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La province Markazi occupe une position centrale en Iran et avoisine les provinces de Téhéran, Ghazvin, Hamedân, Lorestân, Qom et Ispahan. Au niveau géologique, la formation de sa croûte terrestre, inégale et poreuse, remonte à l’ère quaternaire ou anthropozoïque. Elle longe le désert central d’Iran connu sous le nom de Dasht-e Kavir, et se situe au pied des plissements des chaînes montagneuses de l’Alborz et de Zâgros. C’est justement cette position stratégique qui explique les irrégularités de son écorce. Le niveau le plus bas de sa surface se trouve à Dasht-e Massileh, à Sâveh (950 mètres d’altitude), et son plus haut sommet se nomme le Shahbâz et appartient aux chaînes montagneuses de Râsvand (qui culmine à 3388 mètres de hauteur). La province Markazi est une région globalement montagneuse, marquée plutôt par ses monts et sommets, fameux, comme ceux de Zarand dans le nord, d’Intcheh-Ghâreh qui continuent jusqu’à Sâveh, comme les chaînes de montagnes de Ghareh-Châï qui accompagnent de toute leur longueur une rivière du même nom, comme Râsvand et Sefid-khâni dans le sud-est, Alvand-lakân dans l’ouest de Khomeyn, Haftâd-Gholleh (soixante-dix sommets) à Arâk et Koujeh à Tafresh.
Si la province Markazi jouit d’une riche diversité climatique, c’est justement grâce à sa situation géographique particulière qui fait qu’elle est à la fois en bordure de la montagne, du désert et du lac de sel, Hoz-e Soltân. Ce mariage de climat montagneux semi-désertique, tempéré et froid a généré une biodiversité végétale et animale singulière. De plus, outre ces éléments intérieurs, les vents en provenance de la mer Méditerranée et de l’océan Atlantique et des amas d’air à grande pression de l’océan Indien représentent des causes marginales qui malgré tout, renforcent le changement climatique, et par conséquent, écologique de la région. Compte tenu du dénivellement remarquable de la région, les précipitations changent énormément d’un point à un autre. Elles se manifestent souvent sous forme de neige dans les régions montagneuses et de pluies dans les régions moins hautes. Pourtant, les principales fournisseuses de l’eau nécessaire à la province sont les sources d’Emârat, d’Abbas-Abâd, de Panjali, d’Eskân, de Mahallât, de Sangestân et de Bolâgh qui procurent deux milliards et demi de mètres carrés d’eau potable à la province. Il faut noter que des rivières comme Ghareh-Châï, Gom-roud et Shahrâb fournissent également deux milliards de mètres carrés d’eau aux villes de la région.
Quant à la couverture végétale, la province abrite surtout des steppes désertiques riches en plantes sauvages et en herbes médicinales comme la santonine, la chicorée, l’astragale, la rhubarbe et l’épinard sauvage. Les régions plus montagneuses bénéficient de prairies vertes (environ 1,9 million d’hectares) propres au pâturage des troupeaux des nomades notamment ceux de la tribu Ghashghâï. Contrairement aux steppes sauvages, la couverture forestière de la province Markazi (hormis deux hectares de chênes sauvages) est due à la plantation artificielle de sapins, d’acacias et de tamaris, et ce sur plusieurs années et à proximité des villes et des zones industrielles.
La province Markazi compte également une riche vie animale, domestique et sauvage. L’élevage des animaux domestiques, notamment le mouton, le bœuf, le buffle, le chameau, l’âne, la mule et la volaille, est assuré comme il se doit par les paysans autochtones. Les animaux sauvages, de leur côté, habitent naturellement les zones intactes de la région, et vivent habituellement dans les steppes et les réserves naturelles qui ne manquent pas dans la région. Parmi ces derniers, on notera tout particulièrement la présence de la gazelle, du bouqueton, du chacal, du renard, du loup, du lièvre, de l’ours brun, du léopard, de la martre, de la tortue, de la perdrix, de la perdrix grise, et des oiseaux migrateurs comme le héron et l’oie auxquels l’adaptation avec l’écologie et le climat de la province Markazi a offert une morphologie et des capacités singulières.
Malgré sa part minime dans le domaine de l’écotourisme, la province Markazi détient un grand potentiel pour l’éventuelle exploitation des ressources naturelles, justement grâce à sa situation géologique et à la fusion de ses différents modes de vie animal et végétal. C’est pourquoi au-delà des attractions culturelles et historiques, elle peut offrir de nouvelles perspectives aux amoureux de la nature en investissant plus sérieusement cette branche du tourisme.
