N° 64, mars 2011

Entretien avec Alain Le Quernec, graphiste français


Minoo Khâni


Alain Le Quernec est né en 1944 en Bretagne. En 1962, après des études supérieures à Paris, il devient professeur de graphisme. En 1971 et 1972, il effectue une formation complémentaire en Pologne. Il est l’organisateur d’une série d’expositions sur le graphisme iranien en Europe : en 2002 à Echirolles (France), lors du Mois du Graphisme, l’exposition Un cri persan a lieu pour la première fois. On retrouve cette exposition notamment en 2003 à Chaumont et en 2008 à Genève, à l’occasion de la 22ème édition du Salon International du Livre, de la Presse et des Medias, grâce à la participation de l’association iranienne « 5ème couleur ». Fondée en 2001 à Téhéran, cette association réunit quatre graphistes iraniens reconnus : Majid Abbâsi, Sâ’ed Meshki, Alirezâ Mostafâzâdeh et Bijan Sayfouri.

Affiche de l’exposition Un cri persan en 2003 à Chaumont (France)

Comment avez- vous fait la connaissance du graphisme iranien ?

En 2002, Mortezâ Momayez m’a invité en Iran pour assister à la Biennale du graphisme iranien, c’est ainsi que je l’ai découvert.

Combien de fois avez-vous exposé vos œuvres en Iran ? Quel accueil le public et les critiques iraniens vous ont-ils réservé ?

J’ai exposé deux fois et je n’ai aucune idée de ce que pense le public. Je crois que les professionnels et les étudiants respectent mon travail.

Pouvez-vous m’expliquer l’exposition réalisée communément avec des graphistes iraniens et français en Iran et en France ?

J’ai exposé à 3 reprises le graphisme iranien. La première exposition du graphisme iranien en Europe a eu lieu à Echirolles, puis à Chaumont et enfin en Belgique. Ce fut à chaque fois un énorme succès.

Que pensez-vous du graphisme iranien et pourquoi ?

Le graphisme iranien a cela d’exceptionnel dans le fait qu’il allie modernisme et culture traditionnelle et développe une identité propre à l’époque de la mondialisation.

Les étudiants cultivent l’utopie que le graphisme est un art. Tant qu’ils croiront à cela, le graphisme iranien sera très fort. Sa force est due aussi à un de leurs prédécesseurs, Mortezâ Momayez qui, le premier, a créé ce souffle et ensuite à des jeunes artistes de grand talents comme Rezâ Abedini ou Majid Abbâsi (pour ne citer que ceux-là, mais il y en a d’autres) qui sont aussi d’excellents professeurs et qui entretiennent ce feu parmi les étudiants.

Bijan Sayfouri / 2e exposition de typographie iranienne / 2006

Quels sont ses points positifs ?

La qualité du graphisme iranien est mille fois supérieure à ce qui se fait dans cette région du monde.

Quels rapports peut-on établir entre le graphisme français et le graphisme iranien et entre les artistes des deux pays ?

Aucun rapport, ce sont deux mondes particuliers et différents. Vouloir les comparer serait totalement artificiel et sans intérêt. Le graphisme français est intéressant et le graphisme iranien aussi, mais ce serait stupide et opportuniste de vouloir établir une comparaison puisque tout les sépare.

Alirezâ Mostafâzâdeh / Exposition des œuvres de Mohammad Ehsâei / 2003

A votre avis, parmi les autres formes d’art, quelle place occupe le graphisme en France ? Pourquoi ?

Une toute petite part, mais elle devient un peu plus importante. En France, le graphisme reste toutefois un art mineur.

Quels sont les problèmes essentiels du graphisme français ?

Je suppose qu’il s’agit pour les graphistes de ne pas devenir les esclaves des agences de communication et de publicité. Garder son indépendance n’est pas facile.

Mortezâ Momayez / Première exposition de l’art graphique asiatique -Téhéran / 1978

Quelles sont les influences des logiciels graphiques ?

Il est impossible de survivre sans eux, donc il faut les employer, mais le logiciel qui transformera les imbéciles en génies n’a pas encore été inventé.

Sâ’ed Meshki / Soixante-dixième anniversaire de Mortezâ Momayez / 2006

Pouvez-vous m’expliquer quelle est l’influence du festival international de l’affiche et des arts graphiques à Chaumont sur le graphisme ?

Le festival de Chaumont n’est pas le seul, il y a aussi le mois du graphisme d’Echirolles ou la galerie Anatome à Paris. Ces lieux permettent aux graphistes et aux étudiants de se rencontrer. Ils sont importants pour le petit monde du graphisme. Ils les confortent dans leur désir de faire quelque chose de leur vie. Ils montrent des expériences venues d’ailleurs, et les recherches contemporaines, ils entretiennent l’espoir.

Majid Abbâsi / Exposition photographique de Sâdegh Hedâyat / 2001

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