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- Jardin des grenades, Sâveh
- Photo : J. Mirsâdeghi
Le nom de « Sâveh » ne semble pas être mentionné tel quel dans les documents préislamiques, pourtant l’existence de vestiges datant de la période des Sassanides prouve que la région était prospère avant l’islam.
Dans un récit islamique lié aux triples signes extraordinaires de la naissance du Prophète de l’islam, le nom de la ville a été pourtant mentionné : 1) l’effondrement de la voûte du palais de Ctésiphon, capitale mésopotamienne des Sassanides, 2) l’extinction inattendue des feux dans le plus grand temple des Zoroastriens à Estakhr (Province du Fars), 3) l’assèchement du lac de Sâveh.
Après l’islamisation de la Perse, Sâveh devint vite un centre du sunnisme chaféite, mais à partir du XIIe siècle, les Ismaéliens étendirent leur influence dans diverses régions iraniennes dont Sâveh où les habitants se convertirent progressivement au chiisme. La ville fut dévastée par les envahisseurs mongols au XIIe siècle. D’après l’historien Yâghout Homavi, les Mongols incendièrent la grande bibliothèque de Sâveh qui était vraisemblablement équipée d’un observatoire. Sâveh fut reconstruite plus tard et les notables de la ville dont Zahireddin Savodji et son fils en firent reconstruire les fortifications au XVe siècle. Le voyageur vénitien, Marco Polo cita le nom de Sâveh dans la relation de ses voyages, Livre des merveilles du monde.
Situé dans le nord de la province Markazi, Sâveh est le chef-lieu d’un département du même nom, le plus vaste de la province (8855 km²). Selon le recensement national de 1996, le département comptait 223 429 habitants, soit 17,5% de la population de la province Markazi, bien qu’il représentât à lui seul 30% de sa superficie. La population est à 53% urbaine et se répartit dans les cinq villes du département : Sâveh, Zâvieh, Gharghâbâd, Ma’mounieh, Nobarân.
La ville de Sâveh se situe à une altitude de 995 m par rapport au niveau de la mer, et se trouve à 152 km d’Arak, capitale de la province. Or, Sâveh est plus proche de Téhéran (142 km) que la capitale provinciale.
A proximité du grand désert central du plateau iranien (kavir), le département de Sâveh est caractérisé en général par un climat chaud et aride. Le taux de la pluviosité est faible (autour de 213 mm par an). Le département est couvert de vastes plaines. Dans les plaines du sud du département, le sol est plus fertile et plus favorable à la culture et au jardinage. Les hauteurs sont plus denses dans l’ouest du département. Le point culminant du département est un sommet de 2 930 m à l’ouest de Râzeghân.
Le département de Sâveh est arrosé par la rivière Ghara-tchaï. Cette rivière dont les sources se situent dans la province voisine, Hamedân, traverse le département de Sâveh de l’ouest à l’est. Le nouveau barrage hydraulique de Sâveh (Al-Ghadir) a été construit sur cette rivière, sur l’emplacement du vieux barrage de l’époque de l’empereur safavide, Shâh Abbâs le Grand.
Le bazar de Sâveh est un complexe historique qui réunit en son sein plusieurs éléments de l’urbanisme traditionnel iranien : une ancienne mosquée (Mosquée Rouge), une citerne, deux mausolées de saints (Imâmzâdeh Yahyâ et Imâmzâdeh Seyed Abou Rezâ, tous deux des descendants des Imâms chiites). Le bazar couvert est une construction en brique. Il comprend un couloir principal et douze passages secondaires. Le complexe historique du bazar a été répertorié dans l’inventaire du patrimoine national iranien en 1976.
La Grande Mosquée de Sâveh est l’un des monuments les plus anciens et des mieux conservés des premiers siècles de la période islamique en Iran. Le monument est, en fait, une collection des arts anciens : architecture, peinture murale, calligraphie, céramiques et ornements en plâtre. La construction de la Grande Mosquée date du XIIe siècle, sous l’empire des Seljoukides, les grands bâtisseurs de la période islamique en Iran. Cependant, les vestiges découverts dans la Grande Mosquée de Sâveh ont prouvé qu’elle avait été construite avant cette date et que la mosquée se situait sur l’emplacement d’un temple zoroastrien de l’Antiquité préislamique.
