N° 129, août 2016

Les religions préislamiques en Iran


Mireille Ferreira


Avant l’arrivée des Arabes au VIIe siècle, la Perse a connu de nombreux cultes qui ont modelé la mentalité iranienne et qui influencent encore de nos jours le quotidien des Iraniens.

 

Dans la Perse antique, le culte principal est le mazdéisme, religion qui doit son nom à son dieu principal, Ahourâ Mazdâ. Il devient zoroastrisme après la réforme mise en œuvre par son prophète Zoroastre, 600 ans avant l’ère chrétienne. Le livre sacré du mazdéisme est l’Avesta.

 

Le mazdakisme, mouvement religieux éphémère, apparu au IVe siècle de l’ère chrétienne, est considéré comme le premier mouvement religieux communautaire, mettant en avant des revendications économiques et sociales (mise en commun des biens matériels, remise en cause des castes instaurées par les rois sassanides). Ce mouvement a jeté les bases du zoroastrisme.

Le manichéisme : Son prophète, Mani né en 216, s’appuyant sur le judaïsme et le christianisme, développe une doctrine prônant l’élévation spirituelle. Devenue religion officielle sous les rois sassanides, elle s’apparente à un mazdéisme monothéiste. Considérée comme une religion universelle, elle a disparu après Mani mais a survécu comme une hérésie - dans le sens d’opposition à l’orthodoxie, au sens chrétien du mot. C’est ainsi qu’on la retrouve chez les Cathares du Sud de la France, entre autres.

 

De nos jours, la population iranienne est très majoritairement musulmane mais quelques minorités religieuses coexistent avec l’islam

 

- Les zoroastriens. Leur communauté est estimée à environ 400 000, dont 35 000 vivent à Téhéran. Leur costume traditionnel est encore porté de nos jours par les habitants d’Abyâneh, superbe village montagnard de terre ocre situé dans la province d’Ispahan. En dehors de l’Iran, on trouve encore des zoroastriens dans la ville indienne de Bombay, où ils forment la communauté des Parsis, ainsi qu’au Pakistan, où ils s’étaient réfugiés lors des persécutions qu’ils avaient subies en Iran, du temps des rois qâdjârs notamment.

 

Bas relief d’Ahourâ Mazdâ sur la tombe de Xerxès

- Les juifs : Cette communauté, la plus importante du Moyen-Orient en dehors de l’État d’Israël, est estimée entre 20 000 et 30 000 âmes, selon les sources. Elle était déjà présente en Perse avant l’arrivée des Juifs délivrés de Babylone, qui ont suivi Cyrus vers la Perse plutôt que d’aller en Palestine, en 539 avant Jésus-Christ. La Judée étant province de l’empire achéménide, Cyrus et, après lui, Darius Ier, financèrent la reconstruction du temple de Jérusalem. On y parlait une langue spécifique : le judéo-persan. Dans les années 1950, de nombreux adeptes quittèrent l’Iran pour l’État d’Israël, et plus tard, au moment de la Révolution islamique. De nos jours, 64% des Juifs d’Iran habitent Téhéran, le reste se partageant principalement entre Shirâz et Ispahan.

On retrouve de nombreux emprunts de la culture perse dans la culture hébraïque, et vice-versa. C’est ainsi que la notion de périodes dans l’histoire de l’humanité est présente dans la religion juive - notamment le millénarisme qui se trouve également dans le mazdéisme et le catholicisme -, ainsi que celles du monde partagé entre lumière et ténèbres et de la résurrection des morts, notions communes au judaïsme et au mazdéisme.

 

- Les chrétiens, présents en Perse depuis les années 20 après Jésus-Christ, leur nombre est estimé à environ 300 000, surtout représentés par :

 

- Les Arméniens (250 000), bien qu’orthodoxes dans leur majorité, une minorité catholique existe en Iran. Fuyant les massacres de Turquie puis la révolution soviétique, ils grossirent considérablement la communauté iranienne au début du XXe siècle. En dehors de Téhéran, ils sont installés dans la ville de Tabriz, proche de l’Arménie, et à Ispahan où Shâh Abbâs Ier les avait fait déporter en grand nombre au XVIIe siècle pour, officiellement, les protéger des massacres et les utiliser à la construction de la ville. De nos jours, les Arméniens d’Iran constituent une communauté très dynamique, organisant de nombreuses manifestations festives, notamment dans le grand stade Ararat de Téhéran qui lui appartient. La cathédrale Vank d’Ispahan - également connue sous le nom de Cathédrale Saint-Sauveur - date du XVIIe siècle. Elle abrite un musée qui renferme, notamment, une vitrine commémorant le génocide qui toucha la communauté arménienne de Turquie en 1915, ainsi qu’une bibliothèque contenant environ 700 manuscrits anciens en langue arménienne.

 

Cathédrale Vank d’Ispahan

- Les Assyro-chaldéens, catholiques de rite oriental, estimés à 15 000, ils parlent l’araméen. Cette communauté a été bouleversée lors de la guerre Iran-Irak par l’arrivée de nombreux réfugiés chaldéens venus d’Irak, où la communauté était la plus importante, et qui ont ensuite émigré vers l’Australie, l’Amérique du Nord et la France, entraînant avec eux de nombreux Chaldéens d’Iran.

 

- Les nestoriens, appelés autrefois adeptes de l’Eglise des Perses d´Orient ou de l’Eglise syrienne orientale (Église apostolique assyrienne de l’Orient) , représentent de nos jours une population estimée à 15 000 membres en Iran. Ils sont les représentants de l’église de Nestorius, archevêque de Constantinople (428-431), qui prêcha une doctrine hérétique sur la nature de Jésus, ne le reconnaissant pas comme fils de Dieu. Ils furent chassés de l’Eglise chrétienne et s’installèrent alors en Iran et au Tibet en 483 en suivant la route de la Soie jusqu’en Chine où ils arrivèrent en 638. Au Moyen-âge, c’était une église puissante pour décliner au XIVe siècle avec le développement du catholicisme. En 1912, elle est assimilée à l’Eglise orthodoxe russe, et depuis le concile Vatican II, elle est reconnue par le Pape.

Nota : faute de recensement officiel des membres des différentes communautés, le chiffrage indiqué dans cet article ne peut être qu’une estimation la plus proche possible de la réalité.


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