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La province du Kurdistan d’Iran s’étend sur plus de 28 000 km². Elle est limitée au nord par les provinces d’Azerbaïdjan de l’ouest et de Zandjân, à l’est par la province de Hamadân et une autre partie de la province de Zandjân, au sud par la province de Kermânshah, et à l’ouest par la frontière Iran-Irak. Les montagnes, les forêts, les lacs, les chutes d’eau et les villages rustiques embellissent cette région qui accueille chaque année de nombreux amateurs d’écotourisme. Des zones protégées y ont été délimitées pour pallier à la détérioration de l’environnement.
Le recensement de 1996 a dénombré plus de 1,3 millions d’habitants dans cette province, avec plus de 50% de citadins. Le centre administratif est la ville de Sanandadj. Les autres villes principales sont Bâneh, Bidjâr, Divândarreh, Ghorveh, Kâmyârân, Marivân, Saghez.
Sanandadj se situe à 512 km au sud-ouest de Téhéran, à 1480 m d’altitude. La ville actuelle date de l’époque safavide. Elle a été construite à proximité d’une ancienne ville qui existait depuis l’Antiquité et qui fut détruite au Moyen Age, probablement à cause d’un tremblement de terre ou de l’attaque des Mongols. La ville de Bâneh est située au nord-ouest de la province, près de la frontière Iran-Irak, à 262 km de Sanandadj. La Montagne آrbâbâ et les forêts avoisinantes donnent une beauté particulière à la région avoisinant cette ville. Bâneh est devenu depuis quelques années un centre de commerce du fait de sa proximité avec la frontière. Bidjâr est situé à 140 km au nord-est de Sanandadj, sur la route qui va de Sanandadj vers Zandjân. Cette ville est surnommée « le toit de l’Iran » du fait de sa très haute altitude. Les tapis et les kilims de Bidjâr sont très réputés. Le fort Ghamtchaghây, qui date du IXe ou VIIIe siècle av. J.-C., est situé à 45 km de cette ville. Ce fort est entouré de vallées profondes et constitue l’un des attraits touristiques de cette région. La ville de Divândarreh est située à 100 km au nord de Sanandadj. La belle région de Sârâl, prisée pour la beauté de ses paysages, est à l’ouest de cette ville. La montagne Tchehel Tcheshmeh, située au nord-ouest de Divândarreh, est visitée chaque année par de nombreux touristes et alpinistes. La ville de Ghorveh, située à 87 km à l’est de Sanandadj, sur la route qui va de Sanandadj à Hamadân, compte une source d’eau minérale, de nombreuses rivières et une plaine fertile ; ces éléments naturels ont été la cause du rassemblement de la population et de la fondation de cette ville il y a des siècles. La ville de Kâmyârân, située à 65 km au sud de Sanandadj, est dans une région montagneuse embellie par les sources d’eau, les cascades, les vallées, et les villages situés sur le pan des montagnes. Pâlangân est l’un de ces villages, situé à 47 km au nord ouest de Kâmyârân, à proximité d’une rivière qui rejoint le fleuve Sirvân. Les maisons du village sont en pierre. Elles sont construites en escalier, c’est-à-dire que le toit de la maison se trouvant au-dessous constitue la cour de la maison située au-dessus d’elle. L’actuelle ville de Marivân, située à 125 km au nord-ouest de Sanandadj, a été fondée il y a une centaine d’années. Le lac Zarivâr, les forêts des alentours et la beauté des paysages au printemps sont les atouts touristiques de cette ville située près de la frontière Iran-Irak. La création d’un marché frontalier a également contribué à l’essor de cette ville au cours de ces dernières années. La ville de Sarv-Âbâd, à 95 km à l’ouest de Sanandadj, est sur la route qui va de Sanandadj à Marivân. Cette région est réputée pour ses très beaux paysages, surtout au printemps, et ses villages, qui sont les plus typiques de la province ; l’un d’eux est le village d’Ourâmân-takht, situé au sud-ouest de la ville de Sarv-آbâd. La ville de Saghez, située à proximité de l’Azerbaïdjan de l’ouest, existe depuis l’Antiquité. Le site archéologique Ziwieh, à 55 km au sud-est de Saghez, témoigne de ce long passé ; les objets découverts à Ziwieh appartiennent au premier millénaire av. J.-C.
