui régnait sur ces territoires en 2250 av. J.-C. – date qui permet de confirmer l’ancienneté de ces régions. On parle aussi de la légende de Pâv, un général de l’armée sassanide étant venu renforcer les bases militaires de cette province. C’est encore à Hourâmân qu’au VIIe siècle, les Iraniens kurdes font face à l’armée arabe de Saad ibn Abi Vaghas, l’envoyé du deuxième calife de Médine. Après l’islamisation du pays, Pâveh ne perd pas son statut militaire. Les grands rois comme Shâh Abbâs le Safavide ou Nâder Shâh Afshâr intègrent des régiments hourâmânis dans leurs armées. Ces monarques iraniens ont parfois fait déplacer les habitants de cette région dans les autres parties du territoire iranien pour bénéficier de leurs talents militaires afin de défendre les frontières nationales. On raconte ainsi que la version kurde du Livre des Rois est rédigée, au XVIIIe siècle, par Almâs Khân, un sergent hourâmâni de l’armée de Nâder Shâh. L’auteur n’a d’ailleurs pas hésité à y ajouter certains récits épiques du folklore local. Mirzâ Abdolghâder Pâvehi, le grand poète hourâmâni de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, a rédigé un ouvrage poétique où il parle de la guerre entre les Cigales et les Étourneaux aux environs de Pâveh. En réalité, le poète fait subtilement allusion à une bataille entre les envahisseurs ottomans et l’armée iranienne s’étant déroulée dans cette localité. Après la Révolution islamique de 1979, Hourâmân conserve son rôle du défenseur des frontières de l’Ouest du pays. Cet attachement vis-à-vis de l’Iran apparaît également chez les Hourâmânis irakiens. La ville d’Halabja, située dans le territoire irakien, a été victime d’attaques pendant la guerre imposée, surtout lors de l’opération (également qualifiée de génocide) Anfal du régime de Saddam Hussein, qui coûta la vie à presque 200 000 Kurdes irano-irakiens. Le nom même d’Halabja suscite une grande émotion chez les Iraniens d’aujourd’hui, du fait d’une attaque chimique du parti Baath perpétrée en mars 1988 à la suite de laquelle cinq mille civils kurdes perdirent la vie. Au mois de juillet 1988, des attaques chimiques furent aussi lancées contre certains villages de la province de Kermânshâh, dont le village de Doudân de Pâveh. L’impact de ces armes chimiques sur la population et l’environnement de ces villages, même aujourd’hui après 30 ans, reste présent. Une section du musée de la paix à Téhéran est consacrée à la mémoire de ces événements.

Fleuve Sirvân dans les vallées de Hourâmân

L’un des facteurs unissant les habitants iraniens et irakiens de Hourâmân réside dans la question du langage. La langue hourâmâni est un dialecte de la langue gorâni qui, à son tour, appartient à la même famille linguistique que la langue kurde, l’une des langues pratiquées dans l’Iran de l’Ouest. La langue hourâmâni est celle d’une importante littérature, surtout en matière de poésie. Plusieurs recueils poétiques ont ainsi été publiés durant ces dernières années en langue hourâmâni, qui s’écrit avec l’alphabet arabo-persan. Le chant hourâmâni Siyâh-Chemaneh suit l’un des modes de versification couramment utilisés dans cette poésie. Il s’agit d’un chant où les distiques sont formés de deux vers décasyllabes. Les thèmes de ces chants oscillent autour de sujets gnostiques et l’éloge du prophète de l’Islam. Parmi les poètes les plus renommés, citons Mirzâ Abdolghâder Pâvehi, Molavi Kordo, Youssef Beyg Emâmi, Almâs Khân Kenuleï, Seyyed Ahmad, Hayas Gharibi et la poétesse Jahân Arâ Khânoum. Malheureusement, la majorité de ces poètes hourâmânis ne sont pas encore traduits en persan ni en langues européennes. Cet excellent art poétique constitue sans doute l’une des bases essentielles pour le développement de la musique hourâmâni - une musique pleine de vivacité, d’enthousiasme et d’espoir. Le daf est l’un des instruments les plus joués par les habitants de cette région. A l’origine, on en jouait surtout lors de réunions gnostiques de derviches mais aujourd’hui, il est pratiqué en toutes circonstances - les musiciens locaux en ont ainsi vulgarisé l’usage, en estompant parfois sa valeur spirituelle. Par ailleurs, la Maison du Daf vient d’être inaugurée à Pâveh grâce à l’initiative de jeunes artistes pâvehi et sous la houlette d’une antenne locale du ministère iranien de la Culture. Le shemshal, une sorte de flute fabriquée traditionnellement avec un os d’aile d’aigle, est un autre instrument phare de la musique hourâmâni. Durant les cérémonies de mariage ou de Norouz, le Nouvel An iranien, les instruments traditionnels côtoient désormais des instruments modernes. Mais les tonalités et les rythmes sont les mêmes. La danse folklorique de cette région est également réputée au niveau national. Elle s’enracine dans des rites mithraïstes et a une forme collective. Cette danse ressemble par certains de ses gestes aux danses folkloriques bretonnes en France ou aux danses juives. Les danseurs forment un cercle incomplet ou une ligne droite (dans les formes les plus récentes). Les mains des danseurs sont liées à celles des voisins ; ainsi, les rythmes et les positions sont induits par les mouvements du pied et du corps. Le rôle principal est joué par la première personne de la ligne des danseurs. Parfois, un danseur reste au centre du cercle ou en face de la ligne pour orchestrer les gestes par ses cris et mouvements. Dans certaines variantes, les danseurs tiennent un ou deux mouchoirs colorés dans les mains.

