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La 9e Exposition internationale du tourisme et des industries annexes a eu lieu à Téhéran du 16 au 19 février 2016. « Be our guest » (Soyez notre invité), tel a été le slogan du plus grand événement annuel de l’industrie du tourisme en Iran, qui s’est tenu un mois avant le début des vacances du Nouvel An iranien, Norouz (21 mars), haute saison du tourisme iranien au début du printemps. Cette édition de l’Exposition internationale du tourisme s’est articulée autour du thème de la « maison iranienne ». [1]
L’Exposition internationale du tourisme et des industries annexes a été parrainée par l’Organisation nationale du Patrimoine culturel, du Tourisme et de l’Artisanat, et a eu lieu au siège permanent des expositions internationales au nord de Téhéran.
Ont participé à cette exposition les organisations, les associations et les entreprises iraniennes et étrangères actives dans le domaine du tourisme et des industries annexes, les agences de voyage, les représentants de l’organe spécialisé des Nations unies chargé de développer le tourisme (Organisation mondiale du tourisme-OMT) et des acteurs publics et privés de l’industrie du tourisme. Les neuf salons de cet événement touristique étaient consacrés à :
- la présentation des capacités et du potentiel touristique des 31 provinces iraniennes,
- les maisons traditionnelles d’Iran,
- les artisanats,
- les agences de voyages et de services touristiques,
- les opérateurs de tourisme,
- les industries annexes,
- le tourisme international,
- l’hôtellerie,
- l’écotourisme,
- le tourisme de santé et du bien-être,
- le transport aérien, ferroviaire, routier et maritime,
- l’assurance,
- les travaux de recherches et de développement.
Cette année, plusieurs pays étrangers ont participé à l’Exposition internationale du tourisme à Téhéran : Chypre, Corée du Sud, Emirats Arabes Unis, Espagne, France, Grèce, Irak, Italie, Malaisie, Ouganda, République d’Azerbaïdjan, Russie, Syrie, Thaïlande, Tunisie, Turquie…
La tenue des expositions et des événements de ce type favorise le développement de contacts et d’échange d’expériences entre les professionnels de l’industrie du tourisme en Iran et leurs confrères à l’étranger.
Plusieurs conférences ont été organisées au cours de cette exposition. Les conférenciers iraniens et étrangers ont débattu de plusieurs sujets dont le tourisme « halal » [2], le tourisme culinaire et gastronomique, ainsi que le tourisme médical [3].
Cette exposition a été aussi l’occasion de la tenue de nombreuses réunions parmi les opérateurs de tourisme iraniens et étrangers pour signer des contrats de coopération.
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En 2013, le quotidien français Le Monde avait écrit un article sur le potentiel touristique de l’Iran. L’article du Monde rappelait l’image négative que les médias occidentaux présentaient de l’Iran, et du « risque » d’un éventuel voyage touristique dans ce pays. Pourtant, l’auteur de ce texte avait eu l’intelligence de prévoir un changement imminent en qualifiant l’Iran d’une sorte de « bombe touristique à retardement » [4] en évoquant que ce que les médias ne disaient pas à leur public était « la chance de rendre visite à l’une des plus anciennes civilisations humaines et à une population célébrée comme l’une des plus hospitalières par ceux l’ayant déjà côtoyée » [5].
En effet, depuis deux ans, l’Iran attire de plus en plus l’attention des voyagistes et des tour-opérateurs internationaux, et le nombre des demandes de voyage en Iran augmentent chaque mois.
