N° 164, juillet 2019

Jours fériés religieux en Iran : commémoration de l’unité sociale
Le cas des cérémonies de l’Aïd el-Fetr et de Tâsou’â et Âshourâ dans le village de Derav


Zeinab Golestâni


Visite des tombes dans le cimetière, jour de l’Aïd el-Fetr, village de Derav. Photo : Mehdi Veysânian

En Iran, les jours fériés se divisent en trois catégories : les jours « nationaux », révolutionnaires et religieux. Cette dernière catégorie, qui représente 15 jours de l’année solaire, comprend les fêtes islamiques, l’anniversaire de la naissance du Prophète et des Imâms chiites, ainsi que la célébration de leur décès ou martyre. Les jours religieux, suivants, sont fériés dans le calendrier iranien : 27 Rajab (fête de Mab’as, début de la mission prophétique de Mohammad), 1e Shawwâl (fête de l’Aïd el-Fetr), 10 Dhou al-hijja (Aïd al-Adha), 18 Dhou al-hijja (fête d’al-Ghadir), 17 Rabii al-awal (naissance du Prophète et de l’Imâm Sâdiq), 13 Rajab (naissance de l’Imâm Ali, fête des Pères), 15 Sha’abân (naissance de l’Imâm Mahdi), 9 et 10 Moharram (bataille de Karbalâ et martyre de l’Imâm Hossein et de ses disciples), 20 Safar (Arba’ïn (quarantième jour après le martyre) de l’Imâm Hossein), 28 Safar (décès du Prophète et martyre de l’Imâm Hassan), Fin Safar (martyre de l’Imâm Rezâ), 3 Joumada ath-thania (martyre de Fâtima Zahrâ), 21 Ramadan (martyre de l’Imâm Ali), 25 Shawwâl (martyre de l’Imâm Sâdiq).

Ces jours fériés religieux, considérés par les shiites iraniens comme des jours sacrés, sont célébrés dans chaque région selon des cérémonies variées. Celles-ci revêtent parfois une tonalité si particulière et locale que les habitants, où qu’ils vivent, se rendent pour l’occasion dans leur ville natale pour célébrer la journée selon les rites locaux, comme si cette participation était une part indissociable de leur vie sociale. Cette vie sociale assure d’ailleurs la survie culturelle de ces régions qui reçoivent lors de ces journées des vacanciers venus là pour accomplir des rites religieux. Pour ceux qui reviennent sur leur lieu de naissance à cette occasion, il s’agit aussi d’exprimer le maintien d’une solidarité et de liens locaux. Leur terre devient un lieu de fraternité et de retrouvailles. Se concentrant sur les cérémonies du comté de Shâhroud, au sud de la province d’Ardebil, cet article se propose de donner un panorama des rites pratiqués le jour de laFête de l’Aïd el-Fetr et les 9e et 10e jours du mois de Mouharram (Tâsou’â et ’Âshourâ).

Réception donnée par une famille en deuil dans la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ, jour de l’Aïd el-Fetr, village de Derav. Photo : Mehdi Veysânian

L’Aïd el-Fetr, un moyen d’être heureux ensemble

Les habitants de la province d’Ardebil, surtout ceux qui habitent Shâhroud, accordent une place privilégiée à l’Aïd el-Fetr. Même les émigrés s’efforcent de participer aux cultes célébrant cette fête dans leur ville d’adoption. Se mêlant à la population rurale, ces derniers organisent une célébration religieuse solennelle qui est la prière de l’Aïd el-Fetr. Or, cette fête est accompagnée d’autres cérémonies dans le village de Derav [1], à 25 kilomètres de la ville de Khalkhâl.

Le matin de l’Aïd el-Fetr est le temps de la prière. Après un mois de jeûne, les habitants rejoignent leur mosquée locale ou ancestrale pour cette prière. Dans ce bourg historique qui se divise en deux quartiers Haut et Bas, il y a deux mosquées : la Grande mosquée (dans le quartier Haut Derav), et la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ (dans le quartier Bas Derav). Traditionnellement, l’imâm qui guide la prière dans la Grande mosquée est un orateur religieux d’origine deravi mais qui vit ailleurs. Sinon, un autre imâm, originaire de Khalkhâl ou Kolour, dirige la prière. L’imâm a également veillé sur les jeûneurs pendant le ramadan, notamment en prononçant des prêches et sermons sur des questions religieuses, morales, culturelles et sociales. Quant aux chants qui ponctuent les divers épisodes de la prière, leur récitation est confiée à un des habitants âgés du village. Et l’un des jeunes est chargé de faire le muezzin.

