N° 95, octobre 2013

Quatrième nouvelle du recueil
Peur et tremblement
(1968)


Gholâmhossein Sâedi
Traduit par

Arefeh Hedjazi


L’après-midi, Sâleh Kamzâri et le fils du maire étaient allés avec un peu de matériel sur l’eau et sur la plage pour chercher du bois. La nuit d’avant, la mer s’était emportée et beaucoup de bois flottaient sur l’eau. Sâleh, qui tirait les morceaux de bois vers la barque avec un vieil aviron, dit au fils du maire : « Je ne comprends jamais la mer, je ne sais pas comment elle est, et si tout le monde se rassemblait pour se concerter, on ne comprendrait pas d’où vient tout ce bois. Il y a quelque chose chez la mer qui n’est pas nette, elle ne montre pas son vrai visage, un jour elle est vide, un autre jour elle est pleine, un jour elle a tout, un autre jour, rien. On dirait qu’elle se moque de l’homme. Là, maintenant, il y a tout ce bois qui flotte, l’instant d’après, peut-être plus rien.

- C’est pour ça qu’on l’appelle la mer, dit le fils du maire.

- Même tout ce qu’il y a sur terre, quand tu y penses bien, vient de la mer. La mer ne craint rien, n’a peur de rien, mais tout le monde la craint, dit Sâleh.

- Mais qu’est-ce que ça peut te faire ? Pour l’instant, ramasse le bois et ne pense pas trop à tout ça, dit le fils du maire qui s’impatientait.

Sâleh fit la tête et jeta l’aviron sur les morceaux de bois pour allumer une cigarette. Soudain, il vit la plage et s’exclama d’une voix forte : « Hé, hé ! Regarde, là-bas ! »

Le fils du maire se retourna et vit sur la plage un petit enfant qui s’éloignait à grands pas du village.

- Tu le vois ? demanda Sâleh.

- C’est l’enfant de qui ? demanda le fils du maire.

- Je ne sais pas, il marche comme un grand, dit Sâleh.

- Il est loin du village, peut-être qu’il n’est pas d’ici, dit le fils du maire.

- D’où il est, alors ? demanda Sâleh.

- Dieu seul le sait, peut-être qu’il est l’enfant des gitans ou des « Shahrishen », dit le fils du maire.

- Quels gitans ? Ce n’est pas leur saison, répliqua Sâleh.

- Qu’est-ce qu’on fait avec lui ? demanda le fils du maire.

- Allons le rattraper, répondit Sâleh.

- On ne peut pas tirer le canot sur la plage maintenant, fit remarquer le fils du maire.

- Saute dans l’eau et va le rattraper, dit Sâleh.

Et il prit son aviron et écarta les morceaux de bois qui s’étaient agglutinés autour de la barque. Le fils du maire enleva sa chemise et se jeta à l’eau, en écartant les bois. Il tenait sa tête vers le haut et se dépêcha vers la plage. Et Sâleh s’assit sur les fagots et fixa l’enfant qui marchait à grands pas et le fils du maire, qui nageait vers lui.

Quand le fils du maire atteignit la plage et sortit de l’eau, il n’était plus qu’à quelques pas de l’enfant. L’enfant portait une mince chemisette bicolore et ses cheveux crépus et sa peau claire et translucide brillaient sous le soleil. Il tenait un os sous le bras et indifférent au bruit derrière lui, avançait à grands pas.

Le fils du maire siffla. L’enfant, sans se retourner, accéléra, le fils du maire de même, qui fit un tour et se planta devant le gamin. L’enfant s’arrêta dès qu’il le vit. Le fils du maire de même. Ils se regardèrent quelques instants.

Le fils du maire détailla le visage rond et les grands yeux de l’enfant et lui demanda : « Où vas-tu, mon petit ? » L’enfant ne répondit pas. Et le fils du maire demanda : « Tu es l’enfant de qui ? »

L’enfant recula, la peur emplissant son visage. Le fils du maire demanda : « Tu as peur ? De quoi tu as peur ? »

L’enfant s’arrêta et fronça les sourcils. Le fils du maire rit pour le rassurer. L’enfant dévisagea attentivement le fils du maire et fit passer l’os du bras droit au bras gauche. Le fils du maire s’approcha doucement. L’enfant resta immobile, le fils du maire se pencha et s’agenouilla sur le sable, ouvrit les bras et prit doucement l’enfant dans ses bras, puis se releva. Ils se dévisagèrent et le fils du maire demanda : « D’où viens-tu ? »

L’enfant ne répondit rien. Le fils du maire demanda : « Où vas-tu ? »

L’enfant fit la moue. Le fils du maire demanda : « Tu es l’enfant de qui ? Qui est ton père ? »

