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- Un caravansérail du village de Khorheh - Mahallât
- Photo : Omid Jafarnejâd
En Iran, la province Markazi n’est guère connue pour ses trésors archéologiques. Province moderne, elle est beaucoup plus célébrée pour la beauté de ses paysages, son climat pur et agréable de montagne, et son urbanisme, qui se montre en particulier dans la localisation de nombreuses industries dans la région. Quand on parle d’un changement de capitale, c’est toujours le nom d’Arâk, le chef-lieu de cette province, qui s’introduit dans la conversation. Cependant, l’Iran étant un paradis archéologique, aucune de ses provinces ne déchoit à la riche histoire nationale, et la province industrielle, certes, mais très urbaine du Markazi, mérite amplement l’étude plus poussée de sa richesse culturelle antique et moderne. Un simple survol de cette région permet alors la découverte de trésors archéologiques souvent ignorés, même des Iraniens.
Cette forteresse surplombe le village d’Ardamin, situé à 56 kilomètres de la route Sâveh-Hamedân. Elle comprend des salles intérieures, des iwans, des salles d’audience et des portes-vitraux ouvragés, ainsi que plusieurs tours. L’ensemble témoigne d’une architecture urbaine et nobiliaire.
Depuis l’intérieur, la façade est agrémentée de cadres rectangulaires de briques, alternativement blanchis à la craie. La plupart des décorations intérieures ont été détruites, en particulier dans les salles d’intérieur. Cette forteresse, ainsi que le panorama sur lequel elle s’ouvre sont parmi les plus beaux endroits du nord de la province.
Située à 9 kilomètres à l’est d’Alvir et sur la rive nord de la rivière Kharghân, l’essentiel de l’architecture et des décorations de cet ensemble surmontant une colline, est concentré sur une partie rocheuse. Les mosaïques, dont certaines sont rouges avec des dessins, sont datées du Ier au IIe millénaire av. J.-C.
Cette forteresse a connu plusieurs périodes d’habitation et de restauration. Construite en pierre, adobe et simples briques de terre ou émaillées, l’ensemble est daté de la période sassanide, mais la construction ou la restauration a duré jusqu’à l’époque safavide. Elle est située à côté du village d’Alvir à 70 kilomètres du nord-ouest de Sâveh, dans la région de Karaghân.
Ce bâtiment, situé dans la ville de Khomeyn, date de l’époque qâdjâre. L’ensemble est d’une architecture remarquable. Le style architectural, les décorations, l’espace intérieur, le squelette du bâtiment et les matériaux utilisés font du château un chef-d’œuvre. Selon les documents historiques, le domaine du château était largement plus étendu qu’il ne l’est aujourd’hui. Actuellement, l’ensemble est entouré des quatre côtés par de hautes murailles. La muraille sud comprenait autrefois une tour de garde décorative, qui servait de palais. Le bâtiment principal englobe une série de salles qui s’intègrent les unes aux autres, et qui sont séparées par des pans de murs décoratifs et des statues – uniques et n’appartenant pas à la culture régionale -, dont la présence étonne. L’une des salles est décorée avec des documents et des portraits appartenant à la famille Sâlâr-od-Dowleh, qui possédait le château. Devant chacune des salles se trouve un grand iwan relié au parc par deux escaliers, situés à ses deux extrémités.
La façade extérieure du bâtiment principal est décorée avec de belles colonnes en craie ouvragées et les ornementations des portes et fenêtres sont également très artistiques et originales.
Ce hammâm historique, construit il y a cinq siècles, est situé en plein cœur de la ville d’Astâneh. Parmi les particularités architecturales du hammâm, on peut notamment citer les plafonds arqués, les colonnes en pierre, les casiers à chaussures, les longs couloirs tortueux et intervertis, la séparation des grandes piscines hommes-femmes et finalement, l’éclairage grâce à des lanternes de verre, dont le combustible était un mélange de suie et de plantes sèches parfumées. Ce hammâm a été restauré en 1986.
Connu sous le nom de Bâzâr de Shams-o-Saltaneh, le bazar de Narâgh est parmi les beaux monuments architecturaux du XIXe siècle. Les murs du bazar sont en brique et le plafond arqué construit en brique double. Les portes des hojreh (magasins) sont toutes en bois finement décorées. De plus, au-dessus de chaque hojreh, il y a des chambres, destinées à l’origine au repos des caravaniers. Historiquement et architecturalement, ce bazar est un précieux monument d’époque, toujours en service. Malheureusement, aucun travail de restauration n’a jusqu’à aujourd’hui été planifié pour permettre la reconstruction et la préservation de cet ensemble.
