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Le complexe culturel et religieux de l’Imâm Rezâ au cœur de Téhéran :
Issu de l’histoire, conforme aux critères de l’architecture moderne iranienne
Behdad Yahyavi
Traduit par
Préambule : Un regard sur l’histoire de l’architecture irano-islamique permet de s’apercevoir que la mosquée occupe une place primordiale dans les quartiers urbains, à côté des maisons, des bazars et des caravansérails, et d’autres éléments constituants de la vie sociale en Iran. Non seulement les mosquées prennent des formes différentes en Iran, mais elles ont aussi diverses fonctionnalités, comme le montre par exemple la genèse du concept de la « mosquée-école » dans l’architecture iranienne. Cela dit, construire aujourd’hui une mosquée sous une forme traditionnelle et classique, en utilisant des matériaux traditionnels, des ornementations et des proportions qui étaient autrefois en usage, reviendrait à bâtir de nouveaux caravansérails au lieu de construire des hôtels. Or, bien que l’on ne puisse pas négliger l’importance de la mosquée, on ne peut pas non plus ignorer l’évolution sociale et culturelle d’une société, ni ses nombreux besoins, toujours en augmentation et transformation. A titre d’exemple, le minaret (ou Goldasteh), qui était un élément utilisé par le passé pour appeler à la prière et pour marquer l’approche à une ville, pourrait de nos jours faire l’objet de changement structurel ou même être supprimé.
Le complexe culturel et religieux de l’Imâm Rezâ est un ensemble qui contient, outre une mosquée, des facilités telles qu’une galerie artistique, une bibliothèque, un amphithéâtre (salle de conférences), ainsi qu’une partie consacrée aux technologies de l’information. La forme conceptuelle de cet édifice ressemble aux doigts des deux mains, imbriqués et comme scellés les uns dans les autres. Le concept impliqué à travers cette forme est la notion de solidarité, et comporte une thématique sociale.
Le principal usage de ce complexe est d’être une mosquée qui fait partie, depuis des siècles, des bâtiments publics d’une importance particulière en Iran. Dans l’histoire de l’architecture iranienne, la diversité des styles des mosquées a été toujours marquante, tant sur le plan des méthodes de construction qu’au niveau des couleurs et des matériaux utilisés. Ce complexe porte un nouveau regard sur la mosquée, essayant d’en relire le concept et de le reconstruire selon les nécessités actuelles de la société. En fait, il est possible que le principal objectif visé dans sa conception et la principale raison de son succès résident dans ce regard moderne porté sur la mosquée et son public.
Le complexe de l’Imâm Rezâ est situé à Téhéran, à l’intersection de la rue Gorgân et de l’avenue Enghelâb, dans le 7e district. Son entrée et sa façade principales donnent sur le nord de l’avenue Enghelâb, et une entrée latérale est présente pour donner accès au parking et aux étages du sous-sol. Le dôme est construit en vitraux sur lesquels apparaissent différents Noms de Dieu en diverses calligraphies, reprises du modèle des anciennes mosquées. Ces inscriptions sont encadrées par des bandes en pierre. Devant le bâtiment et mitoyen à l’édifice, un bassin en pierre est installé, et sa surface intérieure est couverte de carreaux de faïence de couleur turquoise. Nous constatons cette modification structurelle quant à l’emplacement du bassin qui est un élément des mosquées en Iran, puisque d’habitude, il était situé au centre de la cour. Sur les deux côtés du dôme se trouvent trois ailes en forme de carrés droits, sectionnées et aplaties vers le sud (la façade de l’édifice). Comme ces carrés droits se nivellent à la surface du sol devant le bâtiment, ils ont l’air d’inviter les passagers et piétons. A l’intérieur de ces ailes qui couvrent trois étages au sous-sol se déroulent divers évènements.
La nef (Shabestân) est située sous le dôme et contient deux étages : le rez-de-chaussée, consacré aux hommes, et l’étage (ou plutôt la mezzanine) supérieur, d’un volume plus réduit, consacré aux femmes. L’espace intérieur de la nef est décoré en stuc et en inscriptions en relief de couleur bleue, ainsi que par des motifs arabesques (eslimi) apparaissant sur les parois du plafond, en relief ou sculptés. Les murs latéraux, par l’intermédiaire des briques poreuses qu’ils contiennent, conduisent la lumière pour fournir l’éclairage de l’intérieur. Le sol de la nef est également couvert par des tapis persans.
A l’extérieur du bâtiment et au-delà de ces murs latéraux se trouvent des couloirs qui mènent à l’espace derrière le dôme. Les murs de ces couloirs, aux motifs rythmiques créés grâce à des briques et avec un bel éclairage le soir, reflètent une combinaison d’ombre et de lumière.
A côté du trottoir et au point d’intersection des deux rues, une statue de cèdre en métal a été installée au milieu d’un petit jardin. Au nord-ouest du bâtiment et sur le trottoir de la rue Gorgân, des passages du Coran ont été inscrits en relief sur le mur en caractères nastaligh. Cette inscription, située à l’intérieur d’une partie des ailes (parties jointes) avec un peu de recul, embellit le mur et rompt la monotonie.
Ce monument a remporté, en 2016, le prix A+ Awards dans la section des bâtiments religieux et commémoratifs. Ce prix est décerné tous les ans aux monuments qui possèdent une architecture pleine de sens et une influence sensible sur la vie quotidienne.
Sources :