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Téhéran s’impatiente en attendant de se doter de la plus grande librairie du monde. Le parrain du projet, la Mairie de Téhéran, avait annoncé initialement que le « Jardin du Livre » serait inauguré en automne 2015, mais la prolongation des travaux pour des raisons techniques l’a retardé d’abord à mai 2016, puis à février 2017.
L’idée de la création d’un « Jardin du livre » a été présentée en 2004 à la Mairie de Téhéran par Ali Akbar Ash’ari, alors président de l’Organisation des Archives et de la Bibliothèque nationale. Le projet a été accepté par la Mairie pour plusieurs raisons :
équiper la capitale iranienne d’un centre éditorial moderne, améliorer les standards de la production et de la distribution de livres à Téhéran et en Iran, offrir des services spécialisés aux amateurs de livres, organiser des expositions culturelles pendant toute l’année et accueillir la traditionnelle Exposition Internationale du Livre de Téhéran.
Les travaux de la construction du Jardin du livre ont commencé en 2007. Le maire de Téhéran, Mohammad Bâgher Ghâlibâf, a décidé de transformer l’idée initiale en un projet national grandiose pour créer à Téhéran la plus grande librairie du monde. La Marie a choisi un terrain de 110 000 m² sur les collines d’Abbâs Abâd du côté nord de la ville.
L’emplacement de la future librairie s’explique par sa facilité d’accès : le Jardin du livre est tout près de l’artère autoroutière du nord de Téhéran, avec un accès direct à l’autoroute Shahid Haghâni (direction est-ouest) et à quelques minutes à pied de la station de métro Shahid Haghâni sur la ligne 1 (direction nord-sud).
Mais il y a sans doute la question de l’équilibre spatial et des effets de ses voisinages immédiats. Le Jardin du livre se situe à l’est du Musée de la Défense sacrée (1980-1988) et de deux grands parcs Tâleghâni et Ab-o-Atash, reliés depuis 2014 par le magnifique Pol-e Tabiat (Pont de la nature). Il se trouve à l’ouest de la Bibliothèque nationale d’Iran, au sud-est des sièges de l’Académie des sciences et de l’Académie de la langue persane, et enfin au nord-est du Parc des Arts.
Sur ce terrain de 110 000 m², 65 000 m² de bâtiments ont été déjà construits pour équiper le Jardin du livre de 16 grands salons d’exposition de livres (chacun d’une superficie de 2 000 m²), de bâtiments administratifs, d’une grande salle de conférence de 600 places, et de quatre salles de réunion dotée de 150 places chacune. Un studio de radiotélévision et des salles de cours ainsi que des ateliers ont été également construits dans le Jardin du livre. Un grand restaurant, des cafés et des espaces spéciaux pour les enfants et les adolescents complètent ce complexe culturel. Les espaces ouverts du Jardin du livre sont aménagés pour offrir aux visiteurs de nombreux « coins calmes et confortables » pour lire des livres autour d’un lac artificiel.
Dans une interview à l’agence estudiantine ISNA le 9 mai 2016, l’adjoint du maire de Téhéran, M. Issâ Sharifi, a annoncé la fin des travaux de la construction des bâtiments et des installations du Jardin du Livre. [1] Il a insisté sur la nécessité d’un plan d’aménagement global pour les complexes culturels des collines d’Abbâs Abâd, avant de préciser que le Jardin du livre sera capable d’accueillir chaque jour quelque 20 000 visiteurs. Pendant la tenue des grandes expositions culturelles, le Jardin du Livre pourra accueillir chaque jour jusqu’à 500 000 visiteurs.
En dehors des activités événementielles comme expositions et foires du livre, le Jardin du livre organisera pendant chaque saison des expositions thématiques de livres. Le Jardin du livre sera également doté d’un musée de manuscrits, de documents écrits et de l’histoire de l’imprimerie en Iran.
Il y aura dans le Jardin du livre une « clinique de la lecture » qui offrira ses services aux personnes souhaitant un traitement psychologique à travers la lecture. Il s’agit d’une nouvelle branche interdisciplinaire de psychologie et de bibliothéconomie.
Le Jardin du livre sera la plus grande librairie du monde, mais il jouera aussi un rôle important notamment dans la distribution et la coordination entre les divers acteurs de publication de livres tels que les maisons d’édition, les imprimeries, etc. « Des ententes de coopération à long terme ont déjà été signées avec toutes les principales maisons d’édition iraniennes. Celles-ci exposeront en permanence leurs ouvrages au Jardin du Livre » a déclaré M. Mahdi Mohammadi, porte-parole de l’Organisation du patrimoine culturel de la province de Téhéran, dans une interview à l’agence russe Sputnik. [2] Selon lui, le Jardin du livre de Téhéran n’aurait pas d’équivalent dans le monde. « A l’heure actuelle, le seul espace capable de rivaliser avec lui est celui utilisé à New York pour accueillir des expositions de livres. Mais même cette comparaison n’est pas pertinente, car les surfaces d’exposition de notre centre seront beaucoup plus importantes », a conclu le porte-parole. [3]
Les experts estiment que les activités du Jardin du livre offriront aux maisons d’édition et aux librairies de Téhéran la possibilité de développer leur travail. L’économie du livre en bénéficiera sur divers plans.
[1] Exploitation à titre d’essai du Jardin du livre en novembre 2016, in : isna.ir, le 9 mai 2016.
[2] Jardin du Livre : l’Iran ambitionne le plus grand projet éditorial du monde, in : www.fr.sputniknews.com, 25 mars 2016.
[3] Ibid.