|
Les montagnes du nord de Téhéran font partie de la chaîne d’Alborz, située au nord de l’Iran, dans une direction ouest-est, s’étendant des frontières de l’Arménie (nord-ouest), à la mer Caspienne (nord), jusqu’aux frontières du Turkménistan et de l’Afghanistan. Les montagnes du nord de Téhéran constituent le point situé le plus au sud de l’Alborz. Les flancs sud de ces montagnes s’étendent de la vallée de Dârâbâd (nord-est de Téhéran) jusqu’à la vallée de Farahzâd (nord-ouest). Entre Dârâbâd et Farahzâd se situent plusieurs autres vallées dont presque toutes ont une direction nord-sud. Le sommet le plus haut des montagnes de Téhéran est le mont Totchâl, avec ses 3961 m au-dessus du niveau de la mer.
Les itinéraires de randonnée pédestre dans les montagnes du nord de Téhéran comptent sans aucun doute parmi les plus fréquentés du monde. Parmi les habitants de Téhéran, nombreux sont les grands passionnés de « leurs montagnes » qui attendent toute une semaine pour pouvoir y passer leur week-end. L’espace de la montagne étant un espace d’égalité et de liberté, les randonneurs sont aussi de toutes tranches d’âge, de tous sexes et de toutes classes sociales, d’autant plus que ces randonnées en montagne comptent parmi les loisirs les moins coûteux pour les habitants de la mégapole iranienne. Les randonnées sont pratiquées pendant toute l’année et leur rythme reflète en quelque sorte celui de la vie dans la capitale.
Il y a d’abord le cycle des week-ends : « Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ? On va à la montagne ? » étant l’une des propositions habituelles des Téhéranais.
En fin de semaine (jeudi-vendredi), les randonneurs arrivent en masse. Des dizaines de milliers de citadins se rendent dans les montagnes pour y passer une journée, et certains d’entre eux y restent jusqu’au soir. La place de Tajrish (nord de Téhéran) est le lieu à partir duquel transitent le plus grand nombre de ces randonneurs. Dans les stations de taxi et de minibus, les panneaux indiquent les noms de leurs destinations : Dârâbâd, Jamshidiyeh, Darband, Velenjak ou Darakeh.
Il y a ceux qui font de l’un de ces itinéraires leur randonnée préférée et vont, par exemple, tous les week-ends à Dârâbâd, ayant tous les arguments du monde pour prouver que c’est le meilleur endroit. Mais il y a aussi d’autres randonneurs qui préfèrent changer de temps en temps de routes et de paysages, qui ne manquent heureusement pas dans les montagnes du nord de Téhéran.
Le rythme des randonnées en montagne semble correspondre aussi à celui du calendrier. Ce calendrier est parfois saisonnier : ceux qui préfèrent aller à la montagne en été ne sont pas forcément les mêmes qui préfèrent les randonnées hivernales. Mais il y a aussi ceux qui y vont toute l’année. En montagne, comme en ville, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas ! « S’il neige demain, je n’irai pas à la montagne », dit l’un. « S’il neige demain, j’irai certainement à la montagne », dit l’autre…
Ce calendrier est tantôt scolaire (en été, les enfants sont visiblement plus nombreux, tandis que pendant les examens, les étudiants se raréfient, au moins théoriquement !) ; tantôt religieux (au mois de ramadan, les randonneurs sont beaucoup moins nombreux, mais les gens viennent s’installer dans les cafés-restaurants du début des itinéraires, surtout à Sar-e Band, à Darakeh ou à Farahzâd après l’iftâr, c’est-à-dire à la rupture du jeûne).
Même pour les citadins qui ne vont jamais dans les montagnes du nord de Téhéran, Totchâl joue le rôle d’un repère qui indique le nord - même si géographiquement et dans certaines positions, c’est faux ou tout au moins inexact. Bref, notre métropole n’a rien à envier aux grandes villes du monde qui s’étalent au bord de l’océan ou d’un grand fleuve car elle profite, en hiver comme en été, de la belle vue de ses montagnes.
La ville de Téhéran s’étend sur une vaste plaine du même nom (730 km²). Se trouvant entre les montagnes d’Alborz au nord et les confins du désert central de l’Iran au sud, la ville a une situation topographique très variée, de sorte que les parties situées à l’extrémité sud de Téhéran ont une altitude de 1050 m contre les parties les plus hautes du nord de la ville situées à 2000 m au-dessus du niveau de la mer.
