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Jiroft est une petite ville de la province de Kermân. Dans le passé, elle a également été nommée Sabzevârâneh, et en raison de la fertilité de ses sols, on la nomme également la "petite Inde" (Hend-e Koutchak). Située dans une vaste plaine, Halil Roud, à la périphérie sud de la chaîne de montagnes Jebal Barez, cette ville est contournée par deux rivières.
Lorsque l’Organisation iranienne du patrimoine culturel, de l’artisanat et du tourisme (ICHHTO) annonça la découverte d’une ville antique à sa proximité, le nom de Jiroft devint mondialement célèbre. Les ruines de l’ancienne ville de Jiroft se trouvent à un kilomètre de la ville actuelle.
Près de cent vingt sites historiques ont été répertoriés dans le bassin du Halil Roud, au sud de la province de Kermân. L’un d’eux se trouve à Konar Sandal (sites A et B), deux collines à une courte distance en voiture du centre-ville de Jiroft. [1]
Non loin de Konar Sandal, les inondations de Halil Roud en 2000 ont balayé la surface des sols, découvrant ainsi un autre site se composant d’un grand nombre de tombes anciennes.
Les fouilles de Konar Sandal ont également permis la découverte des ruines d’une ville d’un kilomètre et demi de diamètre. Ces ruines auraient été les demeures des peuples qui habitaient la région en 2200 ou 2300 av. J.-C., époque où une première écriture fut inventée et où les commerçants transportaient épices et céréales, or, lapis-lazuli… le long des routes commerciales qui allaient de l’Asie centrale au Nil, et de l’Indus à la Chine. Les collines ou tappeh situées à Jiroft sont également appelées Ghal’eh koutchak, signifiant "petite citadelle". [2]
Depuis 2002, des fouilles archéologiques menées par le professeur Youssef Majidzâdeh ont permis la découverte d’une ziggourat formée de plus de quatre millions de briques de boue et datant d’environ 2200 av. J.-C. Plusieurs ruines anciennes et de nombreux objets intéressants ont été découverts par les archéologues dans le site de Jiroft, désormais connu comme « le Paradis perdu des archéologues ».
Après les nombreuses découvertes dans la région, le professeur Majidzâdeh a présenté Jiroft comme l’un des berceaux majeurs de l’art. A la suite de cette déclaration, des chercheurs remirent cette théorie en question en raison du fait qu’aucune inscription ni structure architecturale n’avait encore été découverte dans le site. Néanmoins, peu de temps après, son équipe découvrit des inscriptions sur la ziggourat de Konar Sandal, aboutissant à relancer les réflexions sur la nature du site. [3]
Les inscriptions de Konar Sandal sont plus anciennes que l’inscription Inshushinak. [4] Il semble donc qu’il y ait un lien entre les inscriptions découvertes, l’ancienne écriture proto-élamite (apparue environ 2900 av. J.-C. à Suse) et l’ancienne écriture élamite (utilisée environ entre 2250 et 2220 av. J.-C.).
De nombreux archéologues iraniens et étrangers considèrent les découvertes de Jiroft comme le signe de l’existence d’une civilisation aussi importante que Sumer et celle de l’ancienne Mésopotamie. Selon Majidzâdeh, Jiroft pourrait être la ville ancienne d’Aratta [5], décrite comme une grande civilisation dans une inscription d’argile sumérienne.
Au cours des fouilles, les archéologues ont également découvert une vaste collection de céramiques, des objets domestiques et de grandes statues. En outre, six grands cimetières, un grand centre de produits artisanaux ainsi que de nombreuses structures internes ont été mis au jour dans la zone étudiée. Les recherches se poursuivent néanmoins, et la zone semble loin d’avoir révélé l’ensemble de ses secrets.
[1] Majidzâdeh, Youssef, Jiroft : kohantarin tamaddon-e Shargh (Jorolft : La plus ancienne civilisation orientale), Téhéran, 2003.
[2] Ibid.
[3] Mâheri, M., Tamadon-hâye nakhostin-e Kermân (Les premières civilisations de Kermân), Markaz-e Kermân Shenâsi, 2000.
[4] Inshushinak était l’un des principaux dieux élamites ainsi que la divinité protectrice de Suse. La ziggourat de Tchoghâ Zanbil lui est dédiée.
[5] Aratta est un territoire fictif qui apparaît dans les mythes sumériens et qui met en scène les rois d’Ourouk, Enmerkar et Lugalbanda.