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Shâh Abbâs Ier (1587-1629) supervisa lui-même de près les affaires militaires du gouvernement safavide tout au long de son règne. Shâh Abbâs Ier était d’avis que le roi devait vivre comme un soldat et toujours marcher aux côtés de ses troupes pour surmonter toutes difficultés et réussir toutes tâches. Il se joignait à ses troupes dans la bataille et prêtait une attention particulière à leur moral et leur bien-être. En temps de paix, le Shâh passait quotidiennement en revue lui-même les fabriques d’armes. La réputation des lames des sabres persans était grande, et ils faisaient partie des armes les plus efficaces de l’époque. La chronique historique Târikh-e Abbâsi décrit une procédure où l’on effectue une coupe avec un shamshir pendant le règne de Shâh Abbâs. [1] L’auteur affirme que le coup de sabre de Shâh Abbâs était si puissant qu’il pouvait trancher deux chèvres placées l’une sur l’autre en quatre parties. Mollâ Jalâl, l’historien de Shâh Abbâs, rapporte que dans le caravansérail de Shâh Abbâs au pied de la montagne Siâhkuh (Shâhrud) en 1011 de l’Hégire (1602), un représentant du Pape loua grandement l’efficacité des lames européennes en présence de Shâh Abbâs. Shâh Abbâs ordonna à ses hommes d’apporter deux chèvres. Le représentant du pape, très content, se leva et frappa la chèvre de deux coups de son épée européenne. Le premier coupa le poil de la chèvre rendant la peau blanche visible. Le coup suivant entailla le poil et la peau, et la chèvre commença à saigner. Mais aucune de ces coupes ne fut capable de couper la chair et l’os. Shâh Abbâs ordonna à ses hommes de mettre deux chèvres l’une sur l’autre et frappa avec son shamshir sur le dos de la première et coupa les deux en quatre morceaux en laissant une marque sur le sol avec la pointe de son shamshir.
Suivent quatre shamshirs attribués à Shâh Abbâs et conservés au Musée Militaire de Téhéran. Le Musée Militaire de Téhéran, situé dans le Palais Saadâbâd, rassemble l’une des plus importantes collections d’armes et d’armures persanes. La collection de ce musée comprend notamment une partie de la collection royale de Nâssereddin Shâh Qâdjâr, rassemblée petit à petit par celui-ci depuis la période safavide, suite aux héritages de ses ancêtres.
Ci-dessous figure le premier shamshir attribué à Shâh Abbâs exposé au Musée Militaire de Téhéran. Ce shamshir a déjà été présenté dans le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period en 2006 (Moshtagh Khorasani, 2006, p. 435, cat 75).
Provenance : Musée Militaire de Téhéran
Numéro d’inventaire du musée : 438
Photo 1 : Premier shamshir attribué à Shâh Abbâs
Plaquettes de poignée : Ivoire de morse
Motif d’acier damas : Le motif d’acier damas est en "grain de bois" ou pulâd-e jowhardâr-e moshabak ﻤﺸﺑﮏﺟﻭﻫﺮﺪﺍﺭﭘﻮﻻﺩ (acier damas à motif de toile ou acier damas de grain de bois). [2]
Cartouche supérieur : La lame comporte trois cartouches. Le cartouche supérieur est une formule magique incrustée en or sous la forme d’un petit carré divisé en quatre compartiments. Chaque compartiment comporte l’un des chiffres arabes 2, 4. 6 et 8. Chaque chiffre représente l’ordre des lettres de l’alphabet arabe. Le chiffre 2 signifie la lettre "ba’" ; le chiffre 4 représente la lettre "dal" ; le chiffre 6 la lettre "ha" ; enfin, le chiffre 8 désigne la lettre "waw". Ensemble, ils forment le mot badouh qui est un mot talismanique destiné à donner force et courage et à protéger de la douleur physique.
