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Bam est l’une des préfectures de la province de Kermân, au sud-est de l’Iran. Cette subdivision est une région plutôt désertique. D’après le recensement de l’année 2006, sa population est de 277 835 personnes. Bam avoisine la ville de Kermân au nord ; à l’est, les préfectures de Zâhedân et Irânshahr, de la province du Sistân et Baloutchistân, au sud, Kahnouj et à l’ouest, la ville de Jiroft. La ville de Bam, à une altitude de 1060 mètres au dessus du niveau de la mer, se situe à 200 kilomètres du sud-ouest de Kermân, à mi-chemin entre Kermân et Zâhedân. Bam est la seule ville de la région enregistrée sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2004.
Le jardinage, l’agriculture, l’élevage des animaux et le tissage de tapis constituent la base et l’essentiel de l’économie de Bam. L’eau, essentiellement utilisée pour l’agriculture, est acheminée dans la ville par les antiques kâriz (qanât), ainsi qu’en modeste partie, par la rivière. Les productions principales de l’agriculture de cette province sont le blé, l’orge, le coton, les légumes, les agrumes, et surtout la datte mazâfati, produit agricole le plus important de la région et datte la plus appréciée en Iran.
L’élevage n’est pas intense à Bam et les centres d’élevage sont situés à Râyen, région voisine de Bam. En général, l’élevage dans la région comprend des animaux comme les moutons, les bœufs, les volailles et les chameaux. A la fin du règne de Lotf Ali Khân Zand, Bam fut aussi la capitale de l’Iran pour une courte période. Bartold écrit : « Bam était le centre industriel de l’Iran, et les cotonnades fabriquées dans cette ville étaient envoyées partout ailleurs, même en Egypte. »
Les géographes du XVIIe siècle attestent de l’importance de cette ville, dont les habitants étaient connus pour leur habileté en artisanats divers. A l’époque, Bam est un centre marchand et son industrie textile est réputée. La plupart des habitants de la ville sont alors des tisseurs.
Peu d’informations existent sur les origines de la ville, mais d’après les études menées sur les lieux de résidence, notamment les tours et les remparts, et en partant du fait que les habitants de Bam ont résidé dans l’enceinte de la citadelle de Bam depuis deux millénaires jusqu’au milieu du XIXe siècle, on estime que les habitants sont culturellement aryens. Une recherche génétique portée sur les habitants du département Dehbekri a montré une grande similarité entre leur ADN et celui des cadavres inhumés dans la citadelle de Bam. On en a déduit que les Dehbekri seraient l’ancien peuple de la citadelle de Bam qui auraient migré en partie de Bam pour une région climatiquement plus clémente, alors que d’autres ont décidé de rester. Dans la mythologie iranienne, Bam aurait été construit par Bahman, fils du prince sacré Esfandiar ou fils de Goshtâsb (héros légendaire).
Cette ville est un centre urbain extrêmement ancien. Les collines historiques de Bidroun, situées à 10 kilomètres au nord de la ville et le temple du feu à Dârestân, à 30 kilomètres de Bam, datent du IVe millénaire av. J.-C. Quant à Bam, elle aurait pris forme autour de sa citadelle, il y a environ 6000 ans.
Durant le dernier millénaire, Bam fut aussi une étape de la Route des Epices, l’une des voies principales de la Route de la Soie, d’où une place stratégique et économique importante.
Le climat de Bam est chaud et sec, mais sa proximité avec le désert de Lout lui donne un climat extrême, de telle façon qu’en été, il est parfois le point le plus chaud, et en hiver, le point le plus froid du pays. Le taux moyen annuel de pluviosité est de 68 millimètres dans la région. L’une des attractions de Bam est la région de Dehbekri, au climat frais et tempéré.
La région de Morghak, dépendante de Dehbekri, est aussi à signaler pour sa fraîcheur et ses forêts de pistachiers et d’amandiers sauvages. Autrefois, Morghak était un centre important de musique traditionnelle iranienne. A cette époque, les lettrés et les poètes parlent de Dehbekri comme d’« un paradis entre deux enfers ».