L’enfant rit. Le fils du maire rit aussi et demanda : « C’est quoi ce que tu as sous le bras ? »

L’enfant se retourna et regarda la mer qui bouillonnait sourdement. Le fils du maire demanda : « Tu ne sais pas parler ? »

L’enfant fronça de nouveau les sourcils et fit une moue. Le fils du maire dit : « Non, non, je ne veux pas t’embêter, ne fronce pas les sourcils. »

La voix de Sâleh s’éleva : « Hé ho ! »

Le fils du maire se retourna et cria : « Quoi ? »

Sâleh fit un signe et le fils du maire prit l’enfant sur son épaule et entra dans l’eau. Quelques pas plus tard, il perdit pied et commença à nager. L’enfant, qui lui serrait fort la tête, bougeait ses pieds dans l’eau.

Quand il atteignit le canot, Sâleh attrapa l’enfant et le tira dans la barque. Le fils du maire monta aussi à bord. Ils fixèrent l’enfant un moment.

- Pourquoi il est comme ça ? demanda le fils du maire.

- Regarde ses yeux, dit Sâleh.

Le fils du maire se pencha et dit : "Oui, il a un œil d’une couleur et l’autre d’une autre couleur."

- D’où est-il ? demanda Sâleh.

- Il ne parle pas, il ne dit rien, dit le fils du maire.

Sâleh prit l’enfant et l’installa sur les fagots et demanda : "Qu’est-ce qu’on fait avec lui ?"

- Que veux-tu qu’on fasse ? demanda le fils du maire.

- Je ne crois pas qu’il soit de notre village. On n’a pas de gamins bizarres comme celui-là dans le village, dit Sâleh.

- Tu connais tous les mômes du village ? demanda le fils du maire.

- Oui, alors on l’emmène au village ? répondit Sâleh.

- Et si on ne l’emmène pas, on fait quoi ? On le jette à l’eau ? dit le fils du maire.

Ils tournèrent le canot et prirent la direction du village. La mer s’était mise en mouvement et les bois flottants s’éloignaient vers l’horizon.

- Fais attention qu’il ne tombe pas à l’eau, dit Sâleh au fils du maire.

Le fils du maire se tourna vers l’enfant qui s’était assoupi sur les fagots et l’allongea au fond de la barque.

Quand ils atteignirent la terre, les autres barques étaient aussi revenues. Les hommes et les femmes étaient occupés à débarquer les bois. Zakaryâ et Mohammad Ahmad Ali pesaient le bois et le maire, assis sur une barque, faisait des oraisons.

Quand la barque de Sâleh et du fils du maire atteignit la rive, Sâleh descendit dans l’eau et prit l’enfant dans ses bras. Le maire attrapa la corde de l’ancre. La faisant tournoyer, il la jeta sur le sable, puis entra dans l’eau et lui et Sâleh allèrent vers la plage épaule contre épaule. Quand ils sortirent de l’eau, Abdoljavâd les vit et dit : "Pas trop fatigué, Sâleh ?"

Puis il vit l’enfant. Il s’approcha, étonné, et demanda : "Hé, Sâleh, qu’est-ce que c’est que ça ?

- Un enfant.

Abdoljavâd, écarquillant les yeux, se mit à crier :

- Hé, le maire ! Hé Mohammad Haji Mostafâ ! Hé Zâhed ! Hé, tout le monde ! Sâleh a apporté un enfant de la mer !

Les villageois se rassemblèrent rapidement autour de Sâleh et du fils du maire et fixèrent l’enfant qui était confortablement installé dans les bras de Sâleh.

Abdoljavâd, excité, sautait sur place et dit : « Hé ! Le môme ! Le môme ! »

- C’est l’enfant de la mer ? C’est ça ? Il vient de la mer ? demanda Mohammad Ahmad Ali, debout loin des autres.

- D’où l’as-tu pêché ? demanda le maire.

- Mais il est habillé ? Il ne peut pas venir de la mer, dit Mohammad Hâji Mostafâ.

Zakkariâ, qui venait d’arriver, écarta les gens et s’approcha de l’enfant dont il caressa la joue et dit :

- Quel beau teint, quels beaux yeux.

- Dites la vérité. Où est-ce que vous l’avez trouvé ? demanda Mohammad Hâji Mostafâ.

- Il marchait sur l’eau quand on l’a attrapé, dit Sâleh.

- Il ment. Sâleh Kamzâri ment, dit Zakariâ.

- Pourquoi on mentirait ? On ne vient pas de la mer, peut-être ? dit le fils du maire.

- Ramenez-le à la mer. Les enfants de la mer sont de mauvais augure, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Allez, dites la vérité maintenant. J’ai peur que Mohammad Ahmad Ali se mette de nouveau en colère.