Les rivières Kaleh, Mohâdjerân, Astâneh, Tireh et Roud Bozorg se rejoignent en un lieu nommé Do-Ab, pour former le fleuve Zarrin Roud (Ghareh-Tchâï). A l’époque safavide, un magnifique pont arqué de briques fut construit en ce lieu et servit durablement de voie de communication principale avec le sud-ouest iranien.
La ville de Narâgh comporte également des très belles bâdguirs en voie de destruction, vieilles d’environ trois siècles. Ces tours d’aération servaient à rafraîchir les réservoirs souterrains d’eau (sardâb), ainsi que les salles de séjour.
Cette région froide, comprenant sept bourgs, est située à 23 kilomètres au nord-est de la ville de Delidjân. De hautes montagnes, une campagne verdoyante et de très belles exploitations fruitières, ainsi que de nombreuses sources vives et cascades en font un excellent lieu d’écotourisme.
Ce monument est situé parmi les deux ruelles archéologiques de Tarkhourân et Fom et comprend un unique bâtiment en forme de tour. La tour est rectangulaire et sa fondation est en pierre. Le bâtiment lui-même est en pierre recouverte de craie. La coupole du bâtiment est une pyramide à 16 angles dont les mosaïques ont été détruites. L’intérieur de la tour est simple et la seule décoration, florale et ésotérique, est celle d’une porte à symbolique religieuse, construite en 1792. Selon l’auteur du Ganjineh âssâr-e Ghom (Le trésor des monuments de Qom), le bâtiment principal date du XIIe siècle. On ignore l’identité de la personne enterrée dans ce tombeau.
Cette école est l’un des plus anciens bâtiments de l’époque qâdjâre de la région. Elle a été construite à l’époque de Fathali Shâh Qâdjâr, en même temps que la ville de Soltân Abâd (actuelle Arâk) par Youssef Khân Sepahdâr. Le style architectural s’inspire quelque peu du style des écoles de l’époque safavide, cependant, les mosaïques et les décorations intérieures sont bien de style qâdjâr. Cet ensemble comprend une mosquée, un réservoir d’eau et une vaste cour intérieure dotée d’une piscine en pierre au milieu. Cette école est toujours l’un des centres d’enseignement théologique du pays et de nombreux guides religieux, tels que l’âyatollâh Khomeyni, l’âyatollâh Arâki ou l’âyatollâh Golpâyegâni y ont poursuivi leurs études.
Ce monument est situé près du village de Morâd Abâd à 14 kilomètres au nord est de la ville d’Arâk. Il est dit que le roi sassanide Shâpour Zol-Aktâf est passé par cette région pour aller à la guerre. En chemin, il rencontra le Maître et lui demanda de lui prédire l’issue des combats. Le Maître lui assura qu’il serait victorieux. Au retour, le roi prit le même chemin mais découvrit qu’entretemps, le vieillard était mort. Shâpour ordonna donc qu’on lui construise un mausolée. Le monument original disparu presque entièrement, un autre monument fut bâti sur les vestiges de l’ancien à l’époque seldjoukide.
Le bazar d’Arâk est l’une des plus anciennes parties de la ville et a été construit à l’époque de Fathali Shâh Qâdjâr. L’ensemble est équipé de toutes les infrastructures d’une ville telles qu’une mosquée, un hammâm, une école et un réservoir d’eau, et cette particularité en faisait un endroit "moderne" et possédant une architecture urbaine "de pointe". Il existait aussi, fait très rare, un système d’égouts, presque entièrement détruit aujourd’hui. Le matériau utilisé pour la construction de ce bazar était un mélange d’adobe, de briques de terre et de pierres. En raison des rénovations et réparations successives, la plupart des parties du bazar ne sont plus authentiquement d’époque. Le bazar s’étend en carreaux d’échecs, nord-sud et est-ouest depuis le centre. A l’origine, il était délimité des quatre côtés par quatre grands portails, qui ont tous disparu lors du développement de la ville. Le bazar comprend une vingtaine de caravansérails ou de timtcheh (ensemble de magasins rassemblés au même endroit et offrant généralement les mêmes produits), qui sont parmi les premiers bâtiments de la ville. Les plus célèbres d’entre eux sont les Sarây-e Aghâ’i, Sarây-e Ketâb-fouroushân, Sarây-e Nozari, Sarây-e Akbari et le Sarây-e Kâshâni.
Ce monument, l’un des plus beaux et finement décoré de la province, date de l’époque qâdjâre. Ce hammâm comprenait trois sections : la partie des hommes, celle des femmes et celle des minorités religieuses. Comme tous les hammâm où on utilisait de l’eau fraîche, il a été construit quelques mètres plus bas que le niveau de la rue. Les vestiaires du hammâm sont décorés avec de très belles mosaïques aux sept couleurs et le plafond arqué est soutenu par des colonnes torsadées en pierre, également décorées de mosaïques coloriées. Aujourd’hui, ce hammâm est devenu un musée.
