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La ville de Jahrom est le chef-lieu d’un département du même nom situé dans le sud de la province de Fârs. Elle est la troisième grande ville de la province, après Shirâz et Kâzeroun. Jahrom se situe à 170 km de Shirâz (à 1004 km de Téhéran) et compte près de 110 000 habitants. La population du département s’élève à près de 260 000 âmes dont la moitié vit dans les milieux ruraux. Le département est situé dans une région montagneuse et chaude, au sud des chaînes de montagnes de Zagros.
Le département de Jahrom s’étend sur une superficie de 5436 km². Les reliefs couvrent 4/5ème de la superficie du département, mais la ville même de Jahrom se trouve au milieu d’une vaste plaine. L’altitude moyenne du département est de 1050 mètres au-dessus du niveau de la mer. Comme la plupart des régions du sud iranien, Jahrom a un climat chaud, mais l’existence des montagnes adoucit l’air et favorise l’abondance considérable de la végétation. Outre les espèces végétales steppiques dans les hauteurs du département, il existe aussi des espèces d’arbres forestiers des régions chaudes de l’Iran, très résistantes à la sécheresse comme le konâr (jujubier), le gaz (tamarix) et le sarv-e kouhi (une espèce d’acacia). La région bénéficie d’une biodiversité importante, mais la sécheresse de ces dernières années et la chasse excessive de certaines espèces animales (surtout les grands mammifères et les oiseaux de proie) menacent l’environnement naturel de ce département.
Les habitants de la ville parlent un dialecte local issu du persan, plus ou moins proche de celui des habitants de Shirâz. La quasi-totalité de la population est de confession chiite duodécimaine. La légende fait remonter la fondation de la ville à Esfandiyâr, prince mythologique et sacré des légendes iraniennes. Mais d’après les documents historiques, Jahrom fut fondée au cinquième siècle av. J.-C. par Artaxerxès Ier (Ardeshir), cinquième roi achéménide (465-424 av. J.-C.). Le nom de Jahrom est mentionné huit fois dans le Shâhnâmeh (Le Livre des Rois) de Ferdowsi (940-1020) qui la présente comme une ville prospère du Fârs à l’époque préislamique. Les archéologues confirment l’existence de nombreux sites datant de l’époque sassanide, dont des forteresses et des temples du feu.
Jahrom demeure prospère après l’islamisation du pays. Sous les califes omeyyades, les Musulmans construisent la grande forteresse de Khorsheh, à une vingtaine de kilomètres de Jahrom. Plus tard, Nezâm-ol-Molk (1018-1092), grand vizir des Seldjoukides, fait rénover et consolider cette forteresse. Les Safavides (1501-1736), qui comptent parmi les grands bâtisseurs de l’histoire iranienne, ne portent que peu d’attention à Jahrom. Les monuments les plus importants de cette époque sont la mosquée et l’école théologique de Khân construites par un notable de Jahrom à l’époque de Nâder Shâh (1688-1747), alors régent du roi safavide Soleymân II. Il faut donc attendre le règne de la dynastie des Zends (1750-1794), puis des Qâdjârs (1786-1925) pour que Jahrom entre dans une phase de renouveau. De nombreux bâtiments et services sont alors construits dans la ville, dont plusieurs caravansérails urbains et routiers, des citernes ainsi que le bazar couvert de la ville, tous bien conservés aujourd’hui.
Jahrom est un important pôle agricole du Fârs et de l’ensemble de l’Iran. Les habitants de la ville et des villages du département produisent du blé, de l’orge, du riz, des légumes, du coton et du tabac, mais ils excellent surtout dans le jardinage. Les palmiers dattiers ont été plantés à Jahrom pour la première fois au XIVe siècle. Habiles arboriculteurs, les habitants de la région ont réussi au fur et à mesure à adapter les palmiers dattiers à l’environnement naturel local. Au XVIIe siècle, Jahrom était déjà un centre important de production de dattes. Aujourd’hui, il existe plus de 350 000 dattiers dans les jardins du département. Le jardinage se pratique selon des méthodes traditionnelles et semi-industrielles. Parmi les différents types de dattes produits à Jahrom, les dattes dites shâhâni ("royales") sont parmi les meilleures et les plus savoureuses au monde. Le département de Jahrom occupe une place importante dans la production de dattes en Iran. Notons que selon les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Iran est le troisième grand producteur mondial de dattes (plus de 1 000 000 de tonnes) derrière l’Egypte (1 400 000 tonnes) et l’Arabie saoudite (1 100 000 tonnes). Mais étant donné que les dattes égyptiennes et saoudiennes sont très demandées dans leur pays d’origine, l’Iran demeure le plus grand exportateur de dattes dans le monde, étant donné la variété et la très bonne qualité de sa production.
Les arboriculteurs de Jahrom sont aussi d’excellents producteurs d’agrumes. Ils ont dans leurs vergers (25 000 hectares) plus de 5 300 000 orangers, citronniers, mandariniers et bigaradiers. Ils produisent chaque année plus de 70 000 tonnes d’oranges, 15 000 tonnes de mandarines et plus de 140 000 tonnes de citrons. En réalité, le célèbre citron ou jus de citron de Shirâz provient en grande partie de Jahrom. L’Iran est le septième grand producteur d’agrumes dans le monde. Après la province de Mâzandâran (littoral de la mer Caspienne), trois provinces du sud iranien (Kermân, Hormozgân et Fârs) sont les grands producteurs d’agrumes en Iran.
L’élevage est une autre ressource des habitants des milieux ruraux du département. Cependant, l’industrialisation reste encore limitée et les activités se pratiquent selon des méthodes traditionnelles, d’où la faiblesse relative de la productivité. Néanmoins, depuis quelques années, plusieurs unités d’élevage industriel de volailles et de bovins ont été construites dans le département.
Le tissage de tapis, kilims et djâdjim (tapis à deux faces) constitue l’activité artisanale la plus importante des habitants. Chaque année, la moitié de ces produits, fabriqués essentiellement dans les ateliers traditionnels gérés par les femmes, est exportée dans les villes voisines et une partie à l’étranger.
Les usines et les ateliers industriels de Jahrom sont étroitement liés à deux types d’activités des habitants de la région. Il existe plusieurs petites usines de matériaux de construction (briques, plâtre, gravillons et sables), ce qui témoigne de la prospérité du secteur du bâtiment et de la construction au niveau local. Les usines les plus importantes de Jahrom sont actives dans le domaine de l’industrie de première transformation. Etant donné l’importance de la production de dattes et d’agrumes à Jahrom, plusieurs usines offrent à ce secteur des services de conditionnement et d’emballage. On y trouve aussi une grande meunerie et des ateliers de production de jus de citron.
Les infrastructures les plus importantes du département constituent ses atouts pour un développement futur : il faut citer ici la centrale d’électricité de cycle hybride (vapeur et gaz) d’une capacité annuelle de 1440 MW. L’aéroport de Jahrom a été construit en 1969 et compte parmi les installations aéroportuaires les plus anciennes de la province du Fârs. Le chemin de fer reliant Shirâz et Bandar Abbâs (en construction) passera aussi par la ville de Jahrom. Après la victoire de la révolution islamique de 1979, la ville s’est également dotée d’une infrastructure universitaire couvrant les deux secteurs public et privé. La faculté des sciences médicales de Jahrom est sans doute l’établissement académique la plus prestigieux de la ville. En dépit de son potentiel non négligeable, les infrastructures touristiques du département
restent néanmoins insuffisantes.