Procession funèbre sur la colline du soleil, jour de Tâsou’â, village de Derav. Photo : Mehdi Veysânian

Après la prière, les habitants distribuent de la nourriture, puis se dirigent vers le cimetière qui se trouve à l’entrée du village. Ils préparent à cette occasion deux sortes de halva à base de farine de riz issues d’une tradition culinaire du Guilân, plus précisément de la ville de Ziabar. Ziabar et Derav entretiennent depuis longtemps des relations tant économiques que culturelles. Ce type de pâtisseries est également préparé à l’occasion de Nowrouz.

Le cimetière se transforme ce jour-là en un lieu de rencontre pour les amis de longue date. Se recueillant ensemble sur les tombes, ils prient pour le repos des défunts. Afin d’alléger le chagrin des nouveaux endeuillés, ils leur rendent visite en groupe. Leur rappelant l’occasion festive, ils leur parlent des jours heureux qui finissent par revenir, puis l’accent est porté sur le souvenir du défunt. Il est coutume pour la famille endeuillée d’accueillir ces visites les bras ouverts, en préparant une table. Les aliments sont généralement des spécialités de la province (du pain, du fromage de brebis, du halva), ainsi que des fruits et des légumes. Si la maison du défunt est trop petite pour recevoir tout ce monde, ces visites rituelles sont organisées à la mosquée. Les visiteurs arrivent avant midi, puis restent pour le déjeuner.

Cortège de deuil se dirigeant vers le tombeau de Seyyed Ja’far, jour de Tâsou’â, montagne Mella-sar, village de Derav.
Photo : Mehdi Veysânian

L’après-midi est consacré aux visites pieuses et aux pèlerinages aux descendants d’Imâms ou Emâmzâdeh, notamment l’Emâmzâdeh Hamzeh, dont le sanctuaire se dresse au milieu des jardins du sud du village. Par le passé, les jeunes mariées faisaient ce pèlerinage avant leurs noces. Le rituel était immuable : les femmes de la famille du marié préparaient des pâtisseries puis accompagnaient la future épouse lors de son chemin de pèlerinage, qui allait de l’Emâmzâdeh Hamza à l’Emâmzâdeh ’Abdollâh qui se trouve à Kolour.

L’Aïd-el-Fetr occupe ainsi presque la même place que les cérémonies du Nouvel An iranien (Norouz) chez les habitants de cette région, pour lesquels ces jours fériés sont une belle occasion d’être joyeux ensemble : on rit ensemble, on fait le pèlerinage ensemble, et, en consolant ses concitoyens en deuil, on ne les laisse pas seuls en ce jour de fête. Autrement dit, cette célébration de l’Aïd-el-Fetr, en renforçant le sentiment de l’unité chez ce peuple, semble contribuer à redéfinir la notion de l’identité collective chez eux.

Rassemblement des habitants des villages d’Asbou, de Khemes, d’Askestân et de Derav dans la cour de l’Emâmzâdeh Ibrâhim à Asbou, jour de Tâsou’â. Photo : Zohreh Golestâni

Tâsou’â et ’Âshourâ, symbole de la solidarité d’un peuple

Parmi tous les jours fériés religieux, c’est aux 9e et 10e jours du mois de moharram (jours chômés en l’honneur des martyrs de Karbala) que le village de Derav reçoit le plus grand nombre de voyageurs. Dans ce bourg, les cérémonies de la célébration du martyre de l’Imâm Hossein commencent dès le dernier jour du mois de Dhou al-hijja, par un rite intitulé Tasht-gozâri. Ce rite, originaire de la ville d’Ardebil, date de l’époque safavide et se pratique en particulier chez les Azéris. Lors de cette cérémonie, un cortège d’hommes démarre de la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ et suit un itinéraire ancestral dans les ruelles du bourg. En tête, un homme âgé transporte la bassine en cuivre la plus ancienne de la mosquée. Le cortège traverse ainsi le village, alors que les hommes chantent des lamentations rythmées en se frappant le torse. De retour à la mosquée, le cortège se disperse et l’eau de la bassine, considérée comme bénite, est distribuée dans le village. Aujourd’hui un peu délaissé, ce rituel symbolise la soif de l’Imâm Hossein et de ses fidèles partisans lors de la bataille de Karbala, ainsi que la générosité de l’Imâm quand il fit face à l’armée d’Al-Hurr ibn Yazid bin Ar-Riyâhi qu’il croisa sur le chemin de Koufa. On dit qu’en remplissant des bassines de l’eau de l’Euphrate, l’Imâm Hossein abreuva même les chevaux des soldats de Yazid.

