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Mashhad-e Ardehâl est un village situé à 42 km de Kâshân sur la route de Niyâsar-Delidjân. Le mausolée de Soltân ’Ali, fils de l’Imâm Mohammad Bâqer, cinquième Imâm des chiites, se trouve à l’intérieur de ce village.
Ce mausolée date du sixième siècle de l’Hégire (dynastie seldjoukide). Selon les récits des habitants de cette région, Soltân ’Ali est tombé en martyr près de ce village avec une centaine de ses compagnons dans une bataille imposée par le gouverneur de la région qui se sentait menacé par l’influence de Soltân ’Ali sur la population de cette région. La date de son martyr est le 27 Joumada al-Thâni de l’année 116 de l’Hégire (3 août 734). Il avait deux enfants : Fâtemeh et Ahmad. Fâtemeh s’est mariée avec le septième Imâm, Moussâ Kâzem.
Selon les récits, un certain nombre des fidèles de la famille du Prophète de la province de Kâshân en Iran envoyèrent un émissaire nommé Amer Ibn Nasser Fini, à la tête d’une délégation chez l’Imâm Bâqer à Médine pour lui demander de leur envoyer un de ses fils afin de leur enseigner l’islam et les préceptes islamiques.
L’Imâm désigna son fils, ’Ali, un savant et combattant. Ce dernier, après être resté quelques jours dans le village de Jasb et avoir séjourné pendant un mois dans le village de Khâveh, arriva dans la région de Fine et de Kâshân. Il y fut très chaleureusement accueilli. Il devint l’imam de la grande mosquée de Kâshân et les habitants de la région venaient lui poser des questions au sujet de l’islam et aussi lui demandaient de régler leurs problèmes. Après avoir enseigné et fait de la propagande en faveur de la religion islamique, il devint très populaire et cette popularité déplut aux ennemis de l’islam. Si bien que selon un ordre du gouverneur de Ghazvin, ses ennemis lui imposèrent une guerre injuste ainsi que contre sa famille et ses compagnons au nombre de 101.
Après avoir massacré le fils de l’imam, les ennemis coupèrent sa tête et l’envoyèrent au gouverneur de Ghazvin.
Le lieu de la bataille se trouvait à 4 km de Mashhad-e Ardehâl à Aznâveh, et son corps est enterré dans ce petit village devenu un grand lieu de pèlerinage, ou plus précisément de ziyârat (visite pieuse) pour les fidèles du prophète et de sa famille.
La première personne qui construisit un mausolée sur la tombe de Soltân ’Ali fut Tâher Ibn Mohammad Ibn Hossein Behrouz en 145 de l’Hégire (763). Tout au long des siècles, ce mausolée s’est transformé, agrandi pour devenir depuis la victoire de la Révolution islamique, un grand mausolée très fréquenté surtout au moment de grandes manifestations religieuses.
Selon un des gardiens du mausolée, le défunt grand ayatollah Mar’ashi, lors de sa ziyârat à ce mausolée en 1962, descendit au sous-sol, là où personne jusque là n’avait pénétré et il y découvrit les dépouilles des compagnons du fils de l’Imâm. Chose surprenante, tous les corps étaient intacts.
Chaque année, une cérémonie importante a lieu à ce mausolée, le deuxième vendredi du mois de mehr (fin septembre-début octobre), célébrée par tous les habitants de la région et des régions avoisinantes. Lors de cette cérémonie religieuse, le tapis dans lequel le corps du fils de l’Imâm fut transporté (du champ de bataille à son lieu d’enterrement) est lavé à l’eau de rose.
Après l’assassinat d’Amir Kabir par les émissaires du roi qâdjâr Nâsseredin Shâh, son corps resta pendant quelques jours à Mashhad-e Ardehâl pour ensuite être envoyé en Irak où il y fut enterré. C’était la coutume à l’époque : quand des personnalités voulaient être enterrées dans des lieux saints comme Karbala, Nadjaf, Samara…, leur dépouille restait quelques jours dans un Imâmzâdeh pour être ensuite envoyée dans les lieux saints.
Seulement deux lieux importants de massacres d’Imâms sont enregistrés. Le premier est Karbala, lieu du massacre de l’Imâm Hossein, de sa famille et de ses compagnons. Le second est Aznâveh près de Mashhad-e Ardehâl. Sur l’importance de ce mausolée, un récit de l’Imâm Ja’far Sâdeq dit : « Les bienfaits de la ziyârat à Mashhad-e Ardehâl, sur la tombe de mon frère, sont comme la ziyârat à mon ascendant, l’Imâm Hossein à Karbala. »
Dans l’enceinte de ce mausolée, on peut trouver la tombe de Sohrâb Sepehri, poète contemporain iranien.
Sources :
Zodjâdji Kâshâni, Madjid, Hamâseh-ye Târikhi-e Mashhad-e Ardehâl (Epopée historique de Mashhad-e Ardehâl), Editions Sobhân, 1378 (1999).