- On l’a trouvé sur l’autre rive, dit le fils du maire.

Tous, soulagés, s’approchèrent un peu plus près.

- Et cet enfant, c’est celui de qui alors ? demanda le maire.

- Il n’est pas de notre village, dit Sâleh.

- Peut-être que c’est l’enfant des gitans ? dit Zakariâ.

- Les gitans ne sont pas encore arrivés, dit le fils du maire.

- Mais alors, il est d’où ? Il vient d’où ? demanda Zakariâ.

- Personne ne sait. Seul Dieu le sait, dit le fils du maire.

- Qu’est-ce qu’il faisait quand vous l’avez vu ? demanda Mohammad Hâji Mostafâ.

- Il marchait tout droit, dit Sâleh.

- Il peut marcher ? demanda Abdoljavâd.

- Et pourquoi pas ? dit Sâleh.

Il déposa l’enfant à terre et on s’écarta. L’enfant reprit l’os sous son bras et se mit à avancer à grands pas vers le village. Les villageois le suivirent.

- C’est étrange, comme il marche, dit Mohammad Hâji Mostafâ.

- Oui, mais il ne peut pas parler, dit Sâleh.

- Comment ça ? Un enfant qui marche doit aussi savoir parler, dit Zakkariâ.

- En tout cas, celui-là ne peut pas parler, dit Sâleh.

- Il ne s’arrête pas, rattrapez-le ! dit le maire.

Le fils du maire courut et prit l’enfant dans ses bras. Quand il revint, on lui ouvrit un chemin. Il alla s’asseoir sur les fagots et déposa l’enfant entre ses pieds. L’une des femmes tendit une tranche de pain à Sâleh et dit :

- Donnez-lui ce pain à manger, pour voir s’il peut.

Sâleh donna le pain à l’enfant, qui commença à le mordiller. Tous soupirèrent d’aise et se rapprochèrent.

- Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait de lui ? demanda le maire.

- Quelqu’un doit le garder, dit Zakkariâ.

- Qui ? demanda le maire.

- Quelqu’un qui n’a pas d’enfants et ne peut en avoir, répondit Zakariâ.

- Tout le monde a des enfants dans le village, fit remarquer Mohammad Hâji Mostafâ.

- Ce n’est pas un problème, on va le garder à tour de rôle, peut-être que ses parents se montreront, dit Abdoljavâd.

- Bonne idée, Abdoljavâd. Qui va le garder ce soir ? dit le maire.

- Ce soir, c’est toi-même qui le prends. Le premier soir, il doit être l’invité du maire, dit Zakariâ.

- Bien, j’accepte, dit le maire.

Le soleil se couchait et il commençait à faire sombre quand les gens se mirent à rentrer. Sâleh Kamzâri donna l’enfant au fils du maire. Ils prirent la direction du village. Après quelques pas, Mohammad Ahmad Ali rattrapa Sâleh et dit :

- Hé, Sâleh. Zakariâ ment, il ne veut pas dire la vérité, je commence à avoir peur. Vraiment, où est-ce que vous avez trouvé cet enfant ?

- En vérité, je n’en sais rien non, d’où on l’a trouvé, dit Sâleh Kamzâri.

La nuit tombée, ils emmenèrent l’enfant à la maison du maire. La femme du maire prépara la pâte du pain et la fit cuire. Le maire, le fils du maire et Mohammad Ahmad Ali se rassemblèrent autour de l’invité qui, assis près du mur, avait étendu ses jambes vers la lampe. La mer était agitée et le vent se cognait contre les murs et les portes. Le maire avait fermé les volets pour que la lampe ne s’éteigne pas.

Quand ils eurent fini de manger, le maire dit :

- Que fait-on de lui maintenant ?

- On le couche, dit sa femme.

- Il est assis si tranquillement qu’on dirait qu’il ne veut pas dormir, dit le maire.

- S’il parlait un peu, on aurait pu saisir des choses. Son défaut, c’est qu’il ne rit pas, ne pleure pas et ne parle pas, dit le fils du maire.

- Ce n’est pas un défaut, ça. Plus un enfant est silencieux et calme, mieux c’est, dit la femme du maire.

- Comment ça, mieux ? demanda le fils.

- اa aurait été mieux qu’il crie et pleure ? dit la femme du maire.

- Pas forcément, mais ce n’est pas bien comme ça non plus. Il est assis comme un grand et fixe tout le monde, ça fait peur, dit le fils.

Le vent hurlait plus fort lorsqu’on frappa. La femme du maire dit :

- Quelqu’un est là.

Le fils du maire se leva et ouvrit la porte. C’était la femme de Mohammad Hâji Mostafâ et sa belle-fille.

