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Les assauts aériens de l’Irak contre l’Iran ont été déclenchés le 22 septembre 1980, parallèlement aux attaques terrestres irakiennes. Durant ces attaques, de multiples objectifs sur le territoire iranien ont été bombardés en même temps par un nombre conséquent de Mig-13 irakiens : plusieurs bases militaires situées aux frontières de la province du Khouzestân, les aéroports de Hamadân et de Kermânshâh, et l’aéroport international de Mehrâbâd de Téhéran. A titre de représailles, les officiers supérieurs des forces aériennes iraniennes dirigés par le martyr Javâd Fakouri planifient et organisent en peu de temps une contre-attaque nommée Kamân 99 [1] (Arc 99). Selon la carte d’opération, l’Iran fait décoller 140 Phantom dotés de divers types de bombes et de missiles air-sol en vue de bombarder plusieurs cibles stratégiques irakiennes dont les bases aériennes d’Al-Rashid, Mossoul, Nassirieh, etc. Le but principal de l’Iran est alors d’insécuriser certains lieux stratégiques sur le territoire irakien dont des bases militaires, des entrepôts de munitions et d’explosifs, des tours de surveillance aérienne, des bases aériennes, des systèmes de défense, des radars, des hangars, des dépôts de combustibles d’aviation…
A l’époque, l’Irak bénéficie de nouvelles techniques de défense anti-aérienne (D.C.A.) et de ce fait, l’effort principal de l’Iran consiste à paralyser les systèmes défensifs de l’ennemi afin de pouvoir accéder à son espace aérien. En vue d’atteindre cet objectif, plusieurs avions iraniens sont chargés de rassembler des informations ; ils arrivent rapidement à détecter et à bombarder certains radars et systèmes d’information irakiens avant et au cours de l’exécution de l’opération. L’Irak, qui dispose alors d’un excellent armement et d’équipements modernes, jouit d’une grande puissance à la fois offensive et défensive. Pour mieux s’en rendre compte, nous dressons une liste des capacités de la force aérienne irakienne au début de la guerre Iran-Irak, juste avant le déclenchement par l’Iran de l’opération Kamân 99 :
-670 chasseurs-bombardiers de divers genres dont Phantom II, Su-20, Mig-23, Mig-21, F-14, etc.
-167 hélicoptères
-775 lance-roquettes sol-air
-713 missiles
-176 radars, etc.
Le 23 septembre, dès l’aube, l’opération Kamân 99, considérée comme l’une des plus grandes opérations iraniennes dans toute l’histoire de la Défense sacrée, est lancée. De la base aérienne de Hamadân décollent alors 40 chasseurs iraniens qui en peu de temps franchissent les frontières et menacent le ciel de Bagdad en larguant des bombes sur les objectifs prévus. Suite à cet assaut soudain, les bases aériennes d’Al-Rashid et Al-Kout sont presque entièrement détruites. D’autres chasseurs-bombardiers iraniens décollent durant les phases suivantes de l’opération. Voici la liste des bases ariennes participantes dans l’opération :
1) la base de Tabriz : 48 chasseurs bombardiers FSE ayant pour cible le bombardement de la base de Mossoul.
2) la base de Dezfoul : 40 chasseurs bombardiers FSE quittent cette base et parviennent à détruire la base aérienne irakienne de Nassirieh dans la province d’Al-Zighâr.
3) la base aérienne de Hamadân : 40 Phantom s’envolent depuis cette base afin de bombarder la base aérienne d’Al-Kout et de larguer des bombes sur la base Al-Rashid au sud de l’Irak.
4) la base de Boushehr est le point du départ d’autres chasseurs iraniens qui arrivent à larguer des bombes sur l’aéroport de Bagdad et la base de Habbânieh à l’ouest de Bagdad.
Tandis que certains Phantom iraniens pénètrent dans l’espace aérien irakien et bombardent les cibles prévues, d’autres décollent depuis la base de Téhéran et se mettent à bombarder l’aéroport international de Bagdad pour frapper ensuite la base d’Al-Rashid. Outre les 140 avions qui sont expédiés en Irak, 60 autres chasseurs iraniens, dont des Phantom II et F-14, restent en état d’alerte pour défendre l’espace aérien de l’Iran contre d’éventuelles ripostes irakiennes. Dans l’ensemble, 380 pilotes de l’Armée de l’air iranienne participent à cette opération qui s’achève par une victoire après plus de 300 vols.
Suite à cette opération victorieuse, l’Iran accède à la suprématie aérienne dans toute la région. Cette supériorité permet à l’Iran de soutenir ses forces sur les fronts terrestres. Cette offensive est par ailleurs une surprise pour l’Irak qui croyait à la faiblesse aérienne de l’Iran. Toutes les bases bombardées par les chasseurs iraniens sont presque anéanties et mises hors d’usage pour cinq ou six mois. La liste suivante détaille les pertes principales de chacune des bases attaquées par les chasseurs iraniens :
- la base aérienne de Mossoul au nord de l’Irak : 48 chasseurs-bombardiers Tiger F-5
- la base aérienne d’Al-Kout dans la province d’Al-Amâreh : 16 Phantom F-4.
- la base aérienne de Nassirieh : 40 chasseurs-bombardiers Tiger F-5
- la base aérienne de Sho’aybieh dans la province de Bassora : 12 Phantom F-4.
- la base aérienne d’Al-Rashid, à plusieurs reprises bombardée, est totalement détruite.
En outre, les bases aériennes de Habbânieh et Tamouz situées à l’ouest de Bagdad, l’aéroport de Bagdad, l’aéroport d’Al-Mosnâ et la base
aérienne de Kirkuk sont largement bombardés
et endommagés.
Source :
Namaki, Alirezâ, Nirou-ye havâ’i dar defâ’e moghaddas (Les forces aériennes au cours de la Défense sacrée), Téhéran, Irân-e sabz, 2008.
[1] Dans l’histoire de la Défense sacrée, cette opération est également connue sous le nom de Nabard-e Alborz qui signifie "la bataille d’Alborz".