La compilation des avis d’experts et de différentes publications spécialisées, allant du National Geographic à Lonely Planet, des listes de sélection des pays, régions ou de villes à découvrir en 2016 a été établie, et le nom de l’Iran figure dans presque toutes ces listes. [6]
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Après la conclusion en juillet 2015 des accords nucléaires entre l’Iran et les 5+1 (les membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne), des progrès notables sont à constater dans le domaine des échanges socioculturels, le voyage et le tourisme. Cette affiche présente l’Iran culturel, historique et religieux aux touristes allemands. Cette agence de voyage allemande propose à ses clients un voyage de 8 jours en Iran avec un rapport qualité/prix difficilement égalable en proposant un tarif à 1595 euros. [7]
Pour la première fois depuis 38 ans, l’Iran et la France ont signé un document officiel en matière de tourisme. Cette note d’entente signée par l’Organisation iranienne du Patrimoine culturel et du tourisme et le ministère français des Affaires étrangères porte sur le financement français des projets de tourisme en Iran. Depuis 1978, où deux petites clauses d’un document de coopération culturelle irano-française avaient mentionné un partenariat touristique, les deux pays n’avaient jamais signé de document officiel dans ce domaine. M. Massoud Soltâni-Far, président de l’Organisation nationale du tourisme, a déclaré que dans le contexte politique et économique qui prévaut en Iran après la levée des sanctions internationales liées au programme nucléaire civil de notre pays, le terrain était devenu favorable pour promouvoir la coopération avec les autres pays, notamment en ce qui concerne les échanges culturels et la coopération en matière de voyage et de tourisme. [8]
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Le développement de l’industrie du tourisme est un élément de l’expression de l’identité nationale et un facteur de sécurité sociale. Les activités du secteur du tourisme ont des conséquences économiques et sociales indéniables : la création d’emplois et l’augmentation des revenus au niveau local, la baisse de la pauvreté, la promotion de la justice sociale, et l’amélioration du niveau de vie. En outre, la prospérité du tourisme peut rendre le terrain propice au développement des investissements dans d’autres secteurs. Dans ce sens, le tourisme est un élément important du développement durable. D’après les statistiques de l’Organisation mondiale du tourisme, depuis une décennie, le secteur du tourisme a enregistré une croissance considérable au Moyen-Orient, mais la part de l’Iran dans cette croissance n’a pas été conforme au potentiel du pays en la matière. La prise de certaines mesures pourra certainement améliorer la situation des activités du secteur du tourisme en Iran :
- Vols directs :
L’un des obstacles importants devant le développement du tourisme iranien est lié à l’insuffisance du nombre et de la diversité des vols directs qui doivent desservir non seulement la capitale iranienne Téhéran, mais aussi les grandes métropoles et les pôles touristiques du pays, avec une distribution géographique convenable sur l’ensemble du territoire. Cela nécessiterait la modernisation et le développement des infrastructures aéroportuaires, ainsi que la modernisation de la flotte aérienne. Après la suppression des sanctions internationales liées au programme nucléaire civil de l’Iran, le terrain est devenu favorable à la modernisation de la flotte marchande iranienne. En janvier 2016, les représentants iraniens ont signé avec le constructeur européen Airbus deux accords portant sur des commandes de 114 avions neufs sur les quatre prochaines années et sur un package complet de coopération dans le secteur de l’aviation civile. Ces accords ont été signés au Palais de l’Elysée à l’occasion de la visite officielle du Président iranien Hassan Rohani, en présence du Président François Hollande. L’Iran n’a pas non plus dédaigné Boeing, et le ministère des Transports s’est dit prêt à négocier avec l’avionneur américain qui a obtenu, le 19 février, l’accord de l’administration américaine pour entrer en contact avec les compagnies aériennes iraniennes.
- Publicité et marketing :
Le marketing et la publicité ont sans doute un rôle important pour faire connaître l’intérêt du voyage en Iran à un plus grand nombre de « clients » potentiels du tourisme iranien. L’Organisation nationale du Patrimoine culturel et du Tourisme a annoncé le 6 février 2016 que dans un proche avenir des bureaux de tourisme seront ouverts dans 40 pays, dont 15 pays voisins. [9]
- Visa :
Des facilités ont été accordées par le ministère des Affaires étrangères pour l’émission de visas aux touristes étrangers. Désormais, les ressortissants de 190 pays peuvent obtenir un visa de 30 jours (renouvelable pour 15 jours) aux aéroports iraniens. L’émission des visas électroniques (e-visa) est au programme pour 2016.