- Besmellâh, Besmellâh [1], entrez, dit la femme du maire.

- Nous sommes venues voir l’invité, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

Puis elles entrèrent. Elles se penchèrent et fixèrent l’enfant, puis s’assirent près de la lampe. Le maire se leva et sortit pour aller dormir, et Mohammad Ahmad Ali recula.

- Vous le connaissez ? demanda la femme du maire.

- Non, je ne le connais pas, répondit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ. Sa belle fille demanda :

- Pourquoi ses yeux sont comme ça ?

- Il ressemble aux adultes, dit Mohammad Ahmad Ali, du coin où il était.

- Qu’allez-vous faire avec lui ? demanda la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Rien. Il reste avec nous ce soir et demain soir, on l’envoie chez vous, dit la femme du maire.

Il y eut de nouveau un vacarme à l’extérieur et on frappa à la porte.

- On a des invités, dit la femme du maire. Le fils du maire se leva et ouvrit la porte. C’était la femme de Sâleh et sa fille.

- Besmellâh, Besmellâh, entrez, vous êtes les bienvenues, dit la femme du maire.

- Nous sommes venues voir l’enfant, dit la femme de Sâleh.

Et elles s’assirent près de la femme et de la belle-fille de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Sâleh vous a raconté comment ils l’ont trouvé ? demanda la femme du maire.

- Oui, il a raconté et je suis venue voir comment il est, dit la femme de Sâleh.

- Regardez ses yeux, dit la belle-fille de Mohammad Hâji Mostafâ.

Tous se penchèrent pour regarder.

- Voyez-vous l’œuvre divine ? demanda la femme du maire.

- A votre avis, d’où vient-il ? demanda la femme de Sâleh.

- Personne ne sait d’où il vient, soit il est du désert, soit il est de la mer, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Qu’allez-vous faire avec lui ? demanda la femme de Sâleh.

- Ce soir, il reste avec nous. Demain, il ira chez Mohammad Hâji Mostafâ et après-demain, chez vous, dit la femme du maire.

Le vent hurla plus fort et on frappa à la porte.

- C’est un autre invité, dit la femme du maire. Le fils du maire se leva et ouvrit la porte. C’était la mère d’Abdoljavâd.

- Entrez, entrez, mère d’Abdoljavâd, dit la femme du maire.

La mère d’Abdoljavâd entra et dit :

- Bonsoir, je suis venue voir si c’est vrai qu’on a apporté ici un enfant de la mer.

- Oui, c’est vrai, regardez, dit le fils du maire.

La mère d’Abdoljavâd se rapprocha, se pencha et dévisagea l’enfant, puis s’assit à côté de la fille de Sâleh.

- Tu vois comment il est, mère d’Abdoljavâd ? dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- On dirait une poupée. Il ne bouge pas, dit la mère d’Abdoljavâd.

- Il est comme un adulte, dit la belle-fille de Mohammad Hâji Mostafâ et Mohammad Ahmad Ali dit à travers l’obscurité :

- Regarde ses yeux, mère d’Abdoljavâd.

- Ce soir, il reste ici. Demain soir, il sera l’invité de Mohammad Hâji Mostafâ, le soir d’après, l’invité de Sâleh et le soir d’après, il sera le vôtre, dit la femme du maire.

Le vent se renforça encore et on frappa à la porte.

- Quelle joie, quelle joie. Voici un autre visiteur, dit la femme du maire.

Le fils du maire se leva et ouvrit la porte. Il n’y avait personne.

Un vent fort pénétra dans la maison et éteignit la lampe.

***

Le soleil était levé et les hommes n’étaient pas encore rentrés de la mer quand la femme du maire emporta l’enfant chez Mohammad Hâji Mostafâ. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ préparait la nourriture des vaches lorsqu’elle entendit la voix de la femme du maire et vint à la porte. La femme du maire la salua et dit :

- Femme de Hâji, je t’ai apporté un invité.

- Merci, tu as bien fait, dit la femme de Hâji Mostafâ.

Elle prit l’enfant par la main et l’emmena à l’intérieur.

- Tu ne sais pas ce qu’il nous a fait souffrir hier soir. Il n’a pas fermé l’œil de la nuit et ne nous a pas laissé dormir non plus. Il a passé la nuit à marcher et à essayer de trouver une ouverture pour sortir, dit la femme du maire.

- Qu’est-ce que vous avez fait de lui ? demanda la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Vers la fin de la nuit, quand les hommes ont voulu aller à la mer, ils lui ont attaché les bras et les jambes et l’ont couché dans la grande malle. Et là, je l’ai ouvert et je vous l’ai apporté, dit la femme du maire.