Vue de Pâveh

Du haut de la colline du Mémorial des martyrs, je jette un dernier regard sur cette ville merveilleuse. En ce qui concerne son architecture, Pâveh est aujourd’hui menacée par ses nouveaux immeubles et bâtiments hâtivement construits qui doivent loger une population de presque 30 000 habitants. Néanmoins, les villages de Pâveh ont gardé leur architecture particulière désignée en Iran par le terme de Massouléï. Dans ce modèle, les maisons sont bâties comme les marches d’un escalier descendant, dans une pente. Le toit d’une maison sert de cour pour la maison du dessus. De là où nous sommes sur la colline, de nombreuses mosquées de la ville sont visibles. Elles portent les noms de personnalités sunnites. La grande mosquée du Vendredi de Pâveh est la plus esthétique. Pâveh abrite également quelques mausolées chiites, comme par exemple ceux de Seyyed Obeydollah et de Seyyed Mahmoud. Les habitants de Pâveh sont en grande partie sunnites d’obédience shaféite. Ils utilisent le terme Mamousta pour désigner leurs chefs religieux. Ce mot est un équivalent du Cheikh, Mollah ou Rouhani dans la terminologie courante persane. Les écoles soufies aussi ont une large présence dans la ville et dans les villages ; la plupart étant d’obédience naghshbandi et ghâderi. À cela, il faut ajouter les Ahl-e Hagh (Yarsan), de confession irano-islamique avec des croyances similaires aux Alawites turcs et syriens. Leurs idées ressemblent aux croyances chiites ; pourtant, c’est une religion issue de la fusion de plusieurs écoles spirituelles qui existaient en Iran préislamique. Ils ont de nombreux lieux sacrés de pèlerinage au sein de la province de Kermânshâh. Il est facile de reconnaître les hommes de cette confession de par leur longue moustache qui, selon eux, symbolise un pacte religieux. Cette diversité religieuse est peut-être due à la tolérance confessionnelle relativement bonne qui règne à Pâveh.

Avec tant de singularités socio-culturelles, Pâveh a le potentiel de devenir un pôle touristique de la province de Kermânshâh. Les sites historiques de cette ville, les attractions architecturales des villages, les réserves naturelles et son riche folklore font de Pâveh un creuset résumant parfaitement les beautés de l’ouest iranien. Certes, la nature est la première richesse touristique de cette ville. La grotte Ghouri-Ghaleh est la plus grande du Moyen-Orient, et comporte des réserves hydriques. Cette grotte d’une longueur exceptionnelle s’ouvre d’un côté à 25 kilomètres de Pâveh dans les montagnes Shaho et mène, de l’autre, jusqu’aux montagnes irakiennes. Malgré les efforts des équipes de spéléologues iraniens, britanniques et français, seule une partie du début des trois mille mètres de cette grotte a été exploitée. Une section a par ailleurs été aménagée et illuminée pour les touristes. Ce seul petit espace de quelque cent mètres suffit à montrer les caractéristiques extraordinaires de cette grotte unique. L’intérieur des couloirs est orné de stalagmites et de stalactites de différentes couleurs qui se sont formées durant une période de 65 millions d’années. Plusieurs découvertes archéologiques ont aussi été réalisées dans cette grotte, dont les dates oscillent de l’époque paléolithique jusqu’à l’époque sassanide. Elle est aussi l’un des rares endroits au monde où on peut trouver des chauves-souris du type Myotis ("Mouse-ear Bat"). Ghouri-Ghaleh, dont le nom est issu d’un village voisin, se déploie au sein de la montagne Shaho qui, du fait de sa composition minérale, a donné naissance à un grand nombre de caves de différentes tailles. Outre les grottes naturelles, il faut aussi évoquer la Cave de Hossein creusée manuellement pendant 19 ans en utilisant une simple pioche par un handicapé très respecté dans la région nommé Hossein Kouh-kan (le creuseur de montagne) ou Farhâd le second ! Cette cave visitée même par les touristes étrangers est un grand logement de quelques pièces qui abrite aussi la tombe de l’artiste décédé en 2016. La série télévisée iranienne Mâh-e Asal ("Lune de miel") a d’ailleurs consacré une émission à ce phénomène, tandis que le réalisateur Houshang Mirzâï envisage de tourner un film documentaire autour de la vie de ce personnage.

