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Titulaire d’un doctorat en Arts du spectacle obtenu à l’Université Paul Valéry de Montpellier en 2010
Titre de la thèse : L’Art du conteur en Iran
Initiation traditionnelle des naqqâl (conteurs)
La profession de naqqâl était autrefois l’aboutissement d’une tradition familiale ou d’une vocation précoce. Elle est aujourd’hui pratiquée par des personnes s’étant découvert une passion à l’écoute des conteurs et qui souhaitent s’y investir totalement. Il reste néanmoins des naqqâl ayant hérité de cette tradition depuis plusieurs générations. Que les conteurs s’inscrivent dans un héritage familial ou qu’ils le soient devenus par vocation tardive, ils suivent (...)
Par tradition, depuis l’Antiquité, les poèmes épiques se transmettaient oralement de génération en génération par les ménestrels ou conteurs sans être véritablement consignés par écrit. Leurs contes s’inspiraient des histoires et légendes de différentes origines telles que le Khodây-Nâmeh (Livre des Souverains), collection de chroniques sur la dynastie sassanide qui régna en Iran du IIe siècle après J.-C. jusqu’à la conquête arabe. Ils se sont également inspirés de récits séculaires provenant d’autres sources historiques écrites en langue dari, pahlavi ou arabe.
Origines du conte en Iran (3)
Une tradition ininterrompue de ménestrels a existé dans l’Iran préislamique, qui incluait des narrations de sujets légendaires nationaux. Beaucoup de ces histoires semblent être centrées sur le roi et les héros de l’ancien Iran ou sur de simples anecdotes. Le conteur pouvait susciter l’attention du roi et rassembler des foules populaires de façon informelle. Après la conquête arabe, le récit oral de vieilles histoires iraniennes s’est poursuivi alors que leurs adaptations écrites étaient remodelées en de nouvelles formes plus adaptées aux goûts littéraires importés par les Arabes. Les spectacles ont évolué et ont acquis, malgré ces remaniements, une grande popularité auprès du peuple.
Origines du conte en Iran (2)
Mutation culturelle
La difficile conquête arabe de l’Iran a mis fin à la pratique de la religion zoroastrienne instaurée sous les Sassanides. Les Iraniens se sont pliés aux nouvelles coutumes de la religion musulmane mais ont conservé leurs traditions culturelles ancestrales qu’ils ont adaptées pour les rendre conformes à ce nouveau mouvement religieux. C’est ainsi que la pratique de la représentation picturale a pu, malgré l’interdit islamique qui la frappait, demeurer intacte grâce à une (...)
Origines du conte en Iran (1)
Pour parler des origines du conte en Iran, il est nécessaire de revenir à la source de la transmission des légendes par le peuple iranien à travers les siècles. L’Iran a connu de nombreux événements remarquables pendant sa très longue histoire et les populations et civilisations qui se sont succédées ont contribué à bâtir et enrichir un matériau légendaire qui a représenté une source fabuleuse pour les conteurs, poètes et écrivains. Les légendes relatives aux rois et héros d’Iran dans l’antiquité sont à (...)
Pendant des siècles, les Iraniens ont bu du café et ne connaissaient pas le thé. C’est pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, les salons de thé ont conservé le nom de qahveh-khâneh, c’est à dire « maison de café ». Avec la domination des Ottomans sur les territoires de l’ouest et les tensions qu’elle occasionna au niveau des approvisionnements, il y eut une pénurie de café en Iran. A cette même époque, l’Iran et l’Inde entretenaient de bonnes relations commerciales et les marchands des deux pays commencèrent à (...)
Rédaction des tumâr
Depuis plusieurs siècles, mais surtout à partir de l’époque safavide, le récit des contes en Iran était une profession d’initiés. Parmi les naqqâl (conteurs), les plus instruits acquéraient une réelle réputation de maître et ils étaient régulièrement sollicités à la cour des sultans. Ils reprenaient ou créaient des histoires sur les récits historiques et composaient des rouleaux de parchemin pour les diffuser ensuite à leurs élèves. L’écriture du rouleau de parchemin leur était nécessaire (...)