Kathy Dauthuille

10 articles

  • Sur un tapis d’Ispahan (10)

    Kathy Dauthuille N° 123, février 2016

    XVI suivi de Les noces
    L’odalisque est venue
    à la rencontre des époux
    pour les mener vers leur chambre.
    Elle ouvre les grilles de bronze
    d’où les eunuques s’éloignent.
    Flotte une odeur d’opium
    qui se fait sentir fortement
    derrière les rideaux d’ambre.
    Sur les bas-reliefs des salles,
    apparaissent diverses figurines
    dont Asmodée, le rejeté,
    qui s’envole par une fenêtre.
    Des pendeloques cliquettent,
    des chuchotements couvrent
    de furtifs glissements.
    Un déclic savamment caché
    actionné par un (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (9)

    Kathy Dauthuille N° 122, janvier 2016

    XV Le pendentif ou Le pavillon des Roses
    Sur ce, Omid vêtu de carmin,
    est venu vers Rostam
    et lui tend un parchemin.
    – Tu es invité aux noces
    et nous allons de suite
    au « Pavillon des Roses ».
    – Des noces ! Quelle surprise !
    Quelles en sont les personnes ?
    – Celles de Chirine et d’Iskander.
    – Mais je viens de les voir passer !
    – Ami, n’as-tu donc pas vu
    qu’ici le temps n’existe plus !
    Ils découvrent alors étonnés
    les colonnes élancées
    et les fines voûtes régulières
    de ce pavillon (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (8)

    Kathy Dauthuille N° 121, décembre 2015

    XIV Les bordures ou Les enceintes
    Toujours muni de sa plume,
    le patient héros continue
    de découvrir pas après pas,
    toute la sublime création.
    De la bordure,
    il voit les portes ;
    celles qui ouvrent
    chaque quadrillage
    et celles qui indiquent
    chaque point cardinal.
    La bordure est droite ;
    elle trace sa route
    sur le pourtour ;
    elle est l’enceinte
    du jardin clos,
    la fenêtre étroite
    sur le monde.
    Elle donne l’équilibre
    à toute la création
    et permet de joindre
    toutes les cours.
    De (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (7)

    Kathy Dauthuille N° 120, novembre 2015

    XII Le médaillon ou La fontaine
    Rostam, muni de sa plume
    et non accompagné du passeur
    arrive au cœur du jardin,
    tout à coup libre et solitaire.
    Au centre de la création millénaire
    se trouve le médaillon.
    Là où naît la vasque d’albâtre,
    là où naît le jet de la source,
    là où naît l’illumination.
    La fontaine n’est gardée
    par personne ;
    car qui est passé
    par les quatre carrés
    est digne de s’abreuver
    en toute liberté.
    Alors le jardin féerique
    devient tapis magique
    et mandala de plantes
    se changeant (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (6)

    Kathy Dauthuille N° 119, octobre 2015

    X Le quatrième carré ou Le jardin de l’ouest Simorgh
    Rostam voit Omid
    qui l’attend devant le portail.
    Sûr de lui, il lui tend la plume
    que Simorgh lui a offerte.
    – Tu arrives justement
    en la demeure du dieu,
    dit le gardien du lieu.
    – Puis-je le saluer ?
    – Certainement, avance.
    – Je savais bien
    que je le retrouverais.
    Au jardin de l’ouest,
    se trouve la demeure
    du fabuleux oiseau.
    Il vit dans une volière ouverte,
    au royaume souverain
    des « anges-de-la-lumière ».
    Il descend en volutes (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (5)

    Kathy Dauthuille N° 118, septembre 2015

    VIII Le troisième carré ou Le jardin du sud Nastaram
    Voici que Nastaram
    entre discrètement en jeu
    dans la troisième case ;
    elle se présente vêtue
    d’une longue tunique ivoire
    assortie d’une coiffe pointue
    et d’une écharpe légère
    couleur de l’arc-en-ciel.
    Quand son corselet de fin velours
    fut ajusté devant le miroir,
    son regard se perdit au loin,
    vers la chaîne enneigée d’Elbourz.
    pour revenir au pavillon
    de la prison dorée où vit la cour.
    A toute heure du jour ou de la nuit,
    elle explore le (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (4)

    Kathy Dauthuille N° 117, août 2015

    VI Carré médian ou Le dais du Vizir
    Devant le portail,
    Rostam est arrivé ;
    il reste immobile
    en compagnie d’Omid.
    Devant le pavillon du Vizir,
    il contemple l’étoile Polaire
    qui est clouée au-dessus
    du soyeux dais damasquiné.
    Diverses tentures soyeuses
    dessinent des courbes,
    des plis, des vagues
    qui s’envolent soudain,
    emportées par les vents
    gorgés de sable et de fleurs.
    Et d’un seul coup le silence
    est tombé comme glisserait
    le sable d’un sac posé
    sur un animal à l’arrêt ;
    un (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (3)

    Kathy Dauthuille N° 116, juillet 2015

    V Le deuxième carré ou Le jardin de l’est Azâdeh
    La porte du jardin de l’est
    est gardée par un monstre ;
    aussi, Omid le passeur
    le connaît et conseille
    tout digne visiteur.
    – Là se trouve le dragon
    qui vole et qui rampe ;
    il a l’œil aux aguets
    et sa queue gigantesque
    est garnie de flèches.
    Des iris dentelés
    l’encerclent de façon serrée,
    et l’on ne peut
    que distances garder.
    – Tu fais bien de me préparer ;
    aussi, je vais lui parler.
    Rostam s’adresse doucement
    à la bête qui est dressée,
    lui (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (2)

    Kathy Dauthuille N° 115, juin 2015

    III
    Le premier carré
    ou
    Le jardin du nord
    La rencontre avec le Sage
    Devant le jardin du nord,
    l’attend le patient Omid,
    le passeur de l’espoir,
    dont le turban moiré
    est savamment tressé.
    – Quelle est la formule ?
    Demande-t-il au voyageur.
    – « La Vallée-qui-réjouit-le-cœur »
    – Tu as bien répondu,
    je te laisse entrer.
    Dans la longue bande
    apparaissent disposés
    tous les carrés ;
    il ne te restera plus
    qu’à progresser.
    Omid tient un plateau rond
    sur lequel se dresse, altière,
    une aiguière (...)


  • Sur un tapis d’Ispahan (I)

    Kathy Dauthuille N° 114, mai 2015

    Exergue
    « Le rossignol est venu au jardin, les corbeaux se sont enfuis ; Allons au jardin ensemble, ô flambeau de mes yeux. Comme le lys et la rose, épanouissons-nous dans l’extase ; Comme l’eau qui court, courons de jardin en jardin. »
    « Aux jardins il y a mille belles aux visages lunaires, Il y a des roses, des violettes qui sentent le musc, Et cette eau qui tombe goutte à goutte dans le ruisseau, Tout est prétexte à méditation… il n’y a que Lui… que Lui. »
    Rumi
    Introduction
    Sur le sable gris, (...)