Cartouche du milieu : Le cartouche, incrusté d’or, indique bandeh-ye shâh-e velâyat Abbâs ﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺪﻩ (le serviteur du Roi de droit divin, Abbâs). La phrase "bandeh-ye Shâh-e velâyat " (le serviteur du Roi de droit divin), combinée avec le nom du roi safavide régnant à cette époque apparaît sur de nombreuses lames de la période safavide. La phrase Amal-e Assadollâh Isfahâni ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ (œuvre d’Assadollâh Isfahâni) apparaît souvent avec la phrase bandeh-ye Shâh -e velâyat Abbâs ﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺪﻩ. Selon le Digital Lexicon of Dehkhoda, bandeh ½k¹M signifie "sujet" ou "esclave", et ce terme désigne les gens qui servaient ou habitaient au royaume gouverné par un roi. Le mot velâyat ﻮﻻﻴﺕ signifie “royaume” ou “terre gouvernée” ; donc, un roi gouverne un velâyat ﻮﻻﻴﺕ. La personne qui représente le velâyat-e Aliعلى ولايت se considère comme le représentant de l’Imâm Ali على امام. Il est clair que c’est une phrase chiite car les chiites considèrent Ali على comme étant le véritable héritier du prophète Mohammad. Il existe différents titres / noms pour faire allusion à Ali, comme par exemple Amir al-momenin ﺍﻣﻴﺮﺍﻟﻤﻮﻣﻨﻴﻦ, Assadollâh ﺍﺳﺪﺍﷲ, Heidar ﺣﻴﺪﺭ, Molâ-ye motagiyân ﻣﺘﻘﻴﺎﻥﻣﻠﺍﻯ ;, Shâh-e mardân ﻣﺮﺩﺍﻥﺷﺎﻩ, et Shâh-e velâyat ﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩ (le roi du pays) fait donc référence à Ali comme on peut le voir dans de vieux manuscrits tel que Futuvvat nâmeh-ye Soltâni (voir Kâshefi Sabzevâri, 1971, pp. 6, 10).
Cartouche inférieur : Sur le cartouche inférieur, on peut lire Amal-e Assadollâh Isfahâni ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ (œuvre d’Assadollâh Isfahâni). D’autres variantes de cette signature existent telle que "amal-e Assadollâh ﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ(œuvre d’Assadollâh)", Amal-e Assad Isfahâni ﺍﺼﻔﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﻋﻣﻞ(œuvre d’Assad Isfahâni), et Assadollâh Isfahâni ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲ (Assadollâh Isfahâni). [3] Les lames datées ne permettent pas de résoudre le mystère derrière le nom et la vie du forgeron Assadollâh souvent cité. Bien au contraire, certaines de ces lames compliquent le problème encore plus. L’existence de sept lames datées renforce la complexité de ce mystère. En effet, la période à laquelle ces épées ont été fabriquées est trop longue pour une vie humaine normale, sans parler de la vie active d’un forgeron. Parmi les shamshirs étudiés dans le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period, le plus ancien date de l’an 992 de l’Hégire (1583), et le plus récent de l’an 1135 de l’Hégire (1722), ce qui représente une période de 139 ans.
[4] De même, le positionnement de chaque mot dans cette phrase varie d’un sabre à l’autre. En prenant tous ces facteurs en considération, il semble peu probable et même fondamentalement invraisemblable qu’un seul forgeron nommé Assadollâh ait pu fabriquer toutes ces lames. Il semble possible et plus probable que "Assadollâh" اسداالله était un titre d’honneur désignant le plus haut niveau de maîtrise dans la fabrication des lames. La théorie selon laquelle certaines de ces inscriptions auraient été contrefaites pour accroître la valeur d’une épée peut être vraie concernant les lames fabriquées plus tard. Ces lames portent un cartouche avec une incrustation d’or de mauvaise qualité. Cependant, toutes les lames présentées dans le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period portent des inscriptions avec une calligraphie et une incrustation d’or finement exécutées. Une personne contrefaisant un cartouche aurait tenté non seulement d’imiter la signature originale parfaitement mais également, s’il n’avait existé qu’un seul forgeron portant le nom d’Assadollâh, de graver une date plausible correspondant exactement à l’époque de Shâh Abbâs Safavide afin de tromper les acheteurs. [5] Or, plusieurs sabres dont l’authenticité est prouvée portent la signature d’Assadollâh mais des dates largement différentes.
