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Géographie, histoire
et caractéristiques culturelles de
la province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad
La province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad est située dans le sud-ouest de l’Iran et sa capitale est Yâsuj. Couvrant une superficie de 16 246 km2, elle se compose des comtés suivants : Boyer-Ahmad, dont la capitale est Yâsuj ; Bahmâï, Denâ, Kohkilouyeh, Gachsârân, Choram, et Bacht. La province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad avoisine les provinces de Tchahârmahâl-o-Bakhtiâri au nord, du Khouzestân à l’ouest, de Boushehr et de Fârs au sud, et d’Ispahan à l’est.
Le comté de Bahmaï, récemment créé, a comme capitale la ville de Likak et sa population est estimée à environ 36 000 habitants. Le comté de Denâ, dont la capitale est la ville de Sisakht, possède une population estimée à 55 000 habitants et couvre une superficie de 1821 km2. Il compte également quelques rivières importantes comme Kabkaniân, Khorsan, Ahmad Gharib, Bahrâm Beigi et Shabdiz, ainsi que quelques belles cascades notamment Bahrâm Beigi, Menj et Doderkkareh. Le comté de Kohkilouyeh, avec sa capitale Dehdasht, a une population estimée à 200 000 âmes. Le comté de Gachsârân, récemment séparé de Kohkilouyeh, s’étend sur une superficie de 683,4 km2 et compte une population de 140 000 habitants. La société de production de pétrole et de gaz de Gachsârân, dotée d’une situation géographique stratégique, s’étend sur les provinces de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad, de Fârs, de Bouchehr, du Khouzestân et d’Ispahan. Les puits principaux ont été forés dans les réservoirs de Gachsârân ainsi que dans les régions suivantes : Bibi Hakimeh, Rag-e-Safid, Gulkhari, Binak, Chilingar, Nargesi, Garangan, Kilour Karim, Sulabedar, Siahmakân, Khaviz, Roudak, Zaaeh, Chahr-Bicheh et Kouh-e-kaki.
Parmi les villages touristiques de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad, on peut citer le village de Chadegân, localement connu sous le nom de Gorou. Il est situé dans la région rurale de Kouh Mareh Khami, dans le comté central de Bacht, à proximité d’une des grandes vallées des monts Zâgros, dont les montagnes situées dans cette région sont localement dénommées les montagnes Khoumi. Ce village est à environ 40 km de la ville la plus proche, Gachsârân, et à proximité des champs pétroliers de Bibi Hakimeh. Le peuple Chadegâni parle la langue lori mais connait également le lori bakhtiâri et le kurde. En 1960, la population estimée du village était de 100 personnes. En 2010, la population du village comprend à peine une dizaine de foyers. Beaucoup d’anciens habitants de Chadegân, qui vivent maintenant dans les villes de la province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad, se réunissent une fois par an le 13 du premier mois de l’année du calendrier persan pour la célébration de Sizdahbedar, nommé également le Jour de la Nature.
La ville la plus importante de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad est Yâsuj. C’est une ville industrielle érigée dans les montagnes Zâgros du sud-ouest de l’Iran. Capitale de la province, Yâsuj a une longue histoire qui date du début de l’âge du bronze. Elle compte également un grand nombre de collines recelant des vestiges archéologiques, notamment les collines des Martyrs qui datent du IIIe millénaire av. J.-C., la colline Khosravi de l’époque achéménide, l’ancien site de Gerd, le pont Pataveh, et le cimetière Pâ-ye Chol. Avant la formation de la ville de Yâsuj, Tal-e-Kosrow, une ville vieille de plus de 2000 ans à 6 kilomètres de Yâsuj, était la capitale des Khâns Ahmad. Aujourd’hui, il en reste seulement quelques collines et un village en ruine. Le musée de Yâsuj, ouvert depuis 2002, expose des pièces de monnaie, des statues, des poteries et des récipients de bronze récupérés dans les sites archéologiques environnants.
La municipalité de Yâsuj a érigé une statue d’Ariobarzanes sur la place pour rendre hommage à cet ancien héros iranien. Ariobarzanes, qui signifie « exalter les Aryens », était le nom d’un général iranien qui conduisit la dernière bataille de l’armée iranienne, la bataille des Portes persiques, contre Alexandre le Macédonien en hiver de l’an 330 av. J.-C. Après trente jours de résistance contre les Macédoniens, il fut tué sur le champ de bataille près de Yâsuj. A proximité de Yâsuj se trouvent la montagne Sefid et la réserve naturelle de Denâ. Les précipitations atmosphériques sont relativement importantes dans la ville de Yâsuj, et elle bénéficie d’un climat froid durant la majeure partie de l’année. L’économie de Yâsuj est basée sur les exportations locales de paniers, de tapis, de carreaux de mosaïque, de briques et d’aliments pour le bétail. Les principaux centres universitaires de la province comprennent l’Université de Yâsuj, l’Université des sciences médicales de Yâsuj et l’Ecole de génie chimique de Yâsuj.
La province est située dans la région montagneuse de Zâgros et son sommet le plus haut, Denâ, appelé l’Himalaya miniature, a une hauteur de 4409 mètres. La région montagneuse de la province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad est couverte de forêts de chênes et de sources naturelles. Le chant de ses oiseaux et son air frais attirent les amoureux de la nature. Les routes de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad sont dotées d’une grande beauté.
Cette province possède aussi une agriculture dynamique, de même que de nombreux parcs, jardins et espaces verts. Le jardin Bâgh-e Tchechmeh Belgheis est situé dans le comté de Kohkilouyeh, dans la ville de Choram. Un autre panorama intéressant de la ville est le parc Bechar et sa belle rivière, situés à l’entrée de Yâsuj. Le détroit de Tang-e-Mehrioun est l’endroit idéal pour une randonnée, et attire également les skieurs durant l’hiver.