Les randonneurs téhéranais prennent souvent l’un des cinq principaux itinéraires de randonnée de l’Alborz central. Au début de ces itinéraires, les restaurants et les maisons de thé, presque tous de style rustique, abondent des deux côtés de la voie. Nombreux sont donc les randonneurs qui s’arrêtent devant l’un de ces cafés-restaurants et ne montent pas plus loin. Ils préfèrent profiter de cette ambiance rustique et de l’air frais de la montagne sans prendre plus d’altitude. Ces « faux randonneurs » peuvent venir plus tard à la montagne, tandis que les « vrais randonneurs » partent très tôt, beaucoup d’entre eux commençant leur marche en pleine nuit, avant le lever du soleil, surtout en été et pour moins s’exposer à la chaleur rude de la montagne.
Cet itinéraire commence au nord-est de Shemirân, dans un faubourg appelé Dârâbâd depuis longtemps rattaché à la ville. La marche commence au « Parking », là où les randonneurs, venus en voiture, doivent laisser leurs véhicules. La Fédération d’alpinisme y a installé des panneaux qui présentent des informations géographiques et les routes principales à prendre dans la vallée de Dârâbâd.
Les randonneurs traversent un petit pont et se retrouvent devant la première grande colline qu’ils doivent gravir pour arriver aux premiers cafés-restaurants de montagne. Ensuite, ils ont devant eux une route à l’est en amont de la rivière Dârâbâd, qui se dirige vers le nord. En prenant cette route, on arrive à une petite vallée où la route se dédouble. Là, les gens décident de la manière d’organiser le reste de la randonnée en fonction de leur temps et de leurs outils et provisions : veulent-ils s’installer plutôt près de la rivière et de ses petites cascades ? Ou préfèrent-ils continuer le chemin vers le sommet de Dârabâd (3193 m) ?
Dans le premier cas, quand on arrive à la bifurcation de la route dans la petite vallée, il faut continuer la voie principale pour arriver à la promenade naturelle au bord de la rivière. Mais pour se diriger vers le sommet de Dârâbâd, les randonneurs prennent la route du nord-est qui commence avec une pente très raide appelée « Shen-e Siyâh » (Cailloux noirs). Après deux heures de marche, ils se trouveront au bord du flanc sud du sommet de Dârâbâd. A partir de là, les randonneurs n’ont plus qu’à prendre une pente douce pour se donner le plaisir d’aller « jusqu’au bout », où ils s’installeront quelques minutes ou quelques heures à une altitude de 3193 m. Les connaisseurs de cet itinéraire savent que dans cette partie des montagnes du nord de Téhéran, les arbres sont plus rares. L’ombre et la fraîcheur se font donc rares sur une grande partie de l’itinéraire. C’est une information à ne pas négliger pendant les escapades d’été.
Cet itinéraire commence au parc Jamshidiyeh, l’un des plus beaux jardins de Téhéran. Parmi les principaux itinéraires des montagnes du nord de la ville, Kolaktchâl est sans doute celui qui est le plus « institutionnalisé ». Au lieu des voies étroites de montagne, c’est une route large - mais heureusement non asphaltée - qui arpente la montagne en zigzag avec une pente généralement douce.
Ce qui explique l’existence de cette route est qu’à Kolaktchâl se trouve un petit camp de loisirs appartenant au ministère de l’Education nationale, construit à la fin des années 1960. Pour arriver à ce complexe (2600 m d’altitude), il faut zigzaguer pendant deux heures pour monter ce très grand rocher appelé Kolaktchâl. Dans l’enceinte du camp du ministère de l’Education nationale se trouve une haute tour blanche construite au début des années 1970 par les Pishâhangs (scouts d’Iran). Devenue en quelque sorte le symbole des montagnes du nord de Téhéran, cette tour est visible de presque tous les quartiers du nord de Téhéran qui ont une vue sur les montagnes. L’itinéraire est tout à fait sécurisé pendant l’été, mais les randonneurs doivent s’équiper pour monter - et surtout descendre - les pentes gelées l’hiver. Le sommet de Kolaktchâl (3340 m) est bien au-dessus du complexe du ministère de l’Education nationale.
Le mot Kolaktchâl a été mentionné dans le Shâhnâmeh (Le Livre des Rois) de Ferdowsi, en tant que la demeure du démon le plus célèbre de la mythologie iranienne, Div-e sepid (Démon blanc). Mais il ne faut pas confondre la mention de Ferdowsi avec le mont Kolaktchâl du nord de Téhéran, car selon la légende, le Démon blanc avait sa demeure dans la grotte du mont du même nom près d’آmol (province de Mâzandarân).
