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Patrimoine afghan, d’une histoire impossible à une identité retrouvée ?

29 janvier 2010, 21:21, par zafar paiman archéologue

Sixième campagne d’activité archéologique (fouilles et protection)
sur le site de Tepe Narenj, mai/juin 2008
L’Opération de cette année à Tepe Narenj s’inscrit dans la continuité du programme de
fouilles et de protection de l’année 2007. Le site se situe dans la partie sud de la vieille ville
de Kaboul, plus précisément au sud de la citadelle historique, qui date elle-même du 5ème
siècle de notre ère. Il domine le Qol-e-Hashmat Khan , l’un des anciens lacs naturels de
Kaboul, mentionné dans les textes historiques, entre autres dans le Bâbur Nâma, au 16ème
siècle.
Charles Masson, agent politique et explorateur féru d’archéologie et de numismatique, fit
mention de ce site monastique, lors de son séjour à Kaboul, dans les années 1830, mais sans le
citer nommément. Il s’y rendit coupable de pillages dont nous avons pu constater les dégâts
sur la partie haute du site, durant les précédentes campagnes.
Le monastère bouddhique de Tepe Narenj, construit sur le flanc d’une montagne nommée
Koh-e-Zanbourak (la montagne de petite la guêpe), se trouvait en bordure d’une des
anciennes routes commerciales qui reliait autrefois Kaboul à l’Inde, en passant par l’actuel
Logar et Gardez. Ensuite, les caravanes depuis la dernière ville, se dirigeaient sud vers Khost,
ou par la route de l’est passaient au pied de la colline de Mirzaka ( où à cette endroit qu’a été
découvert le fameux trésor, qui se trouve actuellement au museum Miho en Japon) puis
Purshapoura c’est-a-dire Peshawar. Il était suffisamment éloigné du centre de la ville pour que
le calme des moines de ce monastère royal soit assuré (photo 1-2).
Depuis 2004, le site a fait l’objet de plusieurs campagnes de fouilles, sous ma direction, avec
l’aide scientifique et matérielle de l’Institut afghan d’archéologie. Ces campagnes nous ont
permis de mettre au jour un complexe bouddhique comportant 5 chapelles orientées
nord/sud, contenant des sculptures en argile, un grand stupa mesurant 10,60m de côté, des
cellules de prière, un ensemble de 5 stupas circulaires de diamètres divers, 3 socles en pierre,
qui supportaient des statues monumentales ainsi qu’en témoignent les pites de 70cm d’un
bodhisattva ?, et une pièce circulaire sans doute une salle de réunion comportant un foyer, en
sont centre.
Photo 1-2, Site de Tepe Narenj vue avant le lancement de fouille en 2004 (à gauche), en 2008 (à droite)
( photo Z. Paiman )
Plan général de Tepe Narenj
L’ensemble du site peut donc être divisé provisoirement en 8 groupes de constructions
s’étendant d’ouest en est, sur une longueur de 240 m et une largeur de 40 à 50 m par
endroits :
1- La salle de réunion.
2- Les stupas circulaires.
3- Les socles et les grands pieds.
4- Le grand escalier entre les chapelles et les socles.
5- Les chapelles.
6- Le grand Stupa
7- Les cellules et la grande terrasse en contrebas.
8- Les niches (période islamique ?) également en contrebas.
Comme les années passées, nous avons consacré deux jours à nettoyer l’ensemble du
site, et à enlever les bâches de protection que nous avions disposées au-dessus des murs et
des chapelles, à la fin de la dernière campagne.
Notre activité durant cette campagne de 2008 a porté sur les points suivants :
1- Consolidation et restauration des sculptures les plus fragiles (photos 3-4).
2- Construction d’une toiture au-dessus de la salle circulaire (salle de réunion) et
protection (photos 5-6).
3- Fouille du côté nord des socles et la consolidation des grands pieds de 70cm (photos 7).
4- Protection et délimitation de l’ensemble du site par une clôture métallique.
5- Sondages pour trouver le chemin ou l’escalier d’accès reliant la partie basse, où se
trouvent les niches et la partie haute du monastère.
6- Ouverture d’un nouveau chantier sur le site de Qol-e-Tut.
Photo 3, la restauration des statues fragile de la chapelle 4 (photo Z. Paiman )
Photo 4, restauration des statues fragile de la chapelle 3 (photo Z. Paiman )
photo 5, vue générale de la partie haute du site et
le toit en tôle (vues de côté nord) (photo Z. Paiman )
Photo 6, les cellules et la salle de réunion avec son toit en tôle (photo Z. Paiman )
Photo 7, Le socle aux pieds découvert en 2007 (à gauche), les pieds après la restauration 2008 (à droite)
(photo Z. Paiman )
Photo 8, Le grand stupa 10,60m de côté vue de côté sud-ouest (photo Z. Paiman )
Photo 9, Tête de bouddha en stuc découverte en 2008 dans la chapelle 4 de tepe Narenj (photo Z. Paiman )
Zafar PAIMAN
Archéologue franco-afghan, INRAP, AIPRA
Responsable de fouilles à l’Institut afghan d’archéologie de Kaboul.
Membre du conseil administratif et scientifique de la SEECHAC (Société Européenne pour
l’Etude des Civilisations de l’Himalaya et de l’Asie Centrale).
Exe membre de la DAFA (de mars 2003 au mars 2005)

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