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De par son étendue géographique, l’Iran bénéficie d’un climat diversifié, à l’origine d’une grande variété de paysages désertiques ou boisés, côtiers, montagneux, marécageux, plats ou riches en reliefs, monotones ou hauts en couleurs. La faune et la flore iraniennes sont également réputées pour leur richesse et leur diversité notamment dues à la grande taille du pays, à son climat et aux différentes variables agissant sur les écosystèmes du pays. Situé entre les masses d’air anticycloniques de l’Asie centrale et celles de la Sibérie au nord, l’Iran bénéficie d’un climat méditerranéen, tropical et sec qui varie du nord au sud du pays. Une classification de la nature iranienne basée sur des études topographiques a été proposée par Harry Bobek, d’après laquelle l’Iran bénéficierait de trois types de climats : garmsir (chaud en été et tempéré en hiver), sardsir (chaud en été et froid en hiver), et enfin sarhad (frais en été et très froid en hiver).
Les contrées désertiques, surtout les territoires qui couvrent le désert de Kavir et celui de Lout ainsi que le bassin du Jâz Mouriân au sud-est du pays ont vu se développer des espèces singulières de mammifères, d’oiseaux et de reptiles uniques en leur genre.
Les félins du type guépard asiatique appelé aussi guépard d’Iran s’y sont un temps développés avant que leur nombre ne commence malheureusement à décroître, surtout dans les environs du désert de Kavir. L’espèce est actuellement menacée de disparition. Ce mammifère se nourrit principalement de l’onagre du désert et de la gazelle, et fatalement, la réduction du nombre d’individus de ces deux espèces s’est répercutée négativement sur celui du guépard iranien. Le chacal doré, l’hyène rayée, le lynx d’Eurasie et du Caucase, le léopard d’Iran, le caracal, le chat des sables et le chat Pallas sont les autres espèces félines qui vivent dans cette région désertique de l’Iran.
Les zones sableuses du pays abritent également des espèces d’oiseaux habitués à nicher dans les territoires arides. Le traquet à capuchon et le traquet du désert, l’outarde houbara d’Asie, l’ammomane, le roselin githagine, le sirli du désert, la fauvette naine en font partie. Plus nombreux que les oiseaux, les reptiles sont des espèces mieux adaptées au climat aride et hostile du désert. On en trouve également en quantité en altitude, aux alentours des monts Zâgros et même dans les hautes montagnes, au-delà de 2000 mètres. Ils possèdent donc une grande capacité d’adaptation qui leur permet de survivre dans des climats extrêmes. Les geckos (espèce de lézard) vivent également dans cette partie de l’Iran. Deux genres de geckos y ont été repérés : celui appelé Eublepharis et l’autre nommé Tropicolotes. Le premier, trapu et doté d’une queue épaisse apparaît dans des coloris diversifiés, tandis que le second, plus fin et plus agile, n’existe qu’en versions brune et beige, idéales pour se camoufler. Insectivores et nocturnes, ils chassent leur proie, en général les insectes et les arthropodes, pendant la nuit.
L’Iran possède également une large superficie de territoires semi-arides, surtout autour des contrées désertiques dont nous venons de parler. Les parties semi-arides relient les zones désertiques et montagneuses et abritent donc une faune spécifique. Ces régions constituent de très bons habitats pour les oiseaux qui voient de ce fait leur nombre croître plus rapidement que celui des autres espèces animales. Divers types de rapaces comme le faucon crécerelle et la buse féroce y vivent en compagnie d’autres espèces comme le rollier et le guêpier d’Europe, le traquet isabelle et différentes espèce d’alaudidae. En plus des régions arides et semi-arides, on trouve en Iran une vaste superficie de régions montagneuses dont les chaînes de Zâgros et de l’Alborz. De par leur climat mieux adapté à la nature végétale et animale, de nombreuses espèces de mammifères et d’oiseaux y vivent. L’écureuil de Perse et le daim de Perse en font partie et y vivent en nombre limité surtout à cause de la déforestation et donc, de la rareté des espaces boisés dotés d’un climat adapté à leur nature. Les oiseaux y sont plus abondants en nombre et en variété. L’aigle royal fait partie des rapaces les plus fameux des contrées montagneuses du Zâgros et de l’Alborz. La rouge queue noire, l’hirondelle de rochers, le chocard à bec jaune, le tétraogalle de Perse sont également les habitants ailés des hautes montagnes iraniennes.