Les lieux touristiques les plus célèbres de la province comprennent notamment :
- Les chutes d’eau de Tang-e Tâmrâdi (« Tang » signifie vallée en lori) : à plus de 15 mètres de hauteur, cette cascade est située à 55 kilomètres de la route Yâsuj-Gachsârân. Près de cette chute se trouvent quatre autres cascades de 8 à 10 mètres, une forêt de chênes et un petit lac avec de l’eau très claire et froide.
- Depuis la ville de Sisakht sur les collines du Denâ : visite des forteresses de Salomon, Ghal-e-Dokhtar, Ghal-e-Mangacht et Ghal-e-Raeisi ; visite guidée des lieux historiques de Talchegâh, d’Abgarmoon, d’Abchourân, de Chahre-Larenden, des réservoirs d’eau antiques, des caravansérails, des cimetières et du détroit de Soulak, tous dans la région de « Deli Mehregân ».
La province de Kohkilouyeh et Boyer Ahmad possède un fort potentiel touristique en termes d’attraits naturels et de conditions climatiques, en particulier au printemps et en été. Les riches ressources d’eau, de zones humides, de lacs, de cascades, de grottes et de détroits font de la province un lieu privilégié pour le "tourisme naturel". Les sites naturels tels que les cascades de Yâsuj, Tal-e Khosro, Tang-e-Ganjei, les sources de Bilqis, le lac de Kouh Gol, les temples du feu de Kheyrâbâd et de Lishtar, les ponts historiques de Dome et de Khaeyri Mohammad Khân figurent parmi les autres attractions de cette province. De plus, il est possible de côtoyer des tribus nomades et de participer aux célébrations locales,
La production de divers objets d’artisanat a longtemps été populaire parmi les tribus de la province. Le tissage de tapis est une source de revenus pour les familles nomades de cette province. L’artisanat est pratiqué par les femmes, qui produisent également des vêtements traditionnels locaux. Les motifs de tapis tissés à la main de cette région sont principalement de formes géométriques. Les principaux produits artisanaux inspirés par l’histoire, la culture et la nature de la région sont le tapis, le gabbeh, le jâjim, un genre de kilim nommé machteh, des paniers tissés, le siâhtchador ou « Tente traditionnelle nomade » dont l’apparence varie d’un clan à l’autre, le jâ-Qor’âni, des nappes en tissu aux motifs artistiques, ainsi que des tapis de selle zirbâr et gachmeh.
Les souvenirs de la province incluent les herbes médicinales, les huiles animales, les produits laitiers de très bonne qualité et variés, notamment le kashk et le qareqorout. Le miel des monts de Denâ et de Kâkân, le sésame et de délicieuses variétés de pommes font aussi partie des souvenirs gastronomiques de cette région.
Les plats de la région sont peu connus ailleurs, mais ils méritent de l’être. Citons notamment le cholechiri, le kâljoush ou kalaksuz, le tilit-e piâz, l’âchkar, le dampokhtak, le sholemachki ou le pain local berko.
Les habitants de la province parlent principalement le lori. C’est une langue iranienne du sud-ouest parlée principalement par les peuples Lor et Bakhtiari des provinces iraniennes du Lorestân, Tchahârmahâl-o-Bakhtiâri, Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad et certaines zones des provinces du Khouzestân, Ispahan et Fârs.
Le lori, un descendant d’une variante du moyen-perse, possède un lexique similaire au persan moderne. Le lori et le bakhtiâri sont beaucoup plus proches du persan que du kurde. Il représente également un continuum linguistique entre la langue persane et les variétés de la langue kurde. Elle est d’ailleurs composée de trois langues distinctes autrement dit le loristâni, le bakhtiâri et le lori méridional.
La province de Kohkilouyeh va Boyer-Ahmad a été fondée dans l’esprit d’une structure tribale. Parmi les tribus les plus influentes dans la formation de la province, la tribu Tamoradi occupe une place importante.
Kohkilouyeh était l’un des cinq comtés de la province de Fârs avant l’avènement de l’islam. Comme évoqué plus haut, quand Alexandre le Macédonien attaqua la Perse, il fut confronté à un défenseur déterminé : Ariobarzanes, l’un des commandants de l’armée perse dans la région. Ariobarzanes eut le génie de lancer ses maigres troupes contre Alexandre dans une étroite gorge montagneuse et de profiter au maximum du terrain. Lui et ses hommes se battirent jusqu’au dernier souffle et bien qu’ils ne réussirent pas à retarder l’avancée du Macédonien, cette résistance désespérée et héroïque demeura dans les esprits.
Quelques siècles plus tard, un certain Jiloyeh, originaire de l’actuel Kour-e Estakhr, prit le contrôle du clan des Zemijân, l’un des cinq grands clans du Fârs. C’est ainsi que la région fut nommée Zem-Jiloyeh. Probablement à partir du troisième siècle après J.-C., une partie de l’actuel Kohkilouyeh, connue sous le nom de « montagne Jiloyeh », devint le territoire de résidence principale des Zemijan.
Beaucoup plus tard, à l’époque Safavide, Shâh Abbâs Ier offrit Kohkilouyeh à Allâh Verdi Khân, l’un de ses importants généraux. Durant la chute des Safavides, lors de l’invasion afghane, les tribus Kohkilouyeh se battirent contre les Afghans pour défendre leur territoire. Dans les siècles qui ont suivi et sous le règne de toutes les dynasties royales jusqu’au XXe siècle, Kohkilouyeh vécut une période de troubles locaux qui n’ont cessé que depuis un siècle.