Il existe trois sabres datés portant la phrase d’Amal-e Assdollah Isfahâni de la même période : Amal-e Assadollâh Isfahâni 116 (116 ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ), Amal-e Assadollâh Isfahâni 117 (117 ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ), Amal-e Assadollâh Isfahâni (ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ), et Bandeh-ye Shâh-e velâyat Abbâs saneye 135 (135ﺳﻨﻪﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺩﻩ).
[6] Tous furent forgés durant la période de Shâh Soltan Hossein Safavide, qui régna de 1105 à 1135 de l’Hégire (1694-1722). Cependant, ces trois sabres semblent différents sur différents points, en particulier en ce qui concerne le style d’écriture. Ceci constitue une preuve supplémentaire que, du moins pendant la période du règne de Shâh Soltân Hussein Safavide, divers forgerons signèrent les lames en utilisant la signature Amal-e Assadollâh Isfahâni (ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ). Cela corrobore la théorie selon laquelle Assadollâh ¾Ø±²HkwH était en effet un titre honorifique. Un autre facteur est que forger et signer une lame impliquaient des personnes différentes ayant des compétences diverses. L’un de ces métiers s’appelait fulâdgarân فولادگران ; (travailleurs de l’acier). Selon le manuscrit Joqrâfiyâ-ye Esfahân, le fulâdgarân فولادگرانfaisait les accessoires des épées et des sabres comme par exemple les chapes, les gardes en croisière, les garnitures de fourreau. [7] Les travailleurs de l’acier safavides, spécialisés dans la fabrication d’armes et d’armures, coopéraient avec des zargarân (orfèvres) pour décorer les lames. La guilde des orfèvres (naqqâsh-e zargar) gravait et incrustait des poignées d’ivoire et d’ivoire de morse pour les poignards et les khanjars, ainsi que des pièces d’échecs. De toute évidence, les calligraphes et les orfèvres étaient impliqués dans la décoration des lames.
[8] On pourrait en déduire que l’une des raisons derrière l’existence de diverses écritures sur les cartouches des lames était due à ce partage du travail entre les différents artisans. Curieusement, les manuscrits persans ne font pas souvent référence au célèbre forgeron Assadollâh. Seulement trois manuscrits parlent de lui : outre le manuscrit Joqrâfiyâ-ye Esfahân de la période qâdjâre, deux autres manuscrits persans parlent du forgeron Assadollâh : Tazakore-ye Nasrâbâdi et Ta’id Besârat, écrits pendant la période safavide. Dans le manuscrit Tazakore-ye Nasrâbâdi, Nasrâbâdi Isfahâni (1941, p.9) cite un maître forgeron nommé Ostâd Kalbeali, parlant de son père Assad :
<pﻤﻰﻜﺮﺪﻧﻗﻞﺍﺴﺪﺧﻮﺪﻭﺍﻟﺪﺍﺯﺷﻤﺷﻴﺮﮔﺮﻛﻟﺑﻌﻟﻰﺍﺴﺘﺎﺪ
Ostâd Kalbeali shamshirgar az vâled khod ostâd Assad naql mikard
Maître Kalbeali, le forgeron, parlait de son père, le maître Assad.
Il faut noter que Mirzâ Mohammad Tâher Nasrâbâdi Isfahâni est né en 1027 de l’Hégire (1619). Il a commencé à écrire le livre Tazakore-ye Nasrâbâdi en 1083 de l’Hégire (1672) et a vécu jusqu’à la fin du royaume de Shâh Soleymân Safavide [1052-1077 de l’Hégire / 1666-1694].