La province du Kurdistan est un pôle d’élevage en Iran, et une région importante quant aux productions agricoles et de miel. L’industrie n’y est pas très développée. Les productions artisanales de la province sont par contre réputées, diversifiées et existent depuis longtemps. On compte parmi elles le tapis, le kilim, et les chaussures en coton que l’on appelle guiveh.
La province du Kurdistan est une région montagneuse. Les montagnes, couvertes de vastes pâturages ou de forêts, sont entrecoupées par de larges vallées. Les plus hauts sommets sont Shâhou avec 3325 m d’altitude et Kouh-e Pir avec 3250 m d’altitude, situés tous deux au sud de la province, Tchehel Tchechmeh avec 3173 m d’altitude, situé à l’ouest de Divândarreh, Ghareh-dâgh avec 3120 m d’altitude, situé au nord de Bidjâr. Globalement, l’altitude augmente progressivement vers l’est et le sud de la province. La différence d’altitude entre la plus haute et la plus basse région est de 2400 mètres ; le mont Shâhou a en effet plus de 3300 mètres de hauteur, et la région آloute, située près de Bâneh, est à 900 mètres d’altitude. Les collines, les plateaux et les vallées, occupent près de 40% de la surface du Kurdistan. Les collines étaient couvertes autrefois de forêts de chênes. Les plateaux, situés pour la plupart au nord-est de la province, étaient utilisés autrefois comme pâturages ; ils sont actuellement utilisés comme champs agricoles.
Plusieurs rivières importantes telles que Sefid-roud, Zarrineh-roud, Khorkhoreh, Ghezel-Owzan, Sirvân, commencent dans les montagnes du Kurdistan. La rivière Sefid-roud s’achemine vers le nord, traverse la province d’Azerbaïdjan et se déverse dans la mer Caspienne. Les rivières Zarrineh-roud et Khorkhoreh commencent dans les montagnes Tchehel Tchechmeh, s’acheminent vers le nord, se rejoignent dans un lieu appelé Goudarz, puis se déversent dans le lac Orumieh. Ghezel-Owzan, l’un des plus grands fleuves du Kurdistan, commence également dans les hauteurs de Tchehel Tchechmeh. Le fleuve Sirvân, qui est formé de toutes les rivières du sud et du sud-ouest de la province, entre dans la province de Kermânshâh dans la région d’Ourâmân, rejoint le fleuve Alvand, arrive ensuite en Irak où il prend le nom du fleuve Dyâleh, et se déverse dans le Tigre. Le bord de ce fleuve est l’une des régions où les animaux sauvages se regroupent pendant l’hiver.
Au Kurdistan, la température est de 22 à 28 °C de mai à octobre. Il y pleut beaucoup pendant les deux premiers mois du printemps, et la nature est très verte à cette époque de l’année. La pluviosité est surtout importante dans les régions occidentales de la province, avec une moyenne de 800 mm par an dans les régions de Bâneh et de Mârivân ; elle diminue dans les régions centrales et orientales de la province, à cause de la barrière montagneuse. Le climat est sec pendant l’été et froid pendant l’hiver. Le nombre de jours par an où la température est au-dessous du zéro est de 160 jours à Bidjâr, 110 jours à Sanandadj et Kâmyârân, 113 jours à Saghez et Divândarreh, 85 jours à Bâneh et Marivân.
