N° 128, juillet 2016

Nouvelles sacrées (XXXI)
L’opération Ramadan


Khadidjeh Nâderi Beni


Photos : l’opération Ramadan

Suite à la prise de la ville de Khorramshahr, Saddam Hussein tente de mettre fin à la guerre sous prétexte de vastes assauts sionistes contre le Liban. Le fait est que l’Irak a des ambitions territoriales au départ relativement simples quant à l’Iran – il s’agit d’occuper et d’annexer les plus importantes zones gazo-pétrolières iraniennes -, objectif que Saddam estime atteignable à la victoire de la Révolution islamique et la désorganisation notamment de l’armée iranienne. Ainsi, l’objectif territorial de Saddam est atteint avec la conquête de Khorramshahr.

Mais les Iraniens résistent et la guerre continue. Entre autres, les Iraniens décident de répondre à l’occupation irakienne avec une opération visant à pénétrer à l’intérieur de l’Irak pour ensuite prendre le contrôle d’une région irakienne. Il s’agit de l’opération Ramadan, accomplie conjointement par les forces de l’armée et du Sepâh.

Selon la carte d’opération, le but est de franchir la frontière pour ensuite s’infiltrer dans les terres irakiennes et s’emparer d’une région triangulaire limitrophe de Bassora d’une superficie de 1600 km2. Du point de vue géographique, cette région est fermée par Koushk et Talâyieh au nord, la rivière Arvand à l’ouest et les frontières de Shalamtcheh à l’est. La région est fortement défendue par l’armée irakienne, et plusieurs lignes défensives y sont déployées. Le 14 juillet 1982, l’opération Ramadan est lancée à partir de quatre axes et en cinq étapes.

Dans la première phase, dix brigades et deux troupes terrestres sont engagées ; dans l’axe sud, les combattants parviennent à briser les lignes défensives de l’ennemi pour s’avancer jusqu’à la rivière Katibân. En outre, ils arrivent à conquérir la base 9 de l’armée blindée irakienne déjà installée dans cette région. Cependant, les succès ne sont pas aussi grands dans les trois autres axes : l’avancée des unités opérationnelles vers les objectifs prévus est difficile à cause des embuscades tendues par l’armée ennemie. 

Dans la deuxième phase, l’opération est lancée le 16 août 1982. Durant cette phase, les attaques sont lancées à partir de l’axe sud, mais l’armée iranienne ne parvient pas à son objectif principal. Cinq jours plus tard, on entre dans la troisième phase qui débute à partir de la gendarmerie de Zeyd. Durant cette phase, les Iraniens parviennent à atteindre les objectifs prévus : ils brisent toutes les lignes défensives de l’ennemi et prennent le contrôle d’une région de plus de 180 km2. En outre, ils arrivent à détruire plus de 700 chars et véhicules irakiens. Dans la quatrième phase, les attaques débutent le 23 août 1982. Celles lancées à partir de la zone opérationnelle de Shalamtcheh restent inachevées à cause de la défense acharnée des forces ennemies installées dans cette région.

Le 28 août 1982, la phase finale est lancée à partir d’une région située au voisinage de la citadelle frontalière irakienne. Dès le commencement des attaques, les victoires sont considérables : les forces iraniennes arrivent à franchir les lignes défensives et à établir leurs positions dans une vaste étendue de territoires irakiens à l’est de Bassora. Selon les données statistiques concernant cette opération, plus de 1100 chars et véhicules militaires sont anéantis ; en outre, plus de 8700 soldats de l’armée irakienne sont tués ou blessés.

Avec l’accomplissement de cette opération, l’Iran assure sa suprématie à la fois politique et militaire. Cependant, d’après les experts militaires, l’opération Ramadan est à la fois une victoire et un échec pour l’armée iranienne. Une victoire, car l’Iran parvient à pénétrer rapidement et relativement loin - 30 km - dans les territoires irakiens. En outre, ils imposent d’importantes pertes à l’armée irakienne. Mais selon une autre perspective, cette opération est un échec car les troupes opérationnelles iraniennes n’arrivent pas à atteindre l’objectif principal : s’avancer au moins jusqu’aux portes de Bassora afin d’insécuriser la ville. En outre, dès l’arrivée des troupes iraniennes sur les terres d’Irak, l’armée de ce pays lance de vastes contre-offensives afin de mettre fin à la présence militaire iranienne en Irak. De ce fait, les Iraniens sont contraints de quitter leurs positions et de se replier.

Source :


- Amiriân, Mohammad, Seyri dar târikh-e djang-e Irân-Arâgh (Aperçu sur l’histoire de la guerre Iran-Irak), 5 vol., Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.


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