La Tour Neghârkhâneh et la Forteresse Inândj, deux vestiges d’une époque révolue.

La Forteresse Inândj

L’histoire de Rey se scinde en deux périodes distinctes, préislamique et islamique. La plus importante ère historique de cette région est le règne des Seldjoukides. Originaires d’Anatolie, ils émigrèrent dans l’est de la Perse, dans la province du Khorâssân au Xème siècle. Ils se mêlèrent à la population locale et adoptèrent, dans les décennies suivantes, la culture et la langue persanes. Au XIème siècle, Toghrol Beyg Seljukide, le fondateur de la dynastie seldjoukide, prit le pouvoir et monta sur le trône à Neyshâbour. Quelques années plus tard, il conquit les villes de Gorgân, Tabarestân, Khârazm, Hamedân, Ispahan, Azerbaïdjan et finalement Rey.

Sous la dynastie seldjoukide, de nombreux monuments furent bâtis à Rey. Certains d’entre eux sont attribués à Toghrol Beyg et d’autres, à ses successeurs. Ces monuments toujours en place attestent du respect des Seldjoukides pour les arts, les sciences et la culture.

Tête en pierre d’un prince seldjoukide, XIIe siècle

La tour Neghârkhâneh, située à la même hauteur qu’un mont du même nom dans la ville de Rey, est la preuve de la protection qu’ils accordaient à cette ville. De forme octogonale, cette tour est située sur la pente sud du mont Neghârkhâneh. Il y a huit siècles, sous le règne seldjoukide, elle servait d’observatoire. A côté de cette tour se trouve un caveau qui mène au sous-sol du bâtiment. La façade, faite de petites briques blanchies par le passage du temps, a été enjolivée sur les bords de sa partie supérieure, mais rien ne reste de la forme et de la matière des éléments utilisés dans la décoration. L’architecture polygonale et les fines briques nettement placées rappellent le goût artistique de l’époque. En réalité, ce type architectural ressemble aux autres monuments bâtis à l’époque seldjoukide, dont la tour Toghrol et la forteresse Inândj à Rey, et la tour Alâoddoleh à Varâmine. D’après des fouilles archéologiques, cet endroit fut le tombeau d’une grande personnalité zoroastrienne de l’époque seldjoukide.

La Tour Neghâreh Khâneh

C’est en l’an 642 - an 22 de l’hégire -, que les villes d’Ispahan, Zandjân et Ghazvin furent conquises par les musulmans qui se rapprochèrent de Rey. A cette époque, le gouverneur de Rey était un noble, Siâvoch, fils de Bahrâm Djoïs, célèbre commandant et génie de l’armée sassanide. Suite à sa demande, les habitants de Tabarestân, de Gorgân et de Damavand vinrent à son secours et bientôt une grande armée fut mise sur pied. Finalement, les deux armées se déployèrent au pied du mont Neghârkhâheneh où la bataille décisive, qui se solda par un autre échec des Sassanides, eut lieu. Ainsi, ce mont fut exposé à maints événements, chacun enrichissant son dossier historique. Avoisinant cette tour, sur la pente du sud du mont Neghârkhâneh, se trouvait la forteresse en ruine d’Amir Inândj, bâtie par le gouverneur seldjoukide Inândj il y a huit siècles. Après sa mort, il fut enterré sur sa propre demande dans cette forteresse qu’il chérissait. Ce monument dodécaèdre a été bâti sur une fondation circulaire d’un diamètre de 36 mètres. Faite de pierre et de plâtre, la forteresse est à moitié enclose par des murs très hauts. Il y a quelques années, des excavations permirent la mise à jour de plusieurs tombes royales magnifiques appartenant à des membres de la dynastie des Bouyides. Après cela, la découverte d’autres indices tels que d’étranges tissus de grande qualité trouvés aux abords des tombes, suggéra aux archéologues que cette forteresse avait été transformée en cimetière royal au fil du temps.

Pourtant, de toute cette gloire, il ne reste rien, pas même assez pour que les habitants de la région remarquent l’existence de la forteresse et de ses glorieux défunts. Au coucher du soleil, la tour et la forteresse se renferment, ensemble, dans une solitude hantée par tout le lot des magnificences passées.

A suivre…


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  • La ville de Rey sous les Seldjoukides 3 juin 2012 15:51, par seldjuk

    Bonjour,
    Professeur d’histoire turque, j’ai lu avec intérêt votre article sur "La ville de Rey sous les Seldjoukides".
    Cependant dire que les Seldjoukides sont "Originaires d’Anatolie" dénote une méconnaissance grave de l’histoire élémentaire. N’importe quel manuel d’histoire, ne fuce que de l’école primaire, vous dira sans hésitation que Les Seldoukides sont originaires de l’Asie centrale et non d’Anatolie qui est devenu leur pays après près d’un siècle de présence en Iran.
    Merci de corriger cette erreur grave.
    Bien à vous.

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