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Arg-e Karim Khân est une citadelle construite par Karim Khân (1750-1779), souverain de la dynastie Zend, dans sa capitale, Shirâz. Cette citadelle se situait au nord-ouest de la vieille ville, non loin de la porte de Bâgh-e Shâh et à l’intersection des quartiers Darb-e Shâhzâdeh et Meydân-e Shâh. Elle est aujourd’hui délimitée au nord par l’avenue Nâser Khosro, à l’est par l’avenue Shâhpour, au sud par l’avenue de Karim Khân-e Zand et à l’ouest par l’avenue de Shahrdâri.
De point de vue architectural, cette citadelle est un grand et noble bâtiment rectangulaire. Elle était entourée originellement d’une douve que l’on disait être aussi grande et profonde que celle qui se trouvait à la frontière de la ville. A chacun des quatre coins de la citadelle, se trouvent des tours rondes en forme de cônes tronqués d’une hauteur de 15 mètres. Le bâtiment mesure 124,8 mètres d’est en ouest, et 93,6 mètres du nord au sud. L’entrée unique se situe au milieu de la façade principale. Lorsque l’on entre, on se trouve face à des couloirs, des salles de gardes ainsi que de l’entrée d’un hammam. Comme la plupart des hammams traditionnels, celui de la citadelle de Karim Khân contient également un vestiaire, une salle chauffée, ainsi qu’un bassin polygonal orné de gravures en relief.
La cour intérieure abrite deux piscines, un jardin, ainsi que trois grands iwâns devant lesquels se tiennent deux grands piliers en pierre. Chaque iwân contient des grandes pièces à trois portes ainsi que des escaliers menant à de petites pièces ainsi qu’aux iwâns de l’étage supérieur. Chacun des quatre coins de la citadelle comporte une petite cour donnant accès aux fortifications et aux chambres adjacentes.
La structure principale de la citadelle Karim Khân est composée de murs inférieurs, de piliers et de pavés en pierre, le reste étant fait de brique en terre cuite, avec des portes et des chevrons en bois.
Les bases des murs extérieurs et des tours sont en pierres carrées dégrossies (connues sous le nom de bâdbor-e shirâzi1), tandis que leur partie supérieure est ornée de briques entrelacées (connues sous le nom de heshtogir-e shirâzi [1]). Sur le fronton du porche de la porte d’entrée se trouve une représentation colorée de la scène du combat de Rostam [2] avec le Démon Blanc sur des tuiles émaillées.
Autrefois, la décoration intérieure était faite en marbre de Yazd et de Marâgheh sur les parties inférieures des murs des iwâns et des salles, tandis que les surfaces en plâtre des parties supérieures et les plafonds étaient ornés de motifs de style shirâzi peints de teintes dorées et turquoises. Selon Mirzâ Mohammad Sâdegh Nâmi Esfahâni, historien de l’époque zend, Karim Khân avait acheminé une partie de l’eau de Roknâbâd, rivière à proximité de Shirâz rendue célèbre par Hâfez à laquelle les poèmes font souvent allusion, vers la citadelle grâce à des conduites en brique et en mortier, ainsi que des siphons en pierre. On peut aujourd’hui encore voir les restes de ce dispositif autour de la citadelle de Karim Khân. Nâmi Esfahâni affirme que Karim Khân avait ordonné la construction de cette citadelle dans le plus bel endroit de la ville.
Il avait rassemblé les meilleurs architectes, maçons, charpentiers, peintres et artisans du pays dans ce but. Des matériaux de luxe, tels que des panneaux de marbre de Yazd et de Tabriz ou encore de grands miroirs importés de Russie et d’Europe y ont été utilisés. Nâmi Esfahâni raconte encore que les artisans rentraient chez eux en hiver et reprenaient le travail au printemps. L’Arg-e Karim Khân devint la résidence royale de nombreux souverains de la dynastie zend, et ses tours ont parfois été utilisées en tant que prison. Ce fut ensuite le siège des gouverneurs généraux du Fârs pendant la période qâdjâre et durant les premières années du règne des Pahlavis. Sa restauration a été entamée en 1977. Aujourd’hui, cette citadelle a été transformée en musée et est gérée par l’Organisation du patrimoine culturel.
[1] Ornement en saillie et en creux formé de briques entrelacées
[2] Héros mythique de la Perse antique