Du premier jusqu’au 8e jour du mois de moharram, les cortèges de deuil des deux mosquées du village s’avancent vers le tombeau de Seyyed Rasoul Neysâri, grand mystique inhumé à Derav. Néanmoins, ces deux cortèges sont plutôt réduits en nombre, les visiteurs étrangers ne connaissant guère cette coutume locale. Cependant, des Derâvi émigrés reviennent parfois pour participer à ces cortèges.

Rassemblement des habitants des villages d’Asbou, de Khemes, d’Askestân et de Derav dans la cour de l’Emâmzâdeh Ibrâhim à Asbou, jour de Tâsou’â. Photo : Zohreh Golestâni

C’est la veille du 9e jour de Moharram que le village accueille le plus grand nombre de voyageurs arrivant des grandes villes, principalement Téhéran, Rasht ou Ardebil. Une cérémonie nocturne se tient durant cette nuit-là. Elle commence avec une procession funéraire accompagnée de lamentations et de flagellations se dirigeant vers la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ. Celle-ci est l’une des plus anciennes mosquées en terre cuite d’Iran et s’y trouve les tombeaux de deux Saints appelés par les habitants Pir-e Khâmoushân (Connaisseurs Obscurs). Cette ancienneté et la présence de ces deux vénérables a fait de cette mosquée un lieu particulièrement significatif pour les habitants.

Sortant de la mosquée, les personnes âgées du quartier Haut reçoivent le cortège du quartier Bas. Après un thé, les participants forment des groupes pour réciter chants et lamentations, alors que des chanteurs déclament des élégies pour le repos des défunts. C’est également à cette occasion que les habitants paient la taxe du khums, qui porte sur un cinquième des revenus restant de l’année. Après cela, la procession du quartier Haut repart vers l’autre mosquée, la grande, en présence des habitants âgés du quartier Bas. La même cérémonie se répète ensuite dans l’autre sens et la procession du quartier Bas se dirige vers la mosquée du quartier Haut accompagné de membres de ce quartier. C’est lors de ces deux processions que les visiteurs rejoignent le cortège. Puis les deux processions se fondent en une seule et répètent dans les deux mosquées les cérémonies du 9e de moharram. Enfin, les deux cortèges se séparent.

Flagellations devant la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ, après-midi de Tâsou’â. Photo : Mehdi Veysânian

Le lendemain, c’est-à-dire le jour de Tâsou’â, un grand rassemblement se tient dans la cour du mausolée de l’Emâmzâdeh Ibrâhim, surnommé Hendou Shâh. Ce mausolée se trouve à 5 km de Derav, dans le village d’Asbou. Tôt le matin, les cortèges funèbres des deux mosquées de ce village se rejoignent sur une colline près du tombeau de Seyyed Rasoul, connue sous le nom de « Colline du soleil ». Cette colline est par ailleurs un site archéologique inscrit au Patrimoine culturel iranien.

Le cortège qui traverse le cimetière s’y arrête. C’est l’occasion pour un prêcheur de narrer les épreuves subies par ’Abbâs ibn ’Ali lors de la tragédie de Karbalâ, avant de rappeler les défunts du village au bon souvenir des habitants. Après cet arrêt, le cortège reprend son chemin et se dirige vers le tombeau de l’un des descendants du septième Imâm, appelé Emâmzâdeh Ja’far. Ce mausolée en bois se trouve au nord du village, sur une montagne nommée Mella-sar. Les villageois affirment qu’il y a un demi-siècle, une habitante vit en rêve l’Emâmzâdeh, qui lui demanda de construire un monument sur sa tombe, en nommant de lui-même les habitants dont il voulait les offrandes de bois. Les habitants nommés firent l’offrande du bois nécessaire à la construction de ce monument. Depuis lors, tous les 9e du mois de moharram, le cortège rend visite à cet Emâmzâdeh au monument simple et chaleureux. Il y a juste une vingtaine d’années, les habitantes s’y rendaient aussi fréquemment pour nettoyer les tapis et renouveler la couleur ocre des murs qu’elles fabriquaient à partir de la terre de la montagne elle-même. Après la visite à l’Emâmzâdeh, le cortège suit le chemin de montagne qui relie le village à l’Emâmzâdeh et rejoint Asbou. Descendus de la montagne, des hommes vêtus de noir se rassemblent sur le chemin des jardins situés entre Derav et Asbou, afin de rejoindre les cortèges venant des autres villages (Asbou, Askestân, Khemes) dans la cour du mausolée de l’Emâmzâdeh Ibrâhim. Depuis quelques années, des habitants d’autres villes comme Kolur, Khalkhâl, Ardebil, Rasht ou même Tabriz ont pris l’habitude de venir participer aux cérémonies de cette région, qui durent jusqu’à la prière du midi.

