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L’exposé sommaire que je présente ici est tiré d’une recherche actuellement en cours, autour de la notion exprimée par le vocable persan فطرت fetrat, de l’arabe (فطرة) fitra(t), que nous traduisons par « nature initiale », chez les penseurs musulmans, en particulier, iraniens.
Cette notion a fait, certes, l’objet de diverses observations et de courtes études, telles que l’article de MacDonald dans l’Encylopédie de l’Islam [1], l’analyse de Wensinck dans La pensée de Gazzâlî [2], ou celle de H. Corbin dans En Islam iranien [3], ou l’observation de L. Gardet dans Dieu et la destinée de l’homme [4]. Cependant, une recherche détaillée et approfondie la concernant reste à faire.
L’ensemble de l’œuvre imposante du grand penseur iranien محمّد ابو حامد غزالی Mohammad Abû Hâmed Ghazâlî est caractérisé par un souci éducatif et pédagogique. Qu’il s’agisse de son ouvrage magistral en arabe, احیاء علوم الدّین Ihyâ’ ’ulûm id-dîn (Revivification des sciences de la Religion) ou de son résumé en persan کیمیای سعادت Kîmîyâ ye sa’âdat (Alchimie du bonheur), ou encore de petits traités tels que فرزند نامه Farzand nâme (Epitre de l’enfant), en persan, et sa version arabe, ایّهاالولد Ayyuha-l-valad (« ش fils »). Car, pour lui la nature initiale, فطر(ة) fitra(t)/ فطرت fetrat, de l’homme est saine et pure demandant à atteindre la perfection. Or, cette perfection, certes avec l’effort personnel, اجتهاد ijtihâd/ejtehâd, s’obtient par un enseignement et une éducation adéquate, loin de l’imitation et de l’obéissance aveugle, تقلید
taqlîd ; et, inversement, la nature initiale peut être pervertie et prendre une orientation négative.
Dans l’introduction de son ouvrage à caractère autobiographique المنقذ من الضلال Al-munqid min ad-dalâl (Celui qui préserve de l’erreur [5]), il définit sa démarche à la recherche de la vérité tout au long de sa vie. Il y précise que la soif qu’il avait, dès son âge tendre et sa jeunesse, pour saisir les vérités des choses était un instinct, une habitude et une nature initiale mise en lui par Dieu. C’est ainsi qu’à l’approche de l’adolescence, chez lui, tout lien avec l’imitation aveugle et la croyance héréditaire fut coupé. Et c’est ici qu’il cite ce célèbre حدیث hadîth (tradition) du Prophète :
یولَدُ عَلی الفِطرَةِ فَأَبواهُ یُهَوِّدانِه وَ یُنَصِّرانِه وَ یُمَجِّسانِه کُلُّ مَولودٍ
« Tout être engendré (homme) naît dans la فطر(ة) fitra(t), la nature initiale ; ensuite, ses parents font de lui un chrétien, un juif ou un mazdéen. [6] »
« C’est alors, dit-il, qu’une force intérieure me poussa à rechercher cette nature initiale et celle issue des croyances basées sur l’imitation aveugle des parents et des maîtres. »
Dans le commencement de son ouvrage کیمیای سعادت Kîmîyâ ye sa’âdat (Alchimie du bonheur), au chapitre [7], intitulé اصل آدمی گوهرفریشتگان است « La base de l’homme est de l’essence des anges [8] », il explique que la base humaine est d’essence angélique et que les caractères en commun avec des bestiaux lui sont étrangers et factices ; l’intellect lui est accordé afin de connaître son Dieu, la raison de sa création et ses merveilles. Dans le chapitre 11, intitulé پیوند دل با عالم ملکوت « Le lien du cœur avec le monde intelligible [9] », il décrit la démarche spirituelle pour atteindre la perfection, le chemin des prophètes et des soufis. Mais il y précise que l’acquisition de la science (connaissance) par l’apprentissage, bien qu’elle soit importante, est peu de chose par rapport à celle des prophètes et des Iأ² »H « Amis de Dieu », inspirée dans leurs cœurs sans intermédiaire et apprentissage des hommes.
