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La photographie de guerre capture des images d’affrontements et de conflits armés dans les régions déchirées par la guerre. Elle vise notamment à apporter un témoignage et montrer aux gens les désastres issus de ces conflits, qui ne sont parfois pas exprimables par écrit. Ainsi, la photographie peut fournir une représentation plus directe, plus choquante aussi parfois, que la peinture, le dessin ou l’écriture. Les sujets de la photographie de guerre peuvent également être hors des régions de conflits. De façon plus générale, l’objectif principal de la photographie de guerre est de décrire la figure humaine, impliquée volontairement ou involontairement dans toute forme de conflits, que ce soit un soldat ou un enfant.
La photographie de guerre a un impact considérable sur l’opinion publique et conduit parfois à l’exercice de fortes pressions sur le pouvoir politique, ce fut le cas lors de la guerre du Vietnam, dont certains clichés, notamment de victimes du napalm contraignirent les politiciens à mettre fin à la guerre.
La Révolution islamique en 1979 puis le début de la guerre avec l’attaque irakienne en septembre 1980 eurent une influence considérable sur la photographie iranienne ; influence qui continua à se faire sentir jusqu’aux débuts des années 1990 et, d’une certaine manière, jusqu’à nos jours. L’artiste Sâdegh Tirafkan [1] insistait ainsi sur cette influence dans ses dernières interviews.
La photographie de guerre et documentaire fut quasiment le seul genre de photographie qui se développa durant les années 1980 en Iran. Elle a été enseignée en tant que style de photographie majeur lors de l’ouverture des premières écoles de photographie. Ce n’est qu’au début des années 1990, avec le retour de la paix, que d’autres styles furent peu à peu enseignés et développés.
La multiplication et la diversification des sujets artistiques traités ainsi que le soutien prodigué par les galeries, les acheteurs et les collectionneurs à ces nouveaux styles au cours des quinze dernières années a relégué la photographie documentaire et de guerre à un genre secondaire, qui conserve néanmoins sa place dans le paysage de la photographie iranienne contemporaine.
Un nombre conséquent de photographes s’est engagé sur le front durant la guerre en vue de rapporter des témoignages photographiques des affrontements et du quotidien des combattants, souvent au péril de leur vie. Nous allons ici nous concentrer sur Kâzem Akhavân, qui peut être considéré comme l’un des photographes les plus importants dans ce domaine en Iran.
Kâzem Akhavân est né en 1955 à Mashhad, le jour de l’anniversaire de la naissance de l’Imâm Moussâ Kâzem, septième Imâm des chiites. Son père consacrait une partie de son temps à faire du travail bénévole au sanctuaire de l’Imâm Rezâ. Elevé dans un milieu où l’implication sociale était importante, Kâzem décida de poursuivre des études supérieures tout en menant parallèlement une petite carrière de lutteur, couronnée d’un certain succès, puisqu’il gagna à plusieurs reprises le championnat de lutte de sa région natale.
Lors du déclenchement de la guerre, il partit à Ahvâz et participa à des dizaines de combats durant lesquels il prit des photos. Il accompagna également souvent Mostafâ Chamrân [2], et entretint des relations amicales étroites avec lui.
Au début, engagé en tant que simple soldat, il découvrit son intérêt pour la photographie une fois sur le front, et réalisa des images exceptionnelles qui constituent un témoignage majeur de cette guerre. Il envoyait ses clichés à IRNA à Téhéran afin qu’ils soient diffusés dans les médias iraniens. Près de 75 photographes professionnels et amateurs ont participé à la première grande exposition consacrée à la guerre organisée par le Musée d’art contemporain en 1981. Les photos d’Akhavân remportèrent la première place de par leur style unique, et le fait qu’il ait réussi à immortaliser des scènes exceptionnelles et parfois, au cœur des combats, chargées de spiritualité. Plusieurs de ses œuvres ont été publiées dans des magazines nationaux et dans des ouvrages consacrés à la guerre.
Après l’invasion israélienne du Liban en juillet 1982, il se rendit en Syrie accompagné d’un groupe de diplomates, mais avant d’arriver à Beyrouth, ils furent enlevés par des militants libanais ou des forces israéliennes à un poste de contrôle. L’enlèvement n’ayant pas été revendiqué, l’identité des ravisseurs reste inconnue. Depuis lors, des informations contradictoires ont été publiées à leur propos, mais on ignore toujours ce que Kâzem Akhavân est devenu.
Sitographie :
http://www.tasnimnews.com/Home/Single/39457
http://www.tasnimnews.com/Home/Single/39457
http://www.tebyanzn.ir/NewsArticle/photography/photography_documental/2013/7/12/115054.html
http://ravayatgar.org/
http://mostafachamran.com/archives/2947
http://chilick.ir/index.php?page=photographer/search/simple_search_pgrapher.php&lang_id=fa
[1] Sâdegh Tirafkan, artiste contemporain, décédé à Toronto en 2013.
[2] Mostafâ Chamrân fut un révolutionnaire iranien. Après la Révolution islamique, il devint ministre de la Défense et député au parlement iranien. Il commanda également des volontaires iraniens pendant la guerre contre l’Irak et fut tué au combat en 1981.