La citadelle de Bam est le plus grand monument en briques crues du monde, parfois comparée à la Grande Muraille de Chine de par sa splendeur et sa beauté. La citadelle se situe au nord-est de la ville, contre les remparts, et surplombe la Route de la Soie. D’après les études, elle aurait d’abord été construite à l’époque achéménide, puis rénovée à l’époque arsacide. Jusqu’à la fin de l’époque qâdjâre (début XXe siècle), la citadelle était habitée. Selon les études faites pendant ces dernières années, le bâtiment originel de cette citadelle historique aurait 6000 ans d’âge. La citadelle de Bam a été enregistrée le 23 mars 1966 sur la liste des œuvres nationales, et la ville de Bam, en 2004, sur la liste des œuvres du Patrimoine mondial de l’humanité.
La citadelle de Bam était le lieu de résidence des habitants de Bam, il y a 180 ans. L’ensemble de la citadelle comprenait la vieille ville et la forteresse, et couvrait près de 20 hectares. Autour de la forteresse, des douves profondes protégeaient la ville contre les assauts. 38 tours de guet sur les remparts de la forteresse, fortifiaient la défense.
Au centre de la citadelle se dressait le bâtiment principal, érigé sur un rocher. Ce bâtiment comportait cinq étages et était en adobe. Dans la citadelle, on trouvait aussi des boulangeries, des magasins de fabrication d’huile et bien d’autres magasins. De toutes ces parties, il ne reste aujourd’hui que quelques colonnes et des arcs. A l’époque islamique, on y construisit deux mosquées sous les noms de Mosquée Jâmeh et Mosquée du prophète Mohammad, avec une terrasse et quelques chambres dans la citadelle, mais elles ont été détruites lors du séisme de 2003. Autre bâtiment construit à l’intérieur de la citadelle qui n’a pas survécu : le zourkhâneh (maison de force), comportant quatre balcons, un dôme et un intérieur bas. La citadelle n’avait qu’une seule porte d’entrée dont l’arc était similaire à ceux de l’époque sassanide.
Anecdote historique : Lotf’ali Khân Zand, le prince héritier zand, fut arrêté dans cette même citadelle par Mohammad Ali Khân Zâboli, le gouverneur de Bam. La citadelle fut le lieu de résidence du gouverneur jusqu’en 1875 et la fin du gouvernorat d’Aghâ Khân Mahallâti.
Le séisme de 2003 qui ravagea Bam détruisit aussi la citadelle antique en grande partie. Le séisme, d’une puissance de 6,6 sur l’échelle de Richter, eut lieu à 5 h 26 au matin du 26 décembre 2003. Le nombre des victimes de ce séisme oscille entre 32 000 et 52 000 personnes, selon les statistiques. Il y eut aussi plus de 30 000 blessés et des milliers de gens sans abri. Après le séisme, de nombreuses organisations nationales et internationales se sont alliées pour tenter de répondre aux conséquences désastreuses de cette catastrophe.
Quant au projet de restauration de la citadelle de Bam, il rassemble des spécialistes qui étudient les documents, les plans et les photos restés de ce monument historique pour peut-être pouvoir lui rendre une nouvelle fois sa magnificence et sa splendeur passées. Un atelier de fabrication de briques crues fut ainsi rapidement mis en place, atelier qui est l’un des plus grands et des mieux équipés du Moyen-Orient. La brique crue nécessaire à la reconstruction des parties détruites de la citadelle est produite par les mines locales, avec l’aide d’experts nationaux et internationaux.
Etant donné le nombre élevé de victimes et la migration de nombreux survivants vers les villes voisines, des changements démographiques et éventuellement culturels profonds ont affecté la ville. La lenteur des reconstructions pousse parfois ces survivants à choisir de rester dans leur région d’adoption, ce qui tend à transformer la structure traditionnelle et historique de la ville, et provoque la disparition d’une certaine culture spécifique à Bam.