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La ville de Hâdji Abâd se situe à 160 km au nord de Bandar Abbâs, chef-lieu de la province de Hormozgân. Elle est située à un carrefour où se croisent plusieurs routes du sud du pays dont Kermân-Fârs et Bandar Abbâs-Sirdjân et de ce fait, jouit d’une importance géographique particulière. Elle est également une étape de l’autoroute nord-sud, reliant notamment la capitale au golfe Persique et joue un grand rôle dans le transport routier du pays. Hâdji Abâd s’étend à l’extrémité sud de la chaîne montagneuse du Zagros. La ville connaît un climat moins chaud et on peut donc conclure qu’elle est la région la plus froide de la province. Hâdji Abâd, dont le nombre d’habitants ne dépasse pas 70 000, se situe à une altitude de 35 m au-dessus du niveau de la mer. Etant donné sa situation et son climat, la ville est considérée comme un pôle agricultural dont les particularités géographique et économique lui ont permis d’occuper une place à part parmi les villes du Hormozgân. Hâdji Abâd avoisine Dârâb [1] et représente donc une partie du patrimoine culturel et historique de l’ancienne Dârâbguerd. Cette région se situe également au sein d’une plaine entourée par de hautes montagnes de la chaîne du Zagros dont Fâreghân, Koushâh, Kâferi et Hamâg où poussent diverses sortes de plantes médicales.
Cette ville est divisée en trois districts Ahmadi, Fâreghân et Markazi (central), eux-mêmes subdivisés en plusieurs villages dotés pour la plupart d’un fort potentiel touristique. Par conséquent, on peut avec optimisme imaginer le futur développement touristique de ces villages qui aboutira à la création d’emplois, entraînant une certaine croissance économique et une réduction de la pauvreté.
La côte est de Hâdji Abâd, qui comprend le district de Fâreghân, est propice à l’agriculture, notamment du fait de son sol fertile et de ses ressources en eau. Ainsi, l’essentiel de l’activité des habitants se concentre sur l’arboriculture, notamment la production de dattes et d’agrumes, qui sont les principaux produits agricoles de la région. La partie ouest de Hâdji Abâd, moins peuplée, est formée principalement de plaines salées et arides.
Parmi les curiosités géographiques de cette région, on peut citer les sources d’eau chaude de Dehsheikh et de Ma’dounieh, les sources d’eaux minérales de Tazardj, de Bekhân et de Meymand, la cascade de Tazardj, ainsi qu’un bon nombre d’étangs et de marais, de grands dattiers, de vastes jardins d’agrumes, etc. En outre, les nombreuses rivières qui parsèment la région justifient l’existence d’un grand nombre de moulins à eau, datant de diverses époques et aujourd’hui souvent abandonnés. La cascade de Tazardj est une chute d’eau haute de près de 50 mètres qui se jette au milieu des dattiers du village de Tazardj ; elle se situe à 25 km au sud-ouest de Hâdji Abâd.
Le potentiel touristique de Hâdji Abâd ne se limite pas à sa nature exceptionnelle, elle jouit également d’une histoire millénaire et de ce fait, abrite de nombreux monuments historiques et religieux ; étant donné l’ensemble des attraits touristiques de la région, Hâdji Abâd est, selon les données statistiques, l’une des villes les plus visitées du Hormozgân.
A l’époque sassanide, Hâdji Abâd, à titre de district de Dârâbguerd, est envahi par les troupes musulmanes. Selon les données historiques, suite à la défaite de l’armée sassanide en l’an 640, les forces restantes de Yazdgerd III (le dernier roi sassanide) et les forces locales du sud se regroupent et lancent une contre-attaque contre les musulmans qui veulent conquérir Dârâb et ses alentours, mais elles subissent de lourdes défaites et la ville est occupée. Il faut souligner que l’appellation de Hâdji Abâd remonte à la période islamique. Parmi d’autres attraits historiques et religieux de ce territoire, citons également la vieille forteresse de Hâdji Abâd et les Imâmzâdehs Mohammad et Nezâmeddin.
Le Vieux Fort de Hâdji Abâd (Ghal’ey-e ghadimi-e Hâji Abâd) est l’un des monuments les plus anciens du sud du pays. C’est un monument historique datant de l’époque ilkhanide, édifié sur un large rocher au sud-ouest de la ville. Large de 80 mètres, il se dresse à une hauteur moyenne de 27 mètres. Ce fort, construit pour défendre la ville, a été utilisé comme pavillon de chasse et de repos pendant la période safavide. Selon les sources historiques, le fort était autrefois dénommé Fort de Saffeyn (mot arabe signifiant deux épais), mais il a perdu cette nomination au fil des siècles. Selon les documents historiques, cette forteresse fut complètement détruite lors de l’invasion des troupes de Tamerlan au sud de l’Iran au XIVe siècle et reconstruite ensuite par les gouverneurs de Dârâb. Il est à regretter qu’à l’heure actuelle, l’état de ce vieux fort se dégrade rapidement. Des mesures de conservation de l’ensemble sont donc à prendre d’urgence.
Hâdji Abâd comprend d’autres forteresses historiques, dont les forteresses de Fâreghân et de Nessâ en sont les exemples. Outre les forteresses, les moulins d’eau, les réservoirs d’eau, les caravansérails et les mosquées historiques sont au nombre du patrimoine historique/culturel de la région.
Il existe d’importantes différences culturelles entre les habitants du sud et du nord de la ville de Hâdji Abâd : la partie nord est considérablement influencée par la culture de sa voisine Kermân tandis que le dialecte, les vêtements et l’artisanat du sud de la ville se rattachent davantage à la culture du Hormozgân. La tapisserie, en particulier la réalisation de petites pièces, est l’artisanat principal des habitants de Hâdji Abâd, nomades sédentarisés Afshâri et Ayini, qui réalisent notamment des ghâlitcheh (petit tapis), tchanteh (sorte de sac à main), et rouyeh (des toiles de matelas, de coussin, etc.).
Bibliographie :
Bakhtiâri, Saïd, Atlas-e guitâshenâsi-e ostân-hâye Irân (Atlas de géographie des provinces d’Iran), Mo’assesseh-ye joghrâfiâyi va kârtogerâfi (Institut de géographie et de cartographie), Téhéran, 1383/2004.
[1] La ville de Dârâb, autrefois appelée Dârâbguerd, se situe à 270 km au sud-est de Shirâz. La ville, dont l’histoire remonte à l’ère achéménide, était autrefois l’une des capitales de la dynastie sassanide, les autres étant Estakhr et Ctésiphon.