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La province de Yazd est souvent citée pour sa population zoroastrienne. Cependant, c’est aussi l’un des bastions du chiisme iranien et sa population est très religieuse. Ainsi, les cérémonies et les coutumes religieuses islamiques y sont également remarquables.
La majorité des habitants de la province est chiite duodécimaine. Les us et coutumes de la région sont donc profondément marqués par les éléments de la culture religieuse, tant pour les fêtes familiales et les noces que pour les fêtes publiques comme Norouz (nouvel an iranien, 21 mars), l’Aïd-e Fetr (marquant la fin du jeûne du mois de Ramadan), la fête de Ghadir Khôm (désignation par le prophète Mohammad de l’Imâm ’Ali comme maître des croyants et son successeur), l’anniversaire du Prophète et des Imâms chiites, surtout l’anniversaire du Douzième Imâm, l’Imâm du temps (le 15 du mois de Sha’bân).
Lors de ’Ashourâ (10 du mois de Moharram), qui commémore le martyre de l’Imâm Hossein et de ses compagnons, les chiites de Yazd portent des grandes ossatures de bois appelées nakhl (littéralement : palmier). Cette grande ossature symbolise le cercueil du vénéré Imâm Hossein. Pour les cérémonies de l’Ashourâ, le nakhl est entièrement couvert de tissus noirs et orné de centaines d’épées ainsi que de poignards. Le nakhl est porté sur les épaules des fidèles qui le font tourner trois fois autour de la place, avant de le remettre doucement à sa position initiale. Cette cérémonie est spécifique de Yazd et n’est pas en usage dans les autres régions iraniennes.
Une quinzaine de jours avant l’observation de la lune du mois de Ramadan, les villes de la province de Yazd changent de visage, et les habitants se préparent pour entrer dans le mois de jeûne. Les gens nettoient leurs maisons, et ils se regroupent pour nettoyer la mosquée de leur quartier. Le mois béni de Ramadan est le temps de la purification de l’âme. De même, les lieux de culte et les maisons doivent être également purifiés.
Quelques jours avant l’arrivée du mois de Ramadan, les familles sortent de la ville pour passer une journée à la campagne. Le jour est appelé koloukh-andâzân (littéralement : "jet de pierres"). Une soupe traditionnelle appelée shouli est le plat principal de la journée.
Après le décroissement de la lune du mois de Sha’ban, mois précédant le Ramadan, les gens montent sur les toits pour observer l’apparition du jeune croissant de la lune annonçant la venue du nouveau mois. Selon les traditions, celui qui voit la lune du mois de Ramadan doit fermer tout de suite les yeux et adresser une louange à Dieu et à Son messager pour que son vœu soit exaucé.
Une ou deux heures avant l’aube, le muezzin allume une lanterne en haut du minaret. Quand il fait l’appel à la prière à l’aube, il éteint la lampe, signe que le jour se lève.
Pendant les jours du mois de Ramadan, des réunions consacrées à la lecture collective du Coran sont organisées par les fidèles dans la mosquée de leur quartier ou dans la maison de l’un des voisins. Chaque jour, ils font la lecture d’un trentième du texte coranique pour finir la lecture complète du Coran (qui est divisé en 30 parties ou joz’) à la fin du mois de Ramadan.
Les habitants de Yazd partagent également de nombreuses cérémonies avec le reste de le l’Iran, ainsi en va-t-il de la croyance que, pendant la Nuit de la Destinée, le moment de la naissance et de la mort des humains est déterminé par les anges. Parmi les cérémonies de la Nuit de la Destinée, il faut citer la lecture collective du Coran, la prière et la veillée jusqu’à l’aube. Pendant les prières spéciales de cette nuit, les fidèles gardent le Coran au-dessus de leur tête pour se repentir. Les cérémonies de la Nuit de Destinée sont organisées les 19e, 21e et 23e (et parfois le 27e) nuits de Ramadan.
Au 21e jour du mois de Ramadan, les gens se réunissent dans les mosquées et les hosseiniyehs de leur quartier pour célébrer le martyre du premier Imâm des chiites, le vénéré Imâm ’Ali. Devant certaines mosquées de la ville, les nakhls sont portés sur les épaules des fidèles comme au jour de l’Ashourâ.
Le soir du 27e jour de Ramadan, après la prière du soir, les jeunes garçons du quartier se rendent en groupes à la porte des maisons des voisins en chantant : « Doust doust ’Ali doust » (littéralement : "ami, ami, ami d’Ali"). Les voisins ouvrent la porte et les reçoivent amicalement en leur offrant des friandises. Selon la tradition, cette cérémonie est un souvenir du secours nocturne que l’Imâm ’Ali prêtait aux orphelins de sa ville en leur apportant de la nourriture.
ہ la fin du mois de Ramadan, les gens se rendent tôt le matin à la mosquée pour célébrer la prière de la fête de Fetr. C’est également le moment de la collecte de la zakât, c’est-à-dire de l’aumône de la fin du mois de Ramadan.