N° 132, novembre 2016

Nouvelles sacrées (XXXV)
La Marine iranienne et la Défense sacrée (1)


Khadidjeh Nâderi Beni


Face à l’agressivité irakienne et aux dangers d’attaque contre les territoires ouest et sud-ouest du pays, la Marine iranienne évacue ses contre-torpilleurs amarrés dans les ports de Khorramshâhr et d’Abâdân. On évacue également les aéroglisseurs amarrés à Khosrow Abâd [1] pour les protéger contre tout bombardement irakien.

Avec le commencement de la guerre, des commandos d’action rapide de la Marine iranienne sont actifs sur les fronts à Khorramshahr et participent à la résistance des forces militaires et populaires contre les attaques irakiennes. D’ailleurs, aussitôt après le déclenchement de la guerre, la Marine d’Iran fonde son Quartier Général 421 (pâygâh-e nirou-hâye razmi) à Boushehr et y déploie ses unités opérationnelles ainsi que ses équipements militaires. Durant les huit années de la guerre Iran-Irak, la Marine iranienne accomplit de nombreuses missions dont un bon nombre d’opérations victorieuses, la plus importante étant peut-être l’opération Morvârid [2].

 

Marine iranienne

- L’Opération Ashkân : première réaction d’envergure de la Marine iranienne à l’invasion irakienne, l’opération Ashkân vise à détruire deux plates-formes pétrolières irakiennes : Al-Bakr et Al-Omayyeh. Les Iraniens veulent, avec cette opération, paralyser les quais pétroliers de l’ennemi afin de les rendre incapables de réaliser des activités maritimes, dont le transport, tant d’importation que d’exportation, dans la région de Khour-Abdollâh [3]. Avec la destruction totale d’Al-Bakr et Al-Omayyeh, la menace d’une invasion maritime avec l’entrée des forces navales irakiennes dans les eaux du golfe Persique est également écartée.

L’analyse des informations recueillies sur la situation et la construction des plates-formes démontre la solidité des installations irakiennes, construites en acier. La destruction complète de ces cibles est impossible avec les moyens disponibles alors, et le commandement opérationnel décide donc de disposer des explosifs dans les infrastructures en ciment pour incendier l’ensemble des installations des plates-formes irakiennes.

L’opération Askhân commence le 2 novembre 1980 à 4 heures. Trois vedettes lance-torpilles iraniennes nommées Peykân, Djoshan et Gardouneh bombardent les objectifs sur les deux plates-formes. Ces bombardements ont pour but d’insécuriser la zone opérationnelle : suite à ces attaques, les forces navales irakiennes basées dans la région doivent battre en retraite et quitter les plates-formes. Durant ces bombardements, un Mig-23 de l’armée irakienne est touché par les missiles de la vedette Peykân et s’abîme en mer.

Cette première phase de l’opération se termine victorieusement avec des objectifs atteints, et la deuxième phase commence le 5 novembre. A partir de cette date, toutes les opérations destinées à mettre hors service les deux plates-formes irakiennes sont connues sous le nom d’Opération du martyr Safari.

 

Marine iranienne. Photo : Rouhollâh Vahdati

-L’Opération Safari : après le succès de l’opération Ashkân et l’affaiblissement de la présence irakienne dans la zone opérationnelle (les plates-formes d’Al-Bakr et Al-Omayyeh dans la région de Khour-Abdollâh), le commandement opérationnel débute la deuxième phase de la mission, qui doit être accomplie par 27 commandos de marine. Selon la carte de l’opération, plus de 1700 kg d’explosifs doivent être secrètement transportés sur la zone opérationnelle. L’après-midi du 5 novembre, le navire chargé des explosifs, escorté par deux vedettes lance-torpilles, quitte la base de Boushehr pour les plates-formes irakiennes. Dès que les trois navires iraniens s’approchent de la zone opérationnelle, tous les systèmes radio-électroniques sont désactivés pour empêcher une détection irakienne.

A suivre…

Sources :


- Amiriân, Mohammad, Seyri dar târikh-e djang-e Irân-Arâgh (Aperçu sur l’histoire de la guerre Iran-Irak), 5 vol., Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.


- Mansouri, Madjid, "Amalyât-e Ashkân (L’opération Ashkân), in Mâhnâmeh-ye Artesh (Mensuel de l’armée), n o.393, 2013.

Notes

[1L’un des grands ports d’Arvand-Roud dans la province du Khouzestân.

[2Voir notre article « L’épopée de Morvârid » publié in La Revue de Téhéran, no. 114, mai 2015. Consultable sur : http://www.teheran.ir/
spip.php ?article2066

[3Connu également sous le nom de Khour de Bassora ou le golfe de Bassora, il se situe au nord-ouest du golfe Persique.


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