- Peut-être qu’il avait faim ? dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Non, il n’avait pas faim. Il avait juste envie de sortir. Dès que le vent se renforçait, il n’arrivait plus à être calme et voulait sortir, dit la femme du maire.

La femme de Mohammad Hâji Mostafâ regarda pendant quelques instants la femme du maire et l’enfant et dit :

- Que Dieu veuille qu’il ne fasse pas des bêtises ce soir.

- Que Dieu veuille, dit la femme du maire. Puis elle salua et sortit.

La femme de Mohammad Hâji Mostafâ prit l’enfant par la main et le conduisit sous le parasol. La pâtée des vaches bouillait maintenant dans la marmite en fer-blanc et l’odeur amère du bois et des noyaux de dattes avait empli l’air. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ assit l’enfant près du mur et s’approcha de la marmite pour touiller. L’enfant était immobile et regardait fixement devant lui. Ses yeux étaient encore plus grands qu’avant et remplissaient une bonne moitié de son visage. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ s’assit par terre près du fourneau et fixant l’enfant, lui demanda :

- Hé, petit, pourquoi tu regardes comme ça ?

L’enfant ne répondit pas. Elle dit :

- Maintenant qu’il n’y a personne, dis-moi en cachette qui es-tu, d’où viens-tu ?

L’enfant ne répondit pas. Il se leva et s’approcha d’elle, puis s’accroupit pour observer les courtes ailes des flammes du fourneau. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ se releva et s’approchant du fourneau, versa un peu de pâtée sur un morceau de bois et le mit devant l’enfant.

Un meuglement de vache se fit entendre de l’autre côté du mur et l’enfant commença à manger.

***

Tard le soir, on frappa à la porte de Mohammad Hâji Mostafâ. Sa femme se leva et ouvrit. Une femme et un homme gitans étaient devant la porte. L’homme fumait et la femme était assise dans le noir à fouiller dans une grande besace. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ retourna rapidement à l’intérieur et cria :

- Hé, Hâji, ils sont venus chercher l’enfant, ils sont venus l’emmener.

Mohammad Hâji Mostafâ, qui commençait tout juste à s’assoupir, se leva et vint à la porte. La femme et l’homme gitans attendaient debout sous le porche.

- Bonsoir, bienvenue, bienvenue, entrez, dit Mohammad Hâji Mostafâ.

Sans répondre, la femme et l’homme entrèrent. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ alluma la lampe et l’apporta dans le salon. Les étrangers s’assirent près du mur et Mohammad Hâji Mostafâ ouvrit les fenêtres pour rafraîchir l’air, puis vint s’assoir en face de l’homme et dit :

- Enfin, vous voilà.

L’étranger regarda d’abord Mohammad Hâji Mostafâ puis sa femme et éclata de rire.

- Vous êtes content, n’est-ce pas ? Bien, alors on vous rend votre enfant en parfaite santé pour que vous le rameniez à la maison.

L’étranger regarda de nouveau sa femme et tous deux rirent.

La femme de Mohammad Hâji Mostafâ alla dans la cuisine et revint avec un grand verre d’eau. La femme et l’homme étrangers burent et déposèrent le verre vide sous la lampe.

- Il n’a pas dormi hier soir et maintenant, il est complètement assoupi. Nous le réveillerons quand vous partirez, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

La femme et l’homme gitans se regardèrent silencieusement.

- C’est Sâleh Kamzâri et le fils du maire, qui étaient sortis en mer, qui l’ont trouvé, dit Mohammad Hâji Mostafâ.

- Sâleh Kamzâri ? demanda le gitan.

Et la gitane se tourna vers le mur. Des secousses de rire agitèrent ses épaules.

- Vous connaissez Sâleh Kamzâri ? demanda Mohmmad Hâji Mostafâ.

- Non, dit le gitan.

- Et le fils du maire ?

- Le fils du maire ? dit le gitan. Il se couvrit le visage de ses mains et se mit à rire.

Mohammad Hâji Mostafâ rit aussi et dit :

- Alors, vous ne le connaissez pas non plus ?

La femme et l’homme gitans se levèrent. « Attendez, je vais chercher l’enfant. », dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

Elle alla dans une autre pièce et avant qu’elle ne revienne, les gitans ouvrirent la porte et se perdirent en riant dans l’obscurité.

***

Quand le soleil se leva, la femme de Mohammad Hâji Mostafâ emmena l’enfant chez Sâleh Kamzâri. La femme de Sâleh était allée chercher de l’eau à l’étang et sa fille était assise et cuisait du pain.

La femme de Mohammad Hâji Mostafâ lâcha l’enfant dans la cour et s’assit près de la fille de Sâleh et dit :

- C’est votre tour aujourd’hui, je vous l’ai emmené pour qu’il reste avec vous.