Visite de l’Anjir-a terba par la procession partant de la grande mosquée de Derav, jour de l’Âshourâ. Photo : Mehdi Veysânian

Dans le village de Derav, une autre procession a lieu l’après-midi. Organisant une marche funéraire, les habitants du quartier Bas se dirigent vers la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ où se rejoignent les cortèges des deux quartiers. Suivant un chemin délimité au préalable, la procession déambule dans les rues du village. Simultanément, certains habitants sacrifient des moutons pour les offrir aux mosquées où des repas pour ce jour et le lendemain sont préparés. D’autres offrent des boissons (du sirop, du thé, du lait, des jus de fruits). Arrivé à la mosquée, le cortège ne se disperse pas. Les participants se positionnent dans l’ordre dans l’espace de la mosquée tout en enchaînant les lamentations rythmées et les flagellations. La cérémonie continue ainsi à l’intérieur. Après la fin de la cérémonie, le cortège de l’autre quartier repart vers l’autre mosquée pour y terminer la cérémonie. Quant aux autres, ils terminent le rite à l’intérieur de la mosquée, où une personne âgée adresse au nom de tous des salutations à l’Imâm Hossein et les autres martyrs du Karbalâ. Le soir, deux cérémonies séparées se tiennent dans les deux mosquées.

Le 10e jour de moharram, deux cortèges, partant des deux mosquées du village, se réunissent dans une vallée où se trouve le mausolée de l’Emâmzâdeh Hamzeh. Empruntant une voie rocheuse pour y arriver, ces processions rendent d’abord visite à un lieu réputé sacré, caché au cœur des rochers. L’endroit s’appelle Anjir-a-terba, là où a poussé le figuier. Selon la tradition, il s’agit du lieu où l’un des oulémas du village, Seyyed Mohammad Mortazavi, donnait des cours de Coran, et dépendant des versions du récit, aux hommes, aux anges ou aux djinns, d’où la déférence des habitants pour ce lieu. Précisons que la sanctification des arbres s’enracine cependant dans une ancienne tradition iranienne et même mésopotamienne où des arbres et des végétaux donnent naissance aux dieux et déesses. Ainsi Mithra est né d’un nénuphar, et Siâvash devint le fils d’un palmier.

Après la visite à l’arbre, le cortège rejoint l’Emâmzâdeh Hamzeh, où les participants s’installent pour écouter le prêcheur narrer le récit des épreuves de l’Imâm Hossein et de ses partisans le jour d’Âshourâ. Ces dernières années, le mausolée étant en cours de rénovation et de développement, il arrive également qu’un responsable prenne la parole après le prêcheur pour présenter un état des lieux des travaux. Après ces discours assez brefs, le cortège reprend la route pour aller vers la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ. On dit que dans le passé, deux chèvres sauvages accompagnaient cette procession jusqu’à ce que certains des participants tuent l’une d’elles.

Départ du cortège du mausolée de l’Emâmzâdeh Hamzeh vers la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ, jour de l’Âshourâ. Photo : Mehdi Veysânian

La procession rejoint donc la mosquée du quartier Haut puis prend les rues principales pour aller à la mosquée du quartier Bas. C’est là que le cortège s’arrête pour continuer le programme jusqu’à la prière du midi. L’appel à la prière de ce jour est accompagné des vers psalmodiés racontant les épreuves de Sayyida Zeinab bint Ali et des membres captifs de la famille de l’Imâm Hossein. Pleurant les souffrances des membres de la Demeure du Prophète, les participants font la prière du midi ensemble. À la fin, chaque mosquée offre un repas aux participants. Préparé par des participants bénévoles, ce repas est généralement un plat de riz accompagné de khoresht-e fessendjan, ragoût épais de couleur brune préparé à partir de jus de grenade, de noix pilées et de viande. Ce repas connu et apprécié partout en Iran est très consommé dans la région en raison de la culture des noyers dans le comté.