Ce timtcheh est le seul survivant de l’antique bazar de la ville de Khomeyn. Situé dans un fossé octogonal, il comprend un joli plafond arqué. Le dôme extérieur du Timtcheh est couvert d’adobe. Cette partie a été construite avec des briques carrées. L’intérieur du dôme comprend des espaces et des formes de lucarnes destinées à permettre à la lumière de pénétrer à l’intérieur. Aujourd’hui, ce vieux timtcheh est laissé à l’abandon, économiquement et touristiquement, et ce fait est malheureusement à l’origine de la destruction lente qu’il est en train de subir.
Dans une petite région de l’ensemble des villages de Kamareh, on peut voir au loin de hauts bâtiments uniques dotés de petites meurtrières. La plupart de ces tours sont situées en plein milieu des champs et près des rivières locales. Ces pigeonniers se distinguent par une ligne en craie blanche dessinée tout autour de la tour, des quatre côtés et tirant vers le haut du bâtiment. Les agriculteurs de la région se servent depuis longtemps de ces pigeonniers pour l’engrais qu’ils produisent.
Ce monument est situé près du village de Khorheh, à 54 kilomètres au nord est de la ville de Mahallât. Des fouilles archéologiques furent menées dans cette région en 1955 sur décision du Comité archéologique iranien pour permettre la mise à jour de l’ensemble du bâtiment, pour pouvoir confirmer ou infirmer l’hypothèse de l’archéologue Herzfeld selon laquelle ce bâtiment aurait été un temple dédié à Dionysos. Lors de ces fouilles, un grand nombre de poteries et plusieurs pièces datant de l’époque séleucide furent mises à jour. Après les fouilles, on arriva à la conclusion que le monument de Khorheh était composé de trois bâtiments :
- le bâtiment principal au sud dont il reste des colonnes, des salles et la vaste cour originale.
- le bâtiment nord qui est relié au bâtiment principal par le sud ; cette partie comprend des salles et de longs corridors, ainsi qu’une grande salle rectangulaire qui devait être l’arrière-cour.
- Le bâtiment ouest, comprenant plusieurs salles petites et grandes. Le plan de ce bâtiment n’a pas encore été délimité avec exactitude.
Des études ethnologiques ont également été menées dans cette région, et les fouilles ont été reprises à partir de 1997. Les conclusions préliminaires infirment l’hypothèse de l’archéologue Herztfeld.
Ce temple, datant de l’époque sassanide, est situé à 5 kilomètres de la route Nimvar-Delidjân, près du village d’Atashkouh, à une distance de treize kilomètres de la ville de Mahallât. Bâti sur le même modèle que de nombreux temples de l’époque sassanide, il comprend une fondation carrée supportant un dôme (tchâhâr taghi). La fondation du bâtiment est raffermie des quatre côtés par des colonnes de pierre. L’ensemble comprend également des chambres couvertes et un iwan, où le feu éternel était allumé. Ce monument était parfaitement en l’état jusqu’au XIe siècle et l’historien Ibn Faghih Hamedâni l’a cité aux côtés des fameux monuments antiques Iwân de Kasrâ, Ghasr-e Shirin et le temple d’Anâhitâ à Kangâvar.
Situé dans la région de Karaghân à 70 kilomètres du nord ouest de Sâveh, ce site comprend de nombreux vestiges de terre datant des débuts de l’ère islamique.
Ce caravansérail, situé à 6 kilomètres à l’est de Sâveh, est l’un des beaux monuments de l’époque qâdjâre, comprenant un réservoir d’eau et une hosseynieh [1]. Son plan est rectangulaire et il comprend quatre iwâns, ainsi que quatre tours d’observation des quatre côtés. Il contient également un shâh-neshin [2] et de nombreux hojreh.
Ce pont de briques, qui enjambe la rivière Ghareh-Tchaï, est situé au sud de la ville de Sâveh, au kilomètre 13 de la route Yal Abâd-Ghozghal’eh. Le pont, construit en brique - tenues par un mortier utilisé en Iran et dans les pays limitrophes, le sârouj -, date de l’époque safavide. Il comprend huit sources dotées d’arches romaines et la hauteur du pont est d’environ 8 mètres. Le pont fait 70 mètres de long et de 4,5 à 5 mètres de large selon les endroits.
[1] Ensemble à caractère religieux, pouvant servir de mosquée ou de lieu de commémoration.
[2] Salle des demeures anciennes située à une hauteur plus élevée, destinée à accueillir les invités de classe sociale élevée.