|
L’Iran connaît actuellement un important développement dans le domaine de la photographie d’art et est témoin de l’émergence d’une nouvelle génération de photographes où les femmes ont un rôle non négligeable. Leurs travaux sont le plus souvent présentés dans le cadre de nombreuses biennales de photographie et d’expositions thématiques organisées à Téhéran, ainsi que dans des galeries d’art privées dont Silk Road qui fait office en même temps de précurseur et de foyer de présentation à la fois du travail de photographes confirmés et de jeunes talents à Téhéran. Nous allons ici présenter le travail de quelques figures de la photographie iranienne contemporaine ayant été exposées dans cette galerie.
Né en 1969, Jalâl Sepehr a commencé la photographie en 1995, en travaillant essentiellement pour des magazines de photographie et en organisant ponctuellement des ateliers de travail dans ce domaine. Ses photos colorées marient différents aspects de la culture iranienne – dont ses fameux tapis – à la beauté des éléments naturels du pays : désert, eau, verdure. Il a participé à de nombreux festivals et compétitions en Iran et à l’étranger, qui lui ont notamment permis de remporter un nombre important de prix dont le 1er et le 2ème prix du Marine Photography Competition (2004 et 2005), le deuxième prix du festival PX3 en France (2009), le 3e prix de la photographie industrielle iranienne (2003). Il a également fondé le site internet Fanoos, et nous pouvons retrouver ses clichés dans un nombre important d’ouvrages et de revues.
Le travail de Ranâ Javâdi mêle vieilles photos, collages et superpositions de tissus aux motifs souvent traditionnels auxquels s’ajoutent parfois des papiers griffonnés en persan. S’approchant parfois d’un certain kitsch, elle exhume le passé en le recolorant, lui redonnant un sens, ou parfois en l’enracinant de nouveau dans la culture où il a pris forme. Ranâ Javâdi fait partie de ces photographes artistes mêlant plusieurs supports plastiques. N’ayant pas suivi de formation particulière, elle travaille depuis 1989 en tant que directrice de la photo et des études picturales au bureau de la recherche culturelle de Téhéran, est membre du comité d’édition de Aksnâmeh, journal iranien spécialisé dans le domaine de la photographie, et fait partie des membres fondateurs de Akskhâneh Shahr, le premier musée de la photographie en Iran. Elle a participé à plusieurs expositions nationales et internationales, notamment au Carrousel du Louvre en 2010 et au Quai Branly en 2009.
Sabâ Alizâdeh fait partie de la nouvelle génération des photographes iraniens. Né en 1983 à Téhéran, il a étudié la photographie dans cette ville avant de poursuivre sa formation aux Etats-Unis. Il travaille surtout sur les jeux de lumières et d’ombres, faisant intervenir des motifs très divers, des souvenirs de la guerre à des scènes plus contemporaines, dans une atmosphère surréelle se reflétant sur des objets de la vie quotidienne – canapé, lit… Ces objets banals prennent alors soudain une autre dimension et semblent livrer leurs souvenirs ou faire brusquement intervenir une autre dimension, historique ou féérique, au sein de la banalité du quotidien. Alizâdeh a participé à plusieurs expositions en Iran dont “Lumière et terre” à la galerie Silk Road en 2012, ou “Service militaire obligatoire” à la galerie Mohsen en 2010. Il a également participé à Paris Photo en 2009.
Né en 1961 à Rasht, au nord de l’Iran, Mehdi Monem est un photographe autodidacte. Il a travaillé durant cinq ans pour l’agence iranienne IRNA durant la guerre contre l’Iraq, en étant présent sur le front et en couvrant diverses expéditions militaires. Cette expérience de la guerre a profondément marqué son œuvre, le portant ensuite à se consacrer à la question des effets de la guerre sur la population, et ce, quelques années et même plus de deux décennies après le cessez-le-feu. Il a notamment travaillé sur la question des blessés de guerre et leur réinsertion dans la société : amputés d’une main, d’une jambe, victimes des armes chimiques… Ses portraits expriment avec une grande pudeur la douleur de personnes essayant de reprendre leur rôle de père, d’assumer celui de mère… malgré leur handicap. Il est également l’auteur d’un ouvrage, Le miracle de l’espoir, qui rassemble des portraits de combattants blessés, ainsi que de Victimes de guerre, publié en 2009, qui insiste plus particulièrement sur les conséquences de la guerre sur la population civile. Mehdi Monem travaille aussi à la réalisation de portraits d’Iraniens et d’Iraniennes qui tendent à refléter la diversité ethnique et culturelle de l’Iran, notamment au sud du pays.