Le soir de l’Ashourâ se tient la cérémonie de Shâm-e Gharibân (La nuit des Opprimés). Partout en Iran, les participants passent la soirée dans la pénombre, en mémoire des survivants du drame de Karbalâ. C’est la mosquée de Seyyed-o-Shohadâ qui reçoit à cette occasion tous les participants, de quelque quartier qu’ils soient. Les habitants se rassemblent dans les salles de la mosquée, plongées dans l’obscurité et partiellement éclairées avec des bougies. Lors de cette soirée, dans cette région, les bergers jouent de la flûte et le son mélancolique de cet instrument rappelle sans mots la soirée des survivants de Karbalâ. La lumière des bougies illuminant l’obscurité de la mosquée fait de ce programme, marqué par la musique, la poésie, l’art et les larmes, une cérémonie inoubliable.

Rassemblant tous les habitants de Derav, qu’ils soient sur place ou qu’ils aient émigré, les cérémonies de la commémoration du martyre de l’Imâm Hossein aux 9e et 10e jours de moharram confirment leur rôle dans le renouvellement des liens de fraternité et d’appartenance parmi les participants. De fait, la participation massive des habitants à cette cérémonie annuelle, sans distinction de situation économique ou sociale, est un bel exemple du rôle des manifestations sociales et culturelles pour créer un sentiment d’appartenance commune au-delà des différences.

Flagellations devant la grande mosquée, jour de l’Âshourâ. Photo : Mehdi Veysânian

Au cours des dernières décennies, de nombreux habitants ont été forcés de partir en raison du chômage dans la région. Ces cérémonies sont l’occasion pour ces derniers de revenir sur leur terre natale. Un grand nombre de ces émigrés sont revenus bâtir des résidences secondaires dans ce bourg.

Plus surprenant, le nombre des processions pendant ces journées contribue également à l’amélioration des services publics. En effet, puisque ces processions font passer les participants pratiquement dans tous les coins et recoins du bourg et de ses alentours, les personnalités officielles, qui participent également, ne peuvent pas à cette occasion ne pas remarquer les carences et insuffisances. C’est pourquoi, chaque année, les plus importantes décisions sont prises dans les jours et semaines qui suivent la clôture de ces cérémonies. La plupart de ces projets sont financés par les sommes d’argent offertes par les participants lors des cérémonies de deuil aux mosquées et aux mausolées et sanctuaires.

Pour conclure, à Derav comme partout ailleurs en Iran, les rites de commémoration de moharram sont une belle occasion d’affirmer une identité collective, de renforcer les solidarités locales, et de sauvegarder les cultures régionale et nationale.

Bibliographie

- Golestâni, Rezâ, Etude sur le village de Derav (non publiée), 14 décembre 1986.

- Golestâni, Zeinab, "La culture et la langue tât de la vallée de Shâhroud", in La Revue de Téhéran, N° 104, Juillet 2014, article mis en ligne sur http://www.teheran.ir/spip.php?article1930#gsc.tab=0

- Hasouri, Ali, Siâvashân (les cérémonies de la commémoration de Siavash), 3e édi. Téhéran, Cheshmeh, 2009.

- Johari, Mortezâ, "Les cérémonies du mois de moharram et du jour de l’Ashoura, évolutions historiques et diversité géographique", traduit en français par Devolder, Maryam, in La Revue de Téhéran, N° 15, Février 2007, article mis en ligne sur http://www.teheran.ir/spip.php?article360#gsc.tab=0Johari

- Mohammadpour, Ahmad ; Shâhizadeh, Râmin, "Motâle’eh mardom-shenâkhti-e marâsem-e ’Âshourâ dar shahr-e Ardebil" (Etude ethnographique des cérémonies du jour de l’Ashourâ dans la ville d’Ardebil),in Majalleh Motâle’ât-e Ejtemâ’ee Iran (La revue des études sociales de l’Iran), Vol. 5, N° 3, Hiver 2011, pp. 126-146, article mis en ligne sur http://www.jss-isa.ir/article_21454.html

- Shakourzâdeh, Ebrâhim, Dictionnaire des termes techniques islamiques, 1e éd., Téhéran, Samt, Eté 1996.

Notes

[1Golestâni, Zeinab, "La culture et la langue tât de la vallée de Shâhroud", in La Revue de Téhéran, N° 104, Juillet 2014, article mis en ligne sur http://www.teheran.ir/spip.php?article1930#gsc.tab=0


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