Une autre mention du nom d’Assad اسد comme forgeron se trouve dans le manuscrit Ta’id Besârat écrit par Mirzâ Lotfallâh. Le livre daté de 1118 de l’Hégire (1706) Ta’id Besârat a été écrit pendant le règne de Shâh Soltân Hossein Safavide (1694-1722). Dans ce manuscrit, Mirzâ Lotfallâh explique que le sabre iranien était appelé ikeri ايكرى par les Turcs et était fabriqué à Esfahân (Ispahan), en particulier par le forgeron Assad اسد, et son fils Kalbeali كلبعلى. Assad était considéré en Iran comme Sâleh صالح en Inde. Les épées iraniennes [faites par Assad اسد et Kalbeali كلبعلى pouvaient couper les armures joshan جوشن, et Mirzâ Lotfallâh explique que s’il devait rapporter toutes les bonnes qualités des épées iraniennes d’après ce qu’il avait vu et entendu, on penserait à une exagération. Cela prouve encore une fois qu’il n’y avait pas seulement un forgeron appelé Assadollâh qui vivait sous le règne de Shâh Abbâs Safavide (1587-1629), mais également un sous le règne de Shâh Soleymân Safavide (1666-1694). [9]
Photo 2 : Cartouches du premier shamshir attribué à Shâh Abbâs
Boltchâq (garde en croisière) : La garde en croisière est en acier damas gravé et damasquiné en or dans un dessin floral.
Photo 3 : Garde en croisière du premier shamshir attribué à Shâh Abbâs
Kolâhak : Le chapeau de pommeau est un remplacement ultérieur.
Varband (garnitures du fourreau) : Les garnitures du fourreau et la chape sont en acier damas et damasquiné en or dans un dessin floral.
Photo 4 : Garnitures du fourreau du premier shamshir attribué à Shâh Abbâs
Qalâf (fourreau) : Le fourreau est fait de deux plaques de bois collées l’une contre l’autre et recouvertes de chagrin de couleur verte. Le chagrin sur ce fourreau est fait en cuir d’onagre présentant des aspérités rondes très régulières sur sa surface. Sous la couverture de cuir, apparaît une formation géométrique faite de brindilles.
Longueur totale : 93 cm
Longueur de la poignée : 12.5 cm
Largeur de la garde en croisière : 17.5 cm
Largeur du fort (Partie la plus épaisse de la lame proche de la garde en croisière) : 3 cm
Largeur de la lame au milieu : 2,8 cm
Poids sans fourreau : 770 grammes
Poids avec fourreau : 1060 grammes
3) Deuxième shamshir attribué à Shâh Abbâs
Ci-dessous, le deuxième sabre attribué à Shâh Abbâs exposé au Musée Militaire de Téhéran. Ce shamshir a déjà été étudié dans le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period"en 2006 (Moshtagh Khorasani, 2006, pp. 432-433, cat 73).
Provenance : Musée Militaire de Téhéran
Numéro d’inventaire du musée : 323
Photo 5 : Deuxième sabre attribué à Shâh Abbâs
Plaquettes de poignée : Ivoire de morse
Motif d’acier damas : Le motif d’acier damas est en "grain de bois" ou pulâd-e jowhardâr-e moshabak ﻤﺸﺑﮏﺟﻭﻫﺮﺪﺍﺭﭘﻮﻻﺩ(acier damas à motif de toile ou acier damas en grain de bois).
Cartouche supérieur : La lame comporte trois cartouches. Le cartouche supérieur est une formule magique incrustée d’or sous la forme de petits carrés à quatre compartiments. Chaque compartiment porte un chiffre arabe 2, 4. 6 et 8.
Cartouche du milieu : cartouche incrusté d’or et portant l’inscription bandeh-ye shâh-e velâyat Abbâs ﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺪﻩ (le serviteur du Roi de droit divin, Abbâs).
Cartouche inférieur : Sur le cartouche inférieur, on peut lire Amal-e Assadollâh Isfahâni ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ (œuvre d’Assadollâh Isfahâni).
