N° 6, mai 2006

L’art iranien dans les armes anciennes





Journal de Téhéran

29 Avril 1936,

9 Ordibehesht 1315

Ce n’est pas dans les quelques lignes qui vont suivre que nous avons la prétention de fixer les développements si divers de l’histoire des armes orientales. Tout, d’ailleurs, reste à peu près à faire dans ce domaine immense des armes en général, où l’emploi des formes et les décors sont autant de questions infiniment complexes.

Peut-on distinguer- se demande M. G. Migeon-les armes qui furent fabriquées au Caire de celles qui furent faites en Syrie ou en Perse ? Pour les Mamlouks, Damas était une capitale au même titre que le Caire, et la renommée des armes de Damas, célébrées par tous les historiens, est arrivée jusqu’à nous.

D’ailleurs le terme générique qui dans tout l’Orient servit à désigner la lame ; n’est-il pas le mot DAMAS, synonyme d’acier de qualité supérieure ? C’est à la qualité de l’acier ; que les Orientaux se sont attachés avant tout. La monture n’y venait s’ajouter qu’après coup, si bien qu’on rencontre une quantité de lames de trempe généralement syrienne ou persane, que des amateurs se repassèrent de génération en génération, en y faisant adapter selon leurs nationalités, des poignées de l’Asie centrale ou de l’Inde. C’est ainsi qu’à l’Arméria de Turin l’épée du duc Emmanuel Philibert (milieu de XVIème siècle) porte une superbe lame de Damas avec inscription damasquinée en or, et qu’une des belles épées du Musée d’Artillerie de Paris a une magnifique lame courbe remontée au XVIIème siècle avec une poignée allemande.

Il semblerait, d’après l’examen comparatif des lames qu’à pu faire un amateur aussi attentif que M.Buttin, que les Damas, qui sont un mélange de fer et d’acier, SONT LE PLUS SOUVENT FONDUS EN IRAN, et que dans l’Inde, s’ils ont été moirés par la fusion, ils furent frisés par le martelage. Il est vraisemblable aussi que, dans les provinces orientales de l’Iran, des lames d’épées aient été damasquinées d’or ou d’argent sous des influences mongoles encore pénétrées d’éléments chinois, tels que dragons et phénix.

En Iran, le goût des belles armes, avait déterminé une fabrication très florissante. Il n’est peut-être pas impossible d’identifier les armes qui furent particulières aux dynasties les plus anciennes antérieurement à celle des Séfévides, grâce à l’étude très attentive des miniatures des écoles mongoles, où l’on trouve assez souvent dans des Chah Nameh, des guerriers coiffés de casques assez bas, incrustés de rinceaux et d’inscriptions d’argent, analogues au casque du Musée Friedrich de Berlin.

On peut considérer comme PERSANS, ces casques coniques, de forme allongée et à pointes, portant un décor incrusté d’inscriptions assez fines dans des médaillons, dispositions qu’on ne retrouve pas dans les casques syriens ou turcs avec leurs hautes frises circulaires d’inscriptions incrustées plutôt en traits larges.

Le Musée d’Istanbul a un magnifique casque au nom gravé en or dans des cartouches de Chah Tahmasp (1523-1575) avec la signature de l’armurier Ibrahim fils de Mohammad Reza.

La collection Henderson a enrichi le Musée Britannique de deux armes capitales qui ont appartenues à Chah Abbas : C’est le casque avec son nasal et son couvre-nuque en maillons serrés.

Il est incrusté d’inscription en or, et ciselé en relief de superbes arabesques. En dehors de vers du BOSTAN de SAADI et de citations d’autres poètes, on peut y lire une date ; "terminé en l’année 1035 (1625). Bénie soit la tête qui porte ce casque". Ce casque magnifique, et si précieux, est accompagné de deux gardes - bras damasquinés également et décorés d’arabesques ciselées et portant la même date de 1035, ainsi que des versets de poèmes iraniens.

Un sabre du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque Nationale qui est d’une grande finesse de grain et d’une superbe trempe, porte une inscription intéressante : "Fait par Asad Allah d’Ispahan. C’aurait été un fameux armurier de Chah Abbas.

En Iran, les formes des armes blanches sont relativement simples surtout si on les compare aux formes multiples des armes blanches de l’Inde.

Les types se résument a peu près à trois : le sabre "persan", courbe à poignée dont le pommeau se recourbe en crosse de pistolet et qui est muni de quillons, puis le couteau poignard à lame droite et le poignard courbe dont la poignée est généralement d’os ou d’ivoire.

Nous citerons pour terminer comme très beau sabre de ce genre celui qui a été légué au Musée du Louvre par M. G. Marteau et qui porte en inscriptions incrustées d’or : "Serviteur du Roi de l’Amitié Abbas" et le nom d’Asad Allah d’Ispahan, le célèbre armurier déjà nommé.


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