Grotte Ghouri-Ghaleh

Les montagnes de cette région sont le berceau de la civilisation hourâmâni. Les ruines de plusieurs forteresses préhistoriques sont à visiter sur les versants de ces montagnes. Les systèmes architecturaux de ces sites témoignent de l’ingénierie très avancée de leurs constructeurs. Les morceaux de pierre sont superposés sans aucun matériau pour les cimenter. Les architectes avaient ainsi de vastes connaissances au sujet des formules complexes de la superposition des charges ; ce savoir-faire ayant ainsi permis de faire tenir les murailles de ces châteaux durant les millénaires passés.

Ces forteresses anciennes offrent une vue parfaite sur le fleuve Sirvân, un autre acteur majeur de la nature de Hourâmân. Ce fleuve est depuis toujours considéré comme une incarnation de l’âme libre de Hourâmân. Son parcours, depuis les montagnes du Zagros iranien jusqu’à Bagdad où il rencontre le grand fleuve Tigre, fait écho à l’histoire de cette partie du plateau iranien depuis l’ère de la Haute-Antiquité jusqu’à nos jours. Ce fleuve n’est pas navigable dans la partie iranienne, mais joue un rôle primordial dans la vie des riverains. Les marchés frontaliers qui bénéficient de taxes douanières plus basses, très fréquentés par les habitants de Pâveh, se trouvent dans les vallées de ce fleuve. La digue Daryân est bâtie dans l’Hourâmân iranien sur ce fleuve, pour fournir de l’eau aux activités agricoles. Au cours de son chemin, Sirvân reçoit l’eau d’une dizaine de rivières, de ruisseaux et de sources dans les territoires iraniens et irakiens. La source Bel est l’une d’entre elles. En résumé, l’identité de Pâveh est comparable avec la nature de Hourâmân : belle comme ses forêts de chênes, libre comme son fleuve Sirvân, et fière comme les montagnes de Hourâmân.

Cave de Hossein

 

Sources :

- Hureau, Jean, L’Iran aujourd’hui, Éditions Jeune Afrique, Paris, 1975
- Foulâdvand, Hâmed, L’Iran que j’aime, Éditions Yassavoli, Téhéran, 2016
- Morâdi, Adnan ; Maazi, Heydar, Shâ’erân-e Pâveh (Les poètes de Pâveh), Éditions Ehsân, 2017
- http://www.Pâvehpress.ir/, site persanophone d’actualité politico-culturelle sur la ville de Pâveh
- http://www.salamPâveh.ir/, site persanophone d’actualité politico-culturelle sur la ville de Pâveh
- http://www.Pâvehcity.ir/, site persanophone de la Mairie de Pâveh
- http://www.emamzadegan.ir/emamzadehbank/show-22962.aspx, site persanophone concernant les mausolées des Imâmzâdeh en Iran
- http://www.irancaves.com/fa/cavedetail.aspx?ID=401, collection photographique de la grotte Ghouri-Ghaleh
- Encyclopédie Iranica, article anglophone sur la région de Hourâmân, http://www.iranicaonline.org/articles/avroman-hawraman-persian-owraman-a-mountainous-region-on-the-western-frontier-of-persian-kurdistan<
- Gharayi, Javâd, Série documentaire Irângard, 26 épisodes, Épisode 11 sur Hourâmân, Chaîne Documentaire de la Radiotélévision iranienne, http://www.doctv.ir/


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