Photo 6 : Cartouches du deuxième sabre attribué à Shâh Abbâs
Boltchâq (garde en croisière) : La garde en croisière est en acier damas gravé de l’inscription : Bismellah al-Rahman al-Rahim ﺍﻟﺮﺣﻴﻢﺍﻟﺮﺣﻤﻦﺍﷲﺑﺴﻡ (Au nom de Dieu le Clément, le Miséricordieux) d’un côté et du verset coranique Enna Fatahna Lakka Fathan Mobina ﻣﺒﻴﻨﺍﻓﺘﺤﺍﻟﮏﻓﺘﺤﻨﺍﺍﻧﺍ (En vérité, nous t’avons accordé une victoire éclatante, Al-Fath, verset 48) de l’autre côté.
Photo 7 : Garde en croisière du deuxième sabre attribué à Shâh Abbâs
Kolâhak : Le chapeau de pommeau est gravé dans un motif floral.
Âhanak : La monture latérale de la poignée est en acier damas et damasquiné d’or dans un dessin floral.
Varband (garnitures du fourreau) : Les quatre garnitures du fourreau sont en acier damas et gravées des inscriptions de la prière de Nade Ali :
Nadee Aliyan Moth’her Alajâieb (Appelez Ali, le révélateur des miracles)
Tajidho Awnan Laka Fi Alnawâyeb (En lui vous trouverez un réconfort en temps d’épreuves)
Kollu Hamin Wa Ghamin Sayanjali (Tous les soucis et souffrances disparaîtront)
Bewelayatoka Ya Ali Ya Ali Ya Ali (Par votre compagnie, ô Ali, ô Ali, ô Ali)
Photo 8 : Les quatre garnitures du fourreau attribuées à Shâh Abbâs
Qalâf (fourreau) : Le fourreau est fait de deux plaques de bois collées l’une contre l’autre et recouvertes de chagrin de couleur verte. Le chagrin sur ce fourreau est fait en cuir d’onagre présentant des aspérités rondes très régulières sur sa surface. Sous la couverture en cuir, on distingue une formation géométrique faite de brindilles. La chape est absente.
Longueur totale : 89 cm
Longueur de la poignée : 12.5 cm
Largeur de la garde en croisière : 11,5 cm
Largeur du fort (Partie la plus épaisse de la lame proche de la garde en croisière) : 3 cm
Largeur de la lame au milieu : 2,7 cm
Poids sans fourreau : 740 grammes
Poids avec fourreau : 1000 grammes
4) Troisième shamshir attribué à Shâh Abbâs
Ce troisième sabre attribué à Shâh Abbâs est exposé au Musée Militaire de Téhéran. Il a fait l’objet d’une étude dans l’ouvrage Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period en 2006 (Moshtagh Khorasani, 2006, p. 434, cat 74).
Provenance : Musée Militaire de Téhéran
Numéro d’inventaire du musée : 318
Photo 9 : Troisième sabre attribué à Shâh Abbâs
Plaquettes de poignée : Ivoire de morse
Motif d’acier damas : Le motif d’acier damas est en "grain de bois" ou pulâd-e jowhardâr-e moshabak ﻤﺸﺑﮏﺟﻭﻫﺮﺪﺍﺭﭘﻮﻻﺩ (acier damas à motif de toile ou acier damas en grain de bois).
Cartouche supérieur : Le cartouche, incrusté d’or, porte l’inscription bandeh-ye shâh-e velâyat Abbâs ﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺪﻩ (le serviteur du Roi de droit divin, Abbâs).
Cartouche inférieur : Sur le cartouche inférieur, on peut lire Amal-e Assadollâh Isfahâni ﺍﺼﻓﻬﺎﻨﻰﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ (œuvre d’Assadollâh Isfahâni).
Photo 10 : Cartouches du troisième sabre attribué à Shâh Abbâs
Boltchâq (garde en croisière) : La garde en croisière est en acier damas et incrustée d’or dans un dessin floral.
Photo 11 : Garde en croisière du troisième sabre attribué à Shâh Abbâs
Kolâhak : Le chapeau du pommeau est damasquiné en or dans un dessin floral.
Varband (garnitures du fourreau) : Les garnitures du fourreau sont en acier damas et incrustées d’or dans un dessin floral.
