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Imperceptiblement je tourne les interstices
Sur le vide qui dicte les masques de la présence.
J’interroge la présence sur la volupté du silence
Les astres ne me disent rien sur l’eau étale de la transparence.
Je contemple les voiles de l’absence
Sauveurs impertinents du souffle.
J’interroge les voiles…
La volupté charnelle des amarres se dilue dans le vide…
La question qui n’a pas de forme ne crie pas sa souffrance
La beauté insidieuse du souffle dans les voiles agite la passion
Je comprends alors que la question a l’âme du voile
Et tout le silence,
Toute la transparence
Toute la Présence.
Le vide est le voile de la Présence.
La présence est son Souffle…
Dérobées,
Dérobées aux temps
Offertes à la plaie-nitude.
Les vicissitudes
Qui capturent le sens
Qui masque l’origine
Qui paraphrase le masque
Et s’évadent dans l’opulence
Des gouttières…
Suis-je capable de boire les ressacs de la nuit
Sans penser au pointillé de l’encre
Dans les orbes du vide…
Liaisons absentes, auriges déchaînés
Que nulle fascination
Ne les fait succomber ?
L’encre n’est pas la nuit
Mais les ressacs qui ne dorment
Que fertilisés par le murex et la ponce…
A toi la cime
Hirsute de l’écharde
La tête des scholiastes
Mes orteils sont piqués par la vase
Et les nervures sont têtes dressées
Oeils en pitons
Buvant au calice arachnéen de la fin
Le calice sur la pointe la plus fine
De la nervure se corrode
Entre ses mains
Le dernier des fossiles
Frétille pour mourir.
La mort s’agite
Et aucune toile
N’embrasse la rosée.
Je ne souffre plus de TON voile
Mon être ne sommeille dans son attente
Qu’enveloppé de ma tempête
Et de TON éclair
TON voile est la monstrance
De ma nudité qui irrigue le néant
Désignée au tourment de la transe
A chaque tournant de mes fragments
Je suis la voix reliquaire des ronces
Je ne souffre plus de ton VOILE
Pourtant je ne m’y suis pas habitué
La distance écime l’éveil
Et le miroir suit les traces de ma nudité
Je ne souffre plus quand le sang du soleil m’éclabousse.
Tu ne souffres plus quand mon sang
ةclabousse ton VOILE
Je sais que LE SILENCE n’est que notre sang
Serti dans la mue
La mue une poussière inconnue sur le grain du vide.
Je ne souffre plus, la distance me hante
Plus que la souffrance.
Je m’oublie dans l’essorage de l’abîme
Occupé à ponctuer dans les sables
Les ombres irisées de l’infime.
J’habite trop profondément l’écorce de ma peau
Et mensonge mon idole
Qui prétend scander l’infini
Et retentir l’écho…
Apostat de la voix
L’idolâtrie de mes pelures ne me fascine plus
Et mon audace n’a plus la pesanteur du sel.
Je sais ! Je sais que
L’infini ne pâture pas la rancune
Mais supporte-t-il que je le renie
Un instant infini
Où je serai son pâtre ?
Supporte-t-il que je le quitte
Pour voir où finit dans l’oubli,
L’étoile filante du vide ?
L’infini n’a d’existence humaine
Que dans la passion du vide…
La contradiction.
Mon œil n’a plus le goût de sa mort,
Avide d’achromie libertine,
Je répudie la fécondité.
Quelle est cette fidélité travestie
Cette voix confuse du désir
Qui cultive dans l’ombre
L’ombre occulte
Qui sonde de formes imparties
Les effigies exaltées du temps
Le temps transi de sens
Effigies souveraines
Quémandant la cire des rites… ?
Poésie et silence !