Ensuite, dans le chapitre suivant intitulé
زاده شدن آدمی بر فطرت « Naissance de l’homme selon la fetrat9 », il précise qu’il ne faut pas croire que cette faveur est réservée seulement aux prophètes, car l’essence de tout homme à l’origine de la fetrat en est virtuellement digne. Comme le fer est digne de devenir un miroir montrant l’image du monde, sauf si la rouille a abimé son essence. De même tout cœur dominé par la cupidité de ce monde et l’appétit (la passion) pour les péchés, perdra cette faveur. Et ici, Ghazâli pour argumenter son propos, cite le hadît du prophète que nous avons cité plus haut.
Un autre point intéressant à signaler ici :
Dans احیاء علوم الدّین Ihyâ’ ’ulûm id-dîn (Revivification des sciences de la Religion), volume 2, عادات ’âdât « Coutumes sociales », livre 2, کتاب آداب نکاح « Le livre des règles du mariage », au deuxième chapitre [10], il énumère huit qualités de l’épouse qui permettent de vivre en bien et en douceur en mariage [11]. La huitième qualité consiste à ce que sa parenté ne soit pas trop rapprochée, car comme dit le Prophète (لا تًنکًحواالقرابَة القریبَة فَاِنَّ الوَلَدَ یُخلًقُ ضاویا [12]) les enfants issus d’un tel mariage seront frivoles et chétifs. مویّد الدّین محمّد خوارزمی Mo’ayyed od-dîn Mohammad Khârazmî qui a rédigé en persan, en 620/1223, une excellente traduction commentée de Ihyâ’ ’ulûm id-dîn, commente ainsi ce passage [13] :
مترجم می گوید که در مصاهرت بیگانگان و احتراز از خویشان فایده ی دیگر هست. و آن فایده آن است که هر قومی را کمالی باشد در چیزی. و چون زن و شوی از دو اصل مختلف باشند در فرزند کمال هر دو فریق جمع شود، چنانکه از ترک و هند اگر فرزندی آید با چهره ی هندوان و لون ترکان باشد. و آمده است که عبداللّه زبیر نبیره ی ابوبکر بود، هم جمال ابوبکر داشت و هم شجاعت زبیر. و اگر کسی گوید که هر قومی را در چیزی نقصانی باشد، پس بیم آن باشد که در فرزند هر دو نقصان جمع شود، گوییم کمال در طبیعت مقصود ذاتی است و نقصان به سبب عارضی لازم آید و بدین سبب کم اتّفاق افتد که نقصان ها جمع شود؛ در اغلب و اعم کمال ها فرهم آید.
« Le traducteur dit que se marier avec des étrangers et éviter les proches a une autre utilité : chaque peuple a la perfection d’une chose, et quand la femme et le mari sont de deux origines différentes, les deux perfections de deux peuples se réunissent chez leur enfant. Ainsi un enfant issu d’un couple turco-indien aura le visage des indiens et la couleur des turcs. On raconte que عبداللّه زبیر ’Abdollâh Zobayr était le petit fils de ابوبکر
Abû Bakr ; or, il avait à la fois la beauté de Abû Bakr et le courage de Zobayr. Si quelqu’un objecte que chaque peuple possède aussi l’imperfection d’une chose et que, par voie de conséquence, les imperfections, de part et d’autre, pourront aussi se cumuler chez l’enfant, nous répondons que dans la nature, طبیعت tabî’at, c’est la perfection qui est le but essentiel alors que l’imperfection est accidentelle. C’est pourquoi il arrive rarement que les imperfections se réunissent, et, dans l’ensemble, les perfections se réalisent. »
On observe donc que le terme طبیعت tabî’at, « nature », employé dans ce contexte par Mo’ayyed od-dîn Mohammad Khârazmî, a, de toute évidence la même valeur que le mot فطر(ة) fitra(t) / فطرت fetrat chez Ghazâlî.
