Printemps, le 23 avril.
Cinémathèque du musée d’art contemporain, Téhéran.

En entrant dans le musée, rien ne frappe sinon l’absolu calme du lieu. Quelques personnes éparses admirent attentivement des toiles colorées. Cependant, plus nous avançons dans le large couloir en colimaçon du musée, plus la foule s’accroît. Quelques uns feuillettent avec curiosité des livrets bleu marine ; d’autres se dirigent vers le buffet pour goûter aux gâteaux et se rafraîchir ; d’autres encore sont réunis en petits groupes et discutent avec enthousiasme. Parmi ces derniers, on distingue des visages clairs, on devine des cheveux blonds, des physionomies venues d’ailleurs. Devant l’entrée de la cinémathèque, le nombre de personnes atteint son point culminant. D’un côté de cette antichambre, une douce lumière se diffuse en provenance du salon. De l’autre côté, parviennent de multiples voix aux inflexions variées. L’atmosphère est chaleureuse. Au bout de quelques minutes, la porte s’ouvre et l’on entre pour s’installer dans la salle de projection. Son excellence, l’ambassadeur de France monte à la tribune, pour prendre la parole et déclarer joyeusement l’ouverture du vingtième festival d’"Au sud du cinéma" dans la capitale iranienne. La manifestation "Au sud du cinéma" a été créée en 1984, conjointement, par le ministère des affaires étrangères et le ministère de la culture française. Son objectif est de rassembler, puis de soutenir les réalisateurs talentueux des continents asiatiques et africains, et de l’Amérique latine, en vue de produire des films totalement décalés par rapport aux standards hollywoodiens. Il s’agit de promouvoir les éventuels nouveaux genres, et les esthétiques cinématographiques plus ou moins inédites. Ces genres particuliers offrent de dévoiler les recoins cachés des sociétés concernées.

260 réalisateurs collaborent à ce fonds Sud, dont : Mohsen Makhmalbaf, Joël Farge, Rafi Pitts, Moufida Tlatlie et Abolfazl Jalili. Le film de ce dernier, "Abjad", fut projeté en ouverture du festival. Ce long métrage a particulièrement impressionné les amateurs mais aussi les gens du cinéma. Ils furent néanmoins partagés. Le film n’étant pas sous-titré, il a malheureusement indisposé certains spectateurs étrangers qui néanmoins n’ont pas manqué d’apprécier le style et les images. Pour certains, le film était "triste mais bizarre" ou bien tout bonnement "passionnant".

Au deuxième jour de la manifestation, la salle fut malheureusement moins peuplée. Plusieurs films furent projetés dont une fois de plus "Abjad" (Iran, 2003), mais aussi "Les gens de la rizière" (Cambodge, 1994), Hyènes (Sénégal, 1992), "Café transite" (Iran, 2004). "Les gens de la rizière" a provoqué quelques débats, dans l’ensemble, favorables au film.

Mardi 25 avril. Le film programmé "Le silence du palais" semble coïncider avec l’ambiance de la salle, presque vide. C’est un film tunisien produit en 1994 et sous-titré en anglais qui aborde le délicat thème de la tyrannie envers les femmes. Le film suivant, "Station déserte", est une production iranienne réalisée en 2003 par Ali Réza Raïsian. Le film aborde le problème de la misère à laquelle est confrontée la population d’un des déserts du nord-est du pays. Les spectateurs étrangers sont enthousiastes. Le "magnifique" fuse de toute part. A dix-huit heures trente "C’est l’hiver" réalisé par Rafi Pitts en 2005 est projeté. Dans ce film, le réalisateur aborde la thématique du chômage et de ses néfastes conséquences. L’histoire se déroule au cours d’un hiver blanc et froid : "C’est un film un peu triste, mais néanmoins bien joué". En l’espace d’une projection le bel et triste hiver est entré dans la salle obscure. A dix heures débute la projection du film chinois "plate forme" réalisé en 2001. Mercredi, dernier jour de la manifestation, a vu défiler les films : "Ali Zaoua" (Maroc, 2000), "Lettres d’amour zoulou" (Afrique du sud, 2000), "Serko" (France, 2006). Ce dernier long métrage a été choisi comme film de clôture. La salle est pleine, ce qui est de bon augure pour son réalisateur, Joël Farge, qui présente brièvement son œuvre. "Serko" raconte le périple d’un jeune garçon qui part à l’aventure avec sa monture. Un tonnerre d’applaudissements en provenance de la salle vient boucler le film et le festival. A la sortie de la projection Joël Farge et la productrice du film Catherine Dussant sont abordés par la foule. Autour il fait nuit, mais les visages souriants atténuent l’obscurité. La foule se disperse à pas lents des images plein la tête.


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