L’Arménie, voisin septentrional de l’Iran, est une magnifique destination touristique. Ce haut plateau verdoyant recouvert de collines, de volcans et de hautes montagnes offre de belles occasions de randonnées. Avec sa multitude d’églises champêtres et de basiliques, le pays est quasiment un musée à ciel ouvert. Sa capitale, Yerevan, contemporaine de Rome, Carthage et Samarkand, a été reconstruite à l’ère soviétique selon un plan d’urbanisme rigoureux. C’est une ville belle et paisible où l’on peut flâner tranquillement le long de sa ceinture verte, ponctuée de nombreux cafés et restaurants, ainsi que d’aires de jeux et de loisirs. Au centre ville, la Place de la République offre une grande cohérence architecturale. Aux beaux jours, tout Yerevan se réunit près du Palais du Gouvernement pour assister aux spectacles musicaux donnés sur le bassin des Fontaines chantantes. Les Arméniens cultivent un plaisant art de vivre, même là où on ne l’attend pas. C’est ainsi qu’il nous a été donné de partager le repas d’un jeune homme venu se recueillir sur la tombe de ses parents dans un de ces cimetières traditionnels ornés des khatchkars traditionnels, croix de pierre sculptées, typiquement arméniennes.

L’Arménie a fait partie de l’empire perse sous de nombreuses dynasties, depuis les Achéménides jusqu’au début du XIXe siècle. Au XVIIe siècle, Shâh ’Abbâs Safavide fit déporter un grand nombre d’Arméniens pour construire Ispahan, sa nouvelle capitale, officiellement pour les protéger des pogroms. Peu d’entre eux arrivèrent vivants à Ispahan où ils bâtirent leur ville, la nouvelle Jolfa, en référence à Jolfa, la ville arménienne dont ils étaient originaires. Cette ville constitue aujourd’hui le quartier chrétien d’Ispahan, avec sa cathédrale et ses nombreuses églises arméniennes.

Yerevan

Un coup d’œil sur les neiges éternelles du Mont Ararat, aujourd’hui en Turquie, mais que l’on voit d’à peu près partout en Arménie, nous rappelle qu’il faisait partie autrefois de la Grande Arménie, qui s’étendait de la mer Méditerranée à la mer Caspienne, en englobant la Syrie, la Mésopotamie et la Médie, au nord de l’Iran. Aujourd’hui guère plus grande que la Belgique, la république d’Arménie, née en 1991, après la chute de l’empire soviétique, représente 10 % de ce qu’était la grande Arménie jusqu’au XIe siècle. Ses voisins, qu’ils soient turcs, ottomans, mongols, russes ou perses, se sont toujours acharnés à la dominer, quand ils n’étaient pas alliés pour se partager sa dépouille. D’où les mises à sac, pogroms, spoliations et génocides qui ont de tout temps fait partie de son Histoire.

Peu de vestiges de l’époque perse subsistent hormis la grande Mosquée du Vendredi de Yerevan où l’on enseigne encore le persan et les préceptes de la religion à quelque 2000 élèves de confession chiite. De nombreux Iraniens de religion arménienne visitent régulièrement l’Arménie par nostalgie de leurs racines. En revanche, les vestiges de l’ère soviétique sont nombreux. Staline avait utilisé l’Arménie, comme les autres républiques soviétiques d’Asie centrale, pour servir son grand dessein industriel. A cette époque, ce pays agricole, dépourvu de toute ressource énergétique, avait vu ses campagnes urbanisées et industrialisées à marche forcée. La chute de l’empire soviétique l’a précipité dans le chaos et l’on peut voir encore aujourd’hui, en rase campagne, les carcasses désolées des usines métallurgiques désaffectées.

Peinant à surmonter les conséquences désastreuses de la chute de l’empire soviétique, l’Arménie est rongée par le chômage. Les Arméniens regrettent la période « bénie » des Soviets où le plein emploi était la règle et où tout citoyen avait accès gratuitement à son logement. La fuite vers l’étranger est considérable, la diaspora représente presque cinq millions d’âmes pour 3,2 millions d’habitants restés au pays. Elle met largement la main à la poche pour pallier la faiblesse de l’économie - le montant de ses dons serait l’équivalent du budget de l’Etat - à l’instar de Charles Aznavour, célèbre chanteur français d’origine arménienne, considéré ici comme le sauveur de l’Arménie, où il a sa statue. Une belle place d’Erevan et un centre culturel de province portent son nom.

Lac de Sevan

En dehors de la langue, le ciment culturel du pays demeure la religion. L’église arménienne, qui appartient à la grande famille des chrétiens d’Orient, s’est séparée des églises grecques et latines dès le VIe siècle en raison, principalement, de leur désaccord sur la nature du Christ. Selon le dogme arménien, le Christ est Dieu à part entière et il minimise sa nature humaine. Les Arméniens ne reconnaissent pas l’infaillibilité du pape de Rome. Le chef de l’église arménienne est le catholicos, installé dans son patriarcat d’Edjmiatzine, non loin de la capitale. Il est le chef spirituel de tous les Arméniens du monde, excepté de ceux qui se réclament du catholicisme ou du protestantisme. L’attachement pour le rite arménien est très important. Malgré l’acharnement du régime stalinien à détruire tous les monastères du pays, un nombre considérable d’églises a survécu à la grande purge qui a visé le clergé dès 1926 et de nombreux jeunes gens assurent leur avenir dans les séminaires. Tous ces garçons en robe grise qui chantent avec ferveur aux offices des petites églises de campagne offrent un spectacle exotique aux visiteurs étrangers du pays.


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1 Message

  • Voyage en Arménie 12 novembre 2011 22:27, par Mardirossian Jean

    Bonjour

    j’ ai effectué un voyage en Arménie en 1995, alors que le pays était dans la misère, pas encore remis du séïsme de 1988.
    A cette occasion j’ ai rencontré des personnes, Arméniennes où pas, qui m’ont profondément marquées.
    J’ ai eu la chance de visiter tout notre Etat et j’ ai, pu admirer les monts ARARAT avec beaucoup de patriotisme et d’ émotion.
    J’ avais alors passé ma journée du 14 Avril dans le monument du génocide où j’ étais dans un état second, dominé par l’ empleur
    de la montagne de fleurs, à chaque instant plus importante, et le receuillement de toute la population.
    Je me permet de conseiller aux Arméniens ( d’ origine ) de tous pays de faire ce voyage.

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