La province offre des paysages extraordinaires comme le désert Meyghân, les hauteurs de Shâzand, d’Astâneh, de Sarband, de Komijân et d’Hendoudar, la réserve de Haftâd-Ghollehs (soixante-dix cimes), les montagnes, les vastes steppes, les mines de pierres, les marais et les sources naturelles qui valent vraiment le détour. Parmi ces derniers, le désert ou le lac Meyghân mérite une mention particulière. En effet, ce lac de sel et d’argile, situé au nord-est de la ville d’Arâk, dans la région de Farahân-Soflâ, se remplit d’eau grâce aux précipitations abondantes de la saison humide, offrant ainsi une verte image d’elle-même, qui disparaît cependant dès l’arrivée de la saison chaude (à cause de la vaporisation excessive de l’eau). Ainsi, en été, il se transforme en marais salant, laissant ainsi apparaître des collines blanchies de sel qui brillent à l’aube et au crépuscule sous les rayons dorés du soleil. Autour du lac ont également poussé des plantes autochtones extraordinaires, telles que le ghareh-dâgh, dont les rameaux se répandent sur les sables en les protégeant contre les vents violents. Le désert de Meyghân possède également une des mines les plus importantes de sulfate de sodium du monde dont la réserve est estimée à quarante-cinq millions de tonnes, une fois entièrement exploitée.
Au point sud du croisement des villes d’Arâk, de Malâyer et de Shâzand et au-dessus d’une vaste vallée verte, coule une source d’eau limpide et fraîche toujours prête à revivifier les voyageurs fatigués. D’après les habitants de la région, l’eau de cette source, connue sous le nom de Chepeghli, est à ce point agréable à boire et salutaire pour le corps, qu’il faudrait sans hésiter la baptiser « source sainte ». Riche en calcium et en fluor, elle aurait la capacité de guérir des maladies du foie, des reins et de la peau, et serait un remède contre l’ostéoporose et les caries. Les voyageurs s’y arrêtent souvent pour quelques heures et profitent de l’air frais, de la verdure et du calme de la vallée et remplissent leur bouteilles avec l’eau qui jaillit du cœur de la montagne, avant de se remettre en route. Grâce à son emplacement au pied des chaînes montagneuses d’Alborz et de Zâgros, la province Markazi bénéficie également de sources d’eau minérale qui accueillent les touristes d’Iran, et sont prisées surtout pour leurs effets contre les maux articulaires et musculaires. Parmi ces sources, on peut évoquer celles de Hakim, de Gavâr, d’Eskân, Soleimâni, de Shafâ et celle d’eau chaude de Mahallât.
La grotte de Hizdadj se trouve à proximité du village du même nom, au nord-ouest de la montagne Ghouzi-Gheshlâgh, et à 6 km de la forteresse de Djough. L’entrée de la grotte donne sur une forteresse abandonnée. Ce qui fait de cette grotte un lieu unique sont ses grandes stalactites étonnamment lisses.
Outre cette grotte, il y a également une autre grotte sur les hauteurs du sommet Shâhzand, lui-même appartenant à la chaîne montagneuse de Râsvand, qui porte le nom de Keykhosrow en l’honneur du grand roi mythique iranien, fils de Siâvash et petit-fils d’Afrâsiâb, mentionnés à foison dans le Shâh-Nâmeh (Livre des rois) de Ferdowsi. Eu égard à son importance mythique et religieuse, elle est sacrée pour les zoroastriens qui s’y rendent chaque année des quatre coins d’Iran et de l’Inde pour accomplir leur pèlerinage. On a également gravé sur les murs de la grotte les noms des héros mythiques iraniens comme l’archer Poulâd, et Siâvash Shahryâr.
D’après certains croyants de la religion zoroastrienne, cette grotte entretient un lien spirituel avec l’emplacement exact du temple du feu « Azar-Goshtâsb », le plus grand temple du feu du monde dont on estime l’ancien emplacement quelque part près de la grotte. D’autres grottes de la province Markazi méritent également d’être citées et visitées, notamment la grotte artificielle de Ghal’eh-Djough (forteresse de jough) à proximité du village Chehr-Ghân, la grotte Souleh-khounzâ, à deux entrées, située près du village Shams-Abâd, la grotte et la glacière Sefid-Khâni dans le sud-ouest d’Arâk et la grotte de calcaire Assili dans le village Amân-Abâd.
Cette densité de présence animale, végétale, historique, traditionnelle et culturelle n’est pas propre à la province Markazi. L’Iran, grâce à son histoire, contient d’innombrables « surprises » naturelles et culturelles. Heureusement, le tourisme culturel permet en partie de protéger et de faire connaître ces trésors historiques aux iraniens et au monde entier. Pourtant, on ne connaît malheureusement pas assez les ressources naturelles de ce pays, et dans le cas contraire, celles-ci ne sont pas valorisées autant qu’elles le méritent. Leur présentation constitue l’une des lourdes tâches de l’écotourisme iranien.