- Ma mère ne va pas très bien, je ne crois pas qu’elle accepte de le garder, dit la fille de Sâleh.

- C’est elle-même qui l’a proposé, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Ma mère est malade. Comment pourrait-elle le garder ? dit la fille de Sâleh.

- Mais toi, tu n’es pas malade ? Garde-le, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Je dois m’occuper de ma mère, dit la fille de Sâleh.

- Attends que ta mère revienne, on verra. Maintenant, donne-lui un morceau de ce pain, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

La fille de Sâleh coupa un peu de pain et le donna à l’enfant. Quelques instants plus tard, la femme de Sâleh entra dans la cour avec le seau d’eau.

- Bonjour, femme de Sâleh. Je t’ai apporté cet enfant gitan pour que tu le gardes. C’est ton tour aujourd’hui, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Je ne vais pas bien, je tremble, je n’arrive pas à bouger, comment pourrais-je le garder ? dit la femme de Sâleh.

- Si tu ne peux pas t’occuper de lui toi-même, demande à ta fille de le faire. Demande à Sâleh, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Vous ne pouvez pas le garder une nuit de plus ? demanda la femme de Sâleh.

- C’est hors de question, femme de Sâleh. Tu ne sais pas ce qui nous est arrivé hier soir, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda la fille de Sâleh.

- C’était tard le soir quand deux gitans sont venus chez nous, ils sont entrés, ils ont demandé de l’eau et ils ont mangé, et nous pensions qu’ils étaient les parents de l’enfant. Mais ils sont partis sans prendre l’enfant. Et lui s’est réveillé au même moment et s’est mis à marcher. Il nous a tous fait peur. Il marchait autour de la pièce et la maison tanguait comme un bateau sur l’eau et nous faisait tanguer, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Et que faisiez-vous ? demanda la fille de Sâleh.

- On s’appelait l’un l’autre, moi j’appelais Hâji, Hâji appelait son fils et moi, j’appelais les deux, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Et l’enfant, que faisait-il ? demanda la fille de Sâleh.

- Rien, il n’arrêtait pas de marcher et de tourner autour de la pièce, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

- Tu penses que c’est qui, qui a fait cela ? demanda la fille de Sâleh.

- A mon avis, c’était les gitans, dit la femme de Mohammad Hâji Mostafâ.

Elles se turent soudain. On entendait jouer de la musique du côté de la mer.

***

Le soir, le maire, Mohammad Hâji Mostafâ et Sâleh emmenèrent l’enfant chez Zâhed. Zâhed était aussi devant sa chaumière dans l’obscurité et mâchait du kiliâ [2] . Le maire le salua à voix haute :

- Bonsoir, Zâhed. Nous t’avons emmené un invité.

- Bonsoir, vous êtes les bienvenus et vous avez bien fait, dit Zâhed.

- C’est un invité sans problèmes, il faut juste le nourrir, et il n’a pas besoin de beaucoup de place pour dormir, dit Sâleh.

- Peu importe. Qui que ce soit, quel qu’il soit, l’invité est cher et a sa place auprès de moi, dit Zâhed.

Le maire poussa l’enfant vers Zâhed et dit :

- Mais cet invité est tout petit.

- Ca ne fait rien, maire, dit Zâhed. Il installa l’enfant sur ses genoux et sortant une poignée de kiliâ d’un sachet, en proposa aux hommes :

- Vous ne mangez pas du kiliâ ?

Sâleh en prit un et le cala dans sa bouche. « Que tu sois honoré. », dit Mohammad Hâji Mostafâ.

Les hommes s’éloignèrent rapidement. Et Zâhed se retourna et regarda l’enfant dont les yeux brillaient à l’extrême, illuminant son petit visage. L’enfant fronça les sourcils et Zâhed dit :

- Pourquoi tu fronces les sourcils ? Tu ne m’aimes pas ? Bah, personne ne m’aime. Fais avec et supporte-moi cette nuit. Tu es comme moi. Vraiment, pourquoi es-tu venu au monde ? Hein ? Tu es venu pour avoir faim ? Pour dormir dans des chaumières ? Pour se lier aux vents ? Pour jouer du damâm [3] pour les imbéciles et les fous ?

L’enfant se leva. Zâhed rit et dit :

- Tu n’as pas envie d’écouter ces discours, n’est-ce pas ? Où veux-tu aller ? Ne t’en va pas. Tout est obscur, je n’ai pas de lampe à t’allumer.

L’enfant s’éloigna. Zâhed courut au-devant de lui et ouvrant largement ses bras dit :

- Qu’est-ce que tu veux faire ? Tu veux aller te perdre ? Tu veux aller te noyer dans l’étang Ayoub ? Cette nuit, tu es mon invité, alors ne le fais pas, sinon comment pourrais-je expliquer ce qui s’est passé aux autres ? Je leur dirai que je n’ai pas réussi à garder un tout petit invité ?