- Exemption fiscale :
Le gouvernement iranien a approuvé des exemptions fiscales pour le secteur du tourisme. D’après cette nouvelle mesure prise par le Conseil des ministres pour soutenir l’industrie du tourisme, tous les hôtels, centres d’hébergements et installations touristiques qui commenceront leurs activités à partir du début avril 2016, feront l’objet d’une exonération d’impôts à 100% sur cinq ans dans les grandes villes, et sur dix ans dans les petites villes. Les agences de voyages qui amènent les groupes de touristes étrangers en Iran feront également l’objet d’exonération fiscale à 100%.
En février 2016, le Fonds du développement national a octroyé un budget supplémentaire de 5800 milliards de Rials à l’accélération de l’achèvement des travaux de la construction de 31 grands hôtels de 4 et 5 étoiles dans plusieurs villes du pays.
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La plupart des touristes étrangers qui visitent l’Iran disent que l’image du pays change profondément après le voyage par rapport à celle qu’ils avaient connue via les médias et les informations. L’un des meilleurs souvenirs qu’ils rapportent chez eux est l’hospitalité des Iraniens.
Cette hospitalité coule dans les veines des Iraniens, et elle prend des formes et des couleurs différentes d’une région à l’autre. L’hospitalité est dans doute l’une des plus uniques et distinctives qualités du peuple iranien. Et c’est cette caractéristique des Iraniens qui attire la plupart des touristes et fascinent beaucoup d’entre eux. Comme dit le proverbe iranien : « L’invité est un ami de Dieu ».
Enfin, depuis deux décennies, l’écotourisme ne cesse de se développer en Iran. Le séjour dans les hébergements d’écotourisme est sans doute l’occasion pour les visiteurs de connaître le sens de l’hospitalité iranienne dans un endroit aménagé comme « maison traditionnelle ». Ce type de tourisme est de plus en plus prospère dans les villages et les petites villes d’Iran. Au-delà de ses avantages économiques et sociaux dans le sens du développement durable des régions, ce type de tourisme est aussi l’occasion d’échanges culturels et sociaux plus intimes entre les voyageurs et la population locale.
[1] La Revue de Téhéran a consacré les cahiers n° 122 et 123 (janvier et février 2016) aux « Maisons traditionnelles d’Iran ».
[2] Au-delà des considérations religieuses, il faut dire que c’est un marché florissant. Selon le « World Halal Forum », ce marché pesait 2300 milliards de dollars en 2013, marché où le secteur de la nourriture ne représentait que 700 milliards. C’est donc un terreau fertile pour le business, et il n’y a pas de raisons pour que le tourisme y échappe. Ce secteur touristique est bien actif dans les pays comme la Malaisie, l’Indonésie ou encore les Emirats Arabes Unis et la Turquie. (Le tourisme « halal », une niche qui se porte bien, in : www.huffingtonpost.fr, le 6 avril 2015)
[3] Le tourisme médical consiste à se faire soigner dans un pays autre que celui où l’on réside, par économie ou pour bénéficier de soins qui ne sont disponibles qu’à l’étranger.
[4] L’Iran, bombe touristique à retardement, in : Le Monde, 13 mai 2013.
[5] Ibid.
[6] Japon et Iran parmi les destinations clés de 2016, Agence France Presse, 14 décembre 2016.
[7] Publicité allemande pour le voyage en Iran, in : www.chn.ir (agence de presse de l’Organisation nationale du Patrimoine culturel et du Tourisme), 14 février 2016.
[8] www.chn.ir (agence de presse de l’Organisation nationale du Patrimoine culturel et du Tourisme), 6 février 2016.
[9] Des bureaux de tourisme seront créés dans 40 pays, in : Ettelaat, 6 février 2016.