Cet itinéraire commence dès le début à une haute altitude (1800 m) à la place Sar-e band où se trouve la célèbre Statue de l’alpiniste. C’est l’itinéraire principal de l’ascension vers le sommet de Totchâl. La randonnée commence par la traversée du village Pas-Ghal’eh, pour arriver ensuite au refuge de Shirpalâ, avant de prendre le chemin vers Totchâl. Malgré l’existence de quelques cols assez dangereux, l’itinéraire Sar-e Band-Shipalâ est la voie la plus courte pour parvenir à Totchâl. Certains passages sont des pentes si raides que la Fédération de l’alpinisme a préféré y installer des ponts métalliques ou des garde-fous pour empêcher les randonneurs de glisser. L’escalade y est difficile en hiver, car les voies sont souvent gelées en bas et enneigées en haut, alors que le vent souffle fort sur le flanc qui se situe juste en bas du sommet.
Sur la route principale que les randonneurs prennent pour aller de Sar-e Band à Totchâl, il existe de nombreuses routes secondaires qui mènent à des destinations ayant des paysages bien variés : Band-e Yakhtchâl (bon endroit pour faire de la varappe), la vallée d’Oussoun, le camp de Kolaktchâl, la station 5 de la Télécabine, etc. Mais ces voies secondaires peuvent devenir particulièrement dangereuses en hiver.
La plupart des drames qui surviennent dans les montagnes du nord de Téhéran se produisent malheureusement dans ces voies secondaires de Shirpâla dont l’escalade hivernale exige de l’expérience, une bonne connaissance des lieux, et de bons équipements. Il arrive parfois que des randonneurs moins expérimentés prennent le risque, en hiver, de rester jusqu’à tard à Shirpalâ, et décident de prendre la voie qui mène à la station de la télécabine pour descendre plus rapidement vers la ville. Mais il est possible qu’ils mettent trop de temps à monter jusqu’à la station, ou trouvent la télécabine fermée à cause d’une intempérie. Dans ce cas, les gens peuvent se trouver piégés dans la montagne, seulement à quelques kilomètres des rues du nord de Téhéran. Attention à ne jamais la gravir seul, et à ne pas sortir des voies principales en hiver !
Mais à Shirpalâ se trouve un refuge bien équipé qui offre tous les services aux passionnés de la montagne, même à ceux qui veulent avoir un lieu pour dormir la nuit. Entre Shirpalâ (2750 m) et Totchâl (3961 m), il y a un petit refuge appelé Amiri, mais qui est dépourvu de tout service. Sur le mont Totchâl se trouve aussi un autre petit refuge mais en hiver, il ne faut surtout pas compter sur lui car il risque d’être
entièrement rempli de neige !
Cet itinéraire commence à l’extrémité nord du quartier de Velenjak. Du parking, il faut faire une longue marche sur une route chaussée qui mène à la station de la télécabine. C’est une occasion -s’il y a moins de pollution à Téhéran ce jour-là - d’admirer le beau panorama de la capitale. Cela explique le surnom donné à ce lieu : « le Toit de Téhéran ». Ceux qui viennent à Velenjak sont plutôt les amateurs de télécabine et de ski. Pourtant, les randonneurs y viennent aussi pour prendre une route de pente douce, pendant une heure, jusqu’à la 2e station de la télécabine (2400 m). Pour rentrer, ils peuvent reprendre cette route ou prendre la télécabine pour se reposer et admirer le panorama de la descente vers la ville. Entre la 2e et la 5e station de la télécabine, il n’y aucun café-restaurant. En été, cette route prend trois heures, et en hiver, il est particulièrement dangereux d’emprunter cet itinéraire aux chemins souvent très enneigés, avec les risques d’avalanche, de fatigue et de chute que cela entraîne.
La 5e station de la télécabine (2935 m) est un complexe de services, mais ne compte pas de refuge officiel d’alpinisme. Plus on monte dans la montagne, plus les risquent augmentent, surtout en hiver. Comme l’itinéraire de Shirpalâ-Totchâl, la voie qui mène les alpinistes de la 5e à la 7e station (3740 m) est une voie difficile qui prend quatre heures en temps normal.
La construction de la télécabine Velenjak-Totchâl a duré quatre ans (1974-1978). Elle comprend trois lignes principales, trois lignes de télésiège et trois lignes de téléski. L’Hôtel Totchâl (une trentaine de chambres et de suites) se situe à 3545 m.
Autour de cet hôtel, il existe trois pistes de ski. La première a une longueur de 1200 m et descend du sommet de Totchâl (3850 m) jusqu’à l’hôtel (3550 m). Cette piste est exploitable huit mois de suite. Les deux autres pistes ont chacune 900 et 550 m de longueur.
Du village de Darakeh jusqu’à l’abri de Palang-tchâl (2.550 m), cet itinéraire passe au fond de la vallée de Darakeh et remonte la petite rivière du même nom. Avec l’itinéraire Sar-e Band-Totchâl, Darakeh est sans doute l’une des deux plus belles randonnées des montagnes du nord de Téhéran. L’itinéraire est sécurisé pour les escalades en hiver
jusqu’à l’abri de Palang-tchâl.