L’enfant s’assit par terre. Zâhed s’assit aussi, en face de lui et ils se fixèrent. Un bruit étrange se faisait entendre de l’étang Ayoub. Comme si quelque chose se débattait dans l’eau.

- Cette nuit est bien mauvaise, tu entends ? Lève-toi, qu’on rentre dans la chaumière, dit Zâhed.

L’enfant se leva, puis détala soudain. Zâhed se leva aussi et se mit à le poursuivre, griffant l’air chaque fois qu’il croisait une ombre et disant sans cesse :

- Où t’enfuis-tu ? Que fais-tu ? Attends un moment, je veux te donner à manger du pain, te faire boire de l’eau, te donner du ghottâb [4] , je veux faire de toi mon enfant, arrête-toi, arrête-toi !

Quand ils arrivèrent près de l’étang Ayoub, Zâhed se jeta à l’eau et prit l’enfant dans ses bras. Un rire se fit entendre dans l’étang.

- Tu ne comprends pas ce que tu fais ! Viens, on rentre à la chaumière. Je veux battre du dohol [5] pour toi, je veux battre du damâm. Tu ne veux pas écouter le damâm ? Tu ne veux pas que je joue du dohol ? Promets-moi que tu ne veux plus t’enfuir, sinon, je t’attacherai les bras et les jambes, je te cacherai dans le grand damâm et je te pendrai dans l’obscurité, dit Zâhed, haletant.

A midi, Mohammad Ali Ahmad alla chez Zakariâ. Zakariâ était assis sous le brise-vent et reprisait un filet de pêche. Mohammad Ali Ahmad l’appela. Zakaria sortit sa tête d’un trou dans le bas du mur et lui dit :

- Entre. Que fais-tu ici à cette heure ?

Mohammad Ahmad Ali enleva son langouteh [6] et dit :

- Je suis venu voir ce que tu fais.

- Eh bien, je reprise des filets.

- Laisse-moi t’aider.

Zakariâ tendit l’autre bout de filet à Mohammad Ahmad Ali avec du fil. Mohammad Ahmad Ali, étendant le filet sur ses genoux, dit :

- Hé, Zakariâ.

- Qu’est-ce qu’il y a ? dit Zakariâ.

- A midi, à la mosquée, personne n’a voulu garder l’enfant, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Qu’est-ce qu’ils en font, alors ? demanda Zakariâ.

- Rien, ils vont le laisser au milieu du village.

- Ils ont raison, il a dérangé tout le monde, il ne laisse pas les gens vivre, dit Zakariâ.

- Alors, qu’est-ce que je fais ? demanda Mohammad Ahmad Ali.

- Que veux-tu faire ? demanda Zakariâ.

- S’ils laissent l’enfant tout seul à l’extérieur, ce soir, il viendra dans ma chaumière, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Qu’en sais-tu ? demanda Zakariâ.

- Je le sais, Zakariâ, je le sais, il viendra surement chez moi, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Que veux-tu faire alors ? demanda Zakariâ.

- Je ne peux pas rester dans ma cabane, je veux aller en mer, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Faire quoi en mer ? demanda Zakariâ.

- J’irais dormir dans la barque de Mohammad Hâji Mostafâ, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Ce soir, il ne fera pas beau. La mer est agitée, dit Zakariâ.

- Mais je fais quoi alors ? Je ne peux pas dormir dans la mosquée, il me viendrait des idées.

- Va chez Zâhed, dit Zakariâ.

- Je n’irais pas chez lui non plus, Zakariâ. Zâhed se lève au milieu de la nuit pour jouer du damâm, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Alors chez qui veux-tu aller ? demanda Zakariâ.

- Je ne peux aller chez personne. Si tu me permets, je viendrai chez toi, je m’installerai dans la salle de bain et je te repriserai tes filets jusqu’au matin, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Bien, viens chez moi, je te préparerai un narguilé et ce n’est pas la peine de repriser des filets. Dors juste tranquillement et ne fais pas de bruit, dit Zakariâ.

- Je te promets de ne pas pleurer non plus, ce soir, Zakariâ, dit Mohammad Ahmad Ali.

A la nuit tombée, Mohammad Ahmad Ali alla chez Zakariâ et se cacha dans la salle de bain. Sâleh Kamzâri et le fils du maire emmenèrent l’enfant devant la mosquée et lui donnèrent une poignée de ghottâb, et quand l’enfant commença à manger, ils s’éloignèrent tout doucement et s’enfuirent. Quelques instants plus tard, toutes les portes se verrouillaient.