Mises à part les formes de la même racine que le mot فطر(ة) fitra(t), ce dernier est employé une seule fois, dans un syntagme déterminatif avec le nom ¾ط±²H Allâh, dans le Coran [14] :
فَأَقِم وَجهَکَ لِلدّینِ حَنیفاً فِطرَتَ اللّهِ الَّتی فَطَرَ النّاسَ عَلَیها لا تَبدیلَ لِخَلقِ اللّهِ ذالِکَ الدّینُ القَیِّمُ وَلَکِنَّ أَکثَرَالنّاسِ لا یَعلَمون.
« Redresse ton visage vers la Religion, en sincérité (en croyant originel, en vrai croyant, en hanif [15]), selon la nature dont Dieu a fait la nature des hommes ; il n’y a pas de changement dans la création de Dieu. Voici la religion correcte ; mais la plupart des gens ne savent pas. »
Cette ayat et, en particulier la notion exprimée par فطر(ة) fitra(t), sont commentées par des exégètes, tels que ابوجعفرمحمّدبن جریرطبری Abû Ja’far Mohammad ebn jarîr Tabarî [16], ابوالفتوح رازی Abol-Fotûh Râzî [17] , ابوالفضل رشیدالدّین میبدی Abol-Fadl Rashîd od-dîn Meybodî [18], عبدالرّزاق کاشی ’Abd or-Razzâq Kâshî [19] , سیّدمحمّدحسین طباطبائي Seyyed Mohammad Hoseyn Tabâtabâ’î [20], qui utilisent dans leur démonstration le hadîth en question du Prophète et, surtout, font appel à la doctrine de میثاق mîthâq « pacte de la prééternité octroyé par Dieu à la race humaine ». Il s’agit des ayats 172 et 173 de la sourate VII (a’ râf) :
وَأَخَذَ رَبُّکَ مِن بَنی آدَمَ مِن ظُهورِهِم ذُرّیَتَهُم وَ أَشهَدَهُم علی أَنفُسِهِم أَلَستُ بِرَبِّکُم قالوا بَلیَ شَهَدنا أَن تَقوُلوُا یَومَ القیامَةِ إِنّا کُنّا عَن هَذا غافِلینَ.
أَو تَقوُلوا إِنَّما أَشرَکَ ءَابَاؤُنا مِن قَبلِ وَ کَنّا ذُرِّیَةٌ مِن بَعدِهِم أَفَتُهلِکنا بِما فَعَلَ المُبطِلُونَ.
« Et quand ton Seigneur prit, des enfants d’Adam, de leurs reins leur progéniture, et les rendit témoins sur eux-mêmes : ‘Ne suis-je pas votre Seigneur ?’ Ils dirent : ‘Mais oui, nous en témoignons !’ de sorte que vous ne puissiez dire, au jour de la résurrection : ‘Vraiment, nous étions inattentifs à cela »
Ou que vous ne disiez : ‘Nos pères fabriquaient des dieux (associaient à Dieu d’autres divinités), jadis, et nous étions leur progéniture, venant après eux. Nous feras-tu périr pour ce que faisaient les tenants du faux ?’ »
En résumé, l’être humain, par principe, pur et sain, reçoit, dès le commencement, en dépôt, son appartenance à Dieu, sa reconnaissance de l’Unicité, sa soumission : Islam. Par la suite, selon sa démarche personnelle (libre arbitre), son éducation, son orientation, il tendra vers l’état de perfection ou vers son opposé.
Qu’on étudie les propos des grands exégètes du Coran, ou ceux des grands mystiques tels que ابن عربی Ibn ’Arabî, جامی Jâmî, غزالی Ghazâlî, etc., tous convergent vers une telle conclusion.
* Communication faite au Colloque International « Les valeurs de l’humanisme dans la pensée iranienne et leur portée », organisé les 22-24 mai 2006 à l’Université de Strasbourg par le Professeur H. Beikbaghban.
Bibliographie :
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Bukhârî, Abû ’Abdullâh Muhammad…, Sahîh, édition d’Egypte <1371/1951> ; traduction française par O. Houdas et W. Marçais, Les traditions islamiques, première édition, Paris, Imprimerie Nationale, 1903 ; nouvelle édition, Paris, Jean Maisonneve, 1977.
بخاری، ابوعبداللّه محمّدبن اسمعیل بن ابراهیم بن المغیرة، صحیح، چاپ مصر، <1371>؛ ترجمه به فرانسه،...
Corbin, Henry, En Islam iranien, Paris, Gallimard, 1971.
Encyclopédie de l’Islam, Leyde, Brill, 1913-1942 ; deuxième édition, Leyde, Brill /Paris, Maisonneuve, 1954ss.
Gardet, Louis, Dieu et la destiné de l’homme, Paris, J. Vrin, 1967.
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, Al-munqid min ad-dalâl va-l-mûsil ilâ di-l-’izzat-i va-l-jalâl, avec la traduction française (Erreur et délivrance) par Farid Jabre, deuxième édition, Beyrouth, 1969.
، المنقذمن الضًّلال والموصل الی العِزَّةِ والجَلال، ترجمه الی الفرانسیّة و قَدَّم له و علَّقَ علیه فرید جبر، الطبعة الثانیة، بیروت، 1969.
, Ayyuha-l-valad, avec la traduction française (Lettre au disciple) par Tofic Sabbagh, deuxième édition, Beyrouth, 1959.
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Tabâtabâ’î, Seyyed Mohammad Hoseyn, Al-mîzân fî tafsîr il-Qur’ân, <Qom>, Esmâ’îyân, 1393/1973-1394/1974 ; traduction en persan, deuxième édition, Téhéran, Amîr Kabîr,…, 1364/1986.
طباطبائی، سیّد محمّد حسین، المیزان فی تفسیرالقرآن، <قم>، اسماعیلیان، 1393-1394، ترجمه ی فارسی، تهران، امیرکبیر،...، 1364.
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, La pensée de Ghazzâlî, Paris, Adrien-Maisonneuve, 1940.
[1] Nouvelle édition, vol.2, pp. 953-954.
[2] p. 43ss.
[3] Vol. IV, pp. 412-413.
[4] pp. 300-301.
[5] pp. 10-11.
[6] Bukhârî, vol. 1, p. 85 ; tr. fr., vol. 1, p. 431 ; cf. aussi Wensinck, Concordance, tome V, pp. 179-180.
[7] p. 31s.
[8] Vol. 1, p. 25ss.
[9] p. 29s.
[10] p. 27s.
[11] p. 37s.
[12] Inconnu dans les principaux recueils de hadîth
[13] vol. 2, p. 87s.
[14] XXX (Rûm), 30.
[15] Terme coranique, par exemple, la sourate III (Al ’Imrân), l’ayat 67 : ما کانَ إِبراهیمُ یَهودیّاً و لا نَصرانیّاً وَلَکن کانَ حنیفاً مُسلِماً وَ ما کانَ مِنَ المُشرِکین
"Abraham n’était ni juif ni chrétien, mais il était hanîf et muslim, et il n’était pas du nombre des faiseurs de dieux." Cf., entre autres, l’article de hanîf, par W. Montgomery, in Encyclopédie de l’Islam, nouvelle. éd., vol. 2, pp. 168-170.
[16] Tafsîr, vol. 10, p. 182ss.
[17] Tafsîr, vol. 15, p. 255s.
[18] Kashf ul-asrâr, vol. 7, p. 443ss.
[19] Tafsîr, vol. 1, pp. 261-262.
[20] Al-Mîzân, vol. 16, p. 178ss. ; tr. pers., vol. 16, p. 281ss.