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Sois calme, mon amour, sois calme
La vie est pareille à la mer
Scintillante parfois
De soleil, de lumière et de l’odeur du sel,
Elle ruisselle de joie
Il arrive qu’on se noie, qu’on ferme les paupières,
Partout
L’obscurité
Sois calme, mon amour,
Sois calme, nous ferons
Surface, nous verrons
À nouveau le soleil
Scintiller sur la neige d’une terre en friche, mais
- cette fois,
Où tu voudras
Sois calme, mon amour,
Sois calme.
Extrait du livre Mallâh Khiâbân-hâ
(Les capitaines des rues)
Vois
Comme les oiseaux
D’hiver viennent chercher
La chaleur de mon cœur !
Comme la demi-lune
Recherche sa moitié dans mon âme fiévreuse !
Comme mon amour est grand
Pour qu’un soleil gelé monte ainsi dans mes veines
Et cherche son refuge
Dans le feu de mon sang
Je t’aime,
Au bord de tes ruisseaux, les océans s’inclinent,
Humant la trace de tes pas,
Les orages s’écartent devant ton souffle pur,
Les ténèbres s’amassent autour de ta maison
Afin de se saisir du schéma de tes yeux
La main qui te créa et cet œil qui te vit t’échapper sans le dire
Furent bannis de l’Eden, mais c’est dans ton rire clair
Que l’Eden se trouvait
Ô, nourriture de vie ! Ô framboise des mots dans une ode à l’amour,
Aile d’astres perdus
Laisse-moi ramer vers toi tandis que le soleil
Se noie sur l’horizon
Laisse qu’avec le charbon des étoiles j’écrive,
Sur deux fragments de ciel :
"Je fus le sang pourri qu’un léopard blessé retenait dans sa gorge,
Ton piège m’a sauvé"
Ta bouche est le nid de la joie
Ta gorge, l’antre d’un oiseau
Tout arc-en-ciel
Enfui d’entre les mains du diable
Tes yeux sont deux versets perdus puis retrouvés
Sur le cours de ma route
Les boutons de ta robe : des plumetis d’étoiles qui
Penchées, pour te voir, sur la rampe des cieux
Tombèrent dans mes mains
Ô, poisson de Jonas !
Etincelle sans fin !
Tu me fus présentée par un horloger qui, aveugle, n’avait pas
Compris ce qu’est le temps
Et j’ai vu que tes ailes frémissaient dans le ciel
Dans l’attente de se poser
Sur mes épaules
Des ailes de l’argent des nacres qui me firent me noyer dans la mer
Assoiffée d’infini
Ma gazelle aux tons sable qui réussit à prendre le monstre du désert !
Lumière enchanteresse !
Douceur d’une aube mouillée d’étoiles !
Je fus ton dieu et te créai
Pour me prosterner avec toi
*Shams Langueroudi est un poète iranien contemporain né en 1950 à Langueroud, dans la province du Guilân.