Photo 12 : Garnitures du fourreau du troisième sabre attribué à Shâh Abbâs
Qalâf (fourreau) : Le fourreau est fait de deux plaques de bois collées l’une contre l’autre et recouvertes de chagrin de couleur verte. Le chagrin sur ce fourreau est fait en cuir d’onagre (âne sauvage) présentant des aspérités rondes très régulières sur sa surface. Sous la couverture en cuir, on peut distinguer une formation géométrique faite de brindilles. La chape est absente.
Longueur totale : 94 cm
Longueur de la poignée : 12 cm
Largeur de la garde en croisière : 17,5 cm
Largeur du fort (Partie la plus épaisse de la lame proche de la garde en croisière) : 3,2 cm
Largeur de la lame au milieu : 2,9 cm
Poids sans fourreau : 960 grammes
Poids avec fourreau : 1230 grammes
5) Quatrième shamshir attribué à Shâh Abbâs
Le quatrième sabre attribué à Shâh Abbâs est exposé au Musée Militaire de Téhéran. Ce shamshir a déjà été étudié dans le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period en 2006 (Moshtagh Khorasani, 2006, p. 436,cat 76).
Provenance : Musée Militaire de Téhéran
Photo 13 : Quatrième sabre attribué à Shâh Abbâs
Plaquettes de poignée : Ivoire de morse
Motif d’acier damas : Le motif d’acier damas est en "grain de bois" ou pulâd-e jowhardâr-e moshabak ﻤﺸﺑﮏﺟﻭﻫﺮﺪﺍﺭﭘﻮﻻﺩ
(acier damas à motif de toile ou acier damas en grain de bois).
Cartouche supérieur : Le cartouche, incrusté d’or, porte l’inscription bandeh-ye shâh-e velâyat Abbâs ﻋﺒﺎﺱﻮﻻﻴﺕﺷﺎﻩﺑﻨﺪﻩ (le serviteur du Roi de droit divin, Abbâs).
Cartouche inférieur : sur le cartouche inférieur, on peut lire Amal-e Assadollâh ﺍﺴﺪﺍﷲﻋﻣﻞ(œuvre d’Assadollâh).
Photo 14 : Cartouches du quatrième sabre attribué à Shâh Abbâs
Boltchâq (garde en croisière) : La garde en croisière est en acier damas et incrustée d’or dans un dessin floral.
Photo 15 : La garde en croisière du quatrième sabre attribué à Shâh Abbâs
Âhanak : La monture latérale de la poignée est en acier damas et damasquinée d’or dans un dessin floral.
Kolâhak : Le chapeau du pommeau est en or et porte un motif floral.
Varband (garnitures du fourreau) : Les garnitures du fourreau et la chape sont en acier damas et damasquinées d’or dans un dessin floral.
Photo 16 : Garnitures du quatrième sabre attribué à Shâh Abbâs
Qalâf (fourreau) : Le fourreau est fait de deux plaques de bois collées l’une contre l’autre recouvertes de chagrin de couleur verte. Le chagrin sur ce fourreau est fait en cuir d’onagre présentant des aspérités rondes très régulières sur sa surface. Sous la couverture en cuir, on peut voir une formation géométrique faite de brindilles. La chape est absente.
Longueur totale : 99 cm
Largeur de la garde en croisière : 13,5 cm
Longueur de la poignée : 13 cm
Largeur du fort (partie la plus épaisse de la lame proche de la garde en croisière) : 3,2 cm
Largeur de la lame au milieu : 3 cm
Poids sans fourreau : 880 grammes
Poids avec fourreau : 1200 grammes
Photo 17 : Les cartouches des quatre sabres en comparaison
Pour des informations détaillées sur ces shamshirs et d’autres armes et armures royales, voir l’ouvrage Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period.
Comme nous l’avons vu, les quatre shamshirs attribués à Shâh Abbâs et exposés au Musée Militaire de Téhéran portent le cartouche d’Assadollâh. Trois des shamshirs ont le cartouche Amal-e Assadollâh Isfahâni et le quatrième shamshir celui de Amal-e Assadollâh. Seulement deux ont une écriture semblable : le premier et le deuxième shamshir. Mais même sur ces deux cartouches, le positionnement de chaque lettre est différent.