En effet, les archéologues ont découvert un bâtiment en brique au sud de la Grande Mosquée qui faisait partie du bâtiment d’un temple de feu zoroastrien. Après l’invasion arabe au Ve siècle et l’islamisation de la Perse, les populations devenues musulmanes, essayaient de conserver les lieux saints anciens en les transformant en mosquée et lieux de culte musulmans. Dans un livre consacré à l’histoire de Sâveh, M. Mortezâ Seyfi Tafreshi écrit : « Le bâtiment préislamique était sans aucun doute un temple du feu : au milieu, il y avait la salle principale où l’on conservait le foyer du feu sacré. La salle était munie de cheminées qui servaient à évacuer la fumée. La porte d’entrée de la salle était située vers le sud, et à l’opposé, il y avait une petite pièce où se plaçaient les visiteurs. A gauche et à droite, il y avait deux autres pièces où les mages se recueillaient pour la prière. »
La mosquée seljoukide, restaurée et développée plus tard sous les Safavides, est un monument somptueux : un grand dôme turquoise, deux grands iwans, plusieurs pièces de recueillement au sud, à l’est et à l’ouest d’une cour centrale, les minarets, et enfin la salle de prière principale avec ces deux précieux mihrabs indiquant la direction de La Mecque, l’un construit à l’époque des Seljoukides et l’autre ajouté plus tard par les architectes des Safavides.
Le dôme turquoise de la Grande Mosquée est visible partout dans la ville. Il est haut de 16 m et son diamètre est de 14 m. Le grand dôme porte des ornements en brique et en céramique. Sous les Safavides, de nouveaux ornements magnifiques en céramique furent ajoutés à ce dôme imposant, dont les calligraphies en brique évoquent le développement rapide du chiisme en Iran à cette époque. Les deux iwans de la Grande Mosquée constituent les façades du sud et de l’ouest de la cour centrale. Ces deux façades portent de simples ornements en brique, ce qui donne au monument son caractère majestueux.
A 8 km à l’est de Sâveh, sur l’autoroute Sâveh-Qom, on peut distinguer le caravansérail d’Abdolghaffâr Khân, construit il y a deux cents ans sur un terrain de 50×50 m à proximité du village de Bâgh-Sheikh. La façade principale du monument était dotée d’une tour de ventilation. Tout autour de la cour centrale, il y avait de nombreuses pièces destinées à loger les voyageurs. Derrière ces pièces se trouvaient les étables. A l’intérieur de chacune des pièces, un four était construit pour chauffer la pièce pendant la saison froide et pour que les habitants puissent y faire la cuisine. Le caravansérail avait été construit en brique, en pierre et en bois. Les façades intérieures du monument portaient de simples ornements en brique. Ce caravansérail a été catalogué dans l’inventaire du patrimoine national iranien en 1976.
La forteresse Ghiz-Ghaleh est sans doute l’un des monuments architecturaux le plus merveilleux des régions montagneuses iraniennes datant de l’Antiquité préislamique. Ghiz-Ghaleh, qui se situe au sommet d’une très haute falaise au sud de la plaine de Sâveh, comprend un palais et un temple à l’intérieur de la forteresse. Située près de la route reliant Sâveh à Hamedân, Ghiz-Ghaleh domine toute la plaine de Sâveh. La forteresse a été construite sur un terrain de 3000 m².
Le pont Sorkhdeh se situe dans le sud du département de Sâveh, sur la route qui relie le village de Yal-Abâd au village de Ghara-Ghaleh. Il fut construit entièrement en brique à l’époque safavide. Le pont qui traverse la rivière Ghara-tchaï, est construit de huit arches semi-circulaires en brique. Large de 4,5 à 5 m, ce pont est long de près de 70 m.
Le barrage hydroélectrique Al-Ghadir a été construit sur la rivière Ghara-tchaï à 25 km de Sâveh (150 km au sud-ouest de Téhéran). Le grand lac artificiel de ce barrage-réservoir a une superficie de 850 hectares. L’eau de ce barrage est utilisée pour assurer l’eau potable de Sâveh, l’irrigation des champs agricoles et la production de l’électricité.