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Située au sein de la province de Tchahâr Mahâl o Bakhtiâri, Boroudjen s’étale sur une superficie de 2 256 hectares. Cette région comporte trois parties dont Gandomân, Boldâdji, et la partie centrale. Du point de vue géographique, la ville de Boroudjen se trouve à l’intersection de plusieurs provinces, dont Kohkiluye va Boyer Ahmad, Fârs, Ispahan et le Khouzestân. Au centre de plusieurs cultures locales, la ville est considérée comme étant le carrefour économique et historique de Tchahâr Mahâl o Bakhtiâri. On peut ainsi trouver partout dans cette ville des caravansérails abandonnés datant de près de 500 ans, et ayant été fréquentés par un grand nombre de voyageurs.
Concernant l’origine du nom de Boroudjen, il y existe plusieurs opinions à ce sujet dont voici les plus importantes :
- Selon une première théorie, le nom actuel de cette ville serait dérivé de son ancien nom "Ourdjen" qui signifie "la région froide", et qui est composé de deux éléments : our et djen. Our était en usage il y a 2 500 ans avant J.-C. et signifie "le territoire, la cité", tandis que le mot djen vient de l’adjectif archaïque djeh qui signifie "froid".
- Selon une seconde théorie, Boroudjen serait une dérivation du mot "ourdjen" qui est composé de deux parties : O et djen, le "r" étant pour l’euphonie. O (âb) signifie "eau" et les mots djen, jen et zen viennent du verbe zistan qui signifie "vivre".
- Selon une troisième théorie, Boroudjen serait une dérivation du mot Boroudjân, qui est composé de deux parties : boroudj, pluriel de bordj signifiant la forteresse ; et le suffixe ân qui désigne le lieu. Ce nom serait lié au fait que les habitants de cette région édifiaient d’importantes forteresses pour se protéger de leurs ennemis.
Le peuple de Boroudjen est d’origine aryenne : au VIème siècle de l’Hégire, un grand nombre de nomades arriva au pied des montagnes Zâgros et s’y installa ; comme dans toute la région bakhtiârie, ils demeurèrent pendant des siècles préservés de toute invasion et influence étrangère [1] . Le peuple de Boroudjen est connu pour sa hardiesse et son courage. Durant le règne de Fath ’Ali Shâh Qâdjâr, le poète local Farrokhi Boroudjeni composa un pamphlet contre le roi, suite à quoi il fut pourchassé par les agents du gouvernement jusqu’à la fin de sa vie. Les habitants de Boroudjen ont joué également un rôle indéniable dans la victoire de la Révolution islamique, puis dans la défense sacrée (defâ’-e moqaddas) durant la guerre de l’Irak contre l’Iran.
Boroudjen jouit d’une nature verdoyante et attire ainsi chaque année de nombreux touristes iraniens et étrangers. Parmi les lieux de promenade de Boroudjen, nous pouvons citer les étangs de Tchoghâkhor, Gandomân, Souleghân et Châlou, tous situés à Boldâdji, Siâh Sard. Dans les environs se trouvent également de nombreux Emâmzâdeh [2] comme Hamzeh ’Ali, toujours à Boldâdji. Comme nous l’avons déjà signalé, Boroudjen fait partie des villes historiques d’Iran, et on peut y trouver de nombreux édifices anciens tels que des mosquées et des églises, des caravansérails, des maisons et quartiers anciens, des bazars, etc. Autrefois, le peuple de cette région exerçait des professions qui n’existent plus de nos jours, pour la plupart des métiers manuels, comme par exemple le pineh douzi (la cordonnerie), le djol douzi (le fait de coudre des couvertures pour chevaux), le rangrazi (un type particulier de teinturerie), le sâboun sâzi (la fabrication de savon), le mesgari (la chaudronnerie), etc.
La plus grande partie des attraits touristiques de Boroudjen se concentre dans le district de Boldâdji réputé pour ses patisseries appelées gaz. Boldâdji est un village historique et touristique situé à 25 kilomètres au sud-ouest de Boroudjen. L’existence de nombreux étangs et sources d’eaux naturelles aux environs de Boldâdji, ainsi que de nombreux étangs que nous venons de nommer, confèrent un atour touristique remarquable à la ville.
Au cours de l’histoire, un nombre important de tribus turques a émigré au sein de cette région afin d’exploiter les abondantes sources d’eaux et les riches pâturages. Concernant l’origine du nom de cette zone, on raconte que les bergers de cette région testaient leur force en soulevant des pierres géantes. Ces pierres, qui abondent toujours dans les monts de cette région, s’appelaient "boldâchi" qui veut dire "poids à soulever". Au cours des siècles, cette expression fut transformée en "boldâdji". Le sanctuaire de Hamzeh ’Ali se trouve au pied des monts de Kelâr et Sabz Kouh qui, outre son intérêt religieux, jouit d’une nature verdoyante.
La production industrielle des pâtisseries nommées "gaz", les fameux "gaz de Boldâdji", a conféré une notoriété nationale à Boldâdji. Le mot gaz a plusieurs significations dont le plus connu est le nom donné à l’arbrisseau de gaz-e angabin (le tamaris) qui pousse à Ispahan et à Boldâdji tout particulièrement. On extrait l’essence du tamaris appelée angabin qui est utilisée pour faire le gaz. Auparavant, l’industrie de la production de gaz se limitait à Ispahan mais actuellement, elle est davantage basée à Boldâdji.
L’étang de Tchoghâkhor s’étale sur une superficie de 2 300 hectares et se trouve au pied des monts de Barâftâb et Kelâr près de Boldâdji. Il est bordé par une vaste prairie très verdoyante. Cette région attire également chaque année des oiseaux migrateurs de toutes espèces.
Sources :
Fayyâzi, Mortezâ, Az bâm-e Irân, Boroudjen (Du toit de l’Iran, Boroudjen), Sâzmân-e tablighât-e eslâmi, Shahrekord, 1386 (2007).
[1] Les Bakhtiâris comptent parmi les peuples iraniens qui se sont le moins mélangés aux étrangers non seulement d’un point de vue racial, mais également linguistique (leur langue étant le lori), culturel et littéraire. Au cours des différentes périodes historiques, ils menèrent une vie rude et retirée au cœur des montagnes Zâgros (à l’ouest de l’Iran) : les monts élevés, les vallées profondes et étroites, les forêts denses et impénétrables, les cascades et fleuves rebelles, et de façon générale l’enclavement et la difficulté à accéder à leur lieu d’habitation ont ainsi contribué à les préserver en partie des guerres et des attaques que leurs compatriotes ont subies dans les autres régions du pays, comme par exemple celles d’Alexandre, des Arabes ou des Mongols. (Voir "Les Bakhtiâris : héritage culturel des montagnes du Zâgros", Kh. Nâderi Beni, in La Revue de Téhéran, N° 54, mai 2010).
[2] Emâmzâdeh : petit sanctuaire élevé sur la sépulture d’un descendant d’Imâm (ce que signifie littéralement "emâmzâdeh").