L’un des plus beaux sites naturels du Kurdistan est le lac Zarivâr, situé à 2 km à l’ouest de Marivân, à 1285 mètres d’altitude. Les dimensions de ce lac entouré de forêts varient selon les saisons ; il a en moyenne 4,5 km de longueur, 2 km de largeur et 3 mètres de profondeur. L’eau du lac, qui gèle pendant l’hiver, provient uniquement des sources d’eau douce situées au fond du lac-même.
Les forêts du Kurdistan sont parmi les plus importantes d’Iran ; leur étendue les place au deuxième rang national, après celles du bord de la mer Caspienne. Leur superficie est de 185 000 hectares dans la région de Marivân, 50 000 hectares dans la région de Bâneh, 78 000 hectares à l’ouest de Kâmyârân et au sud de Sanandadj, et 7000 hectares dans la région de Saghez. Les forêts de Bâneh et de Marivân ont une grande valeur écologique. On y trouve différentes espèces de chênes, des poiriers et des pommiers sauvages, des noyers, des pistachiers et des pruniers sauvages, ainsi que des amandiers et des griottiers.
Le parc national de Bidjâr, dont la superficie est de 31 000 hectares, a longtemps été la seule zone protégée de la province. Sa création date de 1971. Depuis une dizaine d’années, l’Organisation de la protection de l’environnement de l’Iran a axé sa politique au Kurdistan sur la protection de l’environnement, qui a subi de grandes détériorations pendant les huit années de guerre Iran-Irak. La zone protégée de Badr et Parishân dans la région de Ghorveh, avec une superficie de 37 000 hectares, la zone protégée de Abdol-Razzâgh à Saghez, avec plus de 40 000 hectares de superficie, et la région de Koussâlân et Shâhou, située entre Kâmyârân, Marivân et Sarv-âbâd, avec plus de 57 000 hectares de superficie, sont les résultats concrets de ces mesures de protection de l’environnement. Ces zones protégées sont le lieu de vie d’animaux spécifiques de la région, tels que les béliers et les brebis arméniens, et d’espèces rares, en danger d’extinction, tels que le cerf jaune iranien. Vivent également dans ces zones des ours bruns, des panthères et des chèvres sauvages, ainsi que des loups, des sangliers, des renards, des hyènes et des chacals. Ces zones protégées sont aussi le lieu de vie de nombreuses espèces d’oiseaux telles que des perdrix, des canards sauvages, des aigles, des faucons, des rossignols, des piverts et des cigognes. Plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs y viennent également chaque année.
Les beaux paysages, les forêts, les villages, les sources d’eau minérale et les lacs de la province du Kurdistan sont autant d’atouts pour développer l’écotourisme dans cette région. Chaque année, de nombreux alpinistes viennent au Kurdistan pour escalader les montagnes de cette province. L’abondance de la neige pendant l’hiver permettrait également de créer des pistes de ski et de développer ainsi le tourisme tout au long de l’année. Ceci serait un moyen de donner un essor aux activités économiques de la province.
* Cet article est basé sur les livres et les articles suivants :
Zâre’i, Mohammad Ebrahim, Simâ-ye mirâs-e farhangui-ye Kordestân (Panorama de l’héritage culturel du Kurdistan), Ed. de l’Organisation de l’héritage culturel, Téhéran, 2002.
"Tavânmandi-hâyé ostân-e Kordestân dar zamineh-hâye mirâs-e farhangui va gardeshgari" ("Les potentiels de la province du Kurdistan dans le domaine de l’héritage culturel et du tourisme"), article publié sur le site officiel de la préfecture de Kordestân, à l’adresse www.ostan-kd.ir. Site consulté le 18 janvier 2010.
Le site de l’Organisation de la protection de l’environnement d’Iran, consulté le 20 janvier 2010, dont l’adresse est www.irandoe.org.
Un article sur la faune et la flore du Kurdistan, disponible sur le site de la Banque Melli Iran, à l’adresse www.bmi.ir. Site consulté le 24 janvier 2010.