Photo 18 : Pour plus d’informations, voir le livre Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Qajar Period.
Références :
Ehsani, Muhammad Taghi (2003). Haft Hezâr Sâl Honar Felezkâri Dar Irân [Seven Thousand Years of the Art of Metalworking in Iran]. Tehran : Sherkat-e Enteshârât-e Elmi Va Farhangi.
Falsafi, Nasrollah (1996). Zendegâni Shâh Abbâs (The Biography of Shah Abbas). 5 vols. Tehran : Châpkhâneh-ye Mahârat.
Mayer, L.A. (1962). Islamic Armourers and Their Work. Prince of Wales Museum Bulletin (Bombay) 6 : 128, 20 pls.
Moshtagh Khorasani, Manouchehr (2013). "Les Légendaires Forgerons Iraniens Assadollâh et Kalbeali". La Revue de Téhéran, Mensuel Culturel Iranien en Langue Française. No. 90, 8e Année, Mai 2013, pp. 20-40.
Moshtagh Khorasani, Manouchehr (2010b). "Persian Swordmakers (Armeiros Persas)". In : Rites of Power : Oriental Arms (Rituais de Poder : Armas Orientais), Casal de Cambra : Caleidoscópio, pp. 41-55.
Moshtagh Khorasani, Manouchehr (2010a). Lexicon of Arms and Armor from Iran : A Study of Symbols and Terminology. Tübingen : Legat Verlag.
Moshtagh Khorasani, Manouchehr (2006). Arms and Armor from Iran : The Bronze Age to the End of the Kadjar Period. Tübingen : Legat Verlag.
Nasrâbâdi Esfahâni, Mirzâ Mohammad Tâher (1938). Tazakoreh-ye Nasrâbâdi. Annotated by Vahid Dastgerdi. Tehrân : Châpkhâneh-ye Armaqân.
Romanowsky, Dobencha (1967). "Târikhtcheh-ye Aslahe-ye Sard dar Irân" [The Short History of Cold Weapon in Iran]. [Part 2]. In : Majjaleh-ye Barrasi-hâye Târikhi [Journal of Historical Research], Number 6, Year 2, pp. 89-112.
Tahvildâr Esfahâni, Hossein ben Mohammad Ebrâhim (1964). Joqrâfiyâ-ye Esfahân : Jogrâfiyâ-ye Tabi’i va Ensâni va Âmâr-e Asnâf-e Shahr [The Geography of Isfahan : the Natural and Human Geography and the Statistics on Crafts from the City]. Annotated by Manutchehr Sotude. Tehran : Tchâpkhâneh-ye Dâneshgâh-e Tehrân.
[1] Falsafi (1996, p. 453, V. 2).
[2] Voir Moshtagh Khorasani (2010) et Romanowsky (1967, p. 78).
[3] Voir Moshtagh Khorasani (2006, pp. 156-163).
[4] Voir Moshtagh Khorasani (2006, pp. 156-163).
[5] Voir Mayer (1962, pp. 9 : 1).
[6] Moshtagh Khorasani (2006, pp. 156-163).
[7] Tahvildâr Isfahâni (1964, p. 106).
[8] Ehsani (2003, p. 195).
[9] Pour les lames signées avec le nom Assadollâh et ses variantes, voir Moshtagh Khorasani (2006, p. 430, cat.70, p. 432, cat. 73 ; p. 434, cat. 74 ; p. 435, cat. 75 ; p. 436, cat. 76 ; p. 441, cat. 79 ; p. 451, cat. 85 ; pp. 448-449, cat. 83 ; p. 451, cat.85 ; p. 453, cat 86 ; p. 456, cat. 89 ; p. 461, cat. 93 ; p. 471, cat.103 ; p. 481, cat.112 ; p. 503, cat.131 ; p. 518, cat. 143 ; p. 526, cat. 151 ; p. 529, cat.152 ; p. 536, cat. 157 ; p. 547, cat.166).