Les régions forestières très denses sont limitées par rapport aux zones désertiques et montagneuses du pays. La majeure partie de cette densité verte se situe sur les côtes de la mer Caspienne, et couvre le ruban côtier du nord du pays. On y trouve des sangliers, des ours, des cerfs, des bouquetins, des tigres de la Caspienne, et une espèce particulière de félin appelé chaus. Similaire à l’habitat forestier de l’Europe centrale, cette étendue verte abrite une grande diversité d’oiseaux surtout des merles, des mésanges et des grives, un grand nombre d’espèces variées comme le pigeon ramier, le pic vert, le pipit des arbres, la pie-grièche écorcheur, le geai des chênes, la fauvette à tête noire, le rossignol philomèle, le troglodyte mignon et le pinson des arbres.
Quant aux régions forestières moins denses comme celles que l’on retrouve à l’ouest des montagnes de Zâgros, elles abritent d’autres espèces d’oiseaux surtout la pie-grièche masquée et le bruant cendré ; en s’approchant des régions plus sèches comme Kermân et le Balouchistân, d’autres espèces d’oiseaux apparaissent dont la répartition est limitée à ces endroits spécifiques, principalement à cause de leur parfaite adaptation à cet habitat. Parmi ces derniers, on repère le merle noir, le pouillot modeste ainsi que des espèces venant de diverses contrées en particulier la pie-grièche isabelle d’Europe de l’Est, la pie-grièche à bandeau de Malaisie et l’Iranie à gorge blanche du Moyen-Orient. Les lagons du Guilân et de Gorgân ainsi que les steppes des régions environnantes et les zones situées tout autour du lac Oroumieh et d’autres lacs près du Sistân et du Khouzestân offrent une nature marécageuse qui accueille une multitude d’oiseaux et surtout une grande quantité de poissons comme les harengs et les esturgeons.
Contrairement aux régions septentrionales d’Iran, les zones méridionales, y compris les territoires proches du golfe Persique et de la mer d’Oman offrent un habitat idéal à des espèces très différentes de celles du nord du pays. Composée de plages sablonneuses, de rochers et de mangroves, cette région est propice à la croissance d’oiseaux tels que les pélicans et les flamants roses. Par ailleurs, des animaux comme la gazelle y vivent assez nombreux.
Une vaste étendue zoologique et une large diversité géographique ont rendu possible l’existence de cette faune riche et variée. Malgré le potentiel qu’offre la nature iranienne pour le développement des espèces animales et végétales, le déboisement, les mauvaises stratégies d’élevage et de culture, l’assèchement des marais et la chasse illégale ont porté atteinte à la conservation de ce milieu naturel et de sa faune. L’Iran compte plus de seize parcs nationaux, treize patrimoines naturels nationaux, trente-trois abris de faune, quatre-vingt-dix zones protégées, quatre-vingt-huit zones de chasse interdite, quatre-vingt-onze réserves forestières dont neuf font partie de l’inventaire des « réserves de biosphère » uniques au monde et surveillées par l’UNESCO. Ces régions protégées aident à conserver les espèces rares comme le cerf tacheté d’Iran, l’onagre, l’écureuil d’Iran, le mouton roux, le chat persan, une centaine d’espèces d’oiseaux d’origine iranienne comme le grand flamant, le canard, le cygne, l’ibis, le martin-pêcheur de Smyrne et l’oie mais également près de deux cents espèces de poissons surtout des esturgeons et cinq espèces de huso huso, ainsi que d’autres animaux aquatiques comme des dauphins, des espadons, des marsouins, des requins et des tortues, des crevettes, des sardines, des thons, des phoques, des saumons.
On peut aussi évoquer des centaines d’espèces de reptiles, de tortues, de lézards, de crocodiles, de serpents iraniens comme la vipère de Damavand, celle de Takâb, azérie et de Zandjân, plus de vingt-cinq mille espèces d’insectes, quatre cents espèces de papillons, vingt espèces d’amphibiens, sept espèces de crapauds et six espèces de grenouilles. Les activités écologiques et celles liées à la protection de l’environnement sont en voie de développement en Iran. La protection des espèces en voie de disparition et la conservation de celles qui représentent la faune proprement iranienne constitue donc un enjeu important qui doit être pris au sérieux afin de réduire le nombre des atteintes portées à la biodiversité de ce pays.
Bibliographie :
<- Bobek, Henry, Beiträge zur klima-ökologischen Gliederung Irans, Erdkunde 6, 1952, pp. 65-83.
Burgess, R. L. ; Moljtarzâdeh, A., A Preliminary Bibliography of the Natural History of Iran, College of Arts and Sciences, Science Bulletin 1, 1966.
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Firouz, Eskandar, The complete fauna of Iran, Tauris, Londres, 2005.
Hosseini, Rezâ, Ashenâ’i bâ hayât-e vahsh-e Irân (Aperçu sur la faune sauvage de l’Iran), Tabnak, Téhéran, 2014.
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