La nuit était agitée. Quelque chose dérangeait la mer et la mettait hors d’elle lorsque l’enfant se leva et avança. Il alla d’abord vers la maison du maire et griffa la porte extérieure. Le maire et sa femme, qui s’étaient refugiés derrière la porte, commencèrent à prier. L’enfant se leva et alla vers la maison de Mohammad Hâji Mostafâ. La femme de Mohammad Hâji Mostafâ, qui était derrière la porte, menaça l’enfant et l’injuria.

Puis l’enfant alla vers la maison d’Abdoljavâd. La mère d’Abdoljavâd, assise sur le toit, appela Abdoljavâd depuis une lucarne. Abdoljavâd monta sur le toit et versa de l’eau sur l’enfant. Alors un étrange brouhaha se répandit dans le village. Comme si l’on vidait une gigantesque cave. Mohammad Ahmad Ali, allongé dans la salle de bain de la maison de Zakariâ, avait peur et colla son visage à la terre.

Et le battement du damâm de Zâhed se fit entendre depuis derrière l’étang Ayoub.

Le matin, ils trouvèrent l’enfant dans la chaumière de Mohammad Ahmad Ali et l’emmenèrent devant la mosquée. Abdoljavâd alla prévenir le maire et Mohammad Hâji Mostafâ. Le ciel était nuageux et la mer bruyante quand tous se rassemblèrent.

- Hier jusqu’au matin, personne n’a pu dormir, dit Zakariâ.

- Dormir ? Nous mourrions de peur, dit le maire.

- La solution, c’est de se débarrasser de lui au plus tôt, dit Zakariâ.

- C’est la faute de Sâleh de l’avoir emmené dans le village, dit Abdoljavâd.

- Je ne l’ai pas emmené seul, il y avait le fils du maire avec moi, protesta Sâleh.

- Que savait-on de lui ? On a pensé que c’était un enfant ordinaire, dit le fils du maire.

- La solution, c’est de l’emmener dans une plaine et de l’abandonner, dit Abdoljavâd.

- C’est cruel, il va se faire dévorer par les bêtes sauvages, dit le maire.

- Il ne lui arrivera rien, maire, cet enfant est funeste, rien ne lui arrivera, dit Mohammad Ahmad Ali.

- Abdoljavâd a raison, Sâleh, prends-le, qu’on aille le déposer sur le chemin des gitans, dit Zakariâ.

Sâleh prit l’enfant et les hommes, en file indienne, sortirent du village. Le vacarme de la mer s’était élevé et une brise douce faisait de petites tornades sur la route. Et les hommes avançaient en silence, échangeant à tour de rôle l’enfant tous les quelques pas.

Dépassant les collines, ils arrivèrent à un creux salé. « C’est le chemin des gitans », dit Zakariâ.

- Alors, on le dépose sur le côté, dit Sâleh.

Et ils déposèrent l’enfant par terre, lui confiant un sac de ghottâb. L’enfant était immobile et contemplait le creux salé devant lui. Zakariâ fit un signe et tous s’éloignèrent, dépassant les lacets des collines.

- Marchons plus vite, dit Abdoljavâd.

Ils ne s’étaient pas encore très éloignés quand Zakariâ se retourna et regarda derrière lui et dit soudain :

- Hé, il vient.

Tous regardèrent. L’enfant marchait à grands pas derrière eux.

- Il arrive, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Mohammad Hâji Mostafâ.

- Changeons de chemin, il nous suivra et perdra le chemin du village, dit Sâleh.

Les hommes changèrent de direction et commencèrent à gravir la colline qui bordait la route. Ils avaient franchi la moitié du chemin quand ils se retournèrent. L’enfant, indifférent à eux, s’approchait à grands pas rapides du village.

Le ciel était clair et une chose joyeuse riait dans la mer et les hommes, angoissés et terrifiés, rassemblés, regardaient avec désespoir le village.

Notes

[1Littéralement : “Au nom de Dieu”. Expression utilisée pour indiquer un commencement.

[2Le kiliâ est une plante désertique dont est tirée des friandises locales du même nom.

[3Sorte de tambour traditionnel spécifique du sud de l’Iran. Ce tambour est notamment utilisé durant les cérémonies religieuses.

[4Friandise très sucrée, consommé plus généralement dans la moitié sud de l’Iran.

[5Sorte de tambour traditionnel. Ce tambour a une place importante dans la musique traditionnelle et populaire et battre du dohol signifie généralement « annoncer une nouvelle » ou « une fête ».

[6Sorte de turban léger, porté par les hommes dans la bande côtière du sud de l’Iran. On dit que ce turban est entré en Iran par l’Inde et qu’il a été adopté dans cette région.


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