N° 136, mars 2017

Nouvelles sacrées (XXXIX)
L’armée de l’air iranienne et la Défense sacrée
(1ère partie)


Khadidjeh Nâderi Beni


D’après les experts militaires, la supériorité aérienne de l’Iran face aux chasseurs irakiens durant la guerre a été l’un des éléments clés de la suprématie dans les affrontements aériens. En septembre 1980, l’invasion irakienne débute avec une vague d’intenses bombardements contre certains aéroports et bases militaires iraniens. Cet assaut se prolonge dans de vastes attaques terrestres contre les territoires ouest, et plus précisément les villes de Khorramshahr et Abâdân. Au premier jour de la guerre, un groupe de Mig-21 et Mig-24 irakiens bombardent les aéroports et les aérodromes des forces aériennes iraniennes. Ce bombardement n’a que peu d’effets, la flotte iranienne étant bien protégée par les hangars en béton qui l’abrite. L’armée irakienne attaque également des pétroliers et des navires de la Marine iranienne en utilisant des missiles Exocet sur des Mirages F1 de fabrication française.

 

Abbâs Bâbâï

Deux heures après le déclenchement de la guerre et à titre de représailles, les chasseurs iraniens bombardent plusieurs points stratégiques irakiens. Les forces aériennes se déploient également pour retarder autant que possible l’occupation ennemie de plusieurs villes de l’ouest dont Soussanguerd, Bostân et Hoveyzeh.

 

Avec le début de la guerre, l’armée de l’air commandée à l’époque par Djavâd Fakouri [1] installe immédiatement un quartier général tactique à Dezfoul. A partir de ce moment-là, l’ensemble des opérations militaires aériennes est planifié et dirigé à partir de ce Quartier Général du Sud (Garârgâh-e amaliâti-e djonoub).

Durant les premiers jours de l’agression irakienne, l’objectif le plus important de l’armée de l’air est de protéger le territoire aérien national et d’empêcher les forces ennemies de s’approcher du centre du pays. Pour atteindre cet objectif, plusieurs opérations sont menées avec succès et les Irakiens subissent d’importantes pertes. Entre autres, des bombardements stratégiques aboutissent à la destruction quasi-totale ou partielle de certains centres vitaux irakiens dont des dépôts pétroliers, des raffineries et des installations connexes. Suite à ces bombardements, l’Irak réduit sa production de pétrole et selon les données statistiques, durant cette époque, la production quotidienne du pays est réduite à 250 000 barils. Lors de ces bombardements menés majoritairement à partir des bases de Nojeh, de Hamedân, Tabriz, Boushehr et Mehrâbâd, certaines bases militaires irakiennes dont les bases de Sho’aybieh et Al-Kout sont également bombardées et mises hors service par les chasseurs iraniens.

Djavâd Fakouri

Il faut cependant garder à l’esprit la puissance militaire de l’armée irakienne, alors appuyée par les aides des pays occidentaux. Selon les données disponibles, entre 1980 et 1988, le nombre de chasseurs irakiens dépasse 950. Avant le déclenchement de la guerre Iran-Irak, on dénombre seize Mirages F1, et près de 240 avions et hélicoptères. Dès l’occupation de la ville de Khorramshahr à la fin de septembre 1980, l’armée irakienne reçoit de nouveaux chasseurs de fabrications française et soviétique.

Durant les huit années de guerre, les aéronefs militaires des unités aériennes de l’Iran participent activement à la plupart des opérations afin d’appuyer les unités opérationnelles. Voici une courte liste des plus importantes initiatives des forces aériennes de l’Iran durant la guerre :

1) Planification et lancement d’opérations aériennes visant à empêcher l’avancée irakienne ;

2) Défendant le territoire aérien, l’armée de l’air appuie également la Marine et les troupes terrestres ;

3) Les forces aériennes sont très actives dans les missions de reconnaissance ;

Abbâs Dorân

4) Rôle de premier plan dans la protection des frontières du pays ;

5) Collaboration permanente avec la Marine iranienne pour la protection conjointe des espaces maritimes iraniens.

L’opération Morvârid [2] est un exemple éloquent du rôle vital des forces aériennes durant la guerre. C’est grâce à cette opération de l’armée de l’air que l’Iran put continuer à mener ses activités de commerce maritime durant la guerre.

Les forces aériennes subissent également des pertes notables et de nombreux braves tombent en martyrs durant cette guerre. Citons entre beaucoup d’autres Djavâd Fakouri, Abbâs Dorân [3] et Abbâs Bâbâï.

 

(A suivre…)

Source :

- Amiriân, Mohammad, Seyri dar târikh-e djang-e Irân-Arâgh (Aperçu sur l’histoire de la guerre Iran-Irak), 5 vol., Centre des études et recherches de la Guerre, Téhéran, 1367/1988.

Notes

[1Voir notre article « Djavâd Fakouri » publié in no134, janvier 2017. Consultable sur : http://www.teheran.ir/spip.php?article2328

[2Voir notre article « L’épopée de Morvârid » publié in no114, mai 2015. Consultable sur : http://www.teheran.ir/spip.php?article2066

[3Voir notre article « Dernier vol » publié in no100, mars 2014. Consultable sur : http://www.teheran.ir/spip.php?article1869


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