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La dynastie safavide est fondée en 1502 par Sheikh Safieddin Ardebili et prend fin en 1736. Durant plus de deux cents ans, les Safavides règnent sur un vaste territoire composé de l’Iran ainsi que de quelques parties de l’Afghanistan actuel et de l’Iraq. Sous le règne de Shâh Abbâs Ier, en choisissant Ispahan comme leur capitale, les Safavides atteignent l’apogée de leur pouvoir. La prospérité économique de cette époque se traduit par la construction de bâtiments ornés de somptueux rideaux mais aussi par la confection de vêtements coûteux. La dynastie safavide marque donc aussi une période de développement sans précédent de l’art du tissage, notamment dû à l’habileté de ses couturiers, à la fabrication et à l’usage d’étoffes précieuses aux motifs divers favorisées par le développement du commerce encouragé par Shâh Abbâs.
Cette époque est celle d’un renouveau des couvre-chefs, dont nous citons ici quelques exemples.
La couronne du Ghizilbash : Dans son journal de voyage, Adam Olearius (mathématicien, géographe et bibliothécaire allemand) donne des explications détaillées au sujet de l’histoire de ce chapeau. D’abord porté par des soufis, ce turban, comportant douze lignes rouges, montrait leur dévouement à l’Imâm Ali et aux douze Imâms en général. Le terme de couronne utilisé pour désigner ce chapeau évoquait la supériorité de l’Imâm Ali par rapport à tous les rois. A partir du règne de Shâh Esmâïl, les soldats de l’armée portèrent ce chapeau rouge et furent appelés ghezelbâsh ("tête rouge" en turc). Plus tard, ce chapeau sera porté seulement par des gens de la cour et des commandants de l’armée, et non par les gens du peuple.
Le dastâr, dolband : Jean Chardin, auteur d’un célèbre récit de voyage en Perse, le décrit comme le couvre-chef le plus apprécié des Iraniens. Il s’agissait d’un chapeau pesant, et le retirer devant les autres était considéré comme une impolitesse. Les dastârs étaient pour la plupart faits d’un tissu blanc et ferme et ornés de brocart. Sous ces volumineux dastârs, on mettait parfois un bonnet ou une calotte.
Le chapeau de fourrure : Les hommes de l’époque portaient parfois de coûteux chapeaux de fourrure légers et fins comme de la soie, ainsi que des bonnets de feutres pointus autour desquels étaient enroulés des turbans.
Concernant les chemises, les hommes portaient généralement des chemises longues qui leur arrivaient aux genoux. Elles étaient fendues des deux côtés et n’avaient qu’un simple col droit. Les représentations des miniatures nous montrent aussi que les hommes portaient souvent deux chemises l’une sur l’autre. Soit on laissait la chemise du dessous pendre jusqu’aux genoux, soit on la rentrait dans son pantalon. Voici quelques exemples de chemises portées à l’époque :
Le ghabâ : Sur cette chemise, les hommes portaient deux sortes de manteau. Le premier était sans boutons et muni de longues manches. Il était doté d’un col rabattu et oblique allant de l’épaule gauche jusqu’à l’aisselle droite et se fermait à l’aide d’une écharpe nouée autour de la taille. Le second avait de courtes manches et se fermait avec des boutons de haut en bas. Les ghabâ se portaient sur les autres vêtements et étaient faits de fins tissus en coton. Ceux des hommes plus fortunés ou importants socialement, étaient faits de satin ou de brocart. La coupe des manteaux était généralement serrée au niveau de la poitrine mais s’élargissait en descendant telle une jupe en forme de cloche. Des boutons y étaient cousus en guise d’ornement, mais on ne les fermait pas. Il faut préciser que les manches avaient une place importante chez les Iraniens. La plupart des gens de la cour portaient des manteaux aux manches longues et larges. Face au roi, on devait alors rester bras croisés, en cachant ses mains dans ses manches. Ainsi, garder ses mains dans ses manches était considéré comme une forme de politesse.
Les pantalons étaient très larges et se serraient au niveau de la cheville. Avant l’intensification des échanges avec l’Europe, les Iraniens de cette époque portaient des bandes molletières, en tissu très ferme dont la qualité différait selon la saison. L’écharpe que les hommes portaient comme ceinture est l’un des éléments importants des vêtements de cette époque. La largeur de cette ceinture ne dépassait pas dix centimètres et elle servait également de poche. Chardin la considérait plus grande, plus spacieuse et plus sûre que les poches européennes.
Depuis les Arsacides, les Iraniens portent des chaussettes. Chardin décrit les chaussettes de l’époque comme de sortes de longs sacs étroits noués sous les genoux. Les chaussures étaient soient à talon, soit plates. Elles étaient souvent en cuir, vertes et clouées au niveau du talon pour plus de solidité. Pour la semelle, les plus aisés choisissaient du cuir fin et ferme, et les personnes moins riches du cuir de chameau.
Selon la description de Chardin, les Iraniennes de l’époque portaient quatre types de voiles différents ; deux au sein de leur foyer, et deux à l’extérieur. Le premier ressemblant à un foulard, servait d’ornement et descendait dans le dos, le deuxième en forme de triangle se fermait sous le menton et couvrait la tête, la gorge et les épaules, le troisième, le tchador, voilait le corps entier, et le quatrième était une voilette pour couvrir le visage.
Les vêtements féminins étaient en général plus doux et souples, mais tout aussi larges que les vêtements masculins. Leur ghabâ arrivait aux genoux et leurs manches aux poignets. Dans son journal de voyage, Chardin écrit que leur robe s’appelait ghamisse, était ouverte jusqu’au nombril et généralement de couleur jaune. Les femmes aisées portaient dans certaines assemblées des robes dont le col était orné de perles. Elles portaient des ghabâ (manteau) sur leur ghamisse qui descendait jusqu’aux chevilles. Ce vêtement se serrait dans le dos et comportait deux cols, celui de gauche se plaçant sur celui de droite et se fermant en quatre parties à l’aide de nœuds. Muni de longues manches étroites, le ghabâ formait une sorte de robe se déployant en cloche à partir de la taille et arrivait jusqu’aux genoux.
Sous leur ghabâ, les femmes safavides portaient toujours une robe serrée appelée kolidjeh. En hiver, elles portaient aussi des gilets colorés en laine avec une fine doublure en coton. Concernant les ceintures, les femmes en portaient comme les hommes, mais des plus fines, dont la largeur ne dépassait pas un pouce. Elles portaient également des pantalons serrés et pour travailler, elles ramassaient leur robe et laissaient apparaître ce pantalon du dessous.
Les femmes de l’époque safavide recouvraient également leurs chevilles d’un joli tissu onéreux. Comme celles des hommes, les chaussures féminines étaient plates ou à talons. En hiver, elles portaient des bottes à talons et en cuir.
Bibliographie et site internet :
Gheibi Mehrâsâ, Hasht hezâr sâl-e târikh-e poushâk-e aqvâm-e irâni (8000 ans d’histoire des vêtements des peuples persans), 2006, Téhéran, Hirmand.
http://www.iranicaonline.org/articles/clothing-x